Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, interviews à "Al-Hayat", "Al-Wasat" et à la télévision saoudienne et conférence de presse sur les relations entre la France et l'Arabie saoudite et la situation au Kosovo, au Proche-Orient et en Algérie, à Riyad les 9, 10 et 11 mars 1998.

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Circonstance : Voyage de M. Védrine en Arabie saoudite du 9 au 11 mars 1998

Média : Al Hayat - Al Wasat - Presse étrangère - Télévision

Texte intégral

Déclaration à son arrivée à l’aéroport (Riyad, 9 mars 1998)

Q. Qu'attendez-vous de votre visite à Riyad ?

R. C'est une visite qui est extrêmement importante pour moi et pour mon pays. La relation entre la France et l'Arabie saoudite est très importante. On le sait bien ici notamment depuis la visite du président Jacques Chirac en 1996, nous voulons donner à cette relation étroite, à ce partenariat, un contenu politique, diplomatique et économique encore plus substantiel car il y a beaucoup de questions d'intérêt commun. Il n'y a pas de problèmes entre la France et l'Arabie saoudite. Il y a beaucoup de questions d'intérêt commun dont nous voulons débattre et discuter - sur le plan bilatéral comme sur le plan régional - beaucoup de problèmes importants dans cette région. Et je me réjouis beaucoup d'avoir plusieurs entretiens à très hauts niveaux pour faire avancer les choses au mieux entre nos deux pays.

Q. Est-ce que vous pouvez informer les officiels saoudiens sur les discussions avec Mme Albright et d'autres personnalités ces deux derniers jours ?

R. J'ai reçu Mme Albright à Paris et nous avons déjeuné ensemble hier. Nous avons encore passé la matinée, ce matin à Londres, à l'occasion de la réunion du Groupe de contact sur le Kosovo. Cela nous a permis, une fois de plus - parce que nous sommes en relation presque permanente, Mme Albright et moi -, de faire le point des questions concernant l'affaire de l’Irak, concernant la situation extrêmement préoccupante du processus de paix et concernant ce matin le Kosovo. Et là nous étions plusieurs autres pays.

Q. Quelles sont les convergences entre le Royaume et la France sur la situation au Moyen Orient et au niveau international ?

R. Je crois que la France, comme le Royaume d'Arabie saoudite, souhaitent dans les deux cas, d'abord une relance du processus de paix, qui soit équitable et qui réponde aux droits légitimes des uns et des autres pour aboutir à une solution juste et durable. Et d'autre part, en ce qui concerne l’Irak, je crois que la France, comme l'Arabie saoudite, souhaitent une application véritable, entière, rapide de l'accord qui a été conclu entre le Secrétaire général des Nations unies et, d'autre part, les autorités irakiennes et nous sommes au moment décisif afin que cet accord entre en application. C'est ce que nous souhaitons tous pour que l'on puisse enfin dans cette région commencer à penser à un avenir débarrassé de ces menaces.

Q. Monsieur le Ministre, vous venez en Arabie pour la première fois. Comment évaluez-vous l'importance de cette visite ? Quels sont les sujets que vous allez aborder avec les responsables saoudiens lors de votre visite ?

R. C'est la première fois que j'y viens en tant que ministre. Ce n'est pas la première fois que j'y viens en tant que personne. D'autre part, j'ai déjà rencontré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud, en septembre dernier à New York, lors d'un entretien très amical et très fécond. Pour moi, l'objet de cette visite est de marquer un nouveau développement dans les relations entre nos deux pays sur tous les plans. Il n'y a aucun problème entre nos deux pays, il n'y a que des sujets de convergence et des sujets d'intérêts communs à propos desquels nous pouvons porter plus loin encore notre coopération. C'est l'esprit dans lequel je suis venu.
Je voudrais ajouter, d'autre part, que ma première pensée en arrivant à Riyad est pour la santé de Sa Majesté à laquelle je souhaite naturellement meilleure santé et un prompt rétablissement.


Entretien pour le quotidien "Al-Hayat" et l'hebdomadaire "Al-Wasat" (Riyad, 10 mars 1998)

Q. Pouvez-vous nous donner une idée sur les discussions que vous avez eues avec le Prince Héritier, le Prince Sultan et le Prince Saoud Al-Fayçal ?

R. Avec le Prince Héritier, comme avec le Prince Sultan et le Prince Saoud, nous avons commencé à parler de tous les sujets d'intérêt commun et, à l'heure où vous m'interrogez, ce n'est pas fini puisque je vais encore avoir un long dîner de travail avec le Prince Saoud.
Le point de départ de la visite, c'est de franchir une nouvelle étape dans les relations bilatérales. Elles sont très bonnes. Elles sont maintenant anciennes et, sur le plan bilatéral, elles sont actives. Mais nous pensons, notamment depuis la visite du président Chirac en 1996, qu'il faut leur donner encore une nouvelle dimension. Cela porte sur plusieurs aspects. Evidemment la coopération économique sous tous ses différents volets. Et à cet égard, la France et l'Arabie saoudite veulent encourager les grandes entreprises françaises à venir plus ici et leur proposer de travailler dans tous les domaines où la France possède une technologie de premier plan. Il y a aussi un volet à proprement parler politique, qui consiste à se concerter sur les grands sujets d'intérêt commun. Ce qui mérite d'être relevé, à cet égard, c'est la convergence de nos analyses. C'est ce qui m'a frappé dans les trois entretiens que j'ai eus aujourd'hui, sur des sujets pourtant très délicats : l’Irak, la situation du processus de paix et la situation au Kosovo. Et c'est très encourageant pour le développement de notre dialogue. Cela confirme que nous avons intérêt à nous voir beaucoup plus souvent, à faire des analyses en commun de tous les problèmes du moment, pour arriver à un dialogue continu.

Q. Lors d'une interview du président Chirac accordée au journal "Le Monde", la France, disait-il, est sans doute un pays occidental, mais un pays indépendant dans sa façon de voir et de se comporter. Cela veut-il dire qu'il existe des différences d'appréciation entre les positions occidentales en général, sur un certain nombre de questions ?

R. Cela dépend de quel sujet vous parlez. Il y a constamment entre les pays européens ou entre les pays européens et les Etats-Unis, des différences ou des nuances sur beaucoup de sujets. Mais en général sur la plupart des sujets, après des discussions, des positions communes sont adoptées. Ce que le président Chirac a voulu rappeler, c'est que s'il y a quelque chose qui caractérise la diplomatie française depuis longtemps, c'est qu'elle n'hésite pas à avoir des idées, à faire des propositions, à relancer les choses. C'est une diplomatie dynamique. Elle n'attend pas qu'on lui indique la ligne à suivre. Quand il faut trouver une position commune entre Européens et Occidentaux, il faut donc tenir compte de l'apport de la France, qui est fort. C'est un commentaire général ; ensuite, il y a des différences selon les sujets.

Q. Il semblerait, d'après la dernière action diplomatique française, que la France tente de rallier une opinion, une voie proprement européenne, indépendante, qui soit équivalente à la voie américaine...

R. Ce qui est vrai, c'est que la France, qui a une diplomatie très entreprenante, très dynamique et très ambitieuse, encourage les autres Européens à avoir des positions européennes fortes. Par exemple, sur le processus de paix. Mais ce n'est pas dans une perspective de compétition avec les Etats-Unis ; c'est dans une perspective d'émulation. Je sais bien que la politique américaine est importante, et tout le monde le sait, y compris dans la région. Nous cherchons à avoir un dialogue avec les Etats-Unis pour faire évoluer la politique étrangère américaine sur certains points : notamment sur les questions du Proche et du Moyen-Orient. Dans cet esprit, plus la diplomatie française est forte, plus la diplomatie européenne est forte, mieux c'est.

Q. Sur la question du processus de paix, tout particulièrement, quels sont les points de divergence majeurs en Europe sur lesquels la France tente de rallier les autres Européens en faveur généralement des Arabes ?

R. A l'heure actuelle, il n'y a pas de divergences majeures parce que tous les pays d'Europe ont un jugement assez sévère sur la politique de l'actuel gouvernement israélien. Puisque tous les pays d'Europe avaient été très favorables aux Accords d'Oslo, ils ont tous regretté que l'actuel gouvernement israélien remette en question les Accords d'Oslo concernant leur application. Il y a donc plus de cohérence que de différence. Toutefois, il y a une grande différence dans le degré d'engagement, dans l'énergie dépensée pour essayer d'obtenir des résultats. On voit bien que la diplomatie française est très en pointe. L'accord se fait souvent avec les Italiens et les Espagnols. La présidence britannique essaie de trouver un point d'équilibre. Et la plupart des autres pays considèrent que ce sujet est quand même très compliqué. Ce n'est pas leur priorité. La France tente de convaincre l'ensemble des pays d'Europe de s'engager plus.

Q. La France se montre optimiste quant à la nouvelle orientation iranienne. Quelles sont les mesures pratiques que vous entendez prendre pour consolider cette orientation qualitative ou ce changement qualitatif dans la politique iranienne ?

R. Nous constatons qu'il y a un changement évident en Iran. L'élection du président est l'expression d'une volonté de changement très forte de la part du corps électoral. Et en même temps, nous savons que cette nouvelle orientation n'est pas soutenue par tout le monde en Iran. Donc, nous devons prendre acte de ce fait nouveau, encourager le président et le nouveau gouvernement dans le sens où ils veulent aller, en adoptant une attitude plus ouverte et plus disponible. Par exemple, nous avons obtenu que les Européens lèvent l'interdiction des rencontres officielles, et en même temps, nous sommes obligés de rester prudents et vigilants. Nous souhaitons que les nouvelles orientations se concrétisent. Je crois que c'est également le souhait de l'Arabie saoudite.

Q. La France souligne la nécessité d'une position américaine plus équilibrée vis-à-vis du processus de paix. Que peut-on faire si cette position américaine ne changeait pas ?

R. C'est de poursuivre nos efforts de toute façon, parce que le risque, c'est que les Etats-Unis entent de débloquer la situation, n'obtiennent aucune concession du gouvernement de M. Netanyahou et ensuite se découragent. Donc, l'une des actions à mener, c'est de faire en sorte que les Etats-Unis restent engagés. C'est normal, ils sont l'un des co-parrains du processus de paix, qui est aujourd'hui malheureusement arrêté. Donc, ils sont donc une responsabilité morale et historique. En même temps, nous leur disons, puisque nous parlons constamment avec eux, que dans cet engagement, c'est normal qu'ils demandent des choses à l'Autorité palestinienne. Et à ce moment-là, il faut demander au gouvernement israélien de tenir les engagements pris par le gouvernement israélien précédent, parce que normalement ce n'est pas une affaire de gouvernement, c'est une affaire d'Etat. Donc ma réponse, c'est de persévérer avec obstination.

Q. Lorsque vous avez discuté avec les responsables saoudiens de ces sujets, êtes-vous parvenu à une position bien définie qui représenterait une vision commune ?

R. Ce qui m'a frappé dans mes entretiens, c'est que nos analyses sont très proches. Naturellement, l'Arabie saoudite et la France sont des pays différents. L'un est un pays arabe et musulman, l'autre est un pays européen et occidental. Mais la convergence et la proximité des analyses est d'autant plus frappante. Nous arrivons à des conclusions très proches. C'est ce que l'on essaie de faire par rapport aux Etats-Unis, par rapport aux Européens, par rapport aux pays arabes et en Israël (...). Il faut essayer de faire quelque chose à l'intérieur d'Israël même. Il faut aussi essayer de maintenir un dialogue, c'est notre position par rapport à toutes les parties de l'opinion publique israélienne, de toutes les forces politiques israéliennes, qui peuvent espérer dans le processus de paix. Mais de toute façon, nous poursuivrons ce dialogue entre la France et l'Arabie saoudite, qui est du plus haut intérêt.

Q. Vous avez décrit les relations franco-saoudiennes comme étant très bonnes, mais que vous cherchez à améliorer. Quels domaines cherchez-vous à améliorer ?

R. D'abord dans le domaine politique : nous pourrions avoir des rencontres, des consultations, des échanges communs beaucoup plus réguliers. Aujourd'hui, par exemple, nous avons parlé du processus de paix. Nous avons aussi parlé de la question Israël-Sud Liban, de la situation en Irak et de l'avenir, de l'Iran et du Kosovo. C'est un exemple d'élargissement des sujets. Nous pensons que cela doit être plus systématique, plus régulier.
D'autre part, sur le plan économique, la France souhaite naturellement développer ces relations dans beaucoup de domaines. Tout à l'heure, je vous ai quitté quelques instants pour parler avec un responsable d'une des plus grandes sociétés françaises spécialisées en matière d'eau, et c'est un domaine où la France est très bonne. Il y a également beaucoup d'autres domaines.

Q. Nous passons à un autre point, la question algérienne. Il semble, selon certains rapports européens, que des éléments du régime seraient impliqués dans les massacres, d'autant plus qu'on n'arrive pas à découvrir les coupables. Quelle est la vision que le gouvernement français a de cette situation, et que peut-il faire étant donné les relations historiques qui existent entre la France et l'Algérie ?

R. Il n'y a pas une vision française spéciale sur ce sujet. Il y a des analyses qui sont faites par les uns et par les autres. Après plusieurs mois d'analyse et d'enquête et beaucoup de missions en Algérie de responsables, de parlementaires ou de responsables politiques, il n'y a plus aucun gouvernement européen qui pense que le pouvoir algérien soit impliqué dans les massacres. Ce que vous avez dit dans votre question n'est pas ce que pensent les Européens.
Tout le monde pense que les affrontements sont très durs dans les deux sens. Mais la question des massacres est différente. En ce qui concerne ce que l'on peut faire pour l'Algérie, tous les pays européens ont exprimé leur immense compassion pour les souffrances du peuple algérien et ont proposé, sous toutes ses formes, leur aide. Mais la réponse algérienne est la même si cette proposition d'aide vient d'un pays arabe ou africain. Les Algériens répondent qu'ils sont un grand pays, un pays souverain, que leurs problèmes sont en effet très graves mais qu'ils sont en mesure de les résoudre par eux-mêmes.

Q. Certains pays arabes se plaignent du fait que certains pays européens offrent l'asile à des éléments terroristes, ce qui crée une tension intérieure. Quelle est la position française vis à vis de cette question ? Comment peut-on à travers l'Union européenne parvenir à une décision pour traiter de ces affaires ?

R. C'est un domaine qui n'est pas de la compétence de l'Union européenne. C'est de la compétence de chaque pays parce que ceci relève du domaine de la justice, de la police, de la défense des libertés, de l'asile. Et dans ces domaines, il y a un tout petit peu de concertation européenne, mais pour l'essentiel des décisions, elles sont prises à l'échelle nationale. Mais je ne peux pas vous répondre pour les autres pays d'autant que les pays qui se plaignent, comme par exemple l'Algérie ou l'Egypte, ne se plaignent jamais de la France. La France n'est pas concernée par ces reproches, elle ne peut pas répondre directement. C'est aux autres pays concernés de prendre les mesures nécessaires. Pour nous, il n'y a qu'une politique globale et constante : c'est la lutte contre le terrorisme qui est menée avec d'autant plus de sérieux par la France puisque la France a été, à plusieurs reprises, la cible sur son sol d'action terroristes.

Q. La France souhaite-t-elle développer la coopération en matière militaire et de défense avec l'Arabie saoudite, et donc consolider les importations saoudiennes d'armes françaises ?

R. La France souhaite naturellement développer ses relations avec l'Arabie saoudite dans le domaine militaire. Mais je dirais que d'une façon plus générale, elle souhaite développer ses échanges économiques. Le volet militaire est un volet important mais il y en a beaucoup d'autres. C'est une des choses que je voulais dire tout à l'heure quand je vous ai parlé du développement des relations bilatérales.


Entretien avec la deuxième chaîne de télévision saoudienne (Riyad, 11 mars 1998)

Q. Quel est votre sentiment à l'égard des entretiens que vous avez eu avec les plus hauts responsables saoudiens ?

R. J'ai été reçu à Riyad très amicalement et j'ai e! avec le Prince Héritier, comme avec le Prince Saoud Al-Fayçal et avec le Prince Sultan des entretiens que j'ai trouvés extrêmement intéressants quant aux relations entre nos deux pays, et qui ont montré une vraie convergence de vue, naturellement sur le fait de relancer encore et d'intensifier les relations bilatérales, - même si elles sont déjà excellentes, on peut toujours faire mieux - et, d'autre part, sur les grands sujets du moment : je pense à la situation en Irak, à la situation critique du processus de paix et je pense à la situation au Kosovo pour ne citer que ces trois exemples.

Q. Vous avez discuté avec SAR le Prince Saoud Al-Fayçal des relations bilatérales. Quels sont les thèmes qui ont été abordés ?

R. Sur le plan bilatéral, notre idée s'inscrit dans la ligne de ce qui avait été décidé pendant le voyage à Djeddah du président Chirac en juillet 1996 : c'est d'abord d'intensifier cette concertation politique et diplomatique. Ce n'est pas un mot abstrait puisque sur les crises : difficiles que nous connaissons aujourd'hui, nous avons pu vérifier qu'il y avait entre la France et l'Arabie saoudite - même si ce sont naturellement deux pays tout à fait différents, l'un arabe et musulman, l'autre européen et occidental -, il y a pourtant, et c'est frappant, une véritable convergence d'analyse. Et sur ces points, nous avons l'intention de maintenir un dialogue plus soutenu, plus intense, plus régulier que ce n'a été le cas ces dernières années, même si les relations entre la France et l'Arabie saoudite sont bonnes et sont à peu près constamment bonnes depuis maintenant plusieurs dizaines d'années. Cela, c'est sur le plan politique et diplomatique.
Sur le plan économique, les relations sont également bonnes. Elles sont évidemment dominées par le secteur énergétique, c'est-à-dire par l'achat de pétrole saoudien par la France. Du coup, nos relations sont déséquilibrées. Alors il y a une tradition de coopération importante en matière d'armement, mais ce n'est pas suffisant à nos yeux. Nous voulons relancer la relation économique sur tous les plans. J'ai eu l'occasion ici de le rappeler, sans rentrer dans le détail, et de rappeler que dans des domaines tout à fait importants comme l'eau et le traitement des eaux, comme tout ce qui relève de l'énergie, tout ce qui relève des transports, tout ce qui relève des télécommunications, la France a des entreprises diverses qui sont toutes au meilleur niveau mondial. Naturellement, il faut qu'elles remplissent toutes les conditions requises mais cela s'inscrit dans un désir de rééquilibrer les relations économiques et, d'autre part, de les diversifier.

Q. Au niveau du monde arabe, il y a une politique arabe de la France. Quels sont les principaux axes de cette politique ?

R. C'est une politique qui consiste à avoir les rapports les plus fructueux, les plus féconds possibles avec l'ensemble des pays arabes. Elle consiste à maintenir une concertation politique et diplomatique intense mais pas uniquement formelle, quand il y a des visites de haut niveau. Elle consiste à s'informer des initiatives que l'on prend, des analyses que l'on fait sur les situations de crise. J'en ai cité trois, puisqu'elles sont dans l'actualité d'aujourd'hui. Mais naturellement ceci change avec les moments pour entretenir cette compréhension, qui permet, chaque fois que c'est nécessaire, d'agir ensemble.
Je prends l'exemple de la crise récente des sites présidentiels en Irak. La France était extrêmement active sur ce plan, aussi bien depuis Paris qu'à Bagdad ou au Conseil de sécurité. À tout moment, la France a eu un dialogue, un échange avec ses principaux partenaires arabes pour faire part de son analyse et expliquer le sens de ses démarches. Voilà un point d'application.
D'autre part, on connaît les positions claires et nettes de la France en ce qui concerne le processus de paix au Proche-Orient. Mais la France avait pris ses positions, même quand il n'y avait pas encore processus de paix, puisqu'elle était sans doute parmi les pays occidentaux, le pays qui a le plus contribué à faire mûrir les esprits et à faire admettre l'idée qu'il y avait une possibilité de concilier les droits et les aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens dans une perspective d'avenir. La France avait beaucoup contribué à l'élaboration de cette confiance mutuelle, qui n'existait pas du tout auparavant, et c'est aussi pourquoi la France est si désolée aujourd'hui de voir ce processus autant menacé.

Q. Quelle est la situation au Kosovo ? Quelle est la position de la France sur ce dossier ?

R. La position de la France est que la situation actuelle au Kosovo est intolérable ; que ce n'était pas possible de soutenir la revendication d'indépendance du Kosovo, parce que cette région des Balkans a trop souffert ces dernières années de déstabilisation et de déstructuration. Elle a au contraire terriblement besoin de stabilité pour permettre son développement et sa reconstruction. Mais, malgré tout, la situation actuelle n'est pas tolérable. Notre proposition est la suivante - je l'avais d'ailleurs dit dès novembre dernier dans une lettre avec M. Kinkel adressée au président Milosevic - donc sans attendre la crise actuelle : il faut absolument que les autorités de Belgrade acceptent de donner au Kosovo une autonomie substantielle. C'est d'autant plus concevable que dans le passé, entre 1974 et 1989, cette autonomie a existé. Donc c'est une autonomie qui a été supprimée, ce qui est encore plus choquant, ce qui est encore plus paradoxal et ce qui est encore plus pénible pour les habitants du Kosovo.
Le Groupe de contact, qui est composé des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et de la Russie, s'est réuni le 9 mars dernier a réagi très vite - a adopté des mesures énergiques avec des sanctions dont on espère qu'elles auront un effet de persuasion sur Belgrade, tout de suite. Lors d'un autre rendez-vous le 25 mars, nous prendrons des mesures supplémentaires si rien ne s'est passé entre-temps. Nous espérons vivement, et nous ferons tout pour cela, que les autorités de Belgrade comprendront qu’elles doivent ouvrir d'urgence un dialogue politique pour aller dans le sens que j'indiquais, c'est-à-dire donner au Kosovo, qui est dans une situation particulière à l'intérieur de la République fédérale de Yougoslavie, une véritable autonomie.

Q. Monsieur le Ministre, il y a presque une absence d'échanges culturels entre le Royaume et la France et même entre la France et les pays du CCEAG. Quels sont les moyens susceptibles de renforcer ces relations ?

R. Vous avez raison. C'est peut-être le domaine sur lequel il faut faire les efforts les plus grands. Nous avons en effet, au cours de mes entretiens, abordé cette question et nous avons quelques idées sur la façon de revitaliser ce secteur de nos échanges. Nous en parlerons le moment venu.

Q. Monsieur le Ministre, un dernier mot aux téléspectateurs saoudiens et à la communauté française établie dans le Royaume.

R. Je leur adresse mon salut le plus cordial et le plus amical.


Conférence de presse (Riyad, 11 mars 1998)

En venant à Riyad, j'ai répondu à l'invitation de mon collègue saoudien. J'y ai répondu avec plaisir. C'était une invitation qu'il m'avait adressée lors de notre entretien à New York en septembre dernier. Les relations entre la France et l'Arabie saoudite sont anciennes, bonnes et solides. Ma visite s'inscrit dans une perspective de développement de ces relations ainsi qu'il en avait été décidé par le président Jacques Chirac et par sa Majesté le roi Fahd en juillet 1996. Lorsque j'ai été reçu hier par le prince héritier, je lui ai remis de la part du président Chirac un message destiné à sa Majesté le roi Fahd. A cette occasion, j'ai exprimé au nom du président Chirac et au nom du gouvernement et en mon nom personnel, les vœux de prompt rétablissement pour sa Majesté.
Les entretiens que j'ai eus avez le prince héritier, avec le prince Sultan et avec mon collègue, le prince Saoud Al-Fayçal, ont été marqués par un climat de grande confiance et m'ont paru très fructueux. Nous avons parlé notamment de plusieurs questions internationales (...).
L’Irak, en premier lieu, et l'application de l'accord conclu entre le Secrétaire général des Nations unies et les autorités irakiennes. Nous attendons une application pleine et entière de cet accord.
Nous avons également parlé de la situation du processus de paix au Proche-Orient et, d'autre part, de la situation au Kosovo à propos duquel le Groupe de contact réuni à Londres lundi matin a décidé une action énergique et rapide. J'ai constaté sur tous ces points une très grande convergence de vues et j'ai été touché par la compréhension et par les marques de confiance qu'ont exprimées toutes les autorités saoudiennes quant aux positions exprimées par la France sur ces thèmes. A ce sujet, je voudrais saluer la hauteur de vue des autorités saoudiennes, la sagesse de leur politique, et la contribution éminente au maintien des équilibres régionaux et de la paix.
Nous avons évidemment parlé des relations bilatérales dont les deux points principaux sont d'une part, le dialogue politique dont j'ai dit qu'il était excellent et nous pouvons l'intensifier. A cet égard, j'ai invité le prince Saoud Al-Fayçal à effectuer une visite à Paris. Et d'autre part, le volet économique. La France souhaite contribuer à l'essor économique de l'Arabie saoudite en insistant sur l'importance d'être davantage présente et active dans tous les domaines, notamment dans le domaine de l'énergie, de l'électricité, des télécommunications, des transports entre autres. Nous avons évoqué le projet d'accord de protection des investissements. Voilà quels ont été les principaux thèmes des entretiens que j'ai eus hier à Riyad ; c'était une journée bien remplie. J'ai été reçu très amicalement et les France et l'Arabie saoudite sont à l'évidence destinées à s'approfondir et se développer.

Q. Monsieur le Ministre, vous avez parlé d'un accord de protection des investissements. Où en est ce projet d'accord, avez-vous signé un mémorandum d'entente à ce propos ? Pouvez-vous développer ce sujet ?

R. Je n'ai pas signé de texte, mais nous avons fait le point de la négociation qui est en cours, et nous avons la conviction de part et d'autre qu'il faut faire aboutir maintenant rapidement cette négociation. Après la visite du président Chirac en 1996, un grand travail a été effectué de part et d'autre, afin de faire l'inventaire de tous les domaines dans lesquels la coopération pourrait se développer. J'ai cité quelques domaines dans lesquels les entreprises françaises sont au niveau des meilleurs entreprises mondiales. Nous pouvons ajouter le traitement de l'eau sous toutes ses formes. La conclusion générale de ces travaux menés depuis 1996, c'est qu'un accord de protection mutuel des investissements donnerait un cadre juridique stable, propice au développement de tous ces échanges. La négociation n'est pas encore complètement terminée. Nous avons donc décidé d'accélérer cette négociation.

Q. Monsieur le Ministre, vous avez dit à Paris au quotidien "Al Charq al Awsat" lors d'une interview récente, qu'il n'y avait pas de plans pour relancer le processus de paix, processus qui se trouve à l'asphyxie actuellement. Or, le président de l'Union européenne, M. Robin Cook, parle, lui, d'un plan en trois phases destiné à relancer ce processus. Par ailleurs, devant la situation déplorable que connaissent les Palestiniens, devant l'obstination de M. Netanyahou, que peut faire la France pour veiller à l'application des accords signés par Israël avec les Palestiniens ?

R. Ce que je vous ai répondu à Paris à propos du plan, c'est que la question donnait l'impression qu'il n'y avait pas d'action diplomatique française et européenne en dehors du jour où on annonce un plan. Alors que c'est l'inverse qui est vrai. Il y a peu de domaines dans lesquels la diplomatie française et l'action de l'Europe soient plus constantes, tous les jours, plus obstinées et plus persévérantes. A peu près chaque semaine, la France, ou un responsable d'Europe, insiste sur la relance de tel ou tel aspect des accords qui ont été conclus mais qui sont malheureusement de moins en moins respectés. Cela porte sur la demande d'arrêt des mesures unilatérales, cela porte sur la mise en application des redéploiements significatifs que je présume au titre des accords, cela peut porter sur les questions de l'aéroport de Gaza, sur les problèmes de la condition de circulation des travailleurs palestiniens et de bien d'autres sujets. Donc, je vous demande de bien me comprendre : nous n'avons rien contre les plans, les initiatives, mais simplement je voudrais que vous admettiez que notre action est une action vraiment de tous les jours, constante. Dans la phase actuelle, il y a une concertation importante entre tous les pays d'Europe, et notamment entre la France, qui est très engagée sur ce sujet, et la Grande-Bretagne, qui assure la présidence, pour voir ce qui peut être fait sur chaque point pour empêcher l'asphyxie du processus de paix. D'autre part, l'Europe veut encourager constamment les Etats-Unis à rester engagés à propos de ce processus, et à avoir une approche équilibrée.

Q. Je suis le consultant du magazine "Arabies" qui paraît en France. Monsieur le Ministre, les relations franco-arabes sont très anciennes. Ce sont des relations durables. Pourquoi la France n'adopte-t-elle pas des décisions fermes et vigoureuses à l'égard d'Israël pour l'amener à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité concernant des résolutions vieilles de 50 ans. Qu'a demandé Israël, par ailleurs, pour se retirer du Sud-Liban conformément à la résolution 425 ? Nous observons également que le Golan syrien est occupé depuis 30 ans. Quelles sont les décisions immédiates, vigoureuses, énergiques, que peut prendre la France pour veiller à l'application de ces résolutions, comme cela a été le cas des décisions énergiques prises à l'encontre d'autres pays qui ne respectent pas les résolutions ?

R. La France n'a pas les moyens de contraindre seule - aucun pays seul ne peut le faire - un pays à appliquer telle ou telle résolution ; mais la France peut exprimer des positions fortes et justes. Vous connaissez bien la politique étrangère française et les grands principes dont elle s'inspire. Je crois qu'il y a peu de diplomatie occidentale qui soit plus nette et plus claire en ce qui concerne les résolutions que vous avez citées et la satisfaction des droits légitimes des Palestiniens et des Israéliens dans une solution de paix équitable et durable. Nous menons un travail de persuasion constant auprès de nos partenaires européens et auprès des Etats-Unis pour qu'il y ait une position occidentale plus claire et plus nette sur ce point. Vous avez sans doute déjà constaté une évolution des prises de position européennes, à ce sujet. En ce qui concerne la question de la résolution 425, la France est dans la situation d'un pays qui a des relations avec les trois protagonistes : la Syrie, le Liban et Israël. Nous acceptons donc de transmettre les messages quand on nous les donne, comme c'était le cas ces derniers temps de certains ministres israéliens. D'autre part, la France a dit à plusieurs reprises que, quand les pays intéressés auront conclu un accord, la France accepterait d'y apporter sa garantie. Mais nous n'avons pas l'intention de nous substituer à tel ou tel pays, et en particulier à la Syrie ou au Liban, pour leur dire ce qu'ils doivent accepter ou pas, c'est à eux d'apprécier en fonction de leurs intérêts nationaux.

Q. La situation en Algérie est devenue inquiétante - inquiétante pour le monde mais inquiétante pour l'Europe et pour la France particulièrement - la France qui a des relations étroites avec les pays du Maghreb. Quel rôle peut-elle jouer pour amener à une réconciliation des diverses parties et mettre fin à cette situation ?

R. La France est profondément bouleversée par les souffrances du peuple algérien. Cette compassion a été exprimée à maintes reprises. Les autorités françaises ont dit, à plusieurs reprises, aux autorités algériennes qu'elles étaient naturellement disponibles pour faire, en accord avec les autorités algériennes, ce qui pourrait être utile pour ce pays dans la situation difficile dans laquelle il est. Les autorités algériennes acceptent le dialogue avec d'autres gouvernements, avec des parlementaires d'autres pays, ils acceptent la venue de nombreux journalistes, de personnalités de toutes sortes. Mais, en ce qui concerne la recherche d'une solution proprement dite, l'Algérie est un pays fier et intransigeant quant à sa souveraineté et considère qu'il doit trouver lui-même les solutions lui permettant de surmonter la tragédie qu'il connaît. Cela ne nous empêche pas de continuer à exprimer notre disponibilité. En particulier nous souhaitons avoir naturellement demain avec ce pays important des relations les meilleures et les plus confiantes possibles. L'Algérie sera toujours un pays voisin et un partenaire important pour la France comme pour l'Europe. Nous souhaitons naturellement que ce pays surmonte au plus vite cette tragédie.

Q. Vous avez évoqué, Monsieur le Ministre, les sujets économiques. Comment évaluez-vous l'action des sociétés mixtes ?

R. D'une façon générale, les relations économiques entre les deux pays et les sociétés mixtes, dont vous parlez, travaillent bien. Mais les échanges demeurent déséquilibrés entre les deux pays. Et c'est pourquoi j'ai insisté, nous avons insisté, durant les entretiens, et c'est pourquoi j'insiste devant vous, sur la nécessité de les rééquilibrer. Et justement pour rééquilibrer, nous souhaitons pouvoir participer beaucoup plus à l'essor industriel du royaume. Et c'est, à cet égard, que j'ai cité quelques domaines, où la France en particulier à des entreprises de très hauts niveaux. Donc, en résumé, ce qui existe fonctionne bien, mais n'est pas suffisant.

Q. Monsieur le Ministre, l'Europe a-t-elle tiré les leçons de la situation qui avait prévalu en Bosnie-Herzégovine, notamment je prends le cas de Srebrenica ? A-t-elle tiré ses leçons pour éviter la répétition d'une telle situation aujourd'hui au Kosovo ? L'Europe est-elle prête à intervenir, à être plus efficace, y compris par une intervention militaire, pour éviter que le drame du Kosovo - qui est tentaculaire, qui est beaucoup plus explosif que celui de la Bosnie-Herzégovine - n'aille plus loin ?

R. Je ne veux pas parler longuement des événements de 1991 en Bosnie mais je vous dirais qu'à l'époque la France avait pris de très nombreuses initiatives pour qu'il y ait une intervention immédiate, en agissant notamment au sein du Conseil de sécurité et que malheureusement elle n'avait pas été suivie. Ce serait très injuste de considérer que ce qui s'était passé en Bosnie depuis quelques années n'était que de la faute de l'Europe. A l'époque - mais je vais revenir à l'actualité -, la Russie et les Etats-Unis avaient mis deux ou trois ans avant d'avoir une politique claire. Pour en revenir à la situation actuelle, je dirais deux choses : mon pays est tellement conscient de la gravité de la situation qu'en novembre dernier, c'est-à dire sans attendre les événements des derniers jours, avec mon collègue allemand, M. Kinkel, nous avons écrit au président Milosevic pour lui dire que la seule solution était une négociation urgente pour rétablir l'autonomie du Kosovo. C'était en novembre dernier. Compte tenu du fait que le président Milosevic n'avait pas bougé dans ce sens, l'Europe a décidé de ne pas améliorer la situation commerciale de la Yougoslavie par rapport à l'Europe, C'était il y a plusieurs semaines déjà. D'autre part, face aux événements récents, le Groupe de contact s'est réuni extrêmement vite et a adopté des mesures très précises et très énergiques : une première liste de sanctions, une deuxième liste qui sera confirmée lors de la prochaine réunion du Groupe de contact le 25 mars à Washington, si rien n'a changé entre temps. C'est donc une réaction extrêmement rapide, extrêmement précise, énergique, inscrite sur un calendrier à très court terme.

Q. Monsieur le Ministre, lors de votre entretien avec son Altesse le prince Sultan, avez-vous parlé du projet Sawari, en matière de coopération globale ?

R. Nous avons abordé d'une façon générale la coopération militaire entre la France et l'Arabie saoudite. Les relations entre nos deux pays dans ce domaine sont très bonnes mais nous souhaitons encore les améliorer et il y a des perspectives de développement, dont celle à laquelle vous faites allusion. Mais ce n'est pas l'objet principal de mes conversations. Mes conversations sont plutôt orientées autour d'une relance générale des relations économiques dont naturellement ces questions d'armement font partie, mais il faut les réinsérer dans un ensemble plus vaste. Et mon collègue, M. Richard, le ministre français de la Défense, doit se rendre prochainement dans le royaume.

Q. Vous avez parlé du processus de paix, Monsieur le Ministre. Du côté arabe, on revendique toujours un rôle européen du processus plus actif. Il est clair en même temps que e rôle ne peut pas dépasser celui de messager. Cela voudrait-il dire que le processus de paix doit demeurer à l'agonie, étant entendu que le rôle des Etats-Unis n'est pas décisif en faveur de la relance du processus de paix ?

R. Le mot "messager" que j'ai employé ne concerne pas le processus de paix. Il concernait es déclarations faites par certains ministres israéliens à propos du Liban. Donc, il ne faut pas confondre ce que je dis à propos des relations entre Israël, le Liban et la Syrie, et ce que je dis par ailleurs sur le processus de paix. Sur le processus de paix lui-même, il n'y a pas de pays, depuis plus de 20 ans, qui agisse plus que la France. On ne peut pas oublier la longue lutte des présidents français successifs pour que soient reconnus les droits légitimes des Palestiniens, et pour qu'ils soient reconnus comme interlocuteurs. Et tout cela a été fait bien des années avant que les autres pays européens commencent à se poser la question, je ne parle même pas des Etats-Unis. Et la France a réussi à faire cela, tout en restant amie avec Israël, et tout en restant toujours vigilante pour la sécurité d'Israël. Nous avons montré que nous pouvions faire quelque chose. Dans le cas le plus récent, depuis la Conférence de Madrid, depuis les Accords d'Oslo, la France a constamment soutenu et encouragé, et même devancé des évolutions positives. Les dirigeants palestiniens le rappellent constamment. Mais si vous parlez de solution européenne, naturellement, la France souhaite que l'Europe ait une expression forte sur ce sujet. Mais l'Europe se compose de quinze pays indépendants. Cela veut dire qu'il ne suffit pas de souhaiter une position européenne forte pour qu'elle se réalise comme cela par un miracle. Il faut reconnaître que la plupart des autres pays d'Europe n'ont pas spontanément la même vision que celle de la France sur cette question. Une grande partie de notre travail diplomatique est un travail de persuasion pour convaincre nos amis européens d'adopter une position plus forte et plus claire sur ce point. Donc, vous pouvez regretter que la position européenne ne soit pas déjà plus forte, mais vous ne pouvez pas douter, une seconde, de ce que fait la France dans cette direction.
Voilà, un dernier mot : je dirais que j'ai été très sensible à l'accueil très amical que j'ai reçu à Riyad.