Texte intégral
Le Figaro. – Comment appréhendez-vous la situation, face à la multiplication des attentats et des mouvements clandestins ?
Charles Pasqua. – On ne réglera pas les problèmes uniquement par des mesures policières et judiciaires. Elles sont nécessaires, certes, mais pas suffisantes. Quant à la prolifération des mouvements clandestins, il est évident qu'elle affaiblit et discrédite la famille nationaliste. Je pense qu'il faut dialoguer avec tous les nationalistes afin de leur faire comprendre que la violence est illégitime et inutile dans un pays démocratique.
Le Figaro. – Quel est le véritable problème de la Corse ?
Charles Pasqua. – Les difficultés sont les mêmes ici qu'ailleurs : insuffisance des moyens de développement, absence des débouchés et d'emplois pour la jeunesse. Il faut donc déterminer les conditions du développement de la Corse. Pourquoi ne serait-on pas capables de se mettre autour de la même table et d'en parler ? Ne pourrait-on essayer de définir ensemble un projet cohérent ? Je suis un maniaque des référendums… Alors, une fois que ce projet aura été défini, il faudra le soumettre au peuple. C'est à lui qu'il appartient de décider en dernier ressort de ce qu'il veut.
Le Figaro. – Les responsables corses du RPF se sont prononcés en faveur de l'autonomie de l'île. Quelle est votre position personnelle ?
Charles Pasqua. – L'autonomie de la Corse, ce sont des mots. Il faut d'abord aller aussi loin que possible dans la voie de la déconcentration et de la décentralisation. On ne peut pas traiter les problèmes de la Corse, qui est une île, si l'on ne prend pas en compte sa situation spécifique. Je sais que c'est une vieille rengaine que beaucoup de gens ont chantée. Mais elle n'a jamais trouvé de réalité. L'État doit accepter de se déconcentrer, tout ce qui peut être traité au niveau local doit l'être. En principe, un homme politique doit voir de plus haut et de plus loin. C'est donc à ceux qui ont des responsabilités qu'il appartient de réfléchir et d'indiquer quelles sont d'après eux, les voies du développement. Ensuite, il faut que le peuple tranche.