Texte intégral
Monsieur l’ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord vous dire combien je suis heureux de vous accueillir ici ce soir pour assister à un concert de musique chinoise et française traditionnelles, organisé à l’occasion de l’inauguration, demain, de l’exposition « La Cité interdite » au Petit Palais. Je remercie d’emblée Framatome pour avoir permis que ce concert ait lieu.
Il y a exactement trois siècles, le philosophe et mathématicien allemand Leibniz, dont toute l’œuvre est rédigée en latin ou en français, écrivait à un ami. Il lui parlait des missions jésuites qui partaient alors vers la Chine et qui allaient rapporter ces « Lettres édifiantes et curieuses » qui passionnèrent tous les esprits lettrés de l’époque : « c’est, disait-il, la plus grande affaire de notre temps… pour le bien général des hommes et l’accroissement des sciences et des arts, chez nous aussi bien qu’en Chine ». Car, ajoutait-il, c’est un « commerce de lumières ».
Quelques années seulement après cette correspondance, Pedrini, lazariste italien, compose pour la cour de l’empereur de Chine, la pièce qui vous sera présentée ce soir. Elle sera interprétée par « l’Ensemble XVIII-21, musique des Lumières » ; cette œuvre, je le précise, est éditée à l’occasion de l’exposition, dans le cadre d’une coproduction Festival de Saint-Florent-le-Vieil et Auvidis-Astrée.
Je voudrais, à cet égard, exprimer mes remerciements à la direction artistique du Festival de Saint-Florent-le-Vieil, et notamment à M. Pierre-Jean de San Bartolomé, qui a organisé ce concert.
Seront également présentées ce soir des pièces impériales chinoises de la même époque, interprétées par l’Ensemble national de musique traditionnelle de Pékin.
Le choix de ces œuvres, fondé sur l’échange et la curiosité réciproque, témoigne de notre volonté d’approfondir la connaissance mutuelle de nos cultures. Cette démarche va plus loin qu’il n’y paraît. Que serait en effet le développement politique et économique des relations franco-chinoises s’il ne s’appuyait sur une meilleure connaissance des hommes, c’est-à-dire de l’identité culturelle de chacun ?
L’exposition que j’aurai l’honneur d’inaugurer demain, avec M. le ministre chinois de la culture et le maire de Paris, procède de la même volonté. Sans nul doute, elle connaîtra un vif succès car elle répond à une attente et à une curiosité, éveillée notamment par le film de Bernardo Bertolucci « Le dernier empereur ». Elle fait sa part à la Chine « rêvée » et à la Chine bien réelle que révèle cette vie quotidienne dans la Cité interdite. Elle constituera une étape importante dans le développement des relations culturelles bilatérales. Grâce à l’appui décisif de Framatome, elle s’inscrit aussi au carrefour de nos relations culturelles et économiques, deux dimensions essentielles de nos rapports avec la Chine.
Sous l’impulsion de nos deux gouvernements, ces relations se développement rapidement et d’une manière continue.
Cette année, nous sommes heureux d’avoir pu organiser en Chine de grandes manifestations culturelles qui allient tradition classique et création contemporaine, telles la venue de l’Orchestre national de France et de la compagnie de danse d’Angelin Prejlocaj.
Déjà 1997 s’annonce comme une année exceptionnelle, avec la présentation du ballet classique « La Sylphide » par le Ballet du Rhin et surtout l’opéra « Faust », une création franco-chinoise, mise en scène par Pierre Médecin.
Certes, nous avons des raisons d’être satisfaits, mais permettez-moi, Monsieur l’ambassadeur, de vous dire que la France est prête à accueillir plus de manifestation culturelles et artistiques chinoises. Il existe en effet au sein de la population française un véritable enthousiasme pour les multiples facettes de l’art et de la création dans votre pays. Outre la coopération intergouvernementale, il conviendrait d’explorer ensemble les vastes ressources qu’offre la coopération décentralisée en France. À cet égard, plusieurs festivals, dont l’un que je connais tout particulièrement, ont montré la voie en accueillant depuis plusieurs années des artistes chinois.
À l’aube du troisième millénaire, comme au début du siècle des Lumières, le développement des relations avec la Chine est pour nous une priorité absolue. Nous nous félicitons de constater, que dans tous les domaines, les liens entre nos deux pays se renforcent rapidement. La visite qu’effectuera le président de la République en Chine l’année prochaine est destinée à marquer, à cet égard, un temps fort des relations bilatérales.
En conclusion, permettez-moi une nouvelle fois de le constater : la Chine et la France ont de nombreux points communs, notamment un attachement particulièrement profond à leurs traditions culturelles, uniques tant par leur richesse que par leur ancienneté et leur diversité. À l’heure de la mondialisation, il est indispensable de cultiver la spécificité culturelle de chaque nation, mais non d’une façon frileuse : il faut, que le dialogue, s’enrichir sans cesse pour mieux résister à tout danger d’uniformisation culturelle.
Je vous invite, Monsieur l’ambassadeur, Mesdames, Messieurs à apprécier une manifestation supplémentaire de ce dialogue et de ces liens. Je vous invite à ce nouveau « commerce de lumières ».