Texte intégral
Mes chers camarades, chacun comprendra que j'ouvre notre Convention nationale en renouvelant à Henri Emmanuelli notre amitié, notre solidarité et notre entier soutien.
Je rappelle une nouvelle fois qu'il n'a jamais été condamné à titre personnel, mais au nom du Parti socialiste, en notre nom, pour les fonctions de trésorier qu'il occupait avant 1990.
Je salue la dignité et le sens de l'honneur dont il a fait la démonstration dans cette terrible épreuve. Je vais lui dire devant vous et, au-delà de vous, à tous les militants socialistes, que nous sommes à ses côtés, que nous avons aussi besoin de lui pour servir efficacement notre idéal commun. Nous sommes à côté d’Henri et nous avons besoin d'Henri Emmanuelli pour les années qui viennent.
(-) La droite a, depuis plusieurs semaines, fait le choix d'alourdir le climat politique faute de pouvoir reprendre l'initiative sur le terrain économique et social. Elle a fait du thème de l'immigration l'instrument unique de sa prétendue reconquête. La formule n'est d'ailleurs pas nouvelle, elle avait été plusieurs fois employée dans la période passé. Mais il s'agit cette fois d'un comportement politique clairement, sciemment assumé.
Ce comportement politique repose d'abord sur un choix tactique. Obsédés par la concurrence du Front National, les partis de droite justifient aujourd'hui de se porter sur son terrain pour prétendument lui couper l'herbe sous le pied. Ce raisonnement conduit inévitablement à mettre le Front national au cœur de la vie politique, à mettre l'immigration au centre des débats politiques pour, au bout du compte, avoir le résultat que l'on connaît, c'est-à-dire favoriser ceux qui font de l'immigration, de l’insécurité, leur commerce, un commerce aussi honteux que profitable, depuis quinze ans.
La droite pense, à la lumière des élections législatives partielles, que cela lui sera profitable. Nous, nous savons pour qui cela sera rentable.
Mais ce choix n'est pas simplement tactique, il est aussi - et c'est plus grave encore - idéologique, car tous les parlementaires, aussi bien à l'Assemblée nationale qu’au Sénat, qui ont assisté au débat de ces derniers jours sur le projet de loi Chevènement ou sur le code de la nationalité peuvent en témoigner : les convictions, sur ce sujet, de la droite républicaine, sont de plus en plus de droite et de moins en moins républicaines !
(…) Alors, oui, de glissement en glissement, il ne restait plus pour la droite car reprendre l'idée du référendum sur la nationalité, conçue en sentant par Jean-Marie Le Pen, ramassée récemment par Alain Madeline, qui a quelques souvenirs, puis reprise par François Bayrou.
(…) Pour notre part, nous socialistes, nous entendons, à l'occasion de ces élections régionales, mener campagne sur les seuls sujets qui concernent les Français : l'emploi, la solidarité, la citoyenneté, avec un premier bilan de l'action gouvernementale par rapport à ces objectifs : les emplois-jeunes qui se développent aujourd'hui, la justice fiscale, les mesures en faveur de l'éducation, du logement… Bref, nous ferons campagne à la fois sur la vie quotidienne des Français, sur l'action gouvernementale et bien entendu sur ce que peuvent apporter les régions et les départements dans ces perspectives.
(…) Nous devons aussi défendre la perspective des 35 heures à l’occasion de ces élections, mettre en cause le discours patronal, celui du fatalisme et de la flexibilité, ce discours qui laisse penser que, de toute façon, le chômage est inscrit dans la réalité sociale de ce pays, qu'il ne sert à rien de le faire diminuer ou alors qu'il faut accepter pour le faire diminuer la flexibilité des salaires, cela nous ne l'acceptons pas et les Français non plus.
(…) C’est donc à nous, dans cette campagne, d'être à la hauteur des attentes de nos concitoyens, sur le fond, en regardant d'abord leurs problèmes, leurs difficultés et sur les pratiques politiques en constituant des listes qui devront avoir, qui ont déjà, le même esprit de renouvellement que ce qui nous avait permis de gagner le 1er juin, à travers les désignations de nos candidats aux élections législatives.
(…) Nous avons voulu qu’il y ait un objectif de parité et nous y veillerons ; nous avons voulu qu’il y ait un renouvellement, mais aussi considérer que les sortants avaient fait leur devoir dans une période qui n'était pas facile, nous devrons trouver cette équilibre. Nous avons voulu aussi que la géographie à l'intérieur des départements soit prise en compte. Nous avons voulu enfin qu'il y ait des jeunes sur les listes.
(…) Cette responsabilité, il faut l’avoir aussi dans le rapport avec nos partenaires, pour la constitution de listes de rassemblement. Ces listes d'union ne doivent pas simplement nous permettre de gagner plus de conseillers régionaux pour nous, les socialistes. Ces listes d'union doivent nous permettre de conquérir les régions. Veillons à ne pas simplement comptabiliser nos élus socialistes, veillons à bien prendre conscience que toute liste dissidente, que toute les liste alternative, surtout si elle fait moins de 5 %, se perd dans les sables de la proportionnelle.
(…) Depuis six mois rien n’a été simple, ni facile, pour le gouvernement, pour la majorité. Il a fallu du courage pour faire la Conférence sur l'Emploi et permettre la perspective des 35 heures, il a fallu de la détermination pour créer des emplois-jeunes, il a fallu de la finesse politique pour faire voter un budget tel qu'il était préparé par la précédente majorité. Mais nous entrons, avec la perspective des élections de mars, dans une période qui sera encore plus complexe, encore plus difficile.
(…) Ne rentrons pas dans le jeu qui laisse penser à une victoire assurée de la gauche au mois de mars, qui, si elle est moins forte que prévu, serait interprétée déjà comme un recul, ce serait quand même invraisemblable qu’en gagnant des régions nous soyons déjà accusés d'être en recul au plan national.
(…) J’ai confiance dans les socialistes, je crois qu'ils vont effectivement préparer comme il convient les élections régionales en se préoccupant d'abord des Français et moins du Front national, comme le fait la droite. Je suis sûr que grâce aux élections régionales nous pourrons renforcer l'action réformatrice de la gauche au service du pays.