Texte intégral
G. Morin : G. Sarre bonjour, président délégué du Mouvement des Citoyens, donc très proche de J.-P. Chevènement, député PS de Paris. Plusieurs sujets de conversations…
G. Sarre : « Non, Mouvement des Citoyens. »
G. Morin : Oui ?
G. Sarre : « Vous dites député PS. »
G. Morin : Ah oui, député Mouvement des Citoyens. Voyez, ça m'a échappé !
G. Sarre : « Je l'ai été, mais je ne le suis plus. »
G. Morin : Vous avez rompu complètement avec le PS ?
G. Sarre : « Ah non, nous sommes en rapport d'alliance mais si nous avons fait le Mouvement des Citoyens, c'est qu'il y avait des raisons idéologiques et politiques. »
G. Morin : Donc quand vos amis du PS ont des soucis à Paris, vous n'êtes pas forcé de les défendre.
G. Sarre : « Sur ces questions-là, j'observe la même attitude que tout républicain doit observer c'est-à-dire faire en sorte que la justice passe si elle doit passer mais je n'ai aucun commentaire à faire tant que les affaires sont en cours. »
G. Morin : Pour être clair, J.-M. Le Guen ou J.-C. Cambadélis qui sont cités dans les questions MNEF, vous n'avez pas à dire si vous les voyez en difficultés ou pas, vous n'avez pas de commentaire particulier à faire à leur sujet ?
G. Sarre : « Je pense qu'ils souffrent parce que c'est toujours une épreuve mais ne sachant pas ce qu'il y a dans le dossier, que voulez-vous que j'en dise, qu'en diriez-vous vous-même ? Vous en savez autant que moi, ce qu'il y a dans les journaux. Bon, est-ce la vérité ? Souvent il se trouve qu'on découvre après que ce n'est pas la vérité. Laissons donc la justice travailler. »
G. Morin : Alors, pour finir sur le chapitre parisien, la démission de D. Strauss-Kahn, on a dit que ça enlevait un concurrent, un candidat potentiel à la mairie de Paris en 2001...
G. Sarre : « Il n'avait jamais annoncé sa candidature. »
G. Morin : Vous non plus vous ne l'avez jamais annoncé, la vôtre.
G. Sarre : « Pourquoi aurais-je annoncé ma candidature ? »
G. Morin : Pourriez-vous le faire un jour ?
G. Sarre : « Tout d'abord, je considère qu'une candidature ne vaut que si on se sent capable d'accomplir une tâche, ce côté-là, je me sens capable, faut-il encore que les circonstances s'y prêtent et nous sommes très loin de l'échéance municipale. »
G. Morin : C'est trop tôt ?
G. Sarre : « Ce n'est pas le sujet. »
G. Morin : J. Tiberi, on connaît son origine, mais ça n'a rien à voir. Le sujet d'importance aujourd'hui, c'est aussi la Corse avec les rapports parlementaires qui mettent en cause les questions de sécurité en Corse. J.-P. Chevènement est ministre de l'intérieur, est-ce que ce sont des rapports qui globalement peuvent mettre en cause l'action du ministre de l'intérieur ?
G. Sarre : « Je connais un peu ces affaires : le rapport du Sénat que j'ai lu hier soir dans le détail, qui est un rapport que je considère comme intéressant… »
G. Morin : Piloté par des gens de droite.
G. Sarre : « Oui, piloté par des sénateurs – car la commission comprenait des sénateurs de toute tendance politique - donc c'est intéressant et le gouvernement pourra tenir compte, j'en suis sûr, de certains éléments positifs. Il y a ensuite un deuxième rapport, c'est celui présenté par la commission d'enquêtes de l'Assemblée nationale. Ce rapport qui a été voté par une toute petite minorité des gens de la commission (...) parlementaire et qui a été diffusé prématurément – puisque (...) à l'heure que M. Forni et le rapporteur vont rendre public (...)… »
G. Morin : Il y a eu des fuites, quelqu'un les a organisées ?
G. Sarre : « Oui et il serait intéressant d'ailleurs de les connaître parce qu'il est très bon de parler de dénoncer les dysfonctionnements, et c'est légitime de le faire, mais quand on se prête soi-même à l'organisation de dysfonctionnements, c'est déjà très critiquable parce que pourquoi s'exprimer, par exemple hier, alors que le rapport d'enquête sera publié aujourd'hui ? »
G. Morin : Mais est-ce que ce n'est pas tout simplement parce que le député Forni ne voulait pas laisser la seule place sur la Corse au sénateur qui avait fait son rapport. Il disait : on en parle, je veux être présent.
G. Sarre : « Il suffisait qu'il publie son rapport avant et il a été voté il y a quelques jours par une petite minorité, quelques députés. »
G. Morin : Ça c'est l'opportunité mais sinon sur le contenu vous dites qu'il est mal ficelé, qu'ils ne convient pas ?
G. Sarre : « Dans ce rapport, il y a des choses tout à fait évidentes qui apparaissent : il y a la période je dirais d'avant 97 où on constate laxisme, manipulation des différentes tendances des nationalistes dont on sait aujourd'hui quand même ce que signifie l'orientation de nombre d'entre eux, des xénophobes, des racistes, donc tout ça c'est le passé, et il y a la période 97/99. Pour être clair, ça commence après l'attentat contre la mairie de Bordeaux où monsieur Juppé prend une direction meilleure, mais avec Lionel Jospin et J.-P. Chevènement c'est la légalité républicaine et regardons les résultats. C'est une amélioration tout à fait sensible en Corse même si bien entendu… »
G. Morin : Un préfet a été assassiné.
G. Sarre : « Mais bien entendu qu'il y a eu un préfet assassiné mais grâce à la DNAT, la division nationale anti-terroriste, a permis d'élucider nombre d'affaires et en particulier de trouver les assassins présumés du préfet Érignac car, et ce que je voudrais dire à ce propos, c'est que dans ce rapport il y a des choses qui sont intéressantes. Par exemple dire : « la Corse, la solution passe par le développement économique », ce qui est vrai, ça revient de façon récurrente et tant mieux. Mais ce qui n'est pas dit dans le rapport c'est qu'il est absolument nécessaire de commencer par dénoncer dans les faits comme dans les mots, la violence, et il faut que tous les élus de l'assemblée de Corse disent qu'ils se désolidarisent de l'assassinat du préfet Érignac. Quant au reste, ce qu'il faut dire c'est qu'il y a des propositions : remettre en cause le rattachement des préfets au ministère de l'Intérieur pour les transférer à Matignon, tout cela relève de la fantaisie la plus pure et puis mettre en question la DNAT - cette organisation avec un mécanisme centralisé pour les enquêtes et les poursuites – reviendrait à affaiblir complètement la lutte contre le terrorisme, et la DNAT a réussi, puisque, qu'il s'agisse des islamistes… »
G. Morin : Vous êtes totalement défenseur de M. Marion qui est un des patrons de la DNAT
G. Sarre : « Je pense que M. Marion est assez grand pour s'exprimer. Ce que je crois c'est qu'il y a eu une lecture fausse de sa déposition. »