Texte intégral
Lundi 4 octobre 25 000 chefs d'entreprise étaient réunis à Paris pour manifester contre la réforme des 35 heures, mais aucun chef des partis de l'opposition n'était présent pour les écouter. Seulement quelques rares parlementaires dont j'étais.
Mais où était donc passée l'opposition ?
Si la droite ne soutient pas les entreprises, qui le fera ?
De retour à l'Assemblée nationale, je n'obtenais pas de réponse. Tout au plus, m'a-t-on confessé sous le manteau, que les partis de l'opposition ne voulaient pas apparaître comme la voix du patronat.
C'est un peu comme si le parti socialiste n'osait pas s'afficher dans les manifestations de fonctionnaires. Ridicule !
Ridicule et inquiétant, car les 35 heures risquent d'être lourdes de conséquences pour l'économie française bien sûr, mais aussi pour notre vie au quotidien.
Quand partout ailleurs nos voisins en abandonnent la piste, Monsieur Jospin et Madame Aubry sont en train de faire de la France le seul exemple d'économie administrée où l'État dicte aux entreprises et aux salariés, quand et comment travailler. Pourquoi 35 heures ? pourquoi pas 32 ou même 27 ? Quelle incohérence !
- Incohérence, lorsque le gouvernement impose aux Français de travailler moins alors que pour payer nos retraites il faudra cotiser et travailler plus longtemps.
- Incohérence, quand le gouvernement fait payer deux fois la réforme aux entreprises créatrices d'emplois et entrave leur compétitivité : d'abord en finançant la réduction du temps de travail de leurs propres salariés ; ensuite en supportant un nouvel impôt, l'écotaxe, et un prélèvement sur le régime UNEDIC et sur les bénéfices.
- Incohérence, quand la généralisation uniforme des 35 heures bloque la progression des salaires, freine la consommation des ménages, et encourage le travail au noir. Quand une famille vit tout juste en travaillant 39 heures par mois, comment se débrouillera-t-elle avec un salaire inférieur ?
La France ne peut pas se permettre de travailler moins que ses partenaires tout en augmentant les salaires et en garantissant une protection sociale de haut niveau.
Jusqu'à présent, Lionel Jospin a tenu ses alliés verts et communistes à distance, en repoussant les échéances et en achetant la paix sociale au prix fort : toujours plus de dépenses et donc plus d'impôts (45,2 % de prélèvements obligatoires. C'est un record !)
On en voit le résultat : quand la première loi sur les 35 heures a coûté plusieurs milliards pour financer 150 000 emplois, la croissance et les entreprises en ont créé à elles seules plus de 500 000 en deux ans.
Tôt ou tard, ces choix se paieront dans la douleur, si nous n'agissons pas. Voilà pourquoi l'opposition doit avoir un discours clair et ferme sur le sujet.
Oui, nous sommes pour l'aménagement du temps de travail négocié, entreprise par entreprise, branche par branche.
Oui, nous sommes pour un changement complet qui permette à chacun d'organiser autrement sa carrière professionnelle sur toute une vie et de faire des pauses pour s'occuper de sa famille, retourner se former, ou s'engager comme volontaire au service des autres.
La droite n'a pas attendu la gauche pour engager ce débat. Sans la loi Robien, jamais il n'y aurait eu de loi Aubry sur les 35 heures.
Raison de plus surtout pour exiger que les salariés et les entreprises décident et eux-seuls !