Texte intégral
P. Lapousterle. - On va vous appeler Madame la présidente demain soir.
M. A.-M. - « Écoutez, je n'en sais rien ! Moi, de toute façon, dans une élection je combats jusqu'au bout, je vais jusqu'au bout pour récupérer les voix une à une, et puis ensuite on voit le résultat. »
P. Lapousterle. - On a l'impression quand même que vous avez mis un tigre dans votre moteur, on a l'impression que…
M. A.-M. - « J'adore les campagnes électorales, j'adore me bagarrer, j'adore le contact que j'ai actuellement avec les militants. Donc, effectivement ! »
P. Lapousterle. - Vous vous donnez de bonnes chances de réussir, c'est ça qu'on a l'impression !
M. A.-M. - « Écoutez, quand je pars quelque part c'est pour gagner, sinon je ne vois pas pourquoi je partirai. »
P. Lapousterle. - Pourtant ce n'est pas un poste qui va être facile parce que le père tutélaire, J. Chirac est là, et vous avez des grands frères qui ont occupé le poste : MM. Juppé, Séguin même M. Sarkozy par intérim, ils sont toujours là quand même ! Ce ne va pas être un poids ?
M. A.-M. - « Non je pense qu'au contraire c'est une richesse. Nous avons la chance dans notre mouvement d'avoir des personnalités formidables. Il faut les amener à travaille ensemble. C'est pourquoi je veux faire le rassemblement, la réconciliation et garantir l'unité du mouvement. Vous vous rendez compte un peu de ce que ça représente si tout le monde tire dans le même sens ! Je crois que ça va être formidable et il y a suffisamment à faire à la fois pour dénoncer la politique du gouvernement de M. Jospin… »
P. Lapousterle. - Ah ça ! pour mettre tout le monde ensemble.
M. A.-M. - « et également pour gagner toutes les prochaines échéances électorales des municipales aux législatives, et bien entendu à la présidentielle derrière J. Chirac. »
P. Lapousterle. - Vous souhaitez toujours que M. J.-P. Delevoye, s'il est battu demain soir, appartienne à la direction du RPR sous votre autorité ?
M. A.-M. - « Certainement, je l'ai dit depuis le début. Si je suis élue, je lui proposerai comme aux autres candidats de faire partie de mon équipe pour justement symboliser cette volonté de rassemblement. Vous savez, les meilleures équipes sont celles dans lesquelles il y a les meilleurs joueurs. »
P. Lapousterle. - Les militants RPR ne vont pas être un peu étonnés de voir que tous ceux qui se sont battus – parce que vous avez livré une campagne assez dure de temps en temps avec vos adversaires – se réunissent le lendemain en disant : « On s'aime tous ». Il n'y a pas un petit problème là, non ?
M. A.-M. - « Non, écoutez, il y a quand même une chose qu'il faut bien voir, c'est que nous sommes tous dans le même mouvement, nous partageons tous les mêmes idées, les mêmes valeurs gaullistes… »
P. Lapousterle. - Pas vraiment, la preuve c'est que vous étiez candidat…
M. A.-M. - « Attendez, qu'il y ait des nuances bien entendu, que nous ayons une vision les uns et les autres un peu différente de ce qu'il faut faire pour que le mouvement marche mieux c'est une chose, mais notre volonté commune c'est de faire en sorte que le RPR redevienne le premier mouvement politique de France. Et pour ça, moi je dis qu'il faut que tout le monde y participe. »
P. Lapousterle. - Il y a un problème, c'est le RPF de M. Pasqua. Vous avez proposé pour essayer de raccommoder les morceaux d'ouvrir des états généraux du gaullisme auxquels vous l'avez invité. Il a décliné l'invitation. Est-ce que vous pensez qu'aux futures batailles électorales – qui seront dures quand même, sur les municipales ou les législatives ou présidentielles – le RPF et le RPR ont vocation à aller ensemble aux batailles électorales ?
M. A.-M. - « Est-ce que vous croyez sérieusement que le RPF a vocation à soutenir le Parti socialiste, le Parti communiste ? Je crois que non. À partir de ce moment-là, nous nous retrouvons. Alors effectivement, C. Pasqua a dit qu'il ne voulait pas venir aux assises que je propose. D'abord, on verra au moment où les assises auront lieu ce qu'il fera. Et de toute façon moi je laisse la porte ouverte, c'est-à-dire que tous ceux qui se réclament des idées et des valeurs gaullistes qui sont au sein du RPF sont invités, et moi je pense qu'ils auront des choses à apporter dans cette journée. Je souhaite que nous puissions tous ensemble discuter de la modernité du message gaulliste, montrer aux Français qu'à travers les principes gaullistes – celui du respect des hommes, celui de la recherche continuelle de leur épanouissement et leur capacité à disposer de leur destin – eh bien nous répondons aux problèmes et aux angoisses que se posent aujourd'hui les Français devant la mondialisation ou devant des logiques économiques et financières qui tendent à broyer l'homme, comme on l'a vu dans l'affaire Michelin par exemple. »
P. Lapousterle. - Cela dit, vous avez vu que dans le XXème arrondissement, M. Pasqua a refusé de soutenir le candidat de la droite.
M. A.-M. - « Écoutez, je vois, là, un peu la révélation du paradoxe de l'alliance de C. Pasqua avec P. de Villiers. Nous savons très bien que P. de Villiers voulait soutenir M. Bariani, que C. Pasqua n'a pas voulu soutenir M. Bariani. Le résultat c'est qu'il y a un RPF qui ne décide pas. Je crois que ce n'est pas là le rôle d'un parti politique et je crois que cela prouve aussi les difficultés que va avoir C. Pasqua et que va avoir la partie gaulliste du RPF à cohabiter, si je puis dire, avec M. de Villiers et les villiéristes. »
P. Lapousterle. - Que de cohabitations en ce moment ! M. Delevoye qui était à votre place hier, disait : “Dans cette affaire d'élection du président du RPR, c'est moi l'homme neuf parce qu'à ma connaissance, disait-il, M. Fillon, M. Devedjian et Mme Alliot-Marie elle-même, faisaient partie de la direction du RPR, de l'ancienne direction”, et M. Pandraud a ajouté hier soir : “Mme Alliot-Marie et ses amis, c'est le syndicat des sortants. ».
M. A.-M. - « C'est très amusant, surtout de la part de R. Pandraud, je dois dire. Je crois qu'il suffit de regarder non seulement le style, mais également le fond du message que nous délivrons, pour voir effectivement où est l'aspect moderne, où est la volonté de rénovation profonde du RPR, où est l'image nouvelle que l'on peut donner au sein du RPR. Alors il y a aussi une chose qu'il faut bien savoir, c'est vrai j'ai participé à plusieurs reprises à l'équipe de direction… »
P. Lapousterle. - Vous avez été ministre, vous avez été à la direction du RPR depuis longtemps !
M. A.-M. - « tout à fait ! Mais je vais vous dire un chose, quand vous voulez rénover quelque chose qui en a besoin, il faut savoir où il est nécessaire de faire des transformations… »
P. Lapousterle. - Il faut un bon maçon qui connaisse le bâtiment, c'est cela ?
M. A.-M. - « Il faut connaître le bâtiment exactement, et justement parce que je connais bien de l'intérieur le RPR, je sais là où il est indispensable de moderniser. Le service informatique ce sont des choses importantes, le service de la communication, quand je vois que le service des élections, dont je me suis occupée figurez-vous, n'est même pas mis sur informatique. Quand j'ai besoin d'un résultat, il faut aller à la cave pour chercher dans Le Monde quels sont les résultats il y a dix ans. Eh bien là, ce sont des choses que moi je sais et que quelqu'un qui n'a pas ou peu été dans le mouvement – parce que J.-P. Delevoye a quand même occupé quelques fonctions, il y a longtemps – eh bien à ce moment-là, il me semble que c'est moi qui ai l'avantage de savoir comment agir et agir vite. »
P. Lapousterle. - Quelles différences entre le RPR dirigé par vous – peut-être demain soir – ou par M. Delevoye ?
M. A.-M. - « Je crois que je pourrais mettre en place, et je le sens à travers toutes les réunions que je fais, un RPR où tous les militants se sentent directement concernés, aient envie d'agir et effectivement se battre pour aller à la reconquête et de l'esprit et du coeur des Français. »
P. Lapousterle. - A quelles conditions voterez-vous le texte le 24 janvier proposé par le Gouvernement sur la réforme du CSM ?
M. A.-M. - « Actuellement ce texte n'est pas satisfaisant et notamment parce qu'il ne répond pas à deux conditions qu'avait émises d'ailleurs J. Chirac à la sortie de ce texte. D'abord une condition qui tende à établir une véritable responsabilité des magistrats… »
P. Lapousterle. - Si ! Il y a un texte présenté par Mme Guigou !
M. A.-M. - « D'abord, il ne s'agit pas d'un texte présenté par Mme Guigou mais simplement d'intentions. Il n'y a même pas un texte déposé en Conseil des ministres alors que le Président de la république avait souhaité qu'il soit voté au moins en première lecture à l'Assemblée nationale pour qu'on sache (inaudible). D'ailleurs, il y a même une mesure qui manque dans ce texte : un magistrat par exemple qui systématiquement va voir ses décisions qui seront annulées par les juridictions supérieures, sa notation n'en rend aucun compte. Ça n'est pas prévu dans les intentions de Mme Guigou. Donc ce texte « est insuffisant sur ce point. Et deuxièmement, il n'y a pas non plus une véritable protection des justiciables. Et aujourd'hui, on le sait, la justice est très lente, la justice par certains côtés est incertaine, et je crois que les justiciables ont besoin de certitude. »
P. Lapousterle. - Lorsqu'on vous a demandé avec M. Delevoye quelle est la personne que vous détestiez le plus, il a répondu « M. Ceaucescu », vous avez répondu « M. Jospin ». Qu'est-ce qu'il vous a fait M. Jospin ?
M. A.-M. - « Écoutez, je n'ai pas dit que « je détestais », j'ai dit que « je n'aimais pas » M. Jospin parce que je n'aime pas l'intolérance, je n'aime pas le sectarisme et je n'aime pas non plus le mépris de ceux qui ne sont pas de votre avis. Je crois que la vie politique ce doit être autre chose. Il faut avoir ses convictions, j'ai mes convictions… »
P. Lapousterle. - Vous savez que les Français l'ont élu quand même ?
- « Attendez ! Les Français ont élu M. Jospin comme député, et ensuite M. Jospin s'est trouvé être premier ministre, cela ne change rien à son caractère. Je ne connais pas M. Jospin sur le plan politique, c'est un homme qui manifeste – et on le voit aux questions d'actualité, il suffit de le regarder mercredi après mercredi – son intolérance, son sectarisme, et surtout son mépris de tous ceux qui ne sont pas de son avis. »