Texte intégral
LE FIGARO - Pensez-vous que la Mnef a servi à financer à une époque le Parti socialiste ?
Claude GOASGUEN. - On ne peut pas dire, comme l'a fait le Premier ministre hier dans l'hémicycle, qu'il n'y a pas eu de relation entre le PS et la Mnef. Il y a une nébuleuse qui met en cause plusieurs hauts dirigeants du PS. Or cela fait maintenant deux ans et demi que les premières procédures ont été intentées, et nous n'avons aucun éclaircissement. Les réquisitoires supplétifs sont très maigres. Je rappelle d'ailleurs que j'ai demandé sans succès à l'Assemblée la création d'une commission d'enquête sur la Mnef. Pour noyer le poisson, les socialistes ont créés une commission d'enquête sur la gestion des mutuelles en général. C'est tout dire.
LE FIGARO - Lionel Jospin a implicitement accusé l'Elysée de préparer les questions posées par l'opposition les mardi et mercredi après-midi. Est-ce un tournant dans la cohabitation ?
- Lionel Jospin est manifestement très affectés, contrarié. Dans sa réponse, le Premier ministre a, pour la première fois, mis en cause avec dureté les relations parfaitement normales entre le chef de l'Etat et l'opposition. Il est légitime que les parlementaires se demandent ce que l'on a fait de l'argent des Etudiants. A l'évidence, Lionel Jospin est très agacé par la mise en cause de ses amis, lui qui se voulait le vertueux de la République. Après avoir joué les Ponce Pilate dans l'affaire Bonnet, il joue Tartuffe. Et la cohabitation devient sanglante.
LE FIGARO - Après la démission forcée du ministre de l'Econome, les multiples réformes de la justice engagées par Elisabeth Guigou ne vont-elles pas relancer le vieux débat sur le gouvernement des juges ?
- Le groupe Démocratie libérale a déjà dit qu'il ne voterait pas la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) car il y manque la Pierre angulaire, c'est-à-dire le statut et la responsabilité des magistrats. On nous demande de signer un chèque en blanc, ce qui est inacceptable. Quant à la réforme chancellerie-parquet, qui divise encore plus la gauche que la droite, c'est un bidouillage juridique contestable. Une bonne partie des socialistes ne veut pas plus que nous de gouvernement des juges. Il faut instaurer des contre-pouvoirs. Nous attendons de connaître les intentions du gouvernement à ce sujet.
LE FIGARO - Elisabeth Guigou a affirmé que DSK était innocent. Est-ce son rôle ?
- Elle en a parfaitement le droit. Le vrai problème, c'est la durée et le rythme des instructions judiciaires. Les procédures sont trop longues, et les Français pensent que des affaires nouvelles surgissent alors qu'il s'agit de la même affaire, étalée dans le temps. Il faut accélérer les procédures d'instruction et instaurer une procédure contradictoire et publique, pour ne pas laisser traîner le soupçon. Cela assainirait la démocratie, dans l'intérêt de la droite comme de la gauche.