Texte intégral
Allocution de Monsieur Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture, à l’occasion de la conférence de presse sur le thème Le projet de Centre Georges Pompidou, à l’horizon de l’an 2000
Si j’ai choisi de présider cette conférence de presse consacrée au projet de Centre Georges Pompidou à l’horizon de l’an 2000, c’est pour manifester l’importance que j’attache à l’avenir de cette institution, enjeu majeur de la politique culturelle de l’État, à sa nécessaire rénovation et au développement de son rayonnement en faveur de nos régions.
Elle se trouve à une étape essentielle de son développement. Elle résume mon engagement, en faveur de ce qui constitue l’objet même de l’activité du centre : la culture contemporaine et la création plastique de notre temps.
Le centre fut le premier des grands équipements culturels, né de la volonté passionnée et visionnaire du président Georges Pompidou, dont les vingt dernières années, qui ont vu le centre accueillir près de cent cinquante millions de visiteurs, ont pleinement montré la justesse.
Ce modèle, qui fut maintes fois imité, reste novateur et fondateur. Rappelons ce que lui doivent, depuis vingt ans, le développement des notions de pluridisciplinarité et d’interdisciplinarité, l’ouverture des institutions culturelles à la création industrielle et à la culture urbaine, le développement d’une nouvelle forme d’articulation entre recherche, création et diffusion – je pense en particulier à l’IRCAM – le développement de la lecture publique – dont l’ouverture de la BPI fut une étape majeure.
Il demeure, aujourd’hui, l’instrument privilégié de la prise en compte, par l’État, de missions dont il convient de réaffirmer l’actualité et la nécessité.
C’est, d’abord, une mission patrimoniale : conserver, enrichir et rendre accessible au plus large public la première collection d’art moderne du monde, particulièrement remarquable par la manière dont elle a su prendre en compte les formes les plus novatrices de la création contemporaine – je songe aux grandes installations, à la vidéo ou au multimédia.
Les travaux, sur lesquels le président du centre reviendra plus en détail, permettront d’accroître la surface du musée de 4 000 m2. Il s’étendra sur la totalité des 3e et 4e étages, l’entrée se faisant par les collections contemporaines au 3e étage. Les espaces d’expositions temporaires seront accrus de 1 000 m2, ce qui permettra d’assurer une programmation continue au 5e étage, par la création de module de dimension variable.
C’est, aussi, une mission de diffusion : je pense à la lecture publique, dont la manifestation la plus immédiatement tangible est l’immense succès public de la BPI qui a reçu trois millions six cent mille lecteurs en 1995. La BPI sera dotée d’une entrée autonome et développera les nouveaux services. Les conditions de lecture seront améliorées.
Je pense, enfin et surtout, à la mission éducative et pédagogique, dans lequel le centre Georges Pompidou est, à bien des égards, pionnier : l’exemple de l’atelier des enfants, qui fait appel aux plus grands créateurs contemporains, comme Tony Cragg ou Luciano fabro me semble exemplaire. Ses conditions d’accueil seront améliorées.
L’exercice de ces missions a permis au centre de construire une relation forte avec un public extrêmement nombreux – plus de vingt mille visiteurs par jour – et jeune – plus de 66 % a moins de trente-cinq ans.
Je me suis engagé dans le processus dynamique de rénovation et de développement du Centre Georges Pompidou.
J’ai la conviction que le centre, loin d’être une institution figée, est en évolution, en devenir. Les travaux dont il fera l’objet procèdent d’une vision culturelle à long terme, un pari sur l’avenir de l’institution, et sur l’avenir du paysage culturel de la France.
C’est pourquoi j’ai décidé, malgré une conjoncture budgétaire difficile, de rénover le bâtiment de Piano et Rodgers. C’est une décision importante sur le plan culturel et sur le plan budgétaire. Je salue ici la présence de la maîtrise d’ouvrage, que j’ai confiée à la mission interministérielle des grands travaux, ainsi que la maîtrise d’œuvre attribuée à Renzo Piano et à Jean-François Bodin.
C’est pourquoi j’ai soutenu la proposition du président du centre d’achever, complètement, cette rénovation pour le passage au troisième millénaire. Il ne s’agit pas seulement de faire bien, il faut aussi faire vite. C’est essentiel pour le centre, pour son public, pour son environnement, pour le rayonnement culturel de notre pays. Le centre, symbole de modernité, ne pouvait rester silencieux au passage du siècle.
Ce soutien au projet centre Georges Pompidou manifeste mon engagement en faveur de la culture contemporaine. On constate, aujourd’hui, un décalage entre une partie de la société et les formes contemporaines de la culture et de la création. Décalage qui peut parfois se traduire par un rejet, entraînant un risque de dérives démagogiques s’appuyant sur ce rejet, cette défiance à l’égard de la modernité.
J’ai la conviction qu’il y a lieu d’affirmer, au contraire, confiance et optimisme à l’égard des idées, des formes, des œuvres de notre temps ; de tout mettre en œuvre pour retrouver les liens entre le public et la culture contemporaine ; de lui donner les clés nécessaires à sa compréhension.
Le Centre Georges Pompidou doit jouer, à cet égard, un rôle central. C’est pourquoi j’accueille avec intérêt la proposition du président du centre, qu’à l’occasion de la révision des statuts de l’établissement, soit envisagée la possibilité de le doter d’un nouveau département. Il serait plus particulièrement en charge de la prospection, de la promotion et de toutes les formes de la création contemporaine : le centre de création contemporaine.
Dans le cadre plus général de la politique menée par le ministère de la culture en faveur des arts plastiques, le centre joue un rôle important.
Je pense à sa politique d’acquisitions. Sur un budget total de vingt-cinq millions de francs, ce sont, l’an dernier, plus de dix-huit millions de francs qui ont été consacrés aux acquisitions d’œuvres contemporaines, dans les domaines des arts plastiques, du design, de l’architecture, du cinéma, de la vidéo.
Il s’agit d’un investissement considérable, à la mesure des objectifs qui lui sont impartis : l’enrichissement, la construction d’une collection exceptionnelle, la vigilance et la curiosité à l’égard du patrimoine de demain, le soutien aux jeunes créateurs.
Je voudrais, aussi, mentionner au cours des trois années qui viennent, deux initiatives à valeur de manifeste.
À l’occasion du vingtième anniversaire du centre – à partir du 31 janvier 1997 –, la présentation, dans la totalité des espaces des collections permanentes, d’un accrochage intitulé Made in France 1947-1997 et consacré à la création, en France pendant les cinquante dernières années.
Il s’agira d’un événement majeur, puisqu’il sera procédé à un décrochage de toutes les œuvres antérieures à 1947, y compris les plus importantes, pour mettre en valeur les collections du Musée national d’art moderne pour ce qui concerne l’art de la deuxième moitié de notre siècle et la richesse, la vitalité de la création en France, pendant cette période d’ouverture de notre pays aux créateurs du monde entier.
Je voulais également évoquer, de septembre 1998 à janvier 1999, la présentation à New York, au Guggenheim, d’un double événement, sous le titre général de l’Art en France : au Guggenheim uptown, une confrontation, un dialogue entre les œuvres maîtresses de la collection du centre et des collections du Guggenheim ; au Guggenheim downtown, une exposition consacrée aux temps forts de la création en France des années 1960 à nos jours, au dynamisme de la scène artistique française, dans les domaines des arts plastiques, de la photo, de la vidéo, de l’architecture, du design, des arts vivants.
La politique d’expositions doit faire une large place à la création contemporaine, que ce soit par sa prise en compte résolue dans le cadre des grandes expositions thématiques – ce sera le cas, dès le mois de décembre prochain, avec Face à l’histoire –, ou par la présentation de monographies consacrées aux artistes contemporains – actuellement Luciano Fabro, après Tony Cragg, Robert Morris ou Ilya Kabakov, y compris les plus jeunes.
Le cabinet d’art graphique présentera, en 1997, des expositions consacrées à Jean-Jacques Rullier et Didier Trenet. J’ai demandé à ce que la même attention soit portée à la vitalité de la création contemporaine dans le domaine de l’architecture du design et de la photo. Des espaces d’expositions temporaire et permanente seront réservés à cet effet. L’architecture et le design verront doublés les espaces qui leur sont consacrés, qui seront portés à plus de 1 000 m2, afin de mettre en valeur les très riches collections du centre. La photo bénéficiera d’une véritable galerie d’expositions pour les collections du centre et, au 5e étage, d’un espace permanent d’expositions temporaires.
Pour lui permettre de remplir plus complètement ses missions, j’envisage de renforcer le dispositif d’espaces d’expositions dont peut disposer le centre, en étudiant les modalités d’une association entre la Galerie nationale du jeu de paume et le centre Pompidou.
Je souhaite enfin que le centre développe son action en région. La période des travaux permettra le lancement d’une politique ambitieuse de collaboration avec des institutions provinciales. Il me semble en effet que nos institutions parisiennes doivent irriguer tout notre pays par des prêts, par des expositions, par la création de réseaux. Il y va de leur légitimité.
Le rééquilibrage entre Paris et la province, auquel je suis très attaché, passe non seulement par une modification de la politique d’investissement de l’État, et vous savez que je m’y emploie, mais aussi par une politique de collaboration active entre les établissements parisiens et leurs homologues régionaux. Dans ce domaine, la politique menée par le centre doit être exemplaire, en raison du symbole qu’il représente. Les manifestations prévues en 1997 et 1998, établies sur la base d’un véritable partenariat, vont dans ce sens. Elles seront encouragées par mon ministère, en particulier par l’attribution de dispense d’assurance qui permet d’en diminuer substantiellement le coût. Elles seront complétées par une intensification de la politique de prêt et de mise en dépôt, par la signature de conventions entre le centre et des établissements ou des collectivités, comme celle en préparation avec la région Basse-Normandie (dont je salue la présence du président).
Conférence de presse – jeudi 31 octobre 1996
Intervention de Jean-Jacques Aillagon, président du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou
Introduction
Développer, aujourd’hui, à la veille du 20e anniversaire de sa création, un projet pour le Centre Georges Pompidou à l’horizon de l’an 2000, c’est répondre à la nécessité de développer, à l’égard de cet établissement et de ses perspectives d’avenir, une vision large, ouverte, à long terme. Il ne s’agit pas, bien entendu, d’inventer un nouveau centre, mais de tendre vers un équilibre qui prenne en compte la fidélité à ses principes fondateurs, aux missions que la nation lui a confiées, et les données nouvelles du paysage culturel national et international : l’émergence d’une nouvelle génération d’institutions culturelles la densification de l’offre culturelle parisienne, l’accroissement concomitant de la demande du public qui a fait apparaître les limites et les lacunes de certains aspects de cette offre, le développement de technologies nouvelles…
Ce projet doit donc, avant tout, s’appuyer sur une réaffirmation des missions du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, et de l’exigence d’excellence qui lui fut, dès l’origine, impartie.
Mission d’être un centre d’art et de culture, fondée sur l’idée de la pluridisciplinarité, et sur la prise en compte de toutes les formes de la création (arts plastiques, design, architecture, cinéma, audiovisuel, vidéo, livre, musique, danse, théâtre, nouveaux media…) de tout notre siècle (de ce qui est incontestablement entré dans l’histoire à ce qui se crée aujourd’hui).
Mission d’être un centre national, dont les responsabilités en matière de diffusion de la culture moderne et contemporaine s’étendent à la totalité du territoire de notre pays, et dont les activités concourent au rayonnement culturel de la France.
1. Les Travaux
Ce projet s’incarnera dans un dispositif immobilier rénové, au terme de la campagne de travaux que subira, à partir de la fin de 1997, et jusqu’au 31 décembre 1999, le bâtiment de Piano et Rogers – puisque, j’y reviendrai, j’ai fait le choix de raccourcir autant que possible sa durée. Le détail de ces travaux figure, dans les fiches ci-jointes. J’exposerai, ici, ma conviction de leur caractère nécessaire, les raisons de mon choix d’en raccourcir autant que possible la durée, et les objectifs qui guideront leur programme…
a) Des travaux nécessaires
Ces travaux, je tiens tout d’abord à en réaffirmer l’absolue nécessité.
Le bâtiment de Piano et Rogers est, incontestablement, l’un des très grands chefs d’œuvre que l’architecture de la seconde moitié de notre siècle a donnés à Paris. On a parfois vu, au cours des derniers mois, des critiques s’élever çà et là sur les défauts techniques dont il serait affligé. Je tiens à réfuter formellement de telles critiques – qui sous-entendent, le plus souvent, des jugements esthétiques réactionnaires – et à réaffirmer la qualité de ce bâtiment, son exemplarité esthétique, fonctionnelle et urbaine.
S’il doit aujourd’hui, et de manière impérative, être rénové et réaménagé, c’est d’abord pour prendre en compte l’incontestable usure que lui a causé son immense succès public. Qu’on compare, à cet égard, sa fréquentation quotidienne par plus de 20 000 visiteurs, et les estimations qui en avaient été faites avant l’ouverture : les plus optimistes lui permettaient 5 000 visiteurs par jour !
Outre cette nécessité de pallier le succès même de l’établissement, il s’agit aussi de remédier à certains problèmes insuffisamment pris en compte à l’époque de la création du centre (ouvert, il faut le rappeler, dans des conditions relativement difficiles d’urgence et de manque de moyens), ou pendant les 20 ans de son ouverture au public (je pense, notamment, à son entretien et à sa maintenance) ; d’adapter, tout simplement le bâtiment à des normes plus contraignantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a 20 ans, en matière de sécurité, par exemple ; de permettre, enfin, le développement et l’épanouissement de certaines fonctions, comme la présentation d’une collection dont l’accroissement fut considérable, l’accueil d’un nombre toujours plus grand d’usagers de la lecture publique, ou le développement de l’activité d’expositions, devenue, en 20 ans – et le centre lui-même n’y fut pas étranger –, l’un des media privilégiés de la diffusion culturelle.
b) Rénover vite !
S’il fallait, incontestablement, rénover, j’ai la conviction qu’il fallait aussi et surtout rénover vite. La formule d’étalement des travaux sur une période longue (plus de 5 ans, puisque la livraison n’en aurait été assurée qu’à la mi-2001) avait été initialement retenue. Elle devait être révisée. Pour éviter à l’institution la très difficilement réversible dégradation de son image qu’aurait causée la vision d’un centre en perpétuels travaux. Pour préserver la vitalité de son environnement urbain, qui dépend en très grande partie de l’attractivité du centre. Pour réduire au minimum les nuisances qu’entraîne inévitablement toute campagne de travaux : à l’égard du personnel du centre, à l’égard de son public, à l’égard, tout simplement, de l’exercice de ses missions de service public, dont il convenait de prévenir toute solution de continuité. Pour des raisons d’économie, également, dans la mesure où la formule de l’étalement des travaux entraînait un certain nombre de surcoûts de fonctionnement. Pour donner, enfin, au Centre Pompidou, lieu par excellence de la modernité, de la confiance en la création de la culture du XXe siècle, la possibilité de s’exprimer fortement au passage de ce siècle.
Ce choix permettra donc au centre de se placer au cœur du dispositif mis en place par notre pays pour célébrer l’entrée dans le 3e millénaire : par sa réouverture, à laquelle sont fixées une date et une heure symboliquement très fortes: le 31 décembre 1999, à 24 heures ; par sa programmation tout au long des années 2000 et 2001, à laquelle j’ai fixé les objectifs d’ouverture, de pluridisciplinarité et de niveau exceptionnel ; par sa participation, en amont de la célébration, à un vaste bilan de la création et la culture de notre siècle, récapitulation du « bagage culturel » de l’humanité, à l’approche d’une étape essentielle de sa conscience d’elle-même et de son histoire.
Ces derniers éléments feront l’objet d’une communication plus globale, dont le lancement est fixé au 27 mars prochain. Nous serons, en effet, ce jour-là, à 1 000 jours de l’an 2000.
c) Les objectifs du programme
L’extension des surfaces d’expositions du 5e étage, afin de créer deux espaces distincts permettant de maintenir, par le « chevauchement » chronologique de la programmation, une activité permanente à ce niveau, qui est l’un des lieux les plus déterminants, tant par sa symbolique que par sa force d’attraction du public, de l’activité et du rayonnement de l’établissement. Afin, aussi, d’y permettre une présence plus affirmée de l’art contemporain.
L’installation des collections du musée sur la totalité des niveaux 3 et 4, avec des possibilités accrues de présentation – ne peuvent aujourd’hui être montrées que 800 à 900 œuvres sur les 40 000 qu’elle rassemble –, notamment pour ce qui concerne la photographie, l’architecture, le design et l’art contemporain. Il convient, en effet, de donner aux missions du Centre Georges Pompidou, dans les domaines de l’architecture, du design, de la photographie, les moyens de s’exprimer pleinement. Cette ambition se traduit notamment par l’attribution d’espaces spécifiques de présentation des collections permanentes, au 3e étage, et par la création d’une galerie d’exposition pour la photographie, au 5e étage.
La rénovation des espaces de la bibliothèque, dont la totalité des surfaces sera préservée. Occupant dorénavant la mezzanine sud, la totalité du 1er étage et 8 travées sur le 2e étage, elle bénéficiera d’une importante amélioration des conditions d’accès, de circulation et d’accueil de son public, de la possibilité de développer des services nouveaux. D’une amélioration, enfin, et c’est là l’essentiel, des conditions de lecture (confort, luminosité…).
La création, au niveau 1, d’un véritable pôle de salles consacrées au spectacle vivant, au cinéma, à l’audiovisuel, et à la parole. Il y a là à la fois un enjeu de rationalisation et un enjeu d’ambition : celle de rendre au Centre Pompidou, dans ces domaines majeurs de la culture de notre temps, une place centrale.
Une meilleure organisation des fonctions générales d’accueil, de service au public, d’information et de sécurité.
Une importante requalification des espaces extérieurs du centre, et de l’espace public qui l’entoure. Celle qui concerne les abords du centre sera inaugurée à l’occasion du 20e anniversaire, et parachevée par l’implantation, au cours des années qui viennent, d’œuvres d’art monumentales. Dès le début de 1997, Le Grand assistant, de Max Ernst, sera implanté à l’entrée du quartier de l’Horloge, dans la perspective de l’escalier du nouvel atelier Brancusi. Puis, ce seront une œuvre de Jean-Pierre Raynaud, le Pot doré, et une œuvre de Jean Dubuffet, Expansion. Dans le même temps, les terrasses du Centre Georges Pompidou feront l’objet d’un traitement particulier, en collaboration avec le Conservatoire national du paysage de Chaumont-sur-Loire.
La maîtrise d’œuvre de ces travaux a été confiée, à la suite d’un appel à candidatures, à Renzo Piano, pour les niveaux 1 et forum, et à Jean-François Bodin, pour les espaces du MNAM/CCI et de la BPI.
d) L’activité du centre pendant les travaux
Cette période de mutation sera aussi, pour le centre, une période d’intense activité. L’enjeu en est capital : il s’agit à la fois d’affirmer la continuité de l’exercice de sa responsabilité à l’égard de ses missions, et de développer des activités nouvelles, préfiguration de son avenir, sur son site même, à son immédiate proximité, à Paris, en France et à l’étranger.
Sur le site
Sur son site même, outre certaines fonctions administratives et logistiques et certaines activités spécialisées de documentation (la documentation du MNAM/CCI) et de conservation (photographie, cabinet d’art graphique), deux éléments essentiels de l’attractivité et du rayonnement du centre seront maintenus pendant toute la durée des travaux :
l’accès, d’une part, par l’escalator extérieur, au « belvédère » du 5e étage et à l’admirable panorama qu’il offre. Nous étudions actuellement la possibilité de proposer aux visiteurs, qui, très nombreux – si l’on en juge par le flux actuel – l’emprunteront, un parcours de sculptures sur les terrasses du 5e étage ;
un espace permanent d’exposition, d’une surface conséquente (1 500 mètres carrés environ), d’autre part (en mezzanine sud, sur le lieu de l’actuelle galerie contemporaine, au 4e ou au 5e étage), dont on peut, d’ores et déjà, annoncer qu’il accueillera, en 1998, une exposition consacrée à Max Beckmann.
Il convient enfin de rappeler que l’IRCAM et l’atelier Brancusi fonctionneront normalement pendant toute cette période.
Sur la piazza, sera implantée une structure provisoire, qui accueillera des activités d’information sur la vie du Centre Pompidou (l’état de ses travaux, le projet, l’activité du centre dans et hors ses murs), un espace librairie, et une salle consacrée aux débats, à la parole, aux « revues parlées ». Cette structure, qui sera le « tipi » de Chaix et Morel devrait constituer un élément fort d’animation du quartier. D’autres éléments d’animation du site sont actuellement en cours d’étude : l’installation, sur la façade ouest du bâtiment, d’un écran géant diffusant des programmes relatifs aux champs d’activité du centre, ou l’animation spectaculaire du site en collaboration, notamment, avec le Festival Paris quartier d’été.
La prise en compte de la nécessité absolue de maintenir, au cœur de Paris, une offre de lecture publique susceptible de répondre convenablement à la très forte pression d’une demande toujours croissante était l’un des éléments fondamentaux de notre réflexion sur l’activité du Centre Georges Pompidou pendant les travaux. À proximité immédiate du centre, dans le quartier de l’Horloge, dans un espace de 6 000 mètres carrés, la BPI maintiendra, dès 1997, ce service public essentiel. Elle y proposera un fonds de 60 000 documents, tous media confondus. Cette implantation, et l’installation, dès juillet prochain, d’une partie importante des bureaux de l’administration du Centre Georges Pompidou dans l’immeuble Brantôme, devraient par ailleurs contribuer à la requalification générale d’un quartier aujourd’hui difficile.
À Paris
Au-delà des limites du « quartier Beaubourg », il m’a paru indispensable de développer à Paris, une activité, la plus soutenue possible, tant dans le domaine des expositions, que dans ceux du cinéma, des débats, des spectacles… Au moment même, en effet, où le Centre Georges Pompidou s’engageait dans un vaste programme « hors les murs », à dimension – j’y reviendrai – nationale et internationale, il aurait été inconcevable de ne pas maintenir à Paris, lieu où se concentre la plus grande densité du public et où convergent les regards portés sur notre culture par les observateurs du monde entier, une présence forte.
Si le détail précis des modalités de cette présence demande à être définitivement affiné et formalisé, je tiens, toutefois, à vous en exposer dès aujourd’hui les grandes lignes.
J’entends que le centre puisse, en partenariat avec de grandes institutions parisiennes, développer, pendant 2 ans, une politique d’exposition d’ensembles forts de sa collection. S’exposer, en quelque sorte, alors même qu’il continuera, dans ses murs, d’exposer. Il s’agira d’un programme raisonné, élaboré en concertation avec nos partenaires, et de nature à témoigner à la fois de la richesse du dynamisme, et de l’identité du centre. Il devrait se déployer sur plusieurs sites, proposant chacun une ou deux expositions autour d’un axe, d’une discipline ou d’une période de nos collections : les collections « historiques », les collections contemporaines, les collections de design, les collections photographiques, les collections du cabinet d’art graphique. Les sites envisagés sont : le Réfectoire des Cordeliers, l’espace Électra, le jeu de paume, le Grand Palais et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
En France
Le programme du « hors les murs » en région répond, lui, à la volonté de prendre résolument en compte les missions du centre, établissement national, à l’égard de la totalité du territoire national. Il s’agit, pour le centre, de se placer au centre du remarquable réseau d’institutions culturelles implantées dans les régions françaises, en développant avec elles de véritables partenariats formalisés par autant de conventions avec les collectivités locales qui en sont les tutelles. Le détail des éléments d’ores et déjà arrêtés de ce dispositif qui concerne toutes les formes de l’activité du centre (expositions mais aussi colloques, cinéma…) – ainsi que des indications sur les perspectives en cours de finalisation – sont exposés dans les fiches du dossier de presse.
Ce programme, d’une rare ampleur, marque fortement le choix fait par le Centre Georges Pompidou, institution nationale, d’assumer totalement ses missions à l’égard des régions. Dès à présent, comme l’a rappelé le ministre, il conduit le centre à développer une politique déterminée – le dépôt récent de la Femme aux bras écartés de Picasso en témoigne – de dépôts et de prêts.
La décision prise par le ministre de la culture d’examiner la possibilité de dispenser les collectivités locales, qui bénéficient de ces prêts, de les assurer, devrait favoriser ces initiatives.
À l’étranger
Le programme des activités du centre « hors les murs » est aussi – et de manière volontariste – tourné vers l’étranger. Prenant appui sur les grandes institutions culturelles internationales, qui sont nos partenaires privilégiés, il vise à témoigner, dans le monde entier, de la richesse de notre patrimoine, et du rayonnement de la culture française. (détail dans le dossier de presse).
Les projets de Tokyo et de New York (Guggenheim) revêtent à cet égard une importance exceptionnelle.
Pour conclure sur le chapitre des activités du centre pendant les travaux, il me semble important d’insister sur la situation des personnels de l’établissement. Il s’agissait, en effet, d’une dimension que nous avons prise en compte de manière prioritaire à chaque étape de notre réflexion. Je réaffirme, ici, formellement, que l’emploi a été garanti à la totalité des personnels permanents du centre, pendant et après la rénovation. Le très dense programme évoqué plus haut permettra de garantir, outre l’emploi, une activité soutenue. Parallèlement, j’ai souhaité que cette période charnière de l’histoire du centre soit l’occasion de mener une politique ambitieuse de formation. Aussi, avons-nous mis en œuvre un programme proposant à ceux qui le souhaitent d’alterner activité au centre, stages professionnels dans d’autres institutions culturelles, et période de formation. Il y a là, à mon sens, un enjeu très important, un investissement déterminant pour l’avenir du centre en général et de celui de chacun de ses agents en particulier.
2. Le projet culturel
Avant d’être un projet immobilier, le projet du Centre Georges Pompidou à l’horizon du 3e millénaire procède d’une vision culturelle, d’une volonté de repenser le cadre culturel de l’établissement, pour lui permettre d’atteindre au degré d’excellence qui lui fut, dès l’origine, imparti, et d’aborder la période qui s’ouvre à lui dans la pleine jouissance de son épanouissement, de son rayonnement et de sa cohérence.
Épanouissement
La réflexion que j’ai entreprise depuis mon arrivée à la présidence du centre, il y a 7 mois à peine, sur les deux questions suivantes : l’exercice de toutes les missions de l’établissement dispose-t-il aujourd’hui du cadre structurel et statutaire le plus adapté, le plus pertinent, et le plus dynamique ? Disposera-t-il, au terme de la rénovation du bâtiment de Piano et Rogers, du cadre immobilier, « territorial » ou spatial le plus convenable ? À ces deux questions, je tiens à apporter, ici, réponse. Cette réponse motive les choix qui ont été les miens, et détermine les perspectives à court, moyen et long terme de l’établissement.
a) La structure culturelle du centre.
L’actuel MNAM/CCI, créé en 1992, apparaît aujourd’hui comme une entité où s’additionnent de très nombreuses missions. Trop nombreuses ? Sans doute, si l’on prend la mesure de l’étendue du champ chronologique qui est le sien – des œuvres les plus incontestablement entrées dans l’histoire de l’art de notre siècle à la création la plus contemporaine, en passant par la période dite « intermédiaire », des artistes encore actifs aujourd’hui, mais qui ne sauraient pas pour autant apparaître comme des représentants de la « jeune création » –, et de la diversité des disciplines dont il a vocation à traiter – les arts plastiques, la photographie, la vidéo, le cinéma, les nouveaux media, le design, l’architecture… –. L’extension de ce champ présente, de fait, un double risque : celui, tout d’abord, d’une déperdition de qualité, d’un manquement à l’exigence d’excellence fixée au Centre Georges Pompidou. Celui, également, d’une tendance à l’institutionnalisation lourde, qui verrait se développer des tendances autarciques, voire narcissiques, et se creuser un hiatus entre l’établissement et la réalité contemporaine de la création.
Si certains acquis de la réforme de 1992, qui détermina la fusion du MNAM et du CCI (notamment la création d’une collection pluridisciplinaire, et celle d’une documentation intégrée) ne peuvent et ne doivent pas être remis en cause, j’ai, en revanche, décidé d’ouvrir une réflexion large et profonde sur la possibilité de procéder à une bipolarisation de cette entité en deux départements : un département « historique » provisoirement dénommé « Musée national d’art moderne », et un département contemporain, le « Centre de création contemporaine ».
Ce choix doit permettre de mieux prendre en compte, à la fois les missions patrimoniales de l’établissement, et sa vocation d’être en prise directe sur la vitalité de la création contemporaine, sous toutes les formes de son expression (il me semble, à cet égard, envisageable que les activités de spectacle vivant soient rattachées au centre de création contemporaine). Il doit permettre, également, d’envisager le redéploiement de l’une ou l’autre entité à l’extérieur du bâtiment du centre, perspective dont on ne peut ignorer le caractère inéluctable à moyen terme.
Afin de bien mesurer les modalités de cette partition, et de prendre, sur des aspects aussi importants que la frontière chronologique qui marquerait leur séparation, l’étendue de leur champ de compétence, ou la nature des moyens qui leur serait affectés, en propre ou en commun, j’ai engagé l’ensemble des cadres culturels de l’établissement et, plus particulièrement, l’équipe de la conservation du MNAM/CCI à me faire connaître leurs analyses et leurs propositions. Il m’a également semblé nécessaire de bénéficier du regard extérieur d’une personnalité compétente. C’est pourquoi j’ai chargé Mme Marie-Claude Beaud, qui dirigea, notamment, la fondation Cartier, puis l’American Center, d’une mission de réflexion et de recommandation sur la création du centre de création contemporaine. Mme Beaud me remettra ses analyses à échéance de 3 mois.
J’insisterai, enfin, sur un point particulier, auquel je suis tout particulièrement attaché : la réaffirmation des missions du centre à l’égard de certains territoires de la culture contemporaine peu à peu délaissés, alors même qu’ils avaient constitué un élément important de l’identité, de l’originalité et de la pertinence de son projet originel. (Qu’on se souvienne, à cet égard, de la qualité des expositions de l’exposition du Centre de création industrielle sur le thème des déchets [1982], de l’Oreille oubliée [1984] sur les nuisances sonores, sur les Lieux de travail [1986]). Il s’agit de la prise en compte des données, des problèmes, des perspectives de notre environnement social, et, plus particulièrement, de notre environnement urbain. Le phénomène urbain est, j’en ai la conviction, l’un des éléments les plus fortement caractéristiques de la culture de notre siècle. Le centre se doit de faire de son observation, et de son analyse l’un des objets prioritaires de son activité. J’envisage de confier à M. Jean Dethier, qui vient de concevoir pour la Royal Academy de Londres, la remarquable exposition sur les « Ponts habités », une mission de réflexion en vue de définir quelles pourraient être les modalités d’une activité plus significative du centre dans ce domaine.
b) Le cadre immobilier
Il est aujourd’hui patent que le terme des prochains travaux de rénovation du Centre Pompidou marquera les limites de l’expansion possible de ses activités à l’intérieur du bâtiment de Piano et Rogers, sans que puissent, pour autant, être remplies de manière ses très larges missions. Parallèlement à la réflexion sur la structure culturelle de l’établissement – qui la détermine d’ailleurs largement – c’est donc à une réflexion sur l’avenir immobilier du centre que nous devons nous attacher.
Le potentiel immobilier de l’établissement se trouvera renforcé dès 1997, puisque, les bureaux actuellement situés dans le centre seront, au mois de juillet, réinstallés dans le quartier de l’Horloge pour laisser la place au développement de la BPI, participant ainsi à la requalification de ce quartier.
À l’automne 1997, un local de 6 000 mètres carrés, situé lui aussi dans le quartier de l’Horloge, sera dévolu pour toute la durée des travaux au redéploiement des activités de la BPI. Au terme de cette période, je souhaite qu’il puisse être consacré à la présentation des formes contemporaines de la création (les grandes installations, qui sont un élément si fort de la collection du musée, les installations vidéo, les nouveaux media…), à la prise en compte de l’exploratoire, de l’alternativité…
J’estime par ailleurs, que la Galerie nationale du jeu de paume devrait être associée à ce dispositif de façon à devenir, dans un esprit de synergie, de résonance, de dialectique avec les espaces d’exposition du bâtiment de Piano et Rogers, et l’espace du quartier de l’Horloge, le lieu du développement et de l’épanouissement du centre de création contemporaine.
Il y a là, j’en ai la conviction, la possibilité, pour les pouvoirs publics, d’envisager de manière extrêmement positive et dynamique l’évolution de leur action en faveur de la création contemporaine.
Rayonnement
Dès la création du Centre Georges Pompidou, Michel Guy, alors secrétaire d’État aux affaires culturelles avait eu, à propos du Centre Pompidou, une formule qui me frappe encore par sa force et son actualité. Il parlait, à son égard, de « centrale de la décentralisation ».
Dans les 20 premières années de son existence le centre a assumé de manière très honorable sa mission de diffusion de la culture de notre siècle dans les villes et les régions françaises. Pour ne citer que quelques exemples choisis parmi les plus récents, on peut rappeler les dépôts de sculptures monumentales au musée de Villeneuve-d’Ascq, qu’est venue renforcer, le mois dernier, le dépôt d’une œuvre majeure de Picasso, la Femme aux bras écartés ; la présentation, cet été, aux Sables-d’Olonne, d’une exposition consacrée à Victor Brauner, ou, à Toulouse, d’une exposition réalisée à partir de la donation Daniel Cordier.
La période des travaux du centre nous permettra, dès l’an prochain, de donner à cette activité « hors les murs » du centre plus d’ampleur, plus de méthode, et plus de systématisme, passant du niveau de l’initiative ponctuelle à celui d’une véritable politique, fondée sur l’élaboration d’un véritable réseau, et formalisée par des conventionnements entre le centre et les collectivités locales ayant la tutelle des établissements concernés. Cette perspective a d’ores et déjà suscité l’intérêt de certains maires, présidents de communautés urbaines, ou présidents de conseils régionaux. Il y a là, j’en ai la conviction, l’ébauche, la préfiguration, l’annonce de ce qui constituera, à l’échéance du 3e millénaire, l’un des éléments les plus forts de l’activité du centre, et de sa légitimité même.
Cohérence
Cette ambition implique un cadre général cohérent. Le centre ne doit pas être un collage, une simple addition d’initiatives, diverses, hétérogènes et indifférentes les unes aux autres. Son bâtiment n’est pas un hôtel culturel, où seraient installées, en autant de « chambres séparées », ses activités, si légitimes ou si brillantes soient-elles.
Toutes doivent, au contraire, concourir à la réalisation d’un projet culturel fédérateur et dynamique, à la prise en compte d’une responsabilité partagée à l’égard de missions communes, à l’émission d’un même message, d’un même sens…
Dans cette perspective, je me suis engagé dans 2 directions prioritaires :
Pour prévenir leur éventuelle marginalisation, assurer un meilleur amarrage de tous les départements du Centre Pompidou à une logique institutionnelle et culturelle cohérente. Il conviendra, à cet égard, que la nécessaire solidarité de la BPI et de l’IRCAM avec le destin de l’établissement puisse être affirmée à la faveur d’une réactualisation prochaine de nos conventions avec ces deux « départements associés » du centre.
Un renforcement des fonctions centrales de l’établissement, s’appuyant, d’une part, sur une rénovation de son cadre statutaire (déjà à l’étude depuis plusieurs années) et, d’autre part, sur une meilleure identification, et un renforcement de certaines fonctions essentielles.
La fonction présidentielle est la fonction centrale par excellence : le président est le garant, le porteur de l’unité et de la cohérence de l’ensemble de l’établissement. La réflexion en cours sur la réforme du statut du Centre Pompidou prend en compte l’importance qu’il y a à donner à cette fonction plus de pérennité, et à aligner la durée du mandat du président du centre sur celle des présidents des établissements publics culturels créés au cours des dernières années.
Le directeur général, placé auprès du président, est lui aussi un élément déterminant de la cohésion du Centre Georges Pompidou. J’ai, vous le savez, dès mon arrivée, confié cette fonction importante à M. Guillaume Cerutti.
J’insisterai, également, sur le caractère déterminant de l’activité de la direction des ressources humaines et de la direction financière, que j’ai tenu à renforcer.
Je tiens, enfin, à insister sur un point capital du cadre administratif et décisionnel de l’établissement : les instances qui président à son activité et à son développement… Je suis, à cet égard, partisan de la mise en place d’un véritable conseil d’administration, qui devrait remplacer de manière plus satisfaisante et plus dynamique, les actuels conseils d’orientation et de direction.
Les fonctions centrales liées à la conception et à la mise en œuvre du programme des expositions :
Une redynamisation, tout d’abord, de la fonction de programmation, fondamentale en ce qu’elle détermine l’identité du centre, la cohérence de son projet et la portée de son « message ». J’ai, à cette fin, chargé M. Bernard Blistène, conservateur en chef du patrimoine, et qui dirigea notamment les musées de Marseille, d’une mission permanente d’évaluation, de synthèse, de réflexion et de recommandation, avec pour objectif de veiller à la qualité, et, plus encore, au rythme, au sens, à la clarté et à la lisibilité de la programmation.
J’ai, dans le même temps, voulu procéder à une rationalisation de l’ensemble de la « chaîne de production » de l’initiative culturelle, jusque-là éclatée en différents services. Une direction de la production, titulaire de la maîtrise de l’ensemble de ce dispositif, chargée d’en garantir la cohérence et l’économie générale, a été créée. Elle a été confiée à Mme Sophie Aurand, qui était jusqu’alors directeur de l’association Paris-Musées.
Conclusion
Réaffirmé dans ses missions, rénové dans ses installations et ses structures, déployé sur la ville, renforcé dans son rayonnement, le Centre Georges Pompidou abordera, en l’an 2000, une phase nouvelle de son évolution.
La période qui nous conduira jusqu’au passage de ce millénaire sera, vous l’avez compris, une phase de mutation. Nous nous y sommes engagés, avec enthousiasme, détermination, audace et confiance. Le 20e anniversaire du centre, qui sera célébré du 28 janvier au 2 février prochain, prend, dans ce contexte, un relief et un sens tout particuliers.
Aussi, nous a-t-il paru nécessaire de le marquer avec éclat, et d’affirmer, à cette occasion, la permanence des valeurs qui présidèrent à sa création, et guideront son devenir. Cet anniversaire n’est pas simple commémoration du passé. Il est aussi l’affirmation, l’engagement, l’annonce d’un futur.
Le programme complet en figure dans le dossier de presse. J’insisterai sur trois éléments majeurs de ce programme, en ce qu’ils me semblent plus particulièrement significatifs de la portée que nous avons voulu donner à cet événement :
l’inauguration, tout d’abord, des abords rénovés du Centre Georges Pompidou, (d’une nouvelle et spectaculaire mise en lumière du bâtiment, conçue par Renzo Piano et Jacques Rouveyrollis) et de la nouvelle installation de l’atelier Brancusi, première étape du processus de transformation et d’amélioration dans lequel le centre est dorénavant engagé ;
l’ouverture, dans la totalité des espaces des collections permanentes du MNAM/CCI, d’un accrochage exceptionnel, réalisé par Germain Viatte. Intitulé « Made in France 1947-1997 », il sera exclusivement consacré à la création des 50 dernières années en France dans les collections du Musée. Il s’agit là, non seulement d’un exercice audacieux et tonique, mais d’un acte culturel fort : prendre le parti de décrocher les œuvres les plus incontestablement historiques, les plus attendues, les plus connues, celles du début du siècle, celles du cubisme, du surréalisme, du fauvisme… pour montrer à la fois la richesse de la création – toutes disciplines confondues – de la 2e moitié du siècle, et la place centrale qu’y occupent notre pays, les artistes français, et ceux qui ont choisi de travailler en France ;
l’organisation, enfin, du 31 janvier au 2 février, de trois journées Portes ouvertes de l’ensemble du bâtiment. Au-delà de son caractère festif, cette initiative veut témoigner de la force des liens qui nous relient, depuis 20 ans, avec celui qui détermine et légitime notre action, notre ambition et notre existence même : le public.