Texte intégral
« Je veux saluer tous ceux qui portent – au niveau national comme au niveau local – la responsabilité du destin de l’Italie, à un moment décisif de son histoire qui, en l’occurrence, rejoint la nôtre à travers la construction européenne. Grâce à la coalition de l’Olivier, le gouvernement a eu le courage d’agir en fonction d’objectifs supérieurs qui dépassent les calculs électoraux à court terme et prennent en compte les intérêts de la société toute entière. (…)
Lorsqu’il s’agit de délimiter les frontières des organisations politiques, le cadre dans lequel s’inscrit un projet politique, il est difficile de ne pas tenir compte de l’histoire, et de ces réalités insaisissables que sont les cultures politiques.
Nous éprouvons ces mêmes plaisirs et ces mêmes frottements en France, dans ce que l’on appelle la gauche plurielle. Un long compagnonnage qui trouve ses origines dans l’exil et la lutte antifasciste a fait que les socialistes français se sentent très proches des différentes traditions de la gauche italienne, aussi bien celle qui portait l’héritage de Gramsci que celle à laquelle Pietro Nenni a longtemps donné son visage… sans oublier toutes les autres. Nous-mêmes, qui nous situons dans la continuité du socialisme démocratique, nous ne regrettons pas les choix fais par nos anciens, en 1917 et en 1920.
Nous sommes fiers de notre tradition de socialistes liant depuis toujours, inséparablement, la liberté et la justice. Mais nous savons que d’autres que nous ont porté leur part d’espérance et de lutte, et nous voyons bien aujourd’hui sur quel terrain tous peuvent se retrouver…
La plus grande force électorale en Europe
Nous sommes, nous, la Gauche, la plus grande force électorale en Europe et nous y exerçons, dans la majorité des pays, les responsabilités gouvernementales. Nous ne prenons pas assez conscience de cette réalité-là. (…)
C’est à nous qu’il revient de dire dans quelle direction nous voulons conduire l’Europe. Et nous devons le faire maintenant, parce que la mise en place de l’euro, l’élargissement, la discussion concernant les ressources futures, l’avenir des politiques communes, enfin et surtout la réforme institutionnelle vont devoir être affrontés en bloc dans les mois qui viennent. (…)
C’est à l’échelle mondiale que se mène aujourd’hui le combat de la Gauche. C’est pourquoi nous sommes passionnément attachés à l’Internationale socialiste, à son renforcement, au renouvellement de ses modes de pensée et d’action – je salue au passage le travail accompli en ce sens par la Commission que préside Felipe Gonzalez –, à son ouverture aux nouvelles forces socialistes et démocratiques d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, à laquelle Pierre Mauroy s’est inlassablement attachée. Nous avons souhaité que le prochain Congrès de l’Internationale socialiste se tienne à Paris. Je veux croire qu’il marquera de nouveaux progrès de notre organisation mondiale, autour de ces idées simples que nous avions affirmées dans le Manifeste adopté en 1989, à Stockholm : la liberté, jusqu’au bout, et pour tous. L’égalité, jusqu’au bout, et pour tous. La fraternité sans laquelle, liberté et égalité seraient vides de sens. (…)
Entretenir le dialogue
Au-delà, il faut entretenir le dialogue avec ceux qui ne partagent pas, et parfois loin s’en faut, toutes nos valeurs, mais avec qui nous pouvons avoir des échanges féconds, aux États-Unis comme en Russie, au Brésil comme en Corée. En prenant soin néanmoins d’éviter au nom des convergences souhaitables les confusions inutiles. Confronter nos idées, par exemple avec les démocrates américains, ne nous gêne pas. Rechercher avec eux des objectifs communs pour l’action de nos différents gouvernements peut même favoriser une meilleure organisation du monde. Mais ne laissons pas croire à nos opinions publiques que nous partageons la même identité politique. Parce que ce n’est pas vrai. Dans la formule « centre gauche », il y a le mot gauche, et c’est lui qui donne tout son sens au projet. »
[Colonne]
Les États généraux de la gauche : une nouvelle étape dans le rassemblement des réformistes.
Les États généraux de la gauche, réunie à Florence les 12, 13 et 14 février, constituent une étape essentielle de la constitution du grand parti socialiste réformiste dont l’Italie, désormais bipolarisée, a besoin.
Rassemblant le PDS (les 1 250 délégués du IIe Congrès national tenu en 1997), et des représentants des grandes traditions de la gauche transalpine (400 délégués : les socialistes « labouristes » de Valdo Spini, issus du PSI, les chrétiens-sociaux de Pierre Carniti, les républicains de Giorgio Bogi, les communistes unitaires provenant de Refondation communiste, ainsi que de nombreux dirigeants syndicaux socialistes de la CGIL et de l’UIL), le nouveau « sujet politique », les Démocrates des capitales de gauche (PSE), verra le jour lors du congrès de fondation convoqué avant les élections européennes. Ce processus se veut ouvert et pluraliste. Il s’agit là d’une clarification politique, voulue par Massimo D’Alema, secrétaire du PDS, après l’échec du projet velléitaire du « parti radical de masse », et de l’impossibilité de former un seul parti de l’Olivier. En effet, seul un grand parti national inscrit dans la tradition du socialisme européen peut organiser et repolitiser en profondeur un électorat de gauche incertain. Seuls l’ouverture et le pluralisme interne de la nouvelle formation politique pourrait attirer les forces socialistes qui, à gauche, repoussent encore cette perspective.
Marc Osouf
[Pavé illisible]