Extraits d'une déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, à Nice le 19 octobre 1997, et article paru dans "Français d'abord" de la deuxième quinzaine de novembre 1997, intitulé "Le pied du mur", sur le contexte politique des élections régionales et la droite.

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Circonstance : Convention des élus régionaux du FN à Nice du 17 au 19 octobre 1997

Média : Français d'abord

Texte intégral

Discours de Jean-Marie Le Pen à Nice

Confiance et espoir

À l’occasion de la convention des élus régionaux du FN qui s’est tenue à Nice en octobre dernier, Jean-Marie Le Pen a lancé officiellement la campagne électorale régionale des patriotes. Principaux extraits.

Vous allez donc partir à la bataille électorale, et en particulier consacrer une partie de votre temps aux régions défavorisées et parfois même aux communes défavorisées de votre circonscription électorale.

Nous étions 139 conseillers régionaux en 1986, nous fûmes 237 en 1992, je pense que nous passerons la barre des 300 pour les prochaines élections, sans se cacher qu’il s’agit là d’une gageure puisque plus on a de succès et plus, somme toute, il est difficile d’obtenir de meilleurs résultats, encore que le mode de répartition à la plus forte moyenne favorise les listes qui arrivent en tête.

Laissez-moi vous dire la fierté d’avoir dirigé pendant cinq ans au conseil régional de PACA, le groupe le plus important de cette assemblée.

Le FN 2e force politique

Cette ville de Nice, qui est d’ailleurs celle où est née ma femme, Nice la belle, 5e ville de France, aurait dû être le fleuron des villes FN si nous n’avions été trahis par l’un des nôtres.

Mais, nous allons reconquérir la majorité de sa population lors des futures élections. Et comme l’enjeu national que celles-ci représentent est tellement important, j’offre une amnistie générale à tous ceux qui se sont trompés, et leur demande de retrouver à nos côtés, la place qu’ils n’auraient pas dû perdre, pour que demain le Front national remporte une bataille décisive.

Cette campagne électorale de 1998 aurait dû être une campagne législative nationale permettant de juger 5 ans de Gouvernement RPR-UDF. Chirac a précipité les choses et ramené les socialistes et les communistes au pouvoir par une dissolution sur les causes de laquelle on se perd toujours en conjectures, tant elle était stupide. Malgré les handicaps et malgré les persécutions que nous avons subies, le Front n’a cessé de progresser : plus 600 … voix en 4 ans, de 1993 à 1997. Troisième devant l’UDF, juste derrière le RPR au 1er tour. Depuis, l’UDF a implosé, et le RPR s’est effondré, comme en témoignent les élections cantonales partielles récentes. Aujourd’hui, on peut donc dire que le Front national est la deuxième force politique française derrière le Parti socialiste, gageons que grâce à vos efforts, il sera la première dans les prochaines consultations. Constatons qu’entre les socialo-communistes et nous, il n’y a plus que la marigot RPR-UDF qui, au fur et à mesure qu’il se dessèche, exhale une puanteur de plus en plus nauséabonde. Chaque jour éclatent des scandales où se mélangent affreusement et la boue et le sang.

Derrière les escroqueries, les concussions, les abus de confiance, les trafics d’influence, les détournements de fonds viennent naturellement les violences, le chantage, les crimes camouflés en suicide ou révélés sous leur vrai visage. Les Français se rendent compte que la maffia n’est pas seulement une pieuvre de cinéma qui réside à Palerme, mais que si l’insécurité triomphe, c’est qu’en réalité, il y a entre les milieux du crime et ceux de la politique, et même de la société tout entière, une profonde connivence. C’est la déchéance morale de notre société qui est responsable principalement de la montée de la violence. L’inversion des valeurs est ici patente. Sévérité ou même persécution pour les honnêtes gens (familles, travailleurs nationaux, militants nationaux) ; indulgence pour les immigrés surtout clandestins, les marginaux, les délinquants, les assassins. Une anecdote : un crime affreux vient d’être jugé. Une femme comptable travaillant après son horaire dans son entreprise est attaquée par deux jeunes noirs. Ceux-ci vont l’étranger avec une barre de fer pour lui faire dire la combinaison du coffre. Et puis, parce qu’ils croient que l’image des assassins reste dans la rétine de la morte, ils lui crèvent les yeux. Ils sont aux assises, l’avocat général requiert, plaide devrais-je dire, en implorant : « j’espère que vous n’irez pas jusqu’aux extrémités de la sanction, j’espère que vous ne donnerez pas 30 ans de prison, ni même 20 parce qu’un tel crime ne mérite pas une telle sanction ». Nous regrettons, en ce qui nous concerne, que la peine de mort ait été supprimée car nous pensons que c’est cela la véritable sanction d’une telle barbarie. Mais, avec 20 ans de prison donc 14 ans de sûreté, qui permettront à ces jeunes gens de sortir dans quelques années, qui est le véritable coupable de la dégradation des mœurs ? Est-ce que ce sont les petits bandits, les petits assassins ou bien le magistrat ?

Sous l’influence d’un groupe important de magistrats d’extrême-gauche, la justice est en train de devenir un instrument révolutionnaire de type totalitaire.

La société perd ses repères, la jeunesse est déboussolée, les valeurs sont bafouées, les modèles sociaux et politiques sont corrompus.

Et aux couples célèbres de l’histoire du monde vient de s’en ajouter un autre. Après les couples mythologiques de Castor et Pollux, d’Achille et Ajax, après les couples romantiques d’Antoine et de Cléopâtre, de Roméo et de Juliette, après les couples de comiques troupiers de Bach et Laverne et de Croquebol et la Guillaumette, voici venir juste derrière Bonnie and Clyde, Trottinette et Encornet les deux principales personnalités UDF de PACA, grands pourfendeurs du Front national. C’est le syndrome que nous connaissons bien : Noir-Carignon-Tapie. Plus les personnalités politiques sont contre le Front national, plus il est vraisemblable qu’elles craignent une poursuite grave. Et si elles sont anti-Front national, ce n’est pas qu’elles crient – elles ne croient à rien – elles ne croient à rien – c’est parce qu’elles pensent que grâce à cette agression, elles bénéficieront de la sympathie ou de l’indulgence des médias. Monsieur Gaudin : qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée sur le Front national en 1992 lors que vous aviez gouverné avec lui pendant six ans ? Quel est l’événement ? Est-ce que cet événement est relatif aux Front national ou est-ce qu’il est relatif à Jean-Claude Gaudin lui-même ? Est-ce que ce n’est pas à lui qu’il est arrivé quelque chose entre temps, quelque chose qui nécessitât qu’il se détache du Front national pour en devenir, avec les communistes et les socialistes au conseil régional, le pourfendeur désormais mensuel.

Une seule force d’opposition

Sur le terrain politique proprement dit, l’opposition parlementaire, sans foi ni loi, n’est plus capable de s’opposer au Gouvernement marxiste. Il n’y a plus qu’une force d’opposition moralement et politiquement cohérente : c’est le Front national.

Une seule force d’opposition contre l’immigration, contre le chômage.

Alors, nous allons nous battre contre la politique des socialistes, des communistes et de leurs alliés dans le Front républicain parce que nous sommes l’alternative et la seule contre le socialo-communisme.

L’opposition parlementaire est impuissante, elle est en pleine implosion. Alors que restera-t-il donc à Monsieur Séguin ? Qu’est-ce qui restera à Monsieur Gaudin et à Monsieur Léotard ? On dit que Léotard sera la tête de liste contre nous. Quand on a un ennemi comme lui, on n’a pas besoin d’alliés !

Chers amis, je ne veux pas tromper le peuple français par des promesses fallacieuses. Nous avons un programme alternatif.

Nous disons qu’il y a des remèdes à nos problèmes, et qu’ils n’ont pas été utilisés à cause de parti-pris idéologiques, parce qu’on a choisi la voie de la désintégration de la Nation pour courir après le leurre, l’utopie du mondialisme et de l’euro-mondialisme. Nous avons des solutions mais nous disons aussi que rien ne se fera sans une prise de conscience du peuple et sans un effort continu de sa part. Mais, pour que le peuple accepte de faire l’effort, il faut deux conditions qui ne sont pas remplies et qui ne seront pas remplies par la classe politique : c’est la confiance et c’est l’espoir.

Confiance, parce que nous avons notre passé de militants sans tache, un passé de citoyens exemplaires au service de la Nation, sans espérance de décoration, ni de prébende, ni même de places.

Espoir, parce que ni le peuple, ni nous-mêmes, ni la jeunesse, ne peuvent accepter de faire des sacrifices si ça n’est pas dans l’espérance d’obtenir une situation meilleure, plus digne, plus juste, plus respectable. Être digne de ceux qui nous ont précédé, telle a été en permanence, de façon obsessionnelle, notre démarche intellectuelle et affective. Nous avons à l’égard des anciens, à l’égard des personnes âgées, une piété, un respect, et cette piété et ce respect doivent mettre les anciens à l’abri des règlements de comptes et à l’abri des vengeances. Et je ne le dis pas seulement pour les uns, mais aussi pour les autres, pour tout le monde, parce que le peuple français doit être un peuple généreux s’il veut rester uni, capable de prolonger dans le millénaire prochain la ligne éblouissante que nos pères ont tracé depuis des siècles et des siècles.

Le pied du mur

« Les mauvaises cartes de la droite », « la grande peut de la droite » : tels étaient les gros titres du Figaro magazine et de Valeurs actuelles le 15 novembre dernier, des titres qui en disaient long sur la préoccupation, pour ne pas dire la bêtise, des stratèges de l’UDF et du RPR, à quelques mois des élections cantonales et régionales.

Les sous-titres étaient d’ailleurs tout aussi explicites : « les états-majors de l’opposition ont fait leurs calculs pour les prochaines élections : ils sont catastrophiques », notait Le Figaro. Et Valeurs actuelles allait jusqu’à poser la question sacrilège : « le RPR et l’UDF vont-ils survivre au scrutin régional du 15 mars 1998 ?

De fait, l’enjeu est énorme. Aujourd’hui, le conglomérat UDF-RPR contrôle la quasi-totalité des exécutifs régionaux. Au printemps prochain, il risque fort de se trouver dans la situation exactement inverse. Toutes les projections le confirment. Elles oscillent entre une simple « gifle » et une véritable catastrophe. Quand on sait que l’une des causes en est la diabolisation du Front national, on peut bien penser que l’on a affaire à la « droite » la plus bête, ou la plus masochiste, du monde, …

Nous allons faire irruption dans les conseils généraux, et aussi arbitrer le jeu des exécutifs départementaux, dont nous étions jusqu’alors quasiment exclus. C’est donc bel et bien l’ensemble de l’échiquier politique qui est en passe d’être bouleversé. Bien que privé d’accès aux médias, diabolisé, harcelé, exclu du Parlement par le biais d’un mode de scrutin inique, le Front national ne cesse de progresser contre vents et marées. Il s’impose comme un acteur majeur et incontournable de l’avenir français.

Il y a des raisons majeures à cette déliquescence accélérée du marigot RPR-UDF. La multiplication des « affaires » empoisonne la vie des caciques de l’ex-majorité. Ainsi les suites de l’affaire Piat-Saincené. Les magistrats ne savent plus où donner de la tête. Hier, c’était l’étrange Madame Cassetta qui était auditionnée par des juges soucieux de faire la lumière sur le financement occulte du RPR. Aujourd’hui, c’est le trésorier de la campagne présidentielle de Chirac qui est invité à s’expliquer devant la justice. Qui sait si demain un juge d’instruction ne viendra pas frapper à la porte de l’Élysée pour demander des comptes à l’ancien maire de Paris… ? Ce n’est plus la liste de Schindler, c’est la liste Stavisky !

RPR-UDF : dédiaboliser le FN ou disparaître…

En fait, le « syndicat » UDF-RPR est au pied du mur. Il se trouve bel et bien pris au piège. D’abord, parce qu’il n’est plus crédible. Son bilan politique et social était globalement négatif. Les électeurs l’ont sanctionné. Croyez-vous que Séguin, Bayrou et consorts aient compris la leçon ? Que nenni ! Rien n’a changé. Ils n’ont aucune ligne politique précise, si ce n’est de « barrer la route au Front national »… Vaste programme, comme aurait dit le général de Gaulle ! D’ailleurs, comment pourraient-ils attaquer Jospin, alors que le Gouvernement socialiste fait peu ou prou la même politique qu’eux ? En matière d’immigration, de fiscalisme, de famille, d’économie, sur toutes les grandes questions de société, sur l’Europe, les décisions de l’actuel gouvernement ne diffèrent guère des propositions de l’ex-majorité. Elles sont apparemment plus excessives. Mais sur le fond rien ne change. C’est toujours la course effrénée et suicidaire vers l’abîme.

Aussi, pendant que les élus corrompus de la bande des quatre croupissent en geôle ou répondent aux questions des juges d’instruction de notre côté nous préparons le redressement de la France. Le 16 novembre dernier, le Front national a réuni son conseil national. Des décisions ont été prises, des directives données. Nous sommes en ordre de bataille. Nos candidats sont motivés, nos propositions sérieuses. C’est dès aujourd’hui que se jouent les élections du 15 mars. Ne l’oublions pas, il s’agit là d’un scrutin à la proportionnelle, qui nous permettra, pour une fois, d’être représentés à peu près équitablement, et donc de peser de tout notre poids. Chaque vois comptera. Alors, par de temps à perdre. Retroussons nos manches et mettons-nous au travail.