Texte intégral
Le Provençal : Quel est le sens de votre venue aujourd’hui à Vitrolles ?
Lionel Jospin : Face à une extrême droite en progression, menaçante une seule préoccupation guide ma conduite : le sens de ma responsabilité. C’est conscient et soucieux de la situation que je viens aujourd’hui à Vitrolles. Ma présence revêt par conséquent une signification forte – l’engagement de tout le Parti socialiste dans la lutte contre l’extrême droite – et mon message est clair : appeler tous les citoyens attachés à la République et aux valeurs démocratiques, et en premier lieu, toutes les femmes et tous les hommes de gauche, à se rassembler, à faire barrage au Front national e conserver la municipalité de Vitrolles dans le camp républicain. Partout où ils ont accédé aux commandes, à Marignane, à Toulon, à Orange, les élus du Front national ont, en effet, mis en œuvre la même politique de réaction, de discrimination et de haine, politique qui pervertit les principes démocratiques. Que toutes et tous prennent conscience de l’importance de leur vote, dimanche prochain : voilà ce que je suis venu dire avec force ici. Je m’adresse également aux trop nombreux abstentionnistes, auxquels je demande de sortir de leur réserve et de faire basculer la décision. Ils peuvent, comme en 1995, faire la différence : je les appelle à un sursaut moral et politique et à voter massivement pour Jean-Jacques Anglade.
Le Provençal : Vous venez entre les deux tours de l’élection. N’intervenez-vous pas un peu tard ?
Lionel Jospin : Non. Sauf circonstances exceptionnelles, un leader national ne se déplace pour apporter son soutien à un candidat engagé dans une élection locale qu’au second tour de celle-ci ; c’est là notre tradition. O, quelle que soit son importance, tout à fait réelle, comme je viens de vous l’indiquer, l’enjeu de l’élection municipale à Vitrolles reste local, même si ses enseignements, eux, doivent être tirés par tous les responsables politiques nationaux. Toujours au nom de cette même tradition, c’est d’ailleurs à l’invitation formulée seulement au lendemain du premier tour par notre candidat que je réponds aujourd’hui. Vous savez que c’est ce dimanche le tour décisif et que, si ma présence et mon engagement dans la campagne peuvent être utiles c’est maintenant.
Le Provençal : Pourquoi le PS national a-t-il semblé se désintéressé de cette élection ?
Lionel Jospin : Loin de se désintéresser de cette élection, comme vous l’affirmez de façon bien abrupte, le Parti socialiste a, au contraire, mis en œuvre tout ce qui était de son ressort pour appuyer le candidat désigné localement. Ma présence aujourd’hui en atteste, si besoin était. Reste que cette élection est, je le répète, une élection locale et qu’il appartenait aux militants socialistes de Vitrolles et, au-delà, des Bouches-du-Rhône, de choisir leur candidat, de se mobiliser et de monter en première ligne. Jean-Jacques Anglade est, aujourd’hui, pas seulement le candidat des socialistes et de la gauche, mais celui des Républicains. Il faut se rassembler derrière lui pour gagner.