Texte intégral
Mesdames, messieurs,
Dans un peu plus de 700 jours, le 1er janvier 1999, l'euro sera notre monnaie. Trois ans plus tard, nous aurons dans nos poches des pièces et des billets en euro. Chaque Français touchera alors de ses mains ce qui apparaît déjà comme l'un des symboles les plus puissants de la construction européenne.
À Dublin il y a quelques semaines, les maquettes des futurs billets en euro étaient présentées au public. Leur fabrication doit maintenant être lancée. Mais il convient également de se préoccuper des pièces de monnaie. Pour la France seule, près de 6,5 milliards de pièces doivent être fabriquées avant la date de leur mise en circulation le 1er janvier 2002, ce qui représente une production quotidienne d'environ 7 millions de pièces. Au total, cette production avoisinera les 26.000 tonnes, stockées, ainsi que vous vous en doutez, en lieu sûr. Cela demandera une surface totale de 6 000 à 8 000 m2
Comme nous l'avions décidé à Vérone, au mois d'avril dernier, chacune des huit pièces de l'euro comportera une face commune à tous les pays de l'Union monétaire, sur laquelle figurera la valeur de la pièce (de 1 centième d'euro à 2 euro), et une face dite nationale, propre à chaque pays.
J'ai lancé au mois de juin 1996 le concours pour le choix des dessins des pièces. Il s'agit d'abord de sélectionner les trois projets qui représenteront la France dans le concours européen destiné à choisir les faces communes des pièces. Les résultats de ce concours européen seront dévoilés en juin 1997, à l'occasion du Conseil Européen d'Amsterdam.
Mais nous devons également sélectionner une ou plusieurs représentations différentes qui figureront sur les faces nationales des pièces qui seront fabriquées en France. Les résultats de cette sélection seront présentés au public à la fin du mois de mars prochain.
Ce travail constitue une priorité pour le gouvernement. La fabrication de plus de 6 milliards de pièces n'est pas une mince affaire sur le plan technique et industriel. Nous disposons en France, à cette fin, d'un outil technique remarquable, servi par l'ensemble des personnels de la direction des monnaies et médailles, dont je salue le grand professionnalisme et l’efficacité.
Le retentissement qu'une telle opération suscite de façon compréhensible et légitime auprès du grand public constitue également une bonne raison d'attacher au choix des dessins de nos futures pièces un soin tout particulier.
L'euro doit être l'affaire de tous et ceci constitue une très bonne occasion de le rappeler. J'avais d'ailleurs souhaité, dans cet esprit, que le concours soit ouvert au plus grand nombre. Les résultats ont dépassé mes espérances : ce sont, au total, 1 240 dessins, émanant de 97 candidats, qui ont été reçus par la direction des monnaies et médailles. C'est le plus grand nombre de dessins reçus parmi les pays qui ont organisé un tel concours. Cet engouement ne facilitera pas la tâche du jury de sélection, mais il témoigne de l'intérêt que les professionnels, mais également de très nombreux particuliers, portent à cette question.
Je voudrais ici remercier personnellement chacun des candidats et des candidates pour le travail fourni à cette occasion, dont le jury a tenu aujourd'hui à saluer la grande qualité.
J'ai souhaité que le jury témoigne également, par sa composition, de la diversité des approches et des préoccupations de nos compatriotes. Ce jury s'est réuni aujourd'hui pour la première fois.
Avant de vous présenter les personnalités qui le composent, permettez-moi de les remercier très vivement d’avoir accepté de participer à la mission difficile mais exaltante qui les attend.
Notre jury compte tout d'abord et très logiquement des experts en matière numismatique, qui sont des artistes et graveurs des monnaies : M. Pierre RODIER, Graveur Général à la direction des monnaies et médailles, M. Raymond CORBIN, membre de l'Institut et M. Émile ROUSSEAU, Grand Prix de Rome. Nous devons à ces trois experts la création de nombre de pièces de monnaie qui circulent actuellement en France - notamment des pièces courantes commémoratives - dont la qualité est reconnue dans le monde entier. M. RODIER a ainsi notamment créé en 1995 la pièce de 2 F consacrée à Pasteur, puis en 1996 la pièce de 1 F relative à Jacques Rueff. Pour sa part M. ROUSSEAU a créé en 1988 la pièce de 1 F consacrée au Général De Gaulle, puis en 1993 la pièce de 2 F dédiée à Jean Moulin. Quant à lui M. CORBIN a réalisé en 1995 la pièce de 1 F commémorant le bicentenaire de l'Institut.
Participent également aux travaux du jury deux représentants des consommateurs : Mme Christiane SCRIVENER, ancien ministre chargé des consommateurs et ancien commissaire européen et Mme Reine-Claude MADER, secrétaire générale de la confédération syndicale du cadre de vie et membre de la mission exploratoire sur les modalités du passage à la monnaie unique que j'ai confiée à M. JOLIVET.
Deux parlementaires, désignés par les Présidents de· l'Assemblée Nationale et du Sénat participent également à nos travaux. Je les en remercie vivement. Il s’agit de M. Denis BADRE, sénateur des Hauts-de-Seine et de M. Jean-Pierre THOMAS, député des Vosges.
Philippe DOUSTE-BLAZY, ministre de la Culture, a bien voulu proposer la participation de M. Olivier KAEPPLIN, inspecteur général de création artistique, membre de la délégation aux arts plastiques.
Pour sa part, Michel BARNIER, ministre délégué aux affaires européennes, a proposé à ma demande, une personnalité représentative de la jeunesse européenne. Je me réjouis qu'il ait porté son choix sur Mlle Irène JACOB, jeune comédienne talentueuse que vous avez pu apprécier notamment dans « Rouge », troisième et dernier film de la trilogie de KIESLOWSKI (pour lequel elle a été Dominée lors de la 20ème cérémonie des César pour le prix de la meilleure actrice) ou dans « La double vie de Véronique » (pour lequel elle a reçu en 1991 un prix d'interprétation à Cannes).
M. Georges VALANCE, journaliste, écrivain et historien du Franc, est également membre du jury et je m'en félicite.
Enfin, M. Emmanuel CONSTANS, directeur des monnaies et médailles sera mon suppléant pour la présidence du jury, auquel participera également M. Nicolas JACHIET, représentant le directeur du Trésor.
Chacun de nos compatriotes doit pouvoir se reconnaître dans les futures pièces de l'euro, qui devront être d'un maniement aisé pour les consommateurs, préservées de la contrefaçon et enfin à la hauteur de la qualité traditionnelle des monnaies françaises. Dans la sélection qu'il doit opérer, le jury s'appuiera sur le résultat de tests qui seront effectués auprès d'un panel grand public.
Malgré le concours de cet outil important d'aide à la décision, c'est bien au jury que reviendra en définitive la lourde tâche de choisir les dessins qui figureront sur les faces françaises des premières pièces de l'euro. Je crois pouvoir vous dire que chaque membre du jury est pleinement conscient de l'enjeu capital que ce choix représente.
Mesdames, messieurs, je vous remercie de votre attention.