Déclaration de M. Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale, sur la remise du prix Adenauer De Gaulle à Mme Sauzay, et sur les relations diplomatiques franco-allemandes, Aix la Chapelle le 23 janvier 1998.

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Circonstance : Remise du prix Adenauer De Gaulle à Mme Sauzay, à Aix la Chapelle le 23 janvier 1998

Texte intégral

Chère Madame,

Je suis très heureux de vous remettre aujourd’hui ce prix Adenauer-De-Gaulle, dans ce haut lieu des échanges franco-allemands. Les titres qui vous valent cette distinction, en compagnie de M. Hans Stercken, sont si nombreux qu’il n’est pas aisé de les évoquer brièvement.

L’organisation de cette cérémonie amicale réserve à Rita Süssmuth le soin de rappeler en notre nom à tous deux, l’éminente contribution de M. Stercken aux relations franco-allemandes. Je veux lui transmettre l’hommage fidèle de l’Assemblée nationale, dont il a été un interlocuteur et un partenaire de premier plan.

Madame, je résumerai les faits : c’est par vous que passe le dialogue franco-allemand, depuis bientôt trente ans, surtout au sommet. C’est par votre truchement que les Chanceliers, Présidents, Premiers ministres, ont pu consolider les relations entre nos deux pays et travailler à la construction européenne. Votre efficacité dans cette délicate fonction vous a voulu dans la presse française l’élogieux surnom de « virtuose du chuchoté ». Dans la discrétion, votre mémoire est dépositaire de biens des épisodes, de quelques secrets peut-être. Votre « petite chaise » est en réalité la première loge.

La diplomatie française ne vous est pas seulement redevable de ces services rendus avec charme aux relations franco-allemands, puisque, fondatrice puis directrice du service de l’interprétation e de la traduction du ministère des affaires étrangères, vous avez la responsabilité des aspects linguistiques de nos relations avec l’ensemble des pays du monde. Vous êtes à la tête d’une phalange de spécialistes, dont certains font l’admiration de nos interlocuteurs étrangers pour leur maîtrise des subtilités de leur langue.

Une autre facette de votre rôle de « passeur » entre la France et l’Allemagne est l’animation de l’institut de Berlin-Brandebourg pour la coopération franco-allemande en Europe que vous avez fondé avec M. Von Thadden en 1994. Dans cette œuvre où vous êtes engagé avec enthousiasme et méthode, vous êtes cette fois-ci non plus dans l’ombre, mais en première ligne, et je me réjouis que vous trouviez en cela de légitimes satisfactions.

Vous avez écrit plusieurs ouvrages retraçant votre approche de l’Allemagne que peu de Français connaissent comme vous. Votre expérience et votre sensibilité sont précieuses pour favoriser la proximité entre nos deux peuples.

Les travaux de l’institut fournissent aussi la matière de publications fortes intéressantes que vous cosignez avec M. Von Thadden. J’ai noté la prochaine parution d’un ouvrage consacré à « François Mitterrand et l’Allemagne ». Nous savons combien le président Mitterrand appréciait votre connaissance de l’Allemagne. La volonté de sceller définitivement l’entente franco-allemande et garantir la paix en Europe était au cœur de son action.

Bref, à travers tous les aspects de votre activité, vous vous êtes faite, au sens le plus profond du terme, l’interprète de chacun de nos pays auprès de son voisin. C’est donc en votre personne, une manifestation exemplaire de l’amitié et de la coopération franco-allemande qui est justement distinguée. Je suis très heureux de vous remettre aujourd’hui ce prix Adenauer-De-Gaulle.