Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans "Le Peuple" du 10 novembre 1999, sur la préparation de la seconde loi sur la réduction du temps de travail, la nécessité d'une unité syndicale pour obtenir satisfaction sur les questions de la création d'emploi, le statut des cadres, l'indemnisation du chômage.

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Média : Le Peuple

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... de nos camarades immigrés). Vous connaissez les problèmes que nous vivons dans ce secteur, les atteintes aux libertés syndicales, la précarisation de l'emploi afin d'augmenter la productivité en aggravant les conditions de travail.

Dans notre profession, je me permets de le répéter : la moyenne de vie des salariés est de dix ans inférieurs à la moyenne de vie des salariés dans les autres secteurs. Pour conclure, aujourd'hui, rien n'est encore joué concernant la loi sur les 35 heures. C'est à nous de continuer notre démarche revendicative en appelant à d'autres initiatives pour que la loi sur la réduction du temps de travail respecte son but initial.

Le président de séance informe d'une décision importante des syndicats Sgpen

Le groupe de suivi élu par le Ccn concernant l'évolution des syndicats Sgpen d'informer le Ccn que les syndicats départementaux du Sgpen réunis en congrès à Créteil le 26 octobre dernier, ont acté positivement la déclaration du Ccn du 30 avril 1990 à plus de 79 % des mandats.

Cette décision, si elle ne règle pas l'ensemble des difficultés constatées, ouvre la voie à un travail collectif commun dans la CGT entre les unions locales, les unions départementales et l'ensemble des syndicats départementaux Sgpen.

L'union nationale des Sgpen, dans la Ferc, regroupe l'ensemble des syndicats départementaux Sgpen-CGT. (Applaudissements du Ccn.)


Décidons ensemble des suites de l'action

Nous avons la responsabilité d'assurer des suites au 4 octobre, des suites aux différents rendez-vous professionnels.

Le rapport a précisé les arguments qui d'après le bureau militaient pour un nouveau rendez-vous coordonné au plan national et interprofessionnel.

Le processus de débats parlementaires, à propos de la deuxième loi sur la réduction du temps de travail doit se rouvrir à L'Assemblée nationale le 30 novembre.

Un rendez-vous de discussion sur les retraites Arrco-Agirc vient de nous être précisé pour le 3 décembre.

Nous ne voulons pas, sur la question des retraites de nouveau être enfermés dans une attitude se limitant à contester après coup les projets gouvernementaux, mais nous voulons plutôt prendre l'initiative sur les revendications qui sont celles des salariés sur l'avenir de leurs retraites, le niveau, les règles de calcul, etc. Donc, nous devons prendre les devants sur un débat que nous savons, par ailleurs, programmé pour l'année prochaine. Des incertitudes concernent l'indemnisation des chômeurs à partir du 1er janvier.

Au-delà de l'attitude du Medef qui n'a pas complètement arrêté sa position quant à sa présence dans les organismes paritaires, mème s'il y restait, rien ne nous dit que la négociation sur les modalités d'indemnisation du chômage demain progresseront dans le sens des demandes des privés d'emploi. Et de ce point de vue là on a bien besoin de peser, dès lors que l'une des caractéristiques, je le rappelle, c'est que le dispositif actuel ne permet que l'indemnisation de quatre chômeurs sur dix, dans notre pays.

Toutes ces motivations nous amènent à suggérer un rendez-vous interprofessionnel, national, unitaire, avec comme point commun de ces revendications, la dimension de l'emploi.

Il faut donc préciser l'état d'esprit dans lequel nous devons travailler. C'est d'autant plus nécessaire que des camarades se sont exprimés sur la question des suites qui pourraient être données par les organisateurs de la manifestation du 16 octobre, sous forme de rassemblements, de manifestations organisées d'ici la fin de l'année, par ville ou par département.

A ce sujet, la prise de position, de la commission exécutive relative à la manifestation du 16 octobre, si elle n'est pas une prise de position de principe à l'égard de toute proposition similaire, au simple motif qu'elle émanerait d'un parti politique, n'est pas pour autant purement conjoncturelle. Elle reflète bien dans ses attendus la manière dont la CGT entend entretenir des relations avec les partis politiques. Force est de constater que les motivations et la nature du rassemblement suggéré par les organisateurs du 16 octobre, comme ses suites l'ont d'ailleurs montré, sont quelque peu différentes de celles qui inspirent le syndicalisme, qu'elles ne s'inscrivent pas dans les motivations qui sont les nôtres et qui découlent des orientations du 46e congrès.

Dire cela, ce n'est pas hiérarchiser le bien fondé de telle ou telle proposition, c'est simplement faire le constat que les deux logiques ne sont pas forcément identiques.

Ce n'est donc pas une position de principe, dans le sens où nous ne nous interdisons pas d’être partie prenante de mobilisations dans lesquelles s'affichent et participent des partis politiques. Ce sera d'ailleurs le cas effectivement le 27 novembre, puisque ces initiatives vont regrouper une trentaine d'associations, dont des partis politiques, à l'occasion de l'ouverture des négociations sur l'Omc. En mème temps, nous ne sommes pas systématiquement condamnés à avoir une attitude identique à tout moment et pour tout motif.

Peut-être conviendrait-il de rappeler à tous ceux qui souhaitent s'en réclamer, ce que recouvrait de ce point de vue-là le slogan « tous ensemble ».

La première fois que j'ai entendu le slogan « tous ensemble », c'était dans une manifestation de cheminots. Elle avait cette caractéristique d’être organisée en 1995, à l'appel de toutes les organisations syndicales. Je veux dire par là qu'à l'origine, le « tous ensemble » matérialisait l'unité d'action d'une profession qui, au fil des évènements, a progressé sur une notion de « tous ensemble » à l'échelle interprofessionnelle. Il signifiait en 1995 l'aspiration à avoir un mouvement qui effectivement engage l'ensemble des professions du public, du privé, toutes catégories, qu'on soit ouvrier, qu'on soit cadre, actifs ou retraités. Cette notion de tous ensemble a ensuite fait son chemin.

Le 16 correspondait certes, à un certain type de rassemblement, mais je pense qu'il ne peut pas être assimilé au « tous ensemble » de 1995 qui était d'une autre nature.

Nos motivations ne sont pas liées aux mème échéances que celles des partis politiques, qui ont une stratégie qui leur est propre, du fait de responsabilités et de contraintes qui leur sont propres, notamment au niveau gouvernemental.

La CGT n'est pas dans ce cas, elle n'assume pas le mème type de responsabilités. Le syndicalisme doit donc préserver en toute occasion, une autonomie de réflexion, de prise de décision, et cette attitude est largement approuvée par une très grande majorité de salariés.

C'est ce que nous confirment certains éléments du sondage Csa-CGT. Mème s'il ne faut pas bien évidemment s'en référer aux seuls sondages pour définir une stratégie, il n'est pas inutile de regarder ce que peuvent nous dire les salariés sur la manière de faire vivre notre syndicalisme.

Je pense, par conséquent, que nous avons besoin de nous inscrire dans la construction, je crois percevoir que le Ccn le confirme, d'une initiative authentiquement syndicale, sur les revendications des salariés, avec la volonté affichée de la CGT d'y parvenir, dans un cadre unitaire, le plus large possible.

Sans doute y a-t-il quelques possibilités nouvelles de parvenir à une initiative interprofessionnelle unitaire autour des questions de l'emploi, d'ici la fin du mois de novembre.

Le débat sur la nécessité de l'unité syndicale a peut-être du mal à s'exprimer très largement, très publiquement, mais il existe dans un certain nombre d'organisations syndicales. Le fait par exemple que le 4 octobre, il ait été possible dans une trentaine de départements de faire l'unité en « dépassant » les consignes confédérales, nous montre que cette aspiration-là est sans doute partagée bien au-delà des rangs de la CGT.

D'ores et déjà, il est probable que le rendez-vous en construction à propos des revendications spécifiques des cadres sur la deuxième loi puisse déboucher sur une initiative qui ne se limite pas à l'engagement de la seule CGT et de la seule CGC.

Les prochaines heures devraient nous permettre de savoir s'il sera possible d'aller à l'organisation d'une manifestation nationale des cadres le 20 novembre sur un appel largement unitaire.

Ce serait, vous l'avouerez, quelque chose d'important dans le panorama...

Tout cela, pour vous suggérer que le Ccn se prononce pour aller à la construction d'une initiative interprofessionnelle unitaire dans la dernière semaine du mois de novembre, qui porte sur les questions d'emplois. Elle aura l'objectif de peser sur l'élaboration de la deuxième loi, sur la réduction du temps de travail. Nous ne sommes pas à la fin du processus parlementaire et nous devons utiliser toutes les opportunités, toutes les occasions pour continuer à dire en quoi nous voulons des modifications au texte. Elle aura l'objectif de mettre en avant nos revendications en matière de retraite, et de porter plus fort l'exigence d'ouverture des négociations sur l'indemnisation du chômage et sur leurs contenus revendicatifs.

Si le Ccn se prononce sur cette perspective, il donnera mandat à la direction confédérale pour mener des discussions avec nos homologues syndicaux et dans le mème temps de faire en sorte, qu'à tous les niveaux de notre organisation, la dimension unitaire de cette perspective soit bien mise en oeuvre sur les lieux de travail.

Mettons-nous d'accord sur cette initiative et sur la façon de rendre public le positionnement du Ccn de la CGT. Prendre cette décision nécessite un engagement de l'ensemble de nos organisations. Le 4 octobre est une réussite car il a été visible et bien perçu par les salariés. Mais, il ne faut pas qu'on se cache que cette décision qui avait été prise en commun, n'a pas forcément suscité le mème degré d'engagement de toutes les organisations de la CGT.

Il faut donc se mettre aussi d'accord que, s'il ne s'agit pas d'annuler ce qui est déjà programmé, il faut concevoir les autres rendez-vous qui existent dans certaines professions en complément, en articulation avec la mobilisation interprofessionnelle. Il faut que chacun intègre bien cette perspective pour que l'ensemble s'inscrive effectivement dans la démarche interprofessionnelle.

Jean-Christophe Chaumeron
Secrétaire général adjoint fédération Finances

Accord avec la proposition de Bernard Thibault

J'interviens très rapidement pour faire part de mon total accord avec la proposition de Bernard, tant dans l'initiative proposée que sur l'analyse qui la sous-tend.

Oui, il faut, à partir de l'affirmative forte de l'autonomie de décision et d'intervention de la CGT, prendre toutes nos responsabilités d'organisation syndicale, y compris au service d'une conception très large et offensive de l'unité.

De ce point de vue, il faut souligner le très large accord unitaire réalisé, y compris avec des forces politiques, pour la journée d'action du 27 novembre, au moment de l'ouverture du cycle des négociations de l'Omc à Seattle.

Donc, accord avec la proposition d'une initiative interprofessionnelle dans la dernière semaine de novembre et je propose que le Ccn l'acte très rapidement. Cela correspond à une attente et à un besoin.

Alain Prevost
Secrétaire général union départementale Hauts-de-Seine

Demande d'un support de masse pour l'action

Je suis en accord avec la proposition exprimée par Bernard Thibault, mais nous avons besoin d'un outil de la CGT qui permette d'identifier...