Texte intégral
J.-M. Lefèvre : Le congrès prend ses marques » écrivait ce matin, l’Humanité, alors ce sont des marques un peu mouvantes, avec un départ ?
P. Zarka : Je crois que ce qui caractérise le plus l’essentiel du congrès, c’est le fait de répondre à deux questions qui se croisent dans l’opinion publique : comment changer la société, c’est-à-dire quelle conception on peut avoir d’une société dont le développement repose sur la justice sociale, sur l’homme, son travail, sa connaissance et sa consommation ? Et puis quelle conception démocratique de la politique on a ? Autrement dit, quel est l’apport de l’individu ? Comment l’individu a toute sa place pour maitriser son sort.
J.-M. Lefèvre : Que répondez-vous à ceux qui, comme P. Herzog, disent que le discours sonne creux ?
P. Zarka : Je crois que la démonstration a déjà été faite que cela n’était pas les mots, comme l’atteste la manière dont les communistes s’adressent largement à toutes les sensibilités communistes et leur permettent de s’exprimer. Ou encore, la manière dont les hommes et les femmes qui ne se reconnaissent pas dans le Parti communiste peuvent collabore avec lui, participer avec lui à des réflexions, à des dialogues comme c’est le cas avec les forums. J’entends ce que dit P. Herzog et nous certainement encore au milieu du guet. Nous avons besoin d’aller plus loin, mais reconnaissons que P. Herzog est l’un des dirigeants communistes qui a le plus parlé, le plus écrit. Je crois que son départ ne se justifie pas et je le regrette.
J.-M. Lefèvre : Le départ annoncé de responsables de la CGT qui quittent les instances dirigeantes, est-ce négocié ou est-ce la CGT qui a décidé de partir ?
P. Zarka : Je tiens tout d’abord à faire remarquer que pour nous, les instances dirigeantes, ce n’est pas le bureau national mais le comité national. Le bureau national n’est qu’un comité national. Le bureau nation n’est qu’un exécutif. Après, il y a une réflexion sur ce qui était la place des uns et des autres, la CGT, le PCF et le mouvement social d’une manière générale. Et puis, il y a la volonté de faire la démonstration que le Parti communiste n’entendait pas se comporter avec les syndicats comme avec une courroie de transmission. Cela fait partie des mutations.
J.-M. Lefèvre : La lutte des classes c’est fini, vive l’intervention citoyenne ?
P. Zarka : L’intervention citoyenne est, au fond, le fait de permettre aux hommes et aux femmes de ce pays d’avoir le plus grand pouvoir d’intervention. Ce n’est pas que la lutte des classes est terminée. J’aurais même tendance à croire que la lutte des classes s’élargit au contraire. Seulement nous ne le faisons pas en parlant des masses comme ce fut le cas à une époque, mais plutôt en parlant des individus. Au fond, nous avons une conception de la politique qui repose sur l’intelligence et la responsabilité pleine et entière de chaque individu.
J.-M. Lefèvre : L’avenir des relations à gauche. Pas de nouvelles unions de la gauche mais quand même oui à des ministres communistes ?
P. Zarka : Dans la mesure où nous avons la vocation de permettre au peuple d’avoir du pouvoir d’intervention, de maîtriser son sort, nous voyons mal comment nous pourrions dire que la question du pouvoir, du Gouvernement ne nous intéresse pas. Cela dit, pour les mêmes raisons, on ne désire pas aller au pouvoir pour aller au pouvoir mais nous désirons être membre d’un Gouvernement qui puisse mettre en œuvre une politique nouvelle, réelle, une politique de gauche. Et là, les seules garanties qui peuvent venir, elles ne peuvent venir que de l’ensemble du peuple, c’est-à-dire qu’il faut faire en sorte que nous élaborions ensemble ce qui doit être la politique d’un autre Gouvernement, les réformes qui correspondent aux attentes du peuple français.