Interview de M. Claude Goasguen, vice-président et porte-parole de Démocratie libérale, dans "France-Soir" du 3 juin 1999, sur les données concernant les chiffres de l'immigration.

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Intervenant(s) : 
  • Claude Goasguen - vice-président et porte-parole de Démocratie libérale

Média : France soir

Texte intégral

FS - Que reprochez-vous à la politique de l'immigration menée par le gouvernement ?

CG - Nous reprochons au gouvernement de tenir un double langage : celui de la fermeté cache le plus grand laxisme en matière d'application. Le plus grave et le plus regrettable, si près des élections européennes, c'est que le gouvernement n'informe pas les Français de la réalité de sa politique d'immigration. Or, en ce domaine, l'information est la meilleure façon d'enrayer la montée de la xénophobie et du racisme. Le ministre de l'Intérieur l'avait reconnu. Dans sa loi RESEDA, il s'était engagé à donner à l'Assemblée des informations annuelles sur la réalité de la politique d'immigration, du regroupement familial, sur les droits d'asile, le nombre des expulsions. Sur ces choses essentielles, le plus grand secret a duré pendant des décennies. Ce qui a abouti aux excès que nous connaissons tous.

FS - Le gouvernement vous cacherait-il des chiffres ?

CG -  Le ministère des Affaires sociales a publié en mars dernier un rapport indiquant qu'entre l'arrivée du gouvernement en 1997 et la fin de la même année, l'immigration régulière, par rapport à l'année précédente (dernière année du gouvernement Juppé), a augmenté de 37 %. Une forte hausse. Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi cacher au débat public ce que nous allons apprendre dans quelques semaines ? C'est une attitude très contestable. Il eut été opportun, au moment des élections européennes, de le dire. On verrait que les socialistes français sont dans le domaine de l'immigration de loin les plus laxistes.

FS - Vous apportez des voix à Le Pen ?

CG - On nous oppose fréquemment cet argument. Je crois le contraire. C'est le secret qui fait fructifier l'extrémisme, qui justifie le racisme quotidien. Je crois beaucoup aux vertus de l'information. C'est le seul point sur lequel j'étais tombé d'accord en 1997 avec Jean-Pierre Chevènement. Il a oublié ses engagements. Qu'il rattrape cet oubli.