Interview de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à France-Inter le 1er décembre 1999 et interview-débat entre F. Huwart et M. Luc Guyau, président de la FNSEA, à Europe 1 le 3, sur le déroulement des négociations au cours de la conférence de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle.

Prononcé le 1er décembre 1999

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence internationale de l'OMC à Seattle (Etats-Unis) du 30 novembre au 3 décembre 1999

Média : Europe 1 - France Inter

Texte intégral

France Inter –mercredi 1er décembre 1999

Etat d'urgence et couvre-feu à Seattle. Ce sommet marquera-t-il la prise en compte de la nouvelle économie et des enjeux d'une mondialisation réguliers ? Sera-t-il – est-il déjà ? – le premier sommet de l'antimondialisation ? Certains parlent même d'un Woodstock de l'antimondialisation.

En ligne, à Seattle, le Secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, F. Huwart. Il est 23 h 21 à Seattle maintenant. La journée n'est pas finie pour vous, elle a été chaude ?

– « Oui, la journée a été longue, elle n'est pas terminée, elle a été “chaude“ en effet. »

Vous êtes confiné à votre hôtel à cause du couvre-feu ?

– « Non, je suis sorti tout à l'heure mais sous bonne escorte. »

Que retirez-vous comme enseignement de ces manifestations ? P. Lamy dit que ce qui se passe dans la rue, à Seattle, est assez conforme finalement au point de vue européen.

– « Ce que nous constatons, c'est qu'il y a un vrai débat public et que la mondialisation c'est aujourd'hui quelque chose qui a été approprié par des secteurs entiers d'opinion publique. Et donc nous nous considérons que c'est une forme de débat démocratique. Bien sûr nous ne pouvons pas approuver les quelques excès qu'il y a eus. Mais des manifestations, le fait que beaucoup d'ONG de toutes les parties du monde soient présentes à Seattle montre bien qu'aujourd'hui la mondialisation n'est plus une affaire des techniciens, c'est quelque chose qui concerne tout l'opinion. Donc, de ce point de vue-là, c'est vrai qu'on ne peut pas rejeter cette tendance-là. »

Mais c'est un phénomène politique très intéressant, car c'est la première fois que des citoyens font à ce point irruption dans un sommet qui va poser la question de la régulation de l'économie mondiale ?

– « Oui, mais c'est la preuve que, à la fois la mondialisation est perçue comme un phénomène tout à fait incontournable, et en même temps qu'elle inquiète, et on peut le comprendre de façon légitime, qu'elle inquiète beaucoup de nos concitoyens du monde. Je crois en effet que l'Europe est confortée dans sa démarche qui est une démarche d'acceptation de la libéralisation, pour des raisons commerciales auxquelles nous avons intérêt, et en même temps la nécessité de réguler tout cela, d'humaniser tout cela. »

Il paraît qu'on a vu dans les rues de Seattle des banderoles qui disaient : « Fair trade, not free trade » – « échange juste et pas libre-échange ». C'était des Américains qui brandissaient ces banderoles ?

– « Oui, mais je crois que l'opinion américaine est aussi préoccupée par cela. Il y a dans l'opinion américaine, chez les travailleurs américains, de vraies questions qui se posent. Cette idée d'un commerce juste et pas seulement d'un commerce libre, je crois que c'est une idée que nous pouvons prendre à notre compte. C'est bien la démarche qui est la nôtre. »

Un sondage a été publié récemment aux Etats-Unis par US-Today, disant que 59 % des Américains estiment que la mondialisation nuit aux travailleurs.

– « Oui, je pense que c'est une perception qu'ils peuvent avoir. Je crois néanmoins que la mondialisation, à partir du moment où elle est régulée, elle est facteur d'emploi et de croissance. Je rappellerai pour la France en particulier : nous sommes le quatrième exportateur mondial, le troisième exportateur de services, et un emploi sur quatre créé aujourd'hui en France est créé à la suite d'un acte d'exportation. Donc c'est un véritable enjeu de développement et de croissance mondiale. A condition bien entendu qu'on y fixe des règles, qu'on évite les excès, et qu'on régule tout cela. »

Il y a des aspects intéressants mais aussi assez paradoxaux dans ce qui se passe à Seattle, car les manifestants qui sont dans la rue, ne sont-ils pas en train de réclamer, à leur façon, des Etats forts ?

– « Ils réclament des Etats forts, je crois qu'ils ont raison parce que c'est l'expression démocratique de réclamer des Etats souverains. Mais ça n'est pas incompatible avec la nature même de l'OMC qui est une organisation démocratique où la règle c'est “un pays une voix“. Et où par conséquent la souveraineté des Etats peut s'exprimer par consensus. Je ne vois pas de problème de légitimité de l'OMC en soi. Ce que je pense c'est qu'il faut en améliorer le fonctionnement. »

On a entendu dans les différents journaux de la rédaction ce matin des témoignages, notamment celui d'un militant français de la CGT à Seattle. Il disait : « Ce qu'il faut saintement, c'est que l'on puisse imposer des normes sociales qui soient les mêmes partout dans le monde ». Est-ce que c'est une utopie ou est-ce que l'OMC peut préparer cela ?

– « C'est la position européenne, la position de la France. Les sujets commerciaux et purement commerciaux doivent aujourd'hui pouvoir s'accorder de préoccupations sociales, environnementales. Donc, parler de normes sociales cela me paraît légitime. Bien entendu, les pays en voie de développement ne comprennent pas toujours cette position. Ils ont l'impression que cela pourrait être un protectionnisme déguisé. Mais, nous nous disons que les droits fondamentaux de l'homme, c'est-à-dire le refus du travail des enfants, le refus du travail forcé des prisonniers, la reconnaissance des droits syndicaux, c'est une revendication légitime de tous les peuples du monde et que nous pouvons ouvrir à Seattle, dans ce prochain cycle; s'il est lancé, une discussion et faire avancer les choses. »

Le président Clinton va arriver dans quelques heures. Il a fait de toute sa stratégie économique l'argument de sa politique. Mais apparemment, il n'y a pas de soutien populaire à l'OMC. Ce qui se passe à Seattle engage toute une politique !

– «  Cela engage tout une politique ! Si le cycle est lancé c'est une politique américaine, mais c'est une politique européenne et mondiale qui aura des conséquences et des retentissements sur la vie de nos concitoyens dans les 10 ou 20 années qui vont venir. Par conséquent, si aux Etats-Unis, il n'y a pas de résonance particulière encore, on a bien vu qu'en France ça n'est pas le cas, et je crois que l'opinion américaine va bouger sur ces points là. On le voit bien s'agissant de la sécurité alimentaire, des organismes génétiquement modifiés, on voit bien que d'ores et déjà les Américains commencent à s'en préoccuper. Mais je pense que c'est une bonne chose que l'opinion publique américaine s'empare de ce sujet comme les autres opinions publiques. »

Vous pensez que l'opinion publique américaine percevra ce qui se passe dans les rues de Seattle comme l'expression d'un contrepoids européen ?

– « Je ne sais pas si elle le percevra comme l'expression d'un contrepoids européen. Mais, dans la mesure où les préoccupations affirmées par les Européens recouvrent les préoccupations des gens qui ont manifesté, je pense que tout cela est une forme de progrès. »

Vous allez réussir à aller au-delà de ce que souhaitaient les Américains – uniquement l'agriculture et les services –, vous allez pouvoir traiter de tout à Seattle.

– «  C'est tout l'enjeu de la négociation qui s'engage. Je pense que la Commission européenne, avec le commissaire Lamy, va faire une proposition pour engager une dynamique de négociation. Et nous comptons fermement parvenir à faire prendre en compte les sujets dont je vous ai parlé : environnement, normes sociales, sécurité sanitaire, principe de précaution. Bref tout ce qui et important pour nos opinions publiques. L'enjeu est de savoir si nous y parviendrons. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui si ce sera le cas. Nous allons bien voir comment on va négocier. La pire des choses serait que ce cycle soit engagé dans de mauvaises conditions et que nous ayons des résultats médiocres. A ce moment-là, je pense qu'il ne serait sans doute pas utile d'engager ce cycle. Comment pourrais-je traduire cela ? L'OMC est créée depuis cinq ans. C'est un véhicule qui comprend 134 passagers. On veut en ce moment en modifier le moteur, en augmenter la cylindrée. Ou nous y parvenons et à ce moment-là, nous signerons, nous serons d'accord. Et si nous ne parvenons pas, eh bien le véhicule continuera de fonctionner comme il a fonctionné depuis quelques années. C'est sans doute un peu dommage, mais la face du monde n'en sera pas, dans l'immédiat, changée. Simplement, nous remettrons les sujets en question sur la table rapidement. »

J. Bové, paraît-il, distribue du Roquefort à l'envie dans les rues de Seattle. Comment a-t-il réussi à passer du Roquefort à la douane ?

— « Il faut le lui demander, je n'en sais rien du tout. En principe, la douane américaine est quand même assez efficace. En tout cas, c'est une bonne façon d'exprimer à la fois l'identité culturelle européenne et française. Je ne vois pas de mal à cela. »


Europe 1 – vendredi 3 décembre 1999.

L. Guyau ça va ?

L. Guyau : « Ça irai mieux si les engagements au niveau des négociations étaient meilleurs parce que c'est quand même catastrophique ! »

F. Huwart vous êtes désormais le seul ministre français pour le dernier jour de cet étrange et mémorable somme de l'OMC. Je vous pose la question : ça tourne bien, ça tourne mal, ou plutôt mal ?

F. Huwart : « Pour l'instant je pense qu'on peut dire que la négociation est un peu grippée. »

C'est-à-dire ?

F. Huwart : « C'est-à-dire que c'est très difficile et je confirme ce que disait L. Guyau à l'instant, ça n'est pas bien engagé. »

Vous avez le sentiment que, si ça continue comme ça vous rentrerez avec un accord ou bredouille en France ou en Europe ?

F. Huwart : « Moi je souhaite que nous rentrions avec un accord. Je pense simplement que nous ne sommes pas prêts à un accord à n'importe quelle condition. Et comme pour l'instant, à l'instant où je vous parle, c'est-à-dire ce soir tard, à Seattle, ce n'est pas le cas, dans le moment présent je ne suis pas optimiste. Cela ne veut pas dire que ça ne peut pas changer. »

La France tient-elle à un accord même si c'est à n'importe quel prix ?

F. Huwart : « Non, non, non, très clairement non. La France est soucieuse parce qu'elle croit que l'OMC est une bonne institution – même si elle est jeune – pour réguler la mondialisation, pour traiter de nouveaux sujets comme l'environnement, les langues sociales fondamentales. La France souhaite un accord. Mais elle n'est pas prête à un accord à n'importe quel prix. Nous avons des sujets sur lesquels nous sommes fermes, et notamment, sans focaliser sur l'agriculture particulièrement, mais sur le sujet agricole nous sommes très fermes, et nous n'acceptons pas le projet de déclaration tel qu'il est en train de s'esquisser. »

Mais la négociation de l'OMC, à Seattle, peut-elle échouer à cause de l'agriculture ou pour l'agriculture seulement ?

F. Huwart : « Non elle n'échouera pas à cause de l'agriculture ou pour l'agriculture. L'agriculture est un sujet comme un autre, sur lequel nous faisons valoir sans faiblesse nos positions. Mais les autres sujets qui sont des sujets de régulation, d'humanisation de la mondialisation sont aussi importants. On a focalisé, là, sur l'agriculture car c'est le premier élément qui a été publié dans l'ordre chronologique des choses, mais il y a d'autres sujets – environnement – sur lesquels nous avons des attentes importantes et ce sont ces sujets-là aussi qui peuvent être un problème. »

Vous avez reçu, ce matin, ou dans la nuit pour vous, de nouvelles instructions de Paris, du Premier ministre, l'Elysée ?

F. Huwart : « Nous travaillons d'une façon interministérielle permanente. »

C'est une manière de le confirmer ?

F. Huwart : « C'est une manière de vous dire comment nous fonctionnons. C'est-à-dire que la France fonctionne bien, de façon consensuelle et que la situation est très présente à l'esprit de tout le monde. »

On a le sentiment que le négociateur, P. Lamy, s'est fait enguirlander. Est-il sorti de son mandat, pour la France ?

F. Huwart : « D'abord, P. Lamy ne s'est pas fait enguirlander, il est dans son rôle de négociateur. S'il lui appartient de négocier – et ce n'est pas une situation facile –, il le fait avec le talent qu'on lui connaît. C'est un homme très capable, il lui faut une marge de manoeuvre, et il appartient aux pays-membres du conseil des ministres, aux autorités politiques, au fur et à mesure que nous le rencontrons, de lui dire là où ça va et là où ça ne va pas. Nous le faisons, nous sommes dans une négociation internationale, c'est tout à fait normal, à partir du moment où la négociation s'est engagée. Il faut bien voir, il faut bien comprendre aussi que, arriver avec un mandat européen, qui est notre référence, c'est bien, c'était l'essentiel. Penser que nous pouvons conduire la voiture à travers la ville de Seattle et la négociation sans qu'il y ait quelques bosses, ce serait illusoire. »

On a le sentiment à Paris que la Commission Prodi s'est fait tirer l'oreille, que M. Lamy s'est fait « passer un savon » pour être clair, et que d'autre part on est en train de l'affaiblir à Seattle. C'est ce qui ressort ce matin, à Paris, de tous les commentaires et des informations qui viennent de Seattle.

F. Huwart : « Oui, mais vous me permettrez de dire que P. Lamy ne s'est pas fait “passer un savon“ pour reprendre votre expression. C'est un dialogue normal dans une négociation internationale, à partir du moment où on veut faire bouger les choses. Je ne pense pas – en tout les cas, d'ailleurs, il n'en donne pas le sentiment – que P. Lamy soit affaibli. »

Donc il a piqué lui-même une colère dans la nuit pour rien… C'est qu'il avait fait une mauvaise interprétation. Sur le fond, Monsieur le ministre, P. Lamy pensait pouvoir accepter de discuter sur les OGM pour maintenir les subventions à l'agriculture. Apparemment pour la France et les Quinze ce n'est pas possible ?

F. Huwart : « Non ce n'est pas possible. Sur le groupe de travail, sur les biotechnologies, pour la France ça n'est pas opportun, ça n'est pas souhaitable, ça n'est pas possible. Et quand je dis pour la France, ça ne suffit pas de le dire. Les quinze pays – quatorze, et un qui était pratiquement d'accord, de l'Union européenne – ont dit, hier, dans un conseil des ministres européens, très clairement qu'on considérait que ce n'était pas opportun. »

O. Samain vient de me dire que les Quinze vous deviez, vous aussi monsieur Huwart, vous réunir cette nuit. C'est reporter à demain matin.

F. Huwart : « Je viens de l'apprendre à l'instant. C'est reporté mais c'est la preuve de ce que la négociation est difficile, qu'il faut du temps. Donc demain nous aurons un conseil des ministres. »

Merci, la nuit et les journées vont être longues avant votre retour en France.

F. Huwart : « C'est bien parce qu'on dit que la nuit porte conseil, et donc on va pourvoir se reposer un peu. »

L. Guyau, vous faites la même lecture ?

L. Guyau : « Je fais la lecture qu'aujourd'hui on est dans l'impasse. Il y a eu un document sorti par le groupe international qui s'occupe de l'agriculture au niveau de l'OMC et qui n'est pas satisfaisant, qui est inacceptable pour la politique agricole française et européenne. C'est-à-dire qui est en-deçà du mandat qui a été confié à la Commission puisqu'il n'assure pas la spécificité de l'agriculture. Il remet en cause les aides à l'exportation, c'est-à-dire notre capacité à être présent sur le marché mondial, alors qu'en face les Américains ne bougent pas. Troisième chose : la multifonctionnalité, élément essentiel de notre politique agricole française et européenne, n'est pas suffisamment reconnue. Alors, ce n'est pas acceptable tel que c'est présenté. »

Mais qu'est-ce que vous êtes prêt à voir bouger pour parvenir à un accord à Seattle, en tant qu'agriculteur ?

L. Guyau : « Nous n'avons pas l'obligation d'avoir un résultat à Seattle. Pas plus d'ailleurs que le gouvernement français ou européen. Cette négociation a lieu à Seattle et les Américains, dans le cadre d'une politique intérieure ont obtenu la possibilité d'avoir cette négociation à l'intérieur. Ça les intéresse pour les élections américaines. S'il n'y a pas d'accord demain ou après-demain à Seattle, ce n'est pas la catastrophe mondiale, et surtout pas d'avoir un accord qui soit mauvais pour l'agriculture : je ne pourrai jamais l'accepter. Si ce n'est pas satisfaisant, on casse. »

Comment ?

L. Guyau : « Si ce n'est pas satisfaisant, il faut casser les négociations. »

On ferait capoter les négociations pour les agriculteurs ?

L. Guyau : « Non, parce qu'il y a cinq groupes de travail. Un sur l'agriculture et quatre autres sur autre chose. »

C'est une négociation globale…

L. Guyau : « Oui, mais justement, il semblerait qu'il n'y a que sur l'agriculture qu'il y ait eu des avancées, des discussions. Sur tous les autres secteurs on a bloqué. Et ce que nous ne pourrions pas accepter c'est que, demain, on dise : “On n'a pas pu se mettre d'accord sur tous les autres secteurs, mais sur l'agriculture, compte tenu de la souplesse de l'Europe et d'autres pays, on a réussi.“ Pas question ! »

Donc, c'est en train de tourner de quelle façon ? Au vinaigre ?

L. Guyau : « Un petit peu au vinaigre, comme vous le dites, c'est tout à fait un terme français… Je crois qu'aujourd'hui la balle est dans le camp de l'Europe, c'est-à-dire pas uniquement du commissaire Lamy, pas uniquement de M. Huwart, mais de l'ensemble des gouvernements européens. Aujourd'hui, ils doivent reprendre l'initiative de dire : “Non, ce n'est pas satisfaisant“, et dire à M. Lamy : “Vous vous étiez engagé pour aller un peu plus loin, il faut arrêter“. »

Sinon, que faites-vous avec les agriculteurs français à votre retour ?

L. Guyau : « En fonction de la décision qui sera prise, on leur expliquera – et j'ai d'ailleurs dit tout à l'heure à Monsieur le ministre de l'Agriculture que ce n'était pas tenable et qu'il fallait qu'il agisse auprès de ses collègues européens pour faire en sorte que les engagements qui ont été pris par l'Union européenne, par les chefs d'Etat et de gouvernement à Berlin ne soient pas remis en cause. Si ça n'est pas le cas, vous savez ce que font les agriculteurs quand ils ne sont pas contents ?

Non ?

L. Guyau : « Ils nous diront. »

Ils ne vont pas casser aussi ?

L. Guyau : « Non, nous ne sommes pas pour casser mais nous avons montré ces derniers temps que nous étions capables de prendre à témoin l'opinion publique. Lorsque la semaine dernière nous étions à Paris, nous n'avons rien cassé et nous avons eu un contact avec les Parisiens, avec les ambassadeurs mais aussi avec toutes les autres organisations syndicales et professionnelles, et c'est ça qui est le plus important. »

Entre votre FNSEA et la Confédération paysanne de J. Bové, qui aura gagné, en image et en influence et à Seattle ?

L. Guyau : « je peux vous dire qu'il y a eu deux temps en matière de négociation ici. Il y a eu le travail de la rue avec des gens qui défendaient les tortues, les baleines, la Banquise, le Sahara et il y avait la Confédération paysanne : tout ça, ça ne sert à rien. Et puis il y a le temps de travail, de négociation, que nous avons fait avec toute l'équipe qui est ici, l'ensemble des organisations professionnelles, en appui quand il le faut avec le ministre ou les ministères, et quand il ne faut pas, on conteste. Et c'est ça le plus important, c'est là-dessus que les agriculteurs jugeront. »

Vous vous sentez plus utile sur le fond que J. Bové ?

L. Guyau : « Tout à fait ! Ça c'est clair ! »