Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
À mon tour, je tiens à remercier les autorités britanniques pour la qualité de leur accueil et à exprimer ma satisfaction devant la présence, aujourd’hui, à Londres, des autorités de Bosnie-Herzégovine et de ses deux entités, la Fédération croato-bosniaque et la République Srpska.
Le 14 novembre, à Paris, la présidence au complet donnait son accord aux principes directeurs du plan de consolidation de deux ans.
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour adopter un programme d’action pour l’année 1997. Il s’agit d’organiser la première phase de la période de consolidation. La présence de toutes les autorités compétentes de Bosnie-Herzégovine constitue, une nouvelle fois, le signe très concret que la Bosnie prend désormais en main son avenir. C’est un message d’espoir que je tiens à saluer.
Le plan de consolidation garantit la poursuite du processus de paix en Bosnie, sur une base contractuelle : la communauté internationale continuera, en effet, à apporter son soutien politique et économique, pour autant que les autorités de Bosnie-Herzégovine appliqueront les accords de paix.
Ce contrat établit treize domaines de priorités, qui sont essentielles pour la consolidation de la paix sur le terrain et dont il s’agit ici d’assurer la mise en œuvre.
Le plan de consolidation a également un deuxième but, comme le soulignait M. de Charette, le 14 novembre : renforcer l’efficacité de l’aide internationale, grâce d’abord à une meilleure coordination sous l’égide du haut représentant.
Celui-ci a très largement montré l’utilité de sa mission. Sa persévérance et son courage ont amplement contribué au succès de la première année du processus de paix. Je tiens, au nom de la France, à lui renouveler notre entière confiance et notre appui. Il est fondamental que son rôle de coordinateur soit respecté.
Il va de soi que son action doit continuer de s’exercer sur la base des décisions arrêtées par la conférence dans sa formation plénière, et des orientations politiques du bureau directeur.
Mais il est surtout essentiel de souligner que les autorités de Bosnie-Herzégovine sont les premières responsables de la consolidation de la paix.
Le respect de la Constitution de la Bosnie-Herzégovine, la mise en place des institutions communes comme de celles des deux entités et des différentes collectivités locales – cantons, municipalités – sont, à notre sens, le reflet de la volonté des dirigeants de Bosnie-Herzégovine.
Nous en faisons le préalable à la poursuite de l’effort international d’accompagnement de la paix : quel sens celui-ci aurait-il si la communauté internationale et les autorités locales poursuivaient des objectifs différents, voire opposés ?
Dans cette optique, force est de constater la lenteur de la mise en place des institutions. Un premier pas a été franchi récemment avec l’accord obtenu sur la structure du conseil des ministres. Il reste à en désigner les membres.
Outre le conseil des ministres, il faut aussi mettre en place les autres institutions communes, mais surtout les faire fonctionner, l’adoption d’un budget est d’une très grande importance dans ce domaine ; il en va de même pour la définition de règles de procédures ou pour le choix définitif du lieu des réunions.
Qui fera croire aux populations que la paix sera durable si la Constitution du pays n’est pas mise en œuvre et si les institutions ne fonctionnent pas ?
Si l’État de droit n’a pas de racines, comment espérer que les réfugiés osent envisager leur retour ? Et si la population ne retrouve pas confiance dans son avenir en Bosnie, la reconstruction pourra-t-elle acquérir une dynamique propre, capable de créer des emplois ?
Je souhaite que notre conférence d’aujourd’hui et demain confirme à tous les habitants de Bosnie-Herzégovine que leur espoir est justifié.
Je ne saurais terminer sans évoquer les manifestations qui se déroulent depuis 15 jours à Belgrade, à la suite de l’annulation des élections municipales dans certaines villes.
Ces manifestations se déroulent certes sans violence. Nous sommes néanmoins très préoccupés.
Le gouvernement aurait avantage à rendre public l’ensemble des faits et documents contestés, à libérer les personnes arrêtées et à permettre l’exercice de la liberté d’information et d’expression.
C’est à ce prix qu’il sera possible de renouer le dialogue démocratique entre l’opposition et le gouvernement.
Je vous remercie, Monsieur le président.