Conférence de presse de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur le rôle de l'UDE (Union démocratique européenne), dans la construction européenne et notamment la sécurité européenne et la place de la Turquie dans la "famille européenne", Paris le 1er mars 1997.

Prononcé le 1er mars 1997

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion des vices-présidents de l'UDE (Union démocratique européenne) Paris le 1er mars 1997

Texte intégral

Conférence de presse de la réunion des vice-présidents de l’UDE

Alain Juppé ((Premier ministre) : Mesdames et Messieurs, avant de céder la parole au président en exercice de l’Union démocratique européenne, M. Aloïs Mock, que je suis heureux d’accueillir ici à Paris en compagnie des vice-présidents de l’association, et du Premier ministre Bulgare M. Stefan Sofiansid.

Je voudrais juste vous dire toute l’importance que nous attachons à l’Union démocratique européenne qui a, depuis presque 20 ans maintenant – elle a été créée en avril 1978 – un acquis considérable derrière elle. Elle regroupe 40 formations politique de centre-droit et de droite qui représente 29 pays dont 13 sur 15 sont des membres de l’Union européenne. Son rôle a été très positif depuis la fin de la Guerre froide. Elle a permis de créer des contacts entre les nouveaux partis démocratiques. Elle a travaillé à la consolidation de la démocratie dans les pays qui avaient secoué le joug du communisme. Elle a également permis la préparation politique de la grande Europe élargie. Vous connaissez l’histoire de ces diverses démocraties qui se sont peu à peu affirmées. Les différents comités de travail de l’UDE ont fait aussi une tâche très positive et très constructive. Il nous faut maintenant regarder devant nous bien sûr. Nous avons aujourd’hui réaffirmé notre attachement à l’UDE et à sa vitalité et nous allons consacrer nos travaux aujourd’hui et demain à un certain nombre de thèses qui sont au cœur de l’évolution de notre continent. Je pense à toutes les questions de sécurité, à l’élargissement de l’Alliance, à l’évolution également de l’Union européenne, à con propre élargissement et, dans un instant, aussi aux questions économiques et notamment aux problèmes de l’emploi auxquels nous allons consacrer notre deuxième séance de travail de la soirée avant le dîner qui nous réunira et la suite de nos travaux demain matin. Mais je vais laisser à M. Aloïs Mock le soin de vous en dire plus puisque c’est lui, je vous le rappelle, qui assure la présidence de l’UDE.

Aloïs Mock (Président de l’UDE) : Mesdames, Messieurs, La réunion des présidents et des vice-présidents de l’Union démocrate européenne a lieu normalement une fois par an et dans une certaine orientation : en traitant les problèmes actuels. Lors de cette réunion il s’agit des problèmes du nouveau système de sécurité de l’Europe et aussi du problème de l’élargissement de l’OTAN. Deuxième problème : la sécurité intérieure et la coopération. Le troisième pilier dans les travaux de l’Union européenne est un thème primordial pour l’estime des citoyens pour l’intégration européenne. Ce troisième point est actuellement le thème principal, c’est-à-dire la politique économique et l’emploi. Comment réduire le grand nombre de sans-emploi. Après-demain, nous allons nous occuper de l’avenir de l’Union démocratique européenne. Dans un an, nous allons fêter le 20e anniversaire de notre union qui a été fondé à Salzbourg en 1978 comme une association de partis qui soutiennent surtout ceux qui se battent pour les libertés individuelles, pour l’économie de marché à caractère social, pour l’Etat de droit et qui refuse l’influence collectiviste dans la construction de notre société. Le prochain thème, demain, sera l’Union monétaire que je qualifie aujourd’hui comme le seul projet actuel pour faire un bond en avant dans l’intégration européenne. Tous les autres seraient plutôt aussi importants que cette Union monétaire mais seul ce projet a une chance d’apporter une nouvelle qualité à la coopération et à l’intégration européenne. Pour moi, c’est surtout ce caractère politique qui donne aussi à ce projet son poids. Le dernier point demain sera le développement des pays de l’Europe de l’est qui ont un grand intérêt à entrer dans l’Union démocratique européenne et dans l’OTAN ? ce qui est un thème déjà entamé aujourd’hui dans les comités directeurs de l’Union démocratique européenne où il y a une discussion très vive parce qu’il se pose la question que nous sommes obligés de soutenir ceux qui se sont battus pour la liberté et la démocratie et, je crois, nous devons ce soutien à ces peuples parce lorsque quelqu’un se bat pour la démocratie et la liberté, il défend aussi notre liberté individuelle. Mais il est difficile d’élargie des organisations comme l’Union européenne sans en même temps pousser l’intégration politique, cela veut dire maintenir, voire augmenter l’efficacité de la machinerie européenne. Il est nécessaire de presser (faire pression, ndlr) pour une intégration, mais le temps (la parole, ndlr) n’est pas toujours très propice. C’est un problème des plus compliqués. Comment rendre compatible ce désir d’intégrer ces pays de l’Union européenne et en même temps maintenir l’efficacité du processus d’intégration. Mesdames, Messieurs, nous sommes à votre disposition s’il y a des questions.

Question (inaudible) à propos de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne.

Aloïs Mock : Votre question soulève un problème des plus épineux. On doit seulement lire les journaux. On essaie (?). Parce que nous avons l’expérience de la Turquie comme un pilier du monde libre, un pilier de l’Otan, un pilier (?) dans ces tensions dans les conflits est-ouest. Et en même temps, il y a quand même des différents intérêts. Il y a des problèmes comme les droits humains (les Droits de l’Homme, ndlr) où il y a des progrès en Turquie. Il y a le problème Kurde, extrêmement difficile à résoudre, il y a le problème de Chypre. Il n’y a pas de solution miracle, il faut s’engager pas à pas sur tous ces problèmes. Pour moi, ce n’est pas acceptable de laisser la Turquie seule avec ses propres problèmes parce qu’on n’a pas dénier reconnaître la Turquie pendant des dizaines d’années. Lorsqu’il y a un moment par si important parce qu’il n’existe plus les relations est-ouest avec la tension d’autrefois, on n’accepte pas d’être attiré par ces problèmes. On dit ne me salue pas lorsqu’on se rencontre (?). C’est-à-dire qu’il faut s’engager pour la Turquie. Mais la Turquie doit aussi remplir toutes les obligations qui ont été remplies par d’autres candidats à l’Union européenne ce qui est facilement prononcé mais difficilement rempli. Tous les problèmes du marché du travail, tout ça, ne sont pas à négliger. Il faut le prononcer pour faire aller mieux surtout en ce qui concerne les relations entre la Grèce et la Turquie. Et peut-être si on s’engage, ces problèmes de l’entrée de la Turquie à l’Union européenne et le seul moment où il est possible une solution pour les problèmes de Chypre, on trouvera une solution si tous les deux trouvent quelque chose dans leur intérêt pour dire « oui » à n nouveau débat.

M. Yilmaz (Vice-président de l’UDE) : (Traduction) Pendant la réunion on m’a demandé qu’elle était la position de la Turquie sur l’élargissement de l’OTAN. J’ai exprimé mon point de vue qui est que l’élargissement de l’OTAN doit être considéré dans le cadre de l’élargissement européen. Par conséquent, les problèmes qui se posent en matière d’élargissement de l’OTAN et de l’Union européenne doivent être considérés parallèlement. C’est d’ailleurs, comme vous le savez, le point de vue officiel du gouvernement turc.

Question d’un journaliste de l’agence de presse de la Turquie : Vous savez qu’il se passe beaucoup de choses en Turquie actuellement. Je voudrais savoir si vous êtes informé de ce qu’il s’est passé en Turquie ces dernières semaines particulièrement de ce qu’il s’est passé hier et aujourd’hui. Que pensez-vous de la situation en Turquie ? Que pense l’UDE de cette situation politique en Turquie ?

A. Juppé : Je ne vais pas, même en réponse à votre question, cher ami, interférer dans ce qu’il se passe actuellement en Turquie. Nous allons en parler tout à l’heure au cours du dîner avec M. Yilmaz. Ce que je veux vous dire dans la ligne de ce qu’indiquait tout à l’heure Aloïs Mock, c’est que pour la France, et en tout cas dans le cadre de l’UDE, nous souhaitons que la Turquie poursuive son chemin vers l’Europe parce qu’elle a tout sa place dans la famille européenne. Et poursuivre le chemin vers l’Europe, cela veut dire bien sûr consolider comme nous n’avons cessé de le souhaiter tout au long des négociations entre l’Union européenne et la Turquie. Vous évoquiez tout à l’heure ce qui s’était passé au moment de la négociation de l’Union douanière, la ligne suivie par la France est toujours la même.

A. Mock : Est-ce qu’il y a encore d’autres question ?

(Silence)

A. Juppé : Voilà, à part la Turquie, tout va bien.

(Rires)