Texte intégral
Madame le Président
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous dire tout le plaisir qui est le nôtre de vous accueillir ce soir, Madame le Président, au palais des Affaires étrangères.
Ce plaisir est d’abord celui de recevoir parmi nous une amie de la France, une illustre étudiante de l’université française, en qui notre ambassadeur à Colombo avait pressenti dès 1969 (je cite) « une jeune fille intelligente, douée d’une forte personnalité, et qui jouera un rôle de premier plan dans la vie politique de son pays ». Mais ce plaisir est avant tout celui d’accueillir pour la première fois en visite officielle en France un chef d’État Sri-Lankais.
Les relations entre nos deux pays, Madame le Président, sont à vrai dire déjà anciennes.
La marine française, la Royale de l’époque, a croisé par deux fois vers Ceylan aux XVIIe et XVI IIe siècle.
Dès 1948, l’année même de votre indépendance, nous avons établi des relations diplomatiques, dont nous avons célébré en 1993 le 45e anniversaire. Plusieurs Premiers ministres vous ont précédée à Paris, dont Mme Bandaranaike en septembre 1970, visite dont vous gardez, je crois, un souvenir personnel.
Je me réjouis cependant de noter une intensification récente de nos échanges, marquée par votre venue à Paris en avril 1995, en visite privée, puis par celle de votre ministre des Affaires étrangères, M. Kadirgamar en janvier 1996, avec lequel j’ai pu m’entretenir.
Le secrétaire d’État à la Francophonie, Mme Margie Sudre, s’est pour sa part rendue au Sri Lanka en mai 1996. Cette année même, plusieurs autres ministres de votre gouvernement sont venus en France.
Ce renforcement des échanges n’est pas fortuit. Il est le fruit d’une volonté commune de développer nos relations sur la base de valeurs partagées et d’intérêts communs.
Madame le Président, vous connaissez notre attachement à la paix.
Vous savez combien vos initiatives en faveur d’un règlement négocié et durable du conflit interne à votre pays vous ont valu l’admiration de la communauté internationale, la nôtre et celle de nos partenaires de l’Union européenne.
Nous vous soutenons dans la recherche d’une solution politique et vous encourageons à tout mettre en œuvre pour y parvenir et faire taire les armes.
Nous avons dénoncé les attentats qui ont causé tant de victimes, et les massacres répétés contre des populations désarmées.
La présence d’organisations non gouvernementales réputées constitue pour ces populations un soutien précieux qui complète l’effort consenti depuis de longues années par votre gouvernement, en liaison avec les organisations du système de l’ONU, pour assurer, partout, le droit à la sécurité alimentaire et à la santé.
Vous êtes convaincue, comme nous, que la vigueur des institutions démocratiques constitue un instrument irremplaçable pour la protection des droits fondamentaux de la personne.
À cet égard, permettez-moi d’exprimer notre appréciation des mesures prises ces derniers mois par votre gouvernement pour créer une commission nationale des Droits de l’homme et pour adhérer au protocole optionnel au pacte international sur les droits civils et politiques. Vous avez tout notre soutien pour poursuivre dans ce cens.
Pour faire face à la mondialisation des économies que nous subissons tous, vous avez choisi de poursuivre une politique de libéralisation de l’économie qui a déjà porté ses fruits.
En même temps vous consolidez l’aide aux plus démunis et l’ensemble des acquis qui font du Sri Lanka un modèle en matière d’alphabétisation, d’accès à la santé et à l’éducation.
Ces objectifs ont reçu le soutien renouvelé des pays donneurs d’aide lors de la réunion du consortium le 18 novembre à Paris.
En politique étrangère, nous partageons les mêmes valeurs et nous avons le plus souvent des approches concordantes.
Les mérites de votre diplomatie ont d’ailleurs souvent été reconnus au sein de l’ONU où vous exercez des responsabilités importantes, tel est notamment le cas pour la Commission du désarmement, ou encore le Conseil économique et social où vous venez d’être élus brillamment.
Nous sommes attentifs aux activités que vous déployez dans le cadre régional.
Vos visites en Chine, au Japon et en Corée du Sud cette année ont confirmé votre intérêt pour votre environnement asiatique, que nous partageons en tant que partenaire.
Votre coopération au sein des pays de la SAARC (Association régionale de Coopération en Asie du Sud) vous laisse espérer à terme la création d’une zone de libre-échange.
Le développement de la coopération entre la SAARC et l’Europe, qui s’est elle-même créée pour abolir les vieux antagonismes, nous semble porteuse d’avenir.
Votre autre pôle de développement naturel, à savoir l’océan Indien, ne nous est pas non plus étranger, pour des raisons géographiques évidentes, – nous sommes nous-mêmes avec La Réunion et Mayotte un pays riverain de l’océan Indien –, et nous suivons avec intérêt les différentes initiatives dans la zone, notamment la mise en place de « l’Indian Ocean Rim » (Organisation des États riverains de l’océan Indien).
Notre coopération bilatérale, déjà ancienne, est appelée à évoluer vers des formes plus diversifiées de partenariat.
Le partenariat réalisé avec l’Union européenne a, à cet égard, valeur d’exemple.
L’accord de coopération initial entre le Sri Lanka et l’Union européenne, centré sur les projets de développement traditionnel, a fait place en 1995 à un nouvel accord qui privilégie les actions de coopération économique, dans une vision renouvelée des échanges.
Notre aide économique bilatérale, d’un volume de 1,2 milliard de francs sur les 15 dernières années, a contribué au développement des infrastructures du Sri Lanka, en particulier dans le domaine des télécommunications et de la gestion de l’eau.
Le protocole financier qui sera signé en décembre permettra de nouvelles réalisations notamment dans les télécommunications, le contrôle aérien et le secteur hydraulique.
Les entreprises françaises ont tardé à investir au Sri Lanka.
Mais aujourd’hui, vos contacts vous l’ont amplement démontré, des entreprises de taille internationale manifestent un intérêt marqué pour des investissements directs dans le pays, liés ou non au processus de privatisation.
Notre coopération culturelle repose actuellement sur des instruments peu nombreux mais efficaces.
L’émission de télévision « Bonsoir », réalisée et produite par une équipe rattachée à l’ambassade, et diffusée à la télévision sri-lankaise depuis 11 ans, constitue un modèle de coopération audiovisuelle.
L’Alliance française, où vous-même avez entrepris l’apprentissage du français, bénéficie d’une réputation flatteuse et d’une importante fréquentation. Nous entendons ouvrir de nouvelles voies de diffusion de la culture française, comme la distribution du cinéma qui devrait être effective dès 1997.
Au-delà, notre coopération doit ouvrir de nouvelles pistes, avec des acteurs variés, hôpitaux, fondations d’entreprises, organisations non gouvernementales déjà actives dans le développement et l’action humanitaire.
Il faut pour cela de l’imagination, du courage et de la détermination, pour faire fructifier le capital de sympathie qui existe entre nos deux peuples, et que vous incarnez si admirablement, Madame le Président.
C’est dans cet esprit que je suis heureux de lever mon verre au Sri Lanka et à l’amitié entre nos deux peuples.