Interview de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, dans "Le Parisien" le 19 mars 1998, sur le Salon du livre et sur les relations entre la lecture et internet.

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Circonstance : Inauguration du 18ème salon du livre, Paris le 19 mars 1998.

Média : Le Parisien

Texte intégral

Le Parisien : Pendant deux jours, demain et samedi, le Salon du livre va avoir lieu en même temps que la Fête de l’Internet. Drôle de coïncidence… L’objet livre n’est-il pas menacé par cet immense réseau ?

Catherine Trautmann : Aujourd’hui, on doit pouvoir faciliter l’accès à Internet tout en soutenant la lecture du livre, même si le budget temps n’est pas forcément très extensible. Il ne faut pas les rendre incompatible. C’est pour cela que le ministère de la culture a souhaité participer à la Fête de l’Internet alors que le Salon du livre est un rendez-vous très important pour nous. Sur notre stand du salon, il y a à la fois notre site Internet – fréquenté par sept millions de contacts par mois – et des éditions classiques… Ce n’est pas contradictoire. Il faut savoir lire pour utiliser les nouvelles technologies.

Le Parisien : La télévision ne consacre aux livres que des émissions bien tardives… Vous les regardez ?

Catherine Trautmann : Quand je le peux, oui. Donc assez rarement étant donné mon emploi du temps.

Le Parisien : À quand, sur l’une des chaînes du service public, une grande émission littéraire non tardive ?

Catherine Trautmann : Nous avons besoin d’une plus grande présence des différentes disciplines culturelles à la télévision, en particulier du livre. Le débat est ouvert sur cette place. Cela fait partie des points que je souhaite aborder.

Le Parisien : Comment expliquez-vous que les prochains Molières soient relégués après 22 h 15 sur France 2 ?

Catherine Trautmann : Le pari pris, avec cette programmation, c’est que cette retransmission pourrait réunir un plus large public à 22 h 15. C’est un choix. Il faut vérifier s’il est valable ou pas, s’il est viable. Je ne peux pas anticiper sur le constat. Mais je vais suivre avec beaucoup d’intérêt la façon dont cette émission, à cet horaire-là, aura été regardée.

Le Parisien : Vous avez laissé entendre, hier, à l’issue du conseil des ministres, que vous alliez cesser d’être porte-parole du Gouvernement pour vous consacrer entièrement à votre ministère de la culture. Quelle est la vraie raison ?

Catherine Trautmann : La vraie raison, c’est que je considère qu’au moment où j’aborde de façon plus intensive le débat sur la loi audiovisuelle, il est bon que je sois vraiment dans ma compétence ministérielle, qu’il est bon de ne pas confondre les genres. C’est plus clair. Et c’est moi qui l’ai demandé.