Déclaration de M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au commerce extérieur, sur le succès des opérations d'appui au commerce extérieur dans le cadre de l'association "Partenariat France", Paris le 19 décembre 1996.

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Intervenant(s) : 
  • Yves Galland - Ministre délégué aux finances et au commerce extérieur

Circonstance : Remise des prix annuels de l'association "Partenariat-France" à Paris le 19 décembre 1996

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

Qu’y a-t-il de commun entre deux petites PME du Sud-Ouest, employant chacune 11 personnes, Yonowat dans les logiciels et Armar dans la chaudronnerie, qui ont de bons produits à exporter mais ne savent pas trop comment faire, et deux groupes français comme Total et la Lyonnaise des eaux, présents depuis longtemps sur les marchés extérieurs et rompus aux pratiques de l’exportation ?

Quelles auraient été les chances pour Rémy Électronique, une PME de Seine-Saint-Denis, réalisant 10 MF de chiffre d’affaires, d’entrer en contact avec un client potentiel comme Volkswagen, si elle n’avait pas bénéficié d’une homologation par Peugeot et surtout de l’appui à l’export d’un grand groupe comme Aérospatiale ?

TGD Consolidations, PME havraise, aurait-elle pu s’installer si facilement au Brésil et surmonter les nombreux obstacles du marché local si Carrefour ne l’avait pas accueillie et judicieusement conseillée ?

Autrement dit, comment peut-on passer du discours volontariste sur l’exportation à la mise en œuvre concrète d’un projet export par une PME ?

La réponse la plus simple, celle qui marche le mieux, est apportée par le partenariat à l’exportation, qui va permettre au grand groupe et à la PME de se rencontrer et d’élaborer un projet grâce auquel le grand groupe mettra à la disposition de la PME son expérience et ses moyens sur les marchés étrangers.

Tel est précisément l’objet de l’association « Partenariat France », fondée à mon initiative en mai dernier, qui décerne aujourd’hui ses premiers prix annuels.

Les quatre partenariats qui viennent de vous être présentés illustrent de façon exemplaire la démarche de l’équipe de « Partenariat-France ».

Hébergement d’un cadre ou d’un CSNE, conseil juridique, certification technique, présentation à des clients potentiels, voilà quelques-unes des applications concrètes du partenariat sans bien sûr, que cette liste soit exhaustive.

Ces prestations « à la carte », librement négociées entre les partenaires, sont autant de réponses qui permettent de surmonter les obstacles rencontrés par les PME : absence de service export structuré, difficulté à nouer des contacts commerciaux en raison notamment des différences linguistiques ou culturelles, méconnaissance des règles juridiques et des normes locales, réticences à recourir aux conseils extérieurs... tout cela fait que bien souvent le patron d’une PME risque de renoncer à un projet d’exportation, devant l’importance des moyens financiers et humains à y consacrer.

Bien sûr, « Partenariat-France » n’aurait pas été possible sans le volontarisme des grands groupes adhérents de l’association, dont beaucoup sont ici représentés par leurs présidents directeurs généraux, dont je suis heureux de saluer l’engagement personnel et la disponibilité en faveur du développement international de nos petites et moyennes entreprises.

Que nous disent ces grands chefs d’entreprises ?

Pour Thierry Desmarest, président-directeur général de Total : « Là où nous avons déjà des implantations qui tournent, l’idée est de raccourcir le chemin pour les PME afin de leur permettre de trouver rapidement leurs marques à l’export ».

Daniel Bernard, président-directeur général de Carrefour souligne : « Je pense qu’une entreprise comme Carrefour a un grand rôle à jouer pour faire connaître à l’étranger le style de vie à la française et que la France, pour en profiter, doit exporter ses produits, ses entreprises et former ses jeunes. Plus il y aura de français et d’entreprises françaises à l’étranger et mieux la France se portera ».

Le président Jérôme Monod, au nom de la Lyonnaise des eaux, met en relief le rôle des PME dans la création d’emplois : « Il faut aider les jeunes à entrer dans la vie professionnelle ; les entreprises petites sont souvent de jeunes entreprises et il faut aussi les aider à prendre leurs marques dans le monde : tout cela, nous pouvons le faire, et par conséquent nous le faisons ! ».

Enfin, Je citerai Yves Michot, président-directeur général de l’Aérospatiale : « Nous sommes toujours un petit peu désolés de voir que des petites sociétés qui ont beaucoup de savoir-faire, beaucoup de capacités, n’ont pas le volume suffisant pour l’exportation, sont incapables d’exploiter leur potentiel, alors que nous-mêmes, avec toute notre implantation mondiale, nous avons cette possibilité de les aider d’une manière très ponctuelle mais très utile pour elles ».

Comme le souligne le président de la République à chacun de ses voyages, l’exportation et le développement international de nos PME sont au cœur de la diplomatie économique de notre pays. L’association Partenariat-France se situe à la rencontre de ces deux priorités.

Chacun ici mesure l’importance des enjeux :

Du point de vue de notre commerce extérieur, les 150 premiers groupes français réalisent à eux seuls la moitié de nos exportations, les 3/4 des 150 000 entreprises exportatrices sont constituées de PME qui ne réalisent que 3 % des exportations nationales.

Sait-on également que si les PME françaises apportaient la même contribution, en proportion, aux exportations nationales que les PME allemandes, cela nous vaudrait près de 145 milliards de francs d’exportations supplémentaires ?

Encore trop concentré sur les grandes entreprises, le tissu exportateur français l’est également au plan sectoriel et géographique : ainsi, les pays d’Asie et d’Océanie ne comptent que pour environ 9 à 10 % de nos exportations alors qu’ils regroupent 55 % de la population mondiale.

L’enjeu est aussi important en termes d’emplois, surtout parce que les principaux gisements d’emplois sont situés dans nos PME ; on a pu ainsi calculer que 5 % d’exportations en plus représenteraient 250 000 emplois supplémentaires.

Face à ces enjeux, j’ai décidé de rendre plus cohérentes et plus accessibles les procédures et les aides publiques.

J’ai engagé une réforme des organismes d’appui au commerce extérieur, avec la création d’un groupement d’intérêt public qui regroupera d’une part le nouvel ensemble constitué au 1er janvier 1997 par l’ACTIM et le CFME, et d’autre part, le CFCE.

J’ai, d’autre part décidé la création au sein de la DREE d’une sous-direction spécifique qui s’occupe désormais uniquement des PME ; de plus, dans chaque poste d’expansion économique à l’étranger, un correspondant spécialisé a été désigné pour traiter leurs problèmes.

Sur le plan des procédures, outre un meilleur accès des PME aux protocoles financiers, le plafond de l’assurance prospection a été relevé de 1 à 1,5 million de francs.

Parmi les initiatives concrètes les plus attendues des petites et moyennes entreprises figure le « guichet unique » où je souhaite qu’elles puissent désormais s’adresser, au plan départemental, dans une seule chambre de commerce et d’industrie, pour toutes leurs demandes d’aide ou d’information.

Après avoir fait exploiter les réponses à un questionnaire envoyé à 20 000 PME, j’ai engagé une vaste concertation avec les différents partenaires français du commerce extérieur en France et à l’étranger pour définir le dispositif le plus approprié ; ce travail aboutira début 1997.

Enfin, dans la suite des propositions contenues dans le rapport très complet qu’a remis au premier ministre M. Nicolas Forissier, député de l’Indre, que je suis heureux de saluer, j’indique d’ores et déjà que je vais adapter la procédure du CODEX pour qu’elle bénéficie aux plus petites des PME.

Mesdames et messieurs, à travers ces exemples transparaît l’élan qui est celui de l’association « Partenariat-France », dont je suis sûr qu’il va encore s’amplifier en 1997 ; dès maintenant, j’invite de nouveaux groupes à la rejoindre, de façon à porter au moins de 50 à 60, l’effectif des adhérents, et je sais que plusieurs dirigeants de groupes qui ne sont pas actuellement adhérents nous apportent aujourd’hui l’encouragement de leur présence.

Surtout, j’ai pour l’équipe de Partenariat-France une grande ambition : être « l’Équipe de France » qui fera gagner nos PME sur les marchés extérieurs, et pour cela, je lui fixe comme objectif de réussir au moins 100 partenariats en 1997.

Partenariat-France est l’initiative symbolique et forte de notre volonté d’aider nos PME et de les engager sur la voie de l’internationalisation facilitée et réussie.

Merci d’avoir relevé ce défi auquel je vous avais convié ; ainsi, vous contribuerez à l’amélioration de la croissance, à la création d’emplois et à la présence de la France dans le monde.

Nous pouvons gagner ! Nous avons la capacité, si nous en prenons les moyens, d’augmenter nos excédents de 70 milliards de francs et de créer 250 000 emplois.

Ici, aujourd’hui, vous apportez la démonstration qu’au-delà de notre réputation d’individualisme, nous savons faire preuve de solidarité quand l’essentiel est en jeu.

C’est dans cet esprit très offensif que j’invite maintenant le président Chevalier à nous faire part des choix du jury.