Texte intégral
L'Humanité : Quel usage entendez-vous faire des matériaux ainsi accumulés ?
Michel Deschamps : Nous allons travailler, approfondir, pour la réflexion. Tous ces éléments vont être communiqués aux enseignants, qu'ils soient syndiqués ou non à la FSU. Nous entendons organiser des réunions pour porter ces éléments en discussion. Plus généralement, nous entendons les verser dans le grand débat national dont le questionnaire et le sondage montrent que les gens sont demandeurs. Il est évident que nous entendons aussi les porter à la connaissance des pouvoirs publics. Le message transmis constitue en effet un désaveu de la rupture gouvernementale avec la priorité à l'éducation. L'opinion veut davantage de postes d'enseignants, l'abaissement des effectifs dans les classes, une réelle gratuité.
L'Humanité : Qu'est-ce qui vous a le plus frappé dans les résultats de cette enquête ?
Michel Deschamps : C'est la clarté et la force du message. Un message dont on ne saurait dissocier les différentes entrées. Il est significatif qu'au moment où l'on engage des restrictions budgétaires, un tel consensus se réalise sur la priorité à accorder à ce secteur. Si je n'ai pas été surpris par la force de rattachement des Français à l'école, je n'excluais pas que la crise l'ait quelque peu effritée. Or, on constate que cet attachement est grandissant. Comment, encore, les enseignants n'enregistreraient-ils pas avec satisfaction le fait que les parents, et plus généralement l'opinion publique, apprécient positivement leur travail ? Mais ces constats n'ont de sens que si l'on s'en empare pour que l'école accélère ses évolutions, s'attaque à ses dysfonctionnements, procède aux changements nécessaires.
L'Humanité : Vous ne concluez donc pas à la nécessité du statu quo ?
Michel Deschamps : Surtout pas. Lorsqu'il y a problème au niveau de l'orientation, de la préparation au niveau de l'orientation, de la préparation aux métiers, il y a des questions à travailler. Je crois que nos collègues y sont prêts. Lorsqu'on constate qu'ils sont plus sévères sur leur travail que les parents ou les jeunes eux-mêmes, cela est porteur de solutions et de progrès. Je suis donc persuadé qu'ils ne percevront pas ces résultats comme un chèque en blanc, mais comme un encouragement à faire bouger les choses.