Texte intégral
France-soir : Vous lancez un débat mais vous avez déjà une idée des thèmes qui seront abordés ?
Claude Goasguen : On ne peut pas demander aux profs d’être des kamikazes et il ne faudra pas éviter des mesures révolutionnaires. La violence qui a explosé ces dernières années dans les établissements scolaires a prouvé que le système éducatif était en train de craquer. La tolérance zéro y sera de mise et, quand les élèves dégraderont le matériel ou se révéleront violents à l’égard des enseignants, nous engagerons la responsabilité civile, voire pénale, des parents comme le fait Tony Blair en Grande-Bretagne. Il faut aussi en finir avec cette loi du silence.
France-soir : Comment faire ?
Claude Goasguen : Il n’y aura pas de politique sans évaluation régulière et publique des établissements. Pour les profs, il faudra davantage privilégier le mérite et le travail. Chaque chef d’établissement, après discussion, devrait pouvoir faire appel aux enseignants dont son établissement a besoin. Nous avons besoin d’enseignants à profit, nous devons imaginer un autre système que la soi-disant égalité d’aujourd’hui. Vous savez, on n’a pas besoin de profs agrégés de grec à Vénissieux mais plutôt d’aides éducateurs musclés et, s’il le faut, de portiques de sécurité pour désarmer les élèves et une meilleure collaboration avec la police.
France-soir : Et vous jetez les délinquants à la rue, ce sera pire…
Claude Goasguen : Les élèves insupportables doivent être virés et je suis favorable à la création d’établissements spécialisés pour s’occuper d’eux, comme ça se fait en Ecosse actuellement.
France-soir : Allègre a subi les foudres des syndicats pour moins que ça…
Claude Goasguen : On associera les enseignants à la réforme. On ne fera rien contre eux. Et, si ce n’est pas possible, je suis favorable à ce qu’on organise un référendum sur le sujet.
France-soir : Voulez-vous toujours supprimer la carte scolaire ?
Claude Goasguen : La carte scolaire, c’est l’illustration d’un système géré d’en haut qui s’oppose au libre choix des familles. C’est surtout un secret de Polichinelle que seuls savent utiliser les initiés, les mieux informés et les plus favorisés. On ne la changera pas d’un coup de baguette magique, mais il faut l’assouplir. Je suis d’accord pour aider davantage les établissements les plus défavorisés. Il ne faut pas lésiner sur les moyens quand la difficulté est la plus grande.
France-soir : C’est ce qui se fait avec les ZEP…
Claude Goasguen : Oui, mais les ZEP, c’est une goutte d’eau par rapport au budget de l’Education nationale. Nous, on ne veut pas dépenser moins, on veut dépenser mieux. L’égalitarisme républicain du système éducatif contribue en réalité à l’inégalité des chances et à une plus grande injustice.
France-soir : L’école n’assure plus la mobilité sociale, c’est grave.