Déclaration de M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au commerce extérieur, sur l'évolution des échanges commerciaux sur le 1er semestre notamment l'excédent de la balance commerciale, et les premiers résultats du club "Partenariat France", Paris le 30 août 1996.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Yves Galland - ministre délégué aux finances et au commerce extérieur

Texte intégral

J'avais commenté devant vous le 23 février 1996 les chiffres du commerce extérieur pour l'année 1995. Je voudrais, ce matin, vous donner le chiffre du mois de juin et commenter les évolutions fortes de notre commerce extérieur sur les 6 premiers mois de l'année

Au mois de juin, l'excédent s'est élevé à 9,7 MdF contre 8,5 MdF en juin 1995, avec un nombre d'Airbus identique, 11.

Sur la base des 6 premiers mois 1996 comparés au premier semestre 1995, l'excédent s'élève à 53,3 MdF contre 52,9 MdF en 1995 (soit + 0,4 MdF).

C'est un résultat tout à fait satisfaisant, à plusieurs titres :

D'abord cette amélioration est obtenue en dépit du fait que le décalage conjoncturel important entre la France et l'étranger de 1995 s'est beaucoup amenuisé.

Il sera même pratiquement neutre. En 1996, la conjoncture française devrait être en phase avec la moyenne de ses partenaires et le décalage conjoncturel ne joue plus. On peut même remarquer une croissance notable de la consommation des ménages en produits manufacturés plus importante que dans le reste de l'Europe

Ainsi la persistance de notre excédent commercial malgré la fin du décalage conjoncturel (qui s'est traduit par une forte décélération de la demande adressée à la France) atteste bien du caractère sain et robuste de notre excédent

Je voudrais aussi d'ores et déjà attirer votre attention sur une série de chiffres extrêmement importante pour montrer le dynamisme de notre économie

Ces chiffres sont la moyenne mensuelle des biens d'équipement professionnel importés par les entreprises Nous sommes passés de 25,3 MdF en 1994 à 27,6 MdF en 1995 puis à 28,8 MdF au 1er trimestre 1996 et à 28,5 MdF au deuxième. Ce n'est donc pas la chute de nos importations qui gonflent l'excédent comme cela a été dit, à tort, lorsque j'ai annoncé les résultats 1995 du commerce extérieur.

Nos entreprises investissent et important beaucoup elles exportent plus encore, voilà la vérité, je la répéterai inlassablement.

Le commerce extérieur reste donc la composante la plus dynamique de l'activité. Notre exportation est facteur de croissance, je le souligne et je m'en réjouis. Tous nos efforts sont faits pour que cette situation dure et progresse encore.

Deuxième motif de satisfaction, la France se met à regagner des parts de marché. Nous regagnons en 1996 des parts de marché en volume sur les biens manufacturés (à hauteur de 0,6 point sur le 1er semestre, après-une année 1995 qui avait été moins satisfaisante).

Cette reprise des gains de parts de marché est essentiellement imputable à deux séries de facteurs l'effort fait par les exportateurs sur leurs marges et l'appréciation continue depuis avril 1995 des monnaies faibles de l'Union européenne (Lire, Livre, Peseta). En termes de compétitivité, les dévaluations enregistrées en 1992 et 1993 n'ont toutefois pas été entièrement résorbées au cours du premier semestre 1996 puisque la Lire par exemple garde un avantage de l'ordre de 10 % à 15 % par rapport à 1992.

Enfin, je note que ce résultat est enregistré alors que notre déficit énergétique augmente de 5,5 MdF, en raison principalement d'un prix du baril de pétrole qui a augmenté en moyenne de deux dollars à plus de 19 dollars. C'est un élément d'encouragement supplémentaire.

Je vais maintenant, après ces considérations économiques générales, faire un commentaire sectoriel, puis géographique.

En termes sectoriels, les points marquants sont les suivants :

– l'agro-alimentaire affiche de bons résultats : 26,4 MdF contre 25,8 MdF sous l'impact d'une plus faible diminution des exportations (– 1,1 %) que des importations (– 2,3 %), évolution dans laquelle la crise de la vache folle a évidemment eu sa part

Le solde de l'industrie civile progresse légèrement entre le premier semestre 1996 et le premier semestre 1995 de 30,3 MdF à 31,4 MdF.

Le solde des biens d'équipement professionnel dont j'ai déjà parlé tout à l'heure se dégrade de 8,8 MdF (24,2 MdF contre 33 MdF) sous l'effet d'une augmentation plus forte des impôts (+ 6,2 %) que des exports (+ 0,6 %), ce qui témoigne de la reprise de l'investissement dans notre pays (+ 2,5 % en glissement 1996 contre + 0,9 % en 1995). Ce point mérite d'être particulièrement noté

Enfin, il convient d'analyser l'évolution du solde industriel en isolant l'impact des livraisons d'AIRBUS. Elles avaient été particulièrement élevées au premier semestre 1995 avec 77 appareils livrés pour 30,5 MdF. Pour le premier semestre 1996, elles atteignent 48 unités pour 18,3 MdF. Cette divergence importante infléchit les résultats, qui demeurent bien orientés hors AIRBUS ainsi, les exportations d'équipement professionnel croissent de 8,2 % hors AIRBUS (contre + 0,6 % y compris) et les exportations de l'ensemble de l'industrie civile de + 2,9 % (contre + 0,6 %).

J'en arrive maintenant à une analyse géographique de notre commerce extérieur

Je remarque principalement l'inversion de tendance sur l'OCDE expliquée par l'amélioration forte sur l'Union européenne

La France améliore en effet ses résultats sur l'ensemble des pays développés + 4,1 MdF sur l'OCDE contre – 5,6 MdF au premier semestre en 1995 et + 15,4 MdF sur l'Union européenne contre 9,7 MdF sur la période correspondante. L'amélioration est importante sur la RFA (+ 5,9 MdF) et l'Espagne (+ 1,2 MdF), alors que l'excédent reste fort sur le Royaume-Uni (11,1 MdF). Le solde se dégrade toutefois vis-à-vis de l'Italie (– 4,8 MdF contre – 1,1 MdF au premier semestre 1995).

Les résultats s'améliorent à destination de l'Europe centrale et orientale (déficit de – 0,9 MdF contre – 2,3 MdF) sous l'effet d'une vive hausse des exports (+ 29,3 % contre + 18,3 % pour les impôts) et marquent le rattrapage relatif sur cette zone de nos exportateurs vis-à-vis de leurs concurrents allemands et italiens.

En revanche, on assiste à une évolution non satisfaisante de nos performances sur les pays d'Asie en développement rapide les exportations chutent de 12,4 % et les importations croissent de + 9,8 %, ce qui ramène le solde de + 7,1 MdF à – 2 MdF. Les moindres livraisons d'AIRBUS expliquent pratiquement à elles seules ce résultat (25 unités exportées sur l'Asie hors Japon pour 12 MdF au premier semestre 1995 contre 19 unités pour 8,4 MdF au cours du premier semestre 1996), il n'en est pas moins inquiétant que nos performances globales se situent en retrait sur une zone où le décalage conjoncturel nous est très favorable (ces pays croissent en moyenne de 7 % ou 8 % l'an). Ceci doit nous conduire à accroître nos efforts sur cette zone.

Voilà le commentaire que je souhaitais faire sur l'évolution de notre commerce extérieur sur les 6 premiers mois.

Au vu de ces chiffres, nous pouvons espérer avoir un excédent 1996 record, comme je le croyais possible au mois de février dernier lorsque je vous disais que nous essayions « de tout faire pour que notre excédent soit du même ordre ou, mieux encore, supérieur en 1996 à ce qu'il était en 1995, plus de 100 MdF ».

Quatre séries d'arguments peuvent être mis en avant pour étayer ce pronostic.

C'est d'abord la diversité et la qualité de notre offre française, absolument remarquable dans des domaines comme le transport, l'énergie, les télécommunications, l'espace, l'environnement ou l'agro-alimentaire. Nos entreprises sont parmi les meilleures mondiales et sont tout à fait aptes à satisfaire la demande internationale. Mes voyages à l'étranger me permettent de vous le dire et je ne pense pas être contredit par les statistiques puisque les grands contrats de biens d'équipement signés au cours des six premiers mois de l'année 1996 ont atteint un montant de 64 MdF, dont 60 MdF hors matériel militaire ce qui est un montant très supérieur à celui enregistré au 1er semestre 1995.

Mon deuxième signe positif pour l'avenir, ce sont les perspectives de comptabilisation d'un certain nombre de marchés importants, conclus il y a un certain temps, dans notre balance commerciale au 2e semestre. Je vous en donne un exemple avec Airbus. On peut attendre 46 Airbus au second semestre, disons une petite cinquantaine, contre 30 entre juillet et décembre 1995

Enfin, troisième signal positif pour notre commerce extérieur, c'est l'engagement personnel du chef de l'État dans nombre d'affaires conclues ou en cours de négociation à l'étranger. Il en a parlé le 14 juillet. C'est un élément absolument fondamental qui est complété par l'action réformatrice du Gouvernement.

Quatrième élément de confiance pour l'avenir. L'efficacité des réformes en faveur du commerce extérieur qui se mettent en oeuvre progressivement.

Ces réformes sont, pour chacune d'entre elles engagées.

C'est d'abord l'accent mis sur l'exportation des PME qui est une priorité pour le Gouvernement. L'accès des PME à nos procédures d'appui au commerce extérieur va être grandement amélioré. D'abord en créant une sous-direction chargée des PME-PM1 à la DREE. Cette réforme est en cours. En second lieu, un responsable PME est en train d'être désigné dans chaque poste d'expansion économique. Troisième initiative, sur la base d'un questionnaire envoyé à 20 000 entreprises, je vais connaître précisément leurs besoins et leurs souhaits pour adapter notre dispositif dans les régions et créer le véritable guichet unique export à partir des compétences des CCI, des directions régionales du commerce extérieur et des régions. En novembre, une vraie concertation sur la base des demandes ainsi analysées sera organisée pour mettre en oeuvre les complémentarités entre tous les acteurs et aboutir à un dispositif plus simple et plus accessible pour les PME en début de l'année prochaine

Enfin, l'association Partenariat France fonctionne et travaille déjà sur de nombreux dossiers. Je réunirai son comité de direction le 7 octobre prochain et je présenterai avant la fin de l'année les premiers résultats concrets du portage par les grands groupes des PME à l'export.

Comme vous le savez, les pays d'action prioritaire ont été désignés – je me rends d'ailleurs dans deux d'entre eux à la fin du mois et le mois prochain, le Brésil et la Corée, avant d'aller au Chili et en Argentine – et le redéploiement du réseau est en cours d'application.

Enfin, la fusion des organismes d'appui au commerce extérieur est, comme l'a d'ailleurs confirmé le Premier ministre devant les conseillers financiers et commerciaux réunis à Bercy fin juillet, sur les rails. Le comité de pilotage va se réunir le 5 septembre et je recevrai moi-même les organisations syndicales du ministère et des trois organismes le 17 septembre prochain.

Voilà l'état d'avancement des réformes décidées, qui se mettent en oeuvre et qui constituent un point d'application, au service de nos entreprises et de leurs salariés, de la volonté réformatrice du Gouvernement.