Texte intégral
Quelque chose se passe : le mot « mondialisation » était devenu synonyme de fatalité ou d’inaccessible, ce qui revient au même. Or, la mobilisation qui s’étend à l’égard de l’OMC, le mouvement paysan et « la mal-bouffe », celui des cinéastes, la manifestation de nombreuses forces démocratiques du 16 octobre, puis du 11 décembre à venir, montrent que sans tomber dans la nationalisme ni même penser se protéger par un repli hexagonal, des hommes et des femmes, des associations, des mouvements, des clubs, des syndicats, des partis politiques - en tout cas très clairement le Parti communiste - refusent la globalisation capitaliste.
Plusieurs faits sont à la source de ce nouvel état d’esprit: on mesure mieux que le vocable de « mondialisation » a longtemps caché, non pas une réalité d’internationalisation des connaissances et de productions mais une organisation du capitalisme financier. La direction de Michelin valorisant les revenus des actions au détriment du travail a démontré que ce que la pensée unique nous a si souvent présenté comme des « contraintes internationales » prenait en vérité sa source à l’intérieur des frontières de chaque pays. Dès lors, cela change tout : les mouvements sociaux et les débats politiques peuvent espérer avoir prise sur le cours de la mondialisation. On a vu récemment une multinationale américaine qui avait mis au point des graines non reproductibles, pour obliger les agriculteurs à se réapprovisionner sans cesse chez elle, abandonner ce projet sous la pression de l’opinion. Ainsi,la politique de emploi, le niveau des salaires ou des retraites, le financement des services publics, dépendent bien de savoir si la priorité est au développement de la société, de l’économie réelle ou à celui ce cette bulle financière qui gonfle artificiellement profits et fortunes. Bien évidement, l’existence de productions et d’échanges au niveau de la planète pose la question de leur organisation et de négociations à l’échelle de celle-ci. Mais tout progrès social, toute garantie obtenue par le monde du travail modifie le paysage dans lequel se déroulent ces négociations. Chacun de ces acquis ou chaque mouvement social encourage les autres peuples à considéré qu’il n’y a pas de fatalité. On a vu ainsi des agriculteurs américains se cotiser pour payer la caution de José Bové après l’action symbolique contre Mc Donald. Et chacun de ces acquis ou chaque mouvement met le Gouvernement français en situation de résister et de parler avec davantage d’autorité lors de ces négociations internationales. Refuser la globalisation sauvage du capitalisme est donc du domaine du possible et nous renvoie aux grands débats politiques. Au moment où ce qu'on appelle la mondialisation génère des pouvoirs si loin des citoyens, le contre-sommet de Seattle, la manifestation du 27 novembre contribuent concrètement à l’exercice de la démocratie.