Texte intégral
Monsieur le président,
Monsieur le directeur,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi d’accueillir aujourd’hui le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, M. Jean Kahn, à l’occasion de la signature d’une convention entre le Comité national français et le Fonds d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles.
Cette convention, vous le savez tous, est placée sous le signe de l’année européenne de lutte contre le racisme qui a été officiellement lancée les 30 et 31 janvier 1997 à La Haye lors d’une conférence européenne.
À cette occasion, je le souligne, sa modestie dût-elle en souffrir, il a été rendu hommage au travail de Jean Kahn, à ses mérites moraux et intellectuels que nous connaissons bien et dont il fait également preuve à la tête de la commission consultative « racisme et xénophobie » de l’Union européenne.
À travers cette année européenne, les institutions européennes expriment une nouvelle fois leur engagement de toujours contre le racisme et la xénophobie, et leur attachement aux valeurs fondamentales de la démocratie européenne.
Néanmoins, c’est la première fois que des actions concrètes sont ainsi entreprises en partenariat avec les États membres.
Cette opération de grande envergure doit permettre que soient échangés des expériences, des pratiques et des savoir-faire de manière à mieux lutter, concrètement et dans chaque État, contre le racisme, mais de manière aussi à lutter contre les nouvelles formes de racisme qui, telle la diffusion de textes xénophobes sur Internet, ne relèvent plus du seul échelon national.
Plus largement, l’année européenne vise à compléter et à soutenir les efforts de tous les acteurs concernés dans les États membres et dans l’Union, en encourageant la coopération et en renforçant la visibilité des actions au niveau européen.
Le ministre que je suis, farouchement attaché aux valeurs républicaines et ennemi, comme nous tous ici, des idées racistes, ne pouvait rester insensible à cette opération.
La lutte contre le racisme et la xénophobie, le combat contre les idées de haine et d’exclusion, maintes fois dénoncées par le président de la République, font en effet partie des toutes premières priorités du gouvernement.
Et, si le ministère de l’Aménagement du territoire, de la Ville et l’Intégration, dont j’ai la charge, n’intervient pas de façon directe, comme par exemple la chancellerie, dans la lutte contre le racisme et la xénophobie, il reste que l’ensemble de son action vise à accompagner et à faciliter le processus d’intégration des personnes d’origine étrangère en évitant qu’elles soient victimes de comportements de rejet.
Ainsi, avec le Pacte de relance pour la ville, nous faisons beaucoup pour éviter toute marginalisation des étrangers et permettre une meilleure cohabitation de populations d’origine différente : les mesures prévues par le Pacte en faveur de l’accompagnement scolaire et celles visant à développer la mixité sociale dans le logement sont, à cet égard, exemplaires.
De même, les dix-huit mesures du « contrat républicain » que j’ai récemment présenté avec Éric Raoult forment un puissant levier pour combattre le racisme.
Parmi ces mesures, permettez-moi de mettre en avant le parrainage vers l’emploi qui concernera cette année deux fois plus de jeunes que par le passé et qui permet bien souvent aux jeunes d’origine immigrée de faire leur premier pas dans un processus d’intégration.
Je citerai également les dispositions contre la discrimination, telle que celle qui sévit à l’entrée des discothèques et à propos de laquelle le chef de l’État a exprimé son indignation. Sachez que la commission spécialement créée pour traiter de ces problèmes poursuit activement ses travaux.
Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, toute la politique conduite par le gouvernement vise à renforcer le « creuset français ».
Aussi, quand Jean Kahn, qui préside le Comité national de coordination désigné par le Premier ministre pour jouer le rôle de pivot dans la mise en œuvre de l’année européenne en France, a évoqué avec moi la signature d’une convention, j’ai tout naturellement accepté et j’ai demandé à la présidente du FAS, Mme Colette Codaccioni d’unir ses efforts à ceux du Comité national.
Le FAS, représenté aujourd’hui par son directeur M. Thierry Tuot, est un des principaux instruments de l’État pour favoriser le processus d’intégration. Chaque année, il finance plus de 8 000 actions menées par des associations.
Des représentants de ces associations sont présents parmi nous. À travers eux, c’est à l’ensemble des associations que je tiens à rendre hommage.
Le rôle capital qu’elles jouent en faveur de l’intégration, en œuvrant au quotidien, sur le terrain, doit être d’autant plus souligné qu’il est souvent ignoré des médias.
En informant, en sensibilisant aussi bien les populations immigrées sur leurs droits et leurs devoirs, que la société d’accueil sur la réalité de l’immigration et les risques d’un rejet injustifié, les associations apportent une contribution souvent décisive à la lutte contre le racisme.
Cette contribution mérite d’être reconnue. Je suis heureux que cela soit possible par l’attribution du label « année européenne de lutte contre le racisme » que prévoit la présente convention qui sera, j’en suis sûr, particulièrement fructueuse.
Elle inaugure en effet un partenariat renforcé, appelé à se poursuivre, entre le FAS et la Commission nationale consultative des droits de l’homme.
Toutes les énergies, toutes les bonnes volontés doivent en effet se mobiliser pour favoriser le processus d’intégration et lutter contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie.
C’est d’ailleurs l’un des mérites de cette année européenne que de mobiliser tous les acteurs, pouvoirs publics, administrations, collectivités locales, associations, et plus largement l’ensemble de la société.
Jean Kahn vous en parlera plus savamment, mais je crois savoir que plus de 700 projets ont déjà été recensés dans notre pays.
C’est le signe que tous ensemble, en dépit des luttes partisanes qui, en ces temps de campagne, sont plus vives qu’à l’accoutumée, nous pouvons unir nos efforts pour lutter contre le racisme.
Rien n’est en tout cas à mes yeux plus justifié puisqu’il y va des droits et des valeurs sur lesquels sont fondés notre démocratie et notre paix civile.