Texte intégral
Pour l'exemple ?
Ceux qui tentent, depuis dimanche, de tirer les leçons du premier tour de l'élection législative partielle de Gardanne, sont au moins d'accord sur ce point : ce qu'elle révèle de distance entre les gens et les états-majors des partis politiques est à proprement parler stupéfiant. Comment ne pas voir que les électeurs en ont marre d'être pris pour des prunes, marre des discours désincarnés – sur l'Europe par exemple – qui stigmatisent leurs angoisses comme autant de signes d'immaturité, marre des hommes providentiels qui leur expliquent tout, mais n'écoutent jamais rien ? (1)
Dans ce contexte, il est parfaitement logique qu'arrive en tête le candidat du Parti communiste (2). Non pas le pourfendeur du traité de Maastricht, même si cela a joué, mais l'homme qui vit à Gardanne, l'homme qui assume, avec humilité et constance, les responsabilités qu'on lui a confiées.
Si nous devions retenir qu'une leçon de Gardanne, c'est d'abord celle-là : sans respect de l'électeur, les hommes et femmes politiques ne sauraient les convaincre et obtenir leur estime.
Ce scrutin a-t-il valeur d'exemple ? Dessine-t-il les contours d'un « pôle de radicalité », d'une « gauche non socialiste et écologiste » ? A cette heure, nous ne le pensons pas. Ce n'est d'ailleurs pas la position des verts, qui ont choisi de travailler à la construction d'une alternative majoritaire au gouvernement actuel, pas d'arbitrer dans le combat pour le leadership à gauche que se livrent socialistes et communistes.
Disons simplement que le résultat de Gardanne pourrait ouvrir les yeux de ceux qui, au PS, observant l'implacable dégradation de la crédibilité du gouvernement, considèrent qu'il suffit d'attendre le retour du balancier de l'alternance en ne changeant surtout rien aux vieilles recettes qui ont fait leurs preuves.
Au-delà des nécessaires positions de principe – faire barrage au Front national –, c'est en proposant une alternative politique rompant avec le libéralisme, intégrant les exigences d'un développement soutenable pour les êtres humains et pour la nature, que les forces de gauche enrayent l'abstention massive, et la fuite de leur électorat ver l'extrême droite.
Les verts ont la prétention de les y aider. En partenaires responsables, mais en toute autonomie.
(1) Que cela soit clair : la personne de Bernard (nom illisible), qui a sans doute cru bien faire, n'est pas en cause, mais les mécanismes pervers qui génèrent doute, puis rejet, chez les citoyens.
(2) Les Verts locaux ont décidé de soutenir Roger Meï dès le premier tour, après avoir vérifié ses positions sur un certain nombre de dossiers locaux (pont de Barcarin, plateau de l'Arbois).