Texte intégral
J’approuve la description faite par Mme Papon du dynamisme de la Francophonie canadienne, en particulier hors du Québec. Depuis trente ans, en effet, les Acadiens du Nouveau Brunswick sont, grâce au soutien du gouvernement fédéral et de la France, une communauté active et respectée, qui a ses propres écoles et ses périodiques en français. N’oublions pas non plus les 400 000 franco-Ontariens, dont fait d’ailleurs partie le nouveau ministre canadien de la Francophonie. S’il ne m’appartient pas de porter un jugement sur les programmes de Radio-Canada, je souligne que TV5, qui couvre la totalité du territoire canadien, est captée, en dehors du Québec, par 70 % des foyers. Nous devons rendre hommage à la ténacité et à la créativité irremplaçables de nos amis canadiens et québécois, et souhaiter que tous les Français aient la même foi et la même énergie.
J’ai lu avec grand intérêt le rapport Poignant, et regrette, avec son auteur que la langue française n’occupe pas, sur les autoroutes de l’information, une place conforme à son rang. Notre pays dispose en effet d’un patrimoine culturel exceptionnel, qui devrait lui permettre d’investir le réseau internet et d’y affirmer son identité. Le serveur Nomade répertorie d’ores et déjà les 6 000 services existants en langue française, et nous avons décidé de créer, en outre, un serveur de médiation. À la conférence de Montréal, en juin, nous avons organisé des ateliers de formation pour les stagiaires des pays francophones du Sud. La constitution d’un fonds spécial pourrait servir de moteur à une coopération plus ambitieuse, mais cette question relève des États membres du mouvement francophone, dont la prochaine conférence se tiendra à Hanoï.
L’AIPLF est une institution particulièrement utile, dont il faut encourager toutes les initiatives. La réunion, à l’invitation du président Séguin, des présidents des parlements des pays francophones, fut une grande réussite, et le Gouvernement entend coopérer avec l’AIPLF, afin de donner une légitimité accrue à nos efforts communs.
L’aide à la diffusion de la presse française à l’étranger relève des services du Premier ministre, et du SJTI en particulier. Il est vrai que le fonds de soutien est passé de 31,4 à 18 millions, et c’est pourquoi la commission interministérielle chargée de définir les orientations de ce fonds a retenu pour priorités l’abaissement du prix de vente grâce à la prise en charge des frais de transport et de prospection, ainsi que la concentration de l’effort sur le Vietnam, le Cambodge et l’Extrême-Orient, qui sont la nouvelle frontière de la Francophonie.
Q. : (Sur le Sommet d’Hanoï et la Francophonie au Vietnam)
R. : Le Sommet d’Hanoï est une chance pour le France et pour la Francophonie.
Pour la France, car notre pays est malheureusement peu présent en Asie – continent dont le Président de la République a donc fait la priorité de notre diplomatie. Ce sommet sera l’occasion pour notre pays de développer ses liens culturels, économiques et politiques avec le Vietnam à un moment où celui-ci amorce avec succès son décollage économique. Pour la Francophonie, car le fait qu’un sommet se tienne pour la première fois en Asie ne peut qu’illustrer la dimension universelle de notre langue.
La France aide le Vietnam à le préparer comme elle avait aidé le Bénin et l’Île-Maurice pour les sommets précédents, mais l’action qu’elle mène au Vietnam dépasse évidemment ce seul événement : le Sommet d’Hanoï constituera le point d’orgue de multiples coopérations avec l’ancienne Indochine.
Depuis plusieurs années déjà, mais à un rythme qui maintenant s’accélère, se sont ouvertes 350 classes bilingues dans les établissements scolaires vietnamiens. Le premier lycée français a été ouvert à Saigon, un second le sera à Hanoï à la rentrée prochaine et un troisième à Hué en 1998. À ce rythme, c’est près de 3 % d’une classe de bacheliers qui sera formée en français d’ici 2002.
De nombreux programmes de formation aux métiers artistiques ont été lancés et deux librairies francophones ont ouvert à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville. L’été prochain une salle de cinéma moderne présentera la production cinématographique française.
Voilà un aperçu des actions que mène le ministère des Affaires étrangères afin de réimplanter durablement une francophonie au Vietnam. Nous ne sommes pas les seuls à agir. Je rappellerai évidemment le rôle essentiel des opérateurs francophones – l’ACCT, l’AUPELF-UREF, l’AIMF, TV5 – mais aussi celui des collectivités locales dont j’ai récemment entrepris de fédérer les actions. Le succès du Sommet d’Hanoï sera bien entendu celui du Vietnam mais également, croyez-le bien, de la langue française et de tous ceux qui la défendent.