Texte intégral
« D’abord il y a une urgence. C’est le chômage des jeunes. Il est absolument inadmissible, d’un point de vue de la justice sociale, d’admettre un chômage des jeunes qui soit deux fois supérieur à celui du reste de la population. De plus, c’est un devoir moral que nous avons de ne pas laisser des générations entrer dans l’âge adulte en étant à l’écart du travail et avec le risque de rester décalés toute leur vie par rapport au reste de la société ; Il faut donc agir fort et vite, même si cela doit bousculer un peu. Au Parti socialiste, nous réfléchissions à une procédure qui permette de donner un contrat à durée indéterminée aux 600 000 jeunes aujourd’hui au chômage, pour moitié dans le secteur public et pour l’autre dans le secteur privé. Bien sûr cela va coûter cher. Mais c’est un choix. M. Juppé dit qu’il a 75 milliards dans la poche pour baisser l’impôt sur le revenu. Ce serait un choix politique de s’en servir pour mettre 600 000 jeunes au travail.
Q. : Concrètement, comment s’y prend-on ?
R. : Côté public, il s’agit pour l’État, en son sein ou dans les collectivités locales, de recevoir en deux ans à peu près 300 000 jeunes. Côté privé, il s’agit de créer une obligation d’accueil de ces jeunes, grâce à un grand programme national d’emploi des jeunes associés à une formation interne qui, elle, devra être aidée par l’État. En moyenne pour les entreprises, cela représentera 1 % de la masse salariale, cela n’est pas rien mais c’est au niveau de l’enjeu.
Q. : Et que faire pour les moins jeunes ?
R. : Au-delà de cette action d’urgence que je viens d’évoquer et qui doit être temporaire, le chemin de l’emploi passe par trois étapes. La première : réduction du temps de travail, de façon beaucoup plus offensive que cela n’existe aujourd’hui. La deuxième : relance salariale parce qu’il n’y a pas d’emploi quand il n’y a pas de demande et qu’il n’y a pas de demande quand il n’a pas de salaire. Enfin, troisième étape : le développement du secteur des emplois de service aux personnes qui, dans notre pays, reste très sous-développé. En outre, nous sommes très frappés du sous-investissement français dans les hautes technologies. En particulier dans l’informatique. Et, là aussi, il faut être capable de relancer la mécanique au risque de voir notre pays définitivement déclassé dans les dix ans qui viennent. »