Rapport de M. Jean-Paul Magnon, membre du secrétariat national du PCF, présenté au Comité national du PCF du 20 janvier 1997, publié dans "L'Humanité" du 21, sur les "avancées" du 29ème congrès, les initiatives à prendre après le congrès, et l'organisation du travail du Comité national.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion du Comité national du PCF à Paris le 20 janvier 1997

Média : L'Humanité

Texte intégral

Le Comité national du PCF s’est réuni hier. Il a entendu un rapport présenté par Jean-Paul Magnon sur la situation politique et les initiatives à prendre après le 29e congrès, et sur l’organisation du travail du comité national, l’élection du secrétariat et la répartition des responsabilités. Une discussion générale sur le premier point s’est ensuite engagée, sous la présidence de Sylviane Ainardi le matin et de Patrick Le Hyaric le soir, au cours de laquelle ont successivement pris la parole : Henri Garino, Alain Blanchard, Jean-Claude Lefort, Gilles Bontemps, Danièle Sanchez, Nicolas Marchand, Yves Dimicoli, Bernard Calabuig, Maxime Gremetz, Jacques Perreux, Patrice Cohen-Seat, Guy Hermier, Martine Bulard et Michel Dauba. La discussion du deuxième point de l’ordre du jour a eu lieu ensuite. Sont intervenus : Richard Béninger, Joël Biard (93), Paul Boccara, Francette Lazard, Rolande Perlican, Martine Durlach, André Lajoinie, Christian Audouin, François Duteil, Sylvie Mayer, Richard Giespert, Sylvie Vassallo, Marie-George Buffet, Lucien Marest, Élisabeth Gauthier et Claude Billard. Robert Hue a ensuite tiré quelques enseignements de la discussion que nous publierons dans notre édition de mercredi. Puis le secrétariat national a été élu. Rolande Perlican a voté contre, Roland Favaro, Maxime Gremetz et Guy Hermier se sont abstenus. Un votre a également eu lieu sur l’organigramme proposé. Martine Bulard, Maxime Gremetz, Guy Hermier et Rolande Perlican se sont abstenus. À l’issue de ces deux votes, Robert Hue a prononcé une allocution.

La ténue du 29e congrès de notre parti connu un très grand retentissement politique dans le pays. Nous sommes réunis aujourd’hui pour, dans le prolongement de ce congrès, prendre des initiatives, organiser le travail de notre comité national et répartir les responsabilités.

Il ne s’agit évidemment pas d’entériner une simple répartition des tâches, mais de débattre et de décider d’un dispositif de direction qui soit à la hauteur des avancées du 29e congrès et des enjeux politiques se la prochaine période.

Les décisions du congrès sont le fruit d’un bouillonnement d’idées sans précédent dans la transparence la plus totale. Sept mois de débat, de confrontations d’idées, d’auditions pour mieux comprendre les enjeux de notre époque et travailler à la révolution de notre temps.

Le renouvellement du comité national et du bureau national constitue une avancée marquante dans le rajeunissement, la féminisation, largement soulignée par les médias.

En effet, historiquement, jamais autant de femmes n’avaient été élues à des postes de responsabilité au parti. Bien sûr, nous ne sommes pas au bout, des obstacles demeurent, mais une dynamique est enclenchée.

Les décisions que nous aurons à prendre visent à renforcer l’efficacité du comité national pour impulser des initiatives politiques faisant vivre les décisions du congrès sur tous les terrains de la riposte et du changement. Cela avec l’objectif d’être toujours mieux au service du parti pour aider efficacement à l’activité créatrice des adhérents et des cellules et le renforcer en nombre d’adhérents.

Cela suppose que nos collectifs de direction soient vraiment des collectifs avec plus d’échanges et de transparence, en favorisant l’apport diversifié de chacun et chacune, la confrontation d’idées dans la construction politique commune, l’ouverture à la société.

Chacun sent bien qu’après la formidable expérience et les formes inédites de la préparation du 29e congrès, nous avons acquis de nouvelles façons de faire dans nos pratiques de direction qui ont créé une dynamique qui appelle de nouveaux progrès.

I. – Les avancées du 29e congrès

Je voudrais commencer ce rapport en soulignant succinctement les avancées du 29e congrès.

Cela, non pour vous relire le document adopté par les congressistes, mais pour mettre en évidence les atouts qu’il constitue pour être ce parti constructif dans l’action pour se défendre et pour changer, et les responsabilités nouvelles que cela implique pour le comité national.

Le sens de notre mutation est mieux perçu dans le parti et dans la société

Une nouvelle étape a été franchie dans nos efforts de mutation pour que le Parti communiste reconquière toute sa place dans la nation afin de donner de la force aux luttes et à l’espérance d’une vie meilleure.

Robert Hue a parlé à ce propos, dans sa conclusion, d’un pas franchi sur la voie d’un nouvel âge du communisme français.

Un pas franchi à la fois pour renouer avec nos propres racines et pour mieux nous inscrire dans cette visée communiste porteuse d’émancipation humaine.

C’est en nous ressourçant dans ce qu’il y a de meilleur dans notre propre histoire, de meilleur dans nos combats et leur ancrage dans la réalité française que nous apparaissons le mieux comme les dignes continuateurs du communisme français qui a su répondre présent aux grands rendez-vous de notre histoire.

Nos choix portent la révolte d’une société qui souffre et sont au service du développement du mouvement social et de l’intervention citoyenne pour changer de politique et de société.

Ce qui confère donc un sens à notre mutation, c’est bien comme le dit la première phrase de notre document, le fait que nous vivons « un véritable changement d’époque ». Et que dans cette situation, nous avons l’ambition d’être à la hauteur des responsabilités que cela nous donne. Une ambition qui ne relève pas de l’incantation mais se traduit dans nos actes.

Il en est ainsi de notre ouverture aux autres, à leur apport à notre réflexion. Une ouverture faite d’écoute et d’enrichissement mutuel. Nous avons tous ici encore gravée dans notre mémoire – comme un grand moment de notre congrès – la formidable soirée où cinq personnalités ont dit avec leurs mots à elles, ce qu’elles attendaient du Parti communiste et comment, avec leurs yeux, elles nous voyaient.

C’est avec cette démarche d’ouverture, de créativité, de courage et d’espérance que nous retrouvons notre place aux yeux des gens dans la vie politique nationale. Une place à part entière de grand parti politique qui compte à gauche, avec lequel il faut compter.

En témoigne l’analyse des élections partielles et les sondages sur les intentions de vote qui situent le parti à 11 %, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps.

De même, les bonnes opinions en faveur du Parti communiste et de son secrétaire national sont en hausse.

D’une manière plus générale, ce qui ressort de notre 29e congrès, c’est l’image d’un PCF solidaire des souffrances de notre peuple, radicalement opposé aux choix inhumains dictés par les marchés financiers. L’image d’un PCF résolument à l’initiative contre la droite, constructif pour engranger une politique nouvelle de gauche et prêt à prendre toutes les responsabilités, à tous les niveaux, pour mettre en œuvre.

C’est dans cet objectif que nous nous proposons de faire vivre une fonction communiste nouvelle.

Cette fonction nouvelle trouve sa nécessité d’abord dans le besoin d’élargir le champ d’intervention de notre parti sur tous les terrains où les gens en ont besoin, en étant présent avec leurs luttes, porteurs de leurs exigences et du nécessaire débat sur l’avenir qu’elles appellent à construire.

Tout appelle, en effet, dans la situation actuelle à ce que notre peuple dispose d’un Parti communiste offensif, dynamique, constructif.

L’heure est à la riposte à la politique désastreuse menée par Chirac-Juppé.

Évolution de la situation politique

La situation politique est marquée par une évolution de l’opinion par rapport à la monnaie unique et par la vivacité des luttes et des aspirations sociales.

Le changement de ton de Jacques Chirac lors de ses vœux présidentiels n’est-il pas significatif de ce point de vue ? En effet, a quinze jours d’intervalle, il a troqué un discours culpabilisant et méprisant sur « le conservatisme » des Français pour un discours valorisant leur capacité à se mobiliser.

Si les mouvements dans l’opinion se repèrent vite à droite, c’est pour mieux les travailler en sa faveur. Mais il en est de si forts que la parade n’est pas facile. Il en va ainsi concernant la marche forcée à la monnaie unique.

C’est désormais incontournable : les Français veulent décider sur ce sujet – chaque sondage sur la question amène la même réponse, et toujours un peu plus : il faut un référendum.

L’inquiétude grandit dans la majorité. Il suffit de voir les efforts déployés par le Chef de l’État, le Gouvernement, le patronat et les moyens mis en œuvre, avec un fort soutien médiatique, pour essayer de convaincre les Français du caractère inéluctable du passage à la monnaie unique. Mais les prises de position continuent de se multiplier, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique et dans la majorité elle-même qui, d’une manière ou d’une autre, reflètent les interrogations et les inquiétudes d’une part importante de l’opinion.

Chaque jour, l’accusation grandit contre les choix du pouvoir. Ainsi, le Conseil supérieur de l’emploi des revenus et des coûts publie un rapport accablant qui détaille les raisons de la faillite de cette politique.

Les inégalités se creusent. Les jeunes de moins de vingt-cinq ans sont les plus durement frappés. Ce rapport confirme qu’une des causes de l’enfoncement dans la crise et le chômage, c’est la faiblesse de la demande de consommation et la précarité.

Notre société est minée, pourrie, par cette loi de l’argent qui foudroie les hommes, les femmes de notre pays.

Pendant que la Bourse de Paris flambe, que le CAC 40 bat tous les records de progression, le cortège des drames humains qui en sont le corollaire n’en finit pas de grossir.

Quel scandale de voir mourir des gens de froid parce que jetés dans l’exclusion ! Quel scandale de voir qu’on a laissé sacrifier la vie d’enfants sous prétexte de rentabiliser des hormones de croissance !

Comment ne pas être effrayé par les propos tenus dans le rapport Mattei reconnaissant à propos de la maladie de la vache folle, qu’« une sorte de combat inégal existe entre les exigences du marché et le droit à la santé » ? Ce que confirmait récemment le président de la Bundesbank lorsqu’il déclarait : « Les hommes politiques doivent comprendre qu’ils sont dorénavant sous le contrôle des marchés financiers et non plus seulement des débats nationaux. »

Or, tout montre chez Chirac et Juppé un acharnement total à poursuivre leur politique dévastatrice.

Une grande campagne médiatique est orchestrée par la droite contre l’aspiration grandissante des Français à la retraite à 55 ans.

La réponse des gouvernements successifs à cette aspiration montante face à l’aggravation des conditions de travail et du chômage a été de remettre en cause le droit à la retraite à soixante ans par l’allongement des cotisations à quarante années.

Aujourd’hui, la droite et le patronat s’opposent violemment à tout avancement de l’âge de la retraite alors qu’ils ne cessent de licencier des salariés avant soixante ans.

Dans le même temps, ils voudraient imposer aux jeunes de soi-disant « stages diplômants » pour mieux leur refuser l’accès à un véritable emploi avec un vrai salaire.

En fait, cette campagne vise à favoriser l’adoption d’une nouvelle législation sur le fonds de pension qui détruirait le système de retraite actuel – et à laquelle s’opposent les organisations syndicales.

Et, que dire de cette volonté de flexibilité à outrance pour la vie des hommes, des femmes de ce pays, une volonté qui produit, par exemple, ce projet sans précédent d’imposer à 40 000 agents d’EDF-GDF des réductions de salaires ! Dans cette entreprise comme dans d’autres, si l’exigence est forte d’une réduction du temps de travail, elle s’accompagne au contraire d’un refus de se serrer un peu plus la ceinture.

La colère de notre peuple devant la situation qui lui est faite n’a d’égale que sa farouche volonté de changement. Un récent sondage (SOFRES – « Nord Éclair ») montre que 69 % des Français se déclarent déçus de l’action de Jacques Chirac !

Mais ce fort rejet de la droite au pouvoir ne se traduit pas par une adhésion massive aux propositions de la gauche. Tous les sondages le montrent.

Les contradictions du PS ne sont pas pour rien dans cette situation.

D’autre part, il n’est pas insensible aux exigences du mouvement social et à la volonté de changement à gauche dans le pluralisme. En témoigne la proposition des 35 heures sans diminution de salaire et la récente proposition de Lionel Jospin d’un « contrat d’orientation entre les partis de gauche et les écologistes ». D’une certaine manière, il faut voir l’impact de notre congrès et la reconnaissance qu’il ne peut pas y avoir de politique de gauche sans les communistes et les autres forces de gauche et écologistes.

Mais, d’autre part, ces avancées sont contredites par les propos de Lionel Jospin qui déclare l’euro non négociable alors que la monnaie unique est radicalement opposée au progrès social et à la souveraineté nationale.

Alors qu’une majorité de Français souhaite un référendum sur cette question, cette attitude du PS entrave la construction d’une nouvelle union pour un vrai changement à gauche.

Pour que ça change vraiment dans le pays, la question n’est pas de « trop charger la barque », mais d’être en phase avec les aspirations du peuple en ayant le courage de s’opposer à la logique dévastatrice de l’ultralibéralisme.

Aiguisement des luttes et de l’aspiration au changement

Dans cette situation d’aggravation de la crise, d’aiguisement des luttes et d’exigence de changement, nos choix de congrès nous ouvrent de grandes possibilités.

En effet, ce que les progressistes, les hommes, les femmes qui souffrent, attendent de nous, c’est bien de répondre présent.

Répondre présent sur le terrain de l’action pour repousser tout ce qui enfonce le pays dans le malheur.

Répondre présent sur le terrain d’une nouvelle union à gauche capable par sa force et le contenu de ses ambitions de battre la droite au pouvoir, de relever le défi du Front national.

Notre ambition ne se résume donc pas à énoncer des mots d’ordre ou à faire connaître une « position » sur telle ou telle chose, mais elle est bien d’être disponible pour tout ce qui peut bouger dans le bon sens.

Et surtout, de nous mettre à la disposition de tous ceux, toutes celles qui peuvent et souhaitent se mobiliser pour y contribuer.

Voilà le cœur de notre démarche : contribuer partout et sur tout au développement de l’intervention citoyenne.

C’est l’âpreté du combat de classes dans les conditions d’aujourd’hui qui motive notre volonté de développer cette intervention citoyenne. Car c’est le seul moyen d’être efficace pour combattre la logique actuelle du capitalisme au niveau de la nocivité qu’il déploie contre les êtres humains.

L’intervention citoyenne, c’est la dimension essentielle et novatrice de notre congrès et elle est au cœur de notre projet communiste – comme but et moyen de sa mise en œuvre.

Le sens du projet communiste que nous nous sommes donné à notre congrès

Ce projet n’a de sens que pour nourrir l’intervention citoyenne, pour répondre aux exigences de la situation, au besoin de transformation de la société pour la libérer de l’emprise sans partage des marchés financiers et des choix politiques qu’ils pilotent.

C’est un projet dont la cohérence est entendue non plus comme une globalité à prendre ou à laisser, mais une cohérence reposant sur une démarche fondamentale : la démocratie, et un objectif : dépasser le capitalisme pour construire une société débarrassée de ses tares d’aliénation, de domination, d’injustices, d’exploitation.

Un projet dont les hommes, les femmes de ce pays peuvent s’emparer au fil de leurs luttes et de leurs débats pour construire ce changement auquel ils aspirent.

Un projet d’émancipation humaine, s’inscrivant dans le quotidien pour mieux travailler le futur.

L’actualité valide les cinq grandes orientations que nous avons considérées comme indispensables pour répondre aux besoins urgents et pour l’avenir.

Elle nous incite à nous engager sans tarder dans des initiatives qui leur donnent corps. La gravité de ce que pouvoir et patronat concoctent y appelle.

Tout conduit à faire preuve d’audace pour aider à la riposte et à la conquête de grandes réformes progressistes. Le mouvement social qui se développe lui-même nous y appelle, qu’il s’agisse de la forte mobilisation des salariés du Crédit foncier, de l’appel à la grève mercredi des agents d’EDF-GDF, des 30 000 cheminots exigeant une consultation sur l’avenir de la SNCF…

Les communistes sur tous les terrains des luttes pour la riposte et des réformes progressistes

C’est avec de grandes ambitions pour notre parti et pour notre peuple que nous voulons mettre à la disposition des Français des idées, des propositions, la force militaire de notre organisation, pour contribuer au développement des luttes, pour aider à leur succès et participer à la construction d’une issue politique.

Prenons des initiatives dans les entreprises et les quartiers pour faire vivre les propositions novatrices que nous présentons pour l’emploi des jeunes. Elles ne sont pas un catalogue de promesses démagogiques, mais reposent sur des moyens nouveaux qui s’attaquent à la loi de l’argent.

De même, la poursuite des privatisations nous appelle à amplifier la signature de la pétition contre le bradage de nos atouts nationaux.

Concernant la question de la retraite à 55 ans, André Lajoinie a rappelé nos propositions dans une déclaration : droit à la retraite à 55 ans pour les femmes et les salariés ayant des conditions de travail difficiles et retour à 37 ans et demi de cotisations.

Plus généralement, sur les questions de l’emploi, du contenu du travail et du temps de travail, notre proposition d’une sécurité d’emploi-formation pour toutes et pour tous prend le contre-pied de tout ce qui se dessine dans les allées du pouvoir et du patronat, concernant l’avenir du monde du travail et de la jeunesse.

Elle s’oppose à leur logique visant à utiliser les jeunes, les hommes, les femmes, comme des Kleenex. Notre proposition novatrice de travailler à une sécurité d’emploi-formation, tout au cours de la vie avec des revenus assurés, correspond à cette exigence qui monte, de travailler autrement, de s’épanouir au travail et dans la société. Elle est à construire dès maintenant à partir des questions qui se posent dans l’actualité. Alors n’est-il pas urgent de s’en emparer partout, de la soumettre au débat et à l’action de celles et ceux que nous côtoyons. Cette proposition n’est-elle pas de nature à dynamiser, revivifier une activité communiste sur les lieux de travail, de nature à impulser une activité parmi les jeunes porteuse d’espérance.

Dans un autre domaine, nous avons vécu, samedi, la manifestation avec les sans-papiers contre les lois Debré. Il y a en effet, urgence à développer l’action pour y faire échec. Pour promouvoir des solutions au dramatique problème des sans-papiers et, plus généralement, une politique de l’immigration fondée sur le respect humain et la dignité, un travail d’intégration sur la base de l’égalité des droits dans l’esprit des valeurs laïques de la République, l’établissement de nouveaux rapports Nord-Sud.

De moins en moins de gens sont prêts à accepter n’importe quoi, et par contre, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir compter, être écoutés, faire valoir des choix correspondant à leurs aspirations, leur besoin de profiler de la vie.

Il en est ainsi de cette exigence démocratique de parité dans la vie publique. Une exigence traversant toute la société : 86 % des Français s’y déclaraient favorable dans un récent sondage.

Le débat autour de la parité, qui a marqué l’année 1996 et qui se poursuit à partir du dépôt du rapport de l’observatoire de la parité, témoigne de la force de l’exigence de pleine démocratie. Nous voulons contribuer à faire avancer cet enjeu de société avec des propositions concrètes et l’apport de notre démarche, de notre projet qui conjugue, dans un même mouvement, communisme, féminisme.

II. – Trois initiatives au niveau des ambitions du congrès et des aspirations de notre peuple

J’en viens aux propositions d’initiatives. Le bureau national nous propose trois grandes initiatives au niveau des ambitions du congrès et des aspirations de notre peuple.

Les trois initiatives proposées sont les suivantes :
      - une campagne de très grande ampleur pour un référendum sur la monnaie unique ;
      - des assises pour le changement en 1998 ;
      - la rencontre de tous les adhérents pour leur remettre au plus vite la carte 1997 et le document du congrès, et conjointement, le lancement d’un grand appel public à l’adhésion.

Évidemment, ces trois initiatives sont complémentaires, l’une n’allant pas sans les autres.

a) Pour un référendum sur la monnaie unique

Comme nous l’avons décidé au congrès, nous proposons d’engager une campagne de très grande ampleur pour obtenir un référendum qui permette à notre peuple de se prononcer sur le passage ou non à la monnaie unique.

Cela correspond à la volonté exprimée par les adhérents sur cette question dans la préparation du congrès. On peut la résumer ainsi : il nous faut faire beaucoup plus, beaucoup mieux et voir beaucoup plus grand, beaucoup plus large que ce que nous avons déjà entrepris.

C’est dire la responsabilité qui est la nôtre pour répondre à cette attente, pour en apprécier toutes les implications et prendre la mesure des efforts à accomplir pour y parvenir.

Nous y sommes poussés d’abord par l’évolution même de la situation et, en premier lieu, par ce qu’exprime de plus en plus le mouvement social en s’opposant à l’offensive ultralibérale de déréglementation, de démantèlement et de privatisation engagée par le Gouvernement au nom de l’actuelle construction européenne.

Qu’il s’agisse des télécommunications, du secteur des transports – avec les luttes des routiers, des cheminots et dans le transport aérien – de celui de l’énergie, de l’armement ou de ce qui se passe ou se prépare dans les banques et les assurances, partout les salariés, dans leurs actions, sont confrontés à la logique du passage à la monnaie unique.

C’est vrai chez nous, mais aussi, à des degrés divers, dans les autres pays européens.

Nous y sommes aussi poussés par les attentes des opinions publiques telles qu’elles ont été révélées par le récent sondage de l’institut Gallup. En France, 66 % de nos concitoyens souhaitent être consultés par référendum sur la monnaie unique. Les Allemands à 79 %, les Britanniques à 76 %, et les Italiens à 52 %, demandent la même chose. S’agissant de notre pays, tout ce que nous avons entrepris en ce domaine, en particulier depuis la campagne de l’élection présidentielle, a contribué à faire monter cette exigence démocratique.

C’est à partir d’elle, sur ce besoin d’être consulté et en prenant appui sur ce que nous avons déjà fait grandir que nous proposons de mener notre campagne et de lui donner toute l’ampleur nécessaire.

D’autres forces politiques ont pris position en faveur du référendum.

C’est le cas du Mouvement des citoyens avec lequel nous avons adopté une déclaration commune le 7 janvier dernier, lors de la rencontre de deux délégations respectivement conduites par Robert Hue et Jean-Pierre Chevènement.

Dans ce texte, nos deux partis ont décidé, « dans le cours de leurs campagnes respectives de mener des initiatives communes, notamment de tenir prochainement un grand meeting à Paris ».

Nous allons le faire et aussi continuer à rechercher toutes les initiatives communes ou convergentes possibles, au plan national comme dans les fédérations, avec d’autres forces animées par la même volonté.

Nous allons poursuivre ce que nous avons engagé avec les appels pluralistes de personnalités et en continuant de nous exprimer lors des réunions organisées par le ministre Michel Barnier dans tout le pays.

Un million de signatures d’ici l’été

Mais, bien sûr, chacun l’a compris, beaucoup, l’essentiel même, dépendra de l’engagement de nos organisations et de nos adhérents, de notre capacité à impulser partout une campagne, une dynamique autour de la pétition qui, par sa force, peut rendre incontournable l’exigence d’un référendum.

Pour y parvenir, nous vous proposons de partir d’une idée simple : par-delà l’opinion que chacun a sur la monnaie unique, c’est trop sérieux, c’est trop grave, la décision doit appartenir à notre peuple. Il doit être consulté par référendum comme Jacques Chirac s’y était engagé dans sa campagne électorale.

Retenir cette orientation, c’est contribuer, comme force politique, à ce qu’elle soit entendue jusqu’à obtenir du Chef de l’État qu’il organise le référendum promis.

C’est pleinement jouer notre rôle au service du développement de la démocratie et de la citoyenneté.

Et cela, tout en continuant à exprimer les raisons de notre opposition à la monnaie unique parce qu’elle a des conséquences désastreuses au plan social et remet en cause notre souveraineté nationale. Tout en continuant à soumettre au débat nos propositions pour une autre construction européenne.

Notre objectif, c’est d’obtenir un référendum avant le passage à la monnaie unique et c’est possible puisque c’est ce que veulent 66 % de nos concitoyens. C’est possible à condition de leur permettre de l’exprimer en leur soumettant la pétition.

Nous vous proposons de l’impulser avec l’objectif de recueillir un million de signatures d’ici l’été.

Chacun ici mesure ce qu’il nous faut engager, impulser et inventer pour hisser la mobilisation du parti au niveau de cette ambition.

C’est bien d’une véritable campagne, d’un niveau très élevé, que nous avons besoin. En y consacrant tous les moyens nécessaires de communication et de promotion. En utilisant pleinement notre presse pour rendre compte des résultats obtenus, des initiatives à tous les niveaux, des prises de position de personnalités et d’organisations les plus diverses. Bref, en utilisant de façon permanente tous nos outils d’information et de communication pour l’animation d’une dynamique de victoire.

En ce sens, nous disposerons de l’« Humanité Dimanche » des 30-31 janvier-1er et 2 février consacré à cette question. Une diffusion la plus large possible de ce numéro contribuera à la dynamique que nous souhaitons faire grandir pour obtenir ce référendum.

Au niveau de notre comité national, nous vous proposons de mettre en place un collectif chargé, sous la responsabilité de Jean-Claude Gayssot, de l’animation de cette campagne et qui se réunira toutes les semaines.

Dans le même sens, les fédérations examineront les dispositions à prendre pour aider dans les départements, dans les villes et villages, sur les lieux de travail, les communistes à recueillir le million de signatures.

b) Des assises pour le changement en 1998 dans tout le pays

Dans son rapport d’ouverture au 29e congrès, Robert Hue mettait l’accent sur la double urgence de la lutte et de la construction d’une perspective de vrai changement.

En articulant avec les luttes et l’action, nous devons continuer et amplifier notre action en faveur d’une nouvelle construction politique permettant un changement réel et, plus précisément, comme notre congrès l’a décidé, travailler à ce que les élections législatives de l’an prochain puissent créer les conditions d’une alternative progressiste.

Je rappelle ce que le document que nous avons adopté indique à ce propos : « Nous prenons en considération tout ce que la période actuelle recèle de potentiels de contestation et d’espoir et nous voulons faire tout ce qui peut dépendre de nous pour les libérer, en faire la donnée majeure du scrutin à venir. Nous le faisons, sans attendre, par notre participation à toutes les luttes sociales et politiques ; par notre engagement dans l’action en faveur d’un référendum sur la monnaie unique – je viens de traiter de ces deux aspects de notre activité –, par les initiatives que nous devons prendre pour que les citoyens s’emparent, dans les conditions de 1997, de la question de l’union nouvelle à construire à gauche. » Il s’agit de faire en sorte, avons-nous précisé sur ce dernier point, « de donner davantage d’ampleur, de nouveaux prolongements à notre démarche de "confrontations loyales, au grand jour, sur toutes les questions posées, entre citoyens et partis politiques", pour la rendre encore plus perceptible, permanente, rassembleuse, donc efficace ».

Des conditions nouvelles sont en effet créées, en ce premier semestre 1997, pour de telles confrontations plus riches, plus amples encore que furent les forums de l’an dernier. Révélées et portées par les luttes sociales, les exigences de notre peuple sont plus puissantes et plus précises, et sa recherche de solutions politiques neuves y correspondant devient plus forte au fur et à mesure que se rapprochent les échéances électorales. Dans le même temps, les partis ont élaboré leurs propositions : le Parti socialiste a adopté son programme ; les autres formations de gauche et écologistes font de même ; et nous-mêmes, nous avons à notre congrès défini notre projet qui inclut tout à la fois les grandes orientations de ce qui nous semble devoir être une véritable politique de gauche, et les conditions à créer pour mettre en œuvre une telle politique.

Un grand débat national à partir des options des uns et des autres et des aspirations populaires s’impose donc. Une confrontation sur le contenu et les conditions d’une politique nouvelle en 1998, qui permette aux citoyens d’intervenir efficacement aujourd’hui pour que leur volonté de changement réel puisse être la donnée majeure des élections législatives. Nous l’avons dit, les obstacles à une telle issue demeurent la réalité politique essentielle. Mais nous voulons tout faire pour contribuer à les surmonter. Nous n’excluons pas, avons-nous précisé, « que l’intervention citoyenne soit suffisamment efficace pour permettre que se dégage, d’ici à l’échéance électorale, une base d’engagements communs devant notre peuple, répondant aux exigences qu’il a exprimées ».

Il y a besoin de lieux, d’espaces pour accomplir ce travail. Nous proposons donc que se tiennent, dans tout le pays et à l’échelle de chaque département, des assises pour le changement en 1998.

Nous sommes disponibles pour examiner avec les autres formations politiques toutes les modalités d’invitation, d’organisation, de tenue de telles rencontres, mais si besoin est, nous en prendrons nous-mêmes l’initiative. Aucune forme n’est, de notre point de vue, à rejeter a priori, dès lors qu’elle permet de travailler à la construction du projet politique de changement dont notre peuple a besoin pour conquérir une alternative progressiste en 1998.

Il s’agirait, avec ces assises, je l’ai dit, d’aller au-delà de ce que furent les forums pluralistes, cette première confrontation directe entre citoyens et partis politiques, le temps d’une soirée : de se donner les moyens d’échanges plus approfondis, plus rigoureux, plus constructifs. Pourquoi, à cet égard, ne pas tenir des rencontres sur une journée entière, ce qui permettrait de combiner ateliers de réflexion sur tel ou tel sujet, largement ouverts à tous les gens qui souhaitent y participer, auditions de représentants de syndicats ou d’associations, confrontations d’idées et de propositions entre représentants des partis politiques et entre eux et les citoyens ? Pourquoi ne pas consigner ces échanges et, éventuellement, les décisions d’action qui en découleraient dans des procès-verbaux de ces assises, qui seraient ensuite rendus publics et diffusés afin d’aider à la poursuite du débat, de la réflexion, de l’intervention des citoyens ?

Nous voulons, pour notre part, donner le plus grand retentissement possible à ces initiatives qui pourraient se développer de mars à juin.

Un meeting national le 1er mars

C’est pourquoi nous proposons d’inaugurer cette période par une grande initiative publique du parti : un meeting national qui pourrait se tenir le samedi, après-midi, 1er mars, dans la salle du Zénith, à Lille. Le secrétaire national du parti y prononcerait un discours dans lequel il traiterait de façon précise de ce que pourrait être, concrètement, une politique nouvelle mise en œuvre en France en 1998 ; du contenu et des conditions politiques pour un vrai changement, de l’apport du Parti communiste. Ce discours, qui serait ensuite largement publié, serait en quelque sorte la contribution communiste aux assises pour le changement en 1998.

Nous voulons, comme on le voit, jouer cartes sur table lors de ces initiatives, donner aux citoyens et à nos interlocuteurs, tous les éléments du débat, en n’en laissant aucun dans l’ombre. En même temps, nous voulons écouter et y apprendre. Et nous souhaitons que les procès-verbaux dont j’ai parlé nous permettent, à l’issue de cette période, de modifier et d’enrichir nos propositions et de contribuer à l’élaboration, par les citoyens eux-mêmes, d’une politique de changement. Il s’agit bien d’une autre façon de concevoir et de faire de la politique qui permette, comme nous l’avons dit au congrès, « l’irruption dans le champ politique de celles et ceux qui en sont écartés ».

c) Un Parti communiste à l’offensive avec le déploiement de l’activité créatrice de ses adhérents, ouvert à tous ceux qui veulent le rejoindre

Nous l’avons vérifié avant le congrès et pendant, en donnant la possibilité aux adhérents de maîtriser, du début à fa fin, le processus conduisant à définir la politique de leur parti, Ils s’en sont saisis. Le bouillonnement d’idées, la transparence des débats, la circulation de l’information, le suivi et la connaissance des décisions font partie désormais de l’expérience individuelle et collective de nombre de communistes. Et l’on peut dire qu’il y a lieu de réfléchir partout à développer ce qui a d’ores et déjà grandi, mais surtout à ne pas décevoir les exigences qui en sont nées.

Des exigences porteuses, c’est sûr, de nouveaux progrès, de nouvelles avancées pour l’audience de notre parti, pour mieux répondre aux attentes de la société. Pour être mieux à même de faire vivre et s’exprimer cette force communiste dont on mesure désormais combien peut compter l’apport des hommes et des femmes qui s’en sentent partie prenante.

Nous disons dans le document : « Davantage d’adhérents, c’est davantage d’idées échangées, davantage de diversité, davantage de liens avec la société, d’ouverture aux aspirations qui la traversent, une force plus grande, plus efficace pour agir. »

Et tout pousse à croire qu’aujourd’hui, des milliers d’hommes, de femmes peuvent décider de prendre leur place au Parti communiste. Combien sont-ils, combien sont-elles en effet à chercher un lieu, un espace, un moyen de donner à leur besoin de changement l’efficacité d’une force organisée. Et l’impact de notre congrès, le regard nouveau que nombre d’entre eux portent sur nous ne sont-ils pas de nature à leur donner envie de le faire au sein de notre parti ?

Ouvrir grandes les portes du PCF à tous ceux et celles qui veulent le rejoindre

Nous vous proposons donc de faire preuve d’audace en ouvrant grandes nos portes et en engageant une grande campagne publique pour proposer à tous ceux, toutes celles qui le souhaitent, de prendre leur place au PCF avec nous !

Loin de signifier un quelconque esprit de boutique, une telle proposition revêt au contraire un signe fort d’appel à l’intervention citoyenne.

Pour aider les cellules à poser publiquement cette question, elles disposent désormais d’un texte qui leur a été proposé dans le dossier hebdomadaire pour les journaux de cellule. Une affiche sera éditée sur le sujet. Un appel sera lancé dans le 4-pages national pour rendre compte du congrès. Ce sont autant de moyens à saisir dans chacune de nos cellules, sections et fédérations.

Cela est inséparable d’une vie de cellule attrayante et ouverte sur la vie, avec, dans la période présente, la tenue des rencontres publiques de cellules.

Je l’ai déjà dit, tout nous pousse à être audacieux, ambitieux dans ce que nous entreprenons auprès des gens. Tout d’abord leurs colères. Mais aussi une puissante envie de changement et des attentes nouvelles à notre égard, suscitées par notre congrès lui-même.

Des millets de rencontres publiques

Beaucoup souhaitent ne pas en rester là et prolonger le débat engagé. Alors que désormais, on l’a vu, l’échéance de 1998 est dans toutes les têtes, l’heure est donc à poursuivre des échanges qui se sont avérés fructueux et qui méritent d’être élargis. Pour faire connaître nos orientations de congrès, les choix que nous avons faits, la politique que nous nous sommes donnée.

Pour donner l’occasion à tous ceux et celles qui le souhaitent, de faite de la politique comme ils l’entendent là où ils sont. En mettant ces lieux à leur disposition, n’est-ce pas œuvrer à promouvoir l’intervention citoyenne ? Quel meilleur atout avons-nous dans cet objectif que le déploiement en grand de l’activité des cellules pour tenir, d’ici ce premier trimestre, des milliers de rencontres publiques, des rencontres de proximité ?

Mais pour être efficace, cette bataille, comme les autres, nécessite d’accorder beaucoup d’attention à tout ce qui peut aider à la mise en mouvement du plus grand nombre possible d’adhérents et d’adhérentes de notre parti. C’est en termes de capacité à impulser une telle dynamique que se pose le besoin de leur remettre au plus vite leur carte 1997 avec le document du congrès, le rapport et les conclusions.

Et ce, en n’ayant pas peur d’innover tant dans les formes que dans le contenu.

Et innover dans ce domaine, ce peut être parfois tout simplement bousculer les habitudes, lever des a priori, bannir un certain formalisme, tous préjudiciables au droit de chaque adhérent à pouvoir disposer de sa carte le plus vite possible. N’hésitons pas à susciter l’organisation de moments conviviaux pour des prises de contact collectives, des pots, des moments chaleureux où l’on mêle la joie des retrouvailles de début d’année et le moyen de se conforter mutuellement pour intervenir, mener une grande activité politique publique.

L’« Humanité Dimanche » a décidé d’offrir un abonnement à tarif préférentiel (6 semaines, 45 francs) aux communistes ne connaissant pas encore le magazine.

Un moyen de permettre au plus grand nombre de devenir lecteur régulier de l’hebdomadaire et de disposer de faits, d’analyses, d’arguments chaque semaine.

III. – Responsabilités et organisation du travail du comité national

C’est sur la base de ces grandes orientations politiques et des initiatives qui en découlent que notre parti va, dans la période qui vient, développer son activité.

Il appartient donc aux directions et particulièrement au comité national élu par le congrès de faire vivre ces décisions, en étant en prise avec l’évolution politique et sociale, et les événements qui surgissent.

C’est dire d’entrée que la rigueur dans le respect des orientations fixées doit s’accompagner de la souplesse, de l’interactivité, de la transparente, voire de la mobilité des structures de directions.

C’est dire aussi que ces structures en elles-mêmes ne doivent pas contrarier, par leur rigidité, la circulation rapide et complète des informations, échanges et avis.

C’est dire, enfin, que cela appelle la réflexion et sans doute des efforts de chacun, de chacune d’entre nous pour ne pas décevoir les attentes et les espoirs soulevés par le congrès.

Durant sept mois, nous avons pu vérifier avec éclat que le libre débat, par la confrontation constructive d’idées différentes favorise la contribution du plus grand nombre, facilite la prise de parole individuelle. Cela donne à la réflexion une richesse nouvelle qui nous permet de prendre des décisions mieux partagées.

En ce sens, la diversité pratiquée, ainsi, constitue le fondement de l’efficacité et de l’unité du parti aujourd’hui.

Cela doit nous inciter, comme le souligne le document, à pousser « encore plus loin le renouvellement de notre conception du rôle des directions et surtout le renouvellement des pratiques dans son exercice ».

C’est bien de cela, aujourd’hui, qu’il s’agit. La préparation et le déroulement du congrès ont souvent surpris et généralement suscité des commentaires positifs d’horizons divers. Il importe désormais de concrétiser tout cela au quotidien dans le travail de direction et d’animation du parti. Il nous faut conjuguer diversité, efficacité et ouverture sur la société dans la vie politique réelle el sans jamais céder aux tentations éventuelles de la « directive » et de la centralisation.

À cet égard, la réussite elle-même du congrès nous fait un devoir d’être à la hauteur des exigences qu’il a fait naître pour les communistes vis-à-vis de leurs directions. Nous l’avions mesuré avec évidence en particulier dans la dernière phase de la discussion où les interventions des militants sur ces questions se sont faites plus nombreuses, plus percutantes et plus précises et nous l’avons mesuré encore plus nettement lors de la discussion des candidatures au congrès. Plus largement, nous avons nettement senti, tout au long de la discussion du congrès, que la volonté des adhérents, des dirigeants, des camarades élus à tous les niveaux de participer aux décisions qui se prennent au nom du parti était désormais une exigence démocratique forte. En témoignent l’envie de s’investir et la soif d’assumer des responsabilités qui s’expriment d’ores et déjà dans de nombreuses fédérations. Être écouté mais aussi entendu, être consulté mais aussi participer à la décision, être informé en temps utile pour son propre travail, être conseillé sans être chapitré, tout cela fait partie des besoins qu’expriment avec clarté les adhérents de notre parti. C’est une excellente chose.

Des collectifs de direction à l’image des communistes

Les communistes se sont donné à tous les niveaux des collectifs de direction à leur image, celle de la diversité des situations, expériences, modes de vie. Des collectifs souvent féminisés, rajeunis qui, pour vivre et être utiles, ne pourront que fonctionner différemment. Avec plus de souplesse en étant mieux en phase avec la vie de chacun de leurs membres. Cela ne peut que renforcer leur efficacité au service de celles et ceux qui les ont élus.

Dans cette évolution, il est clair qu’il n’y a désormais plus de place dans nos directions pour des comportements marqués par le centralisme, le dirigisme. C’est d’un fonctionnement d’équipe, respectueux des personnalités et des vies de chacun et chacune qu’ont besoin nos directions, à commencer par le comité national. C’est l’engagement que nous avons pris devant le congrès en faisant élire, par exemple, un plus grand nombre de femmes et de jeunes. Il importe qu’il soit tenu.

Des échanges enrichissants entre fédérations et comité national

C’est dans le même esprit qu’il faut concevoir la collaboration des membres du comité national avec des fédérations autres que la leur. Évidemment, l’aide d’un membre du comité national à une fédération ne peut plus se concevoir dans des rapports de dirigeants à dirigés, mais comme des échanges enrichissants, et pour la fédération et pour le comité national. Naturellement, la qualité de cette collaboration dépend beaucoup du comportement de chacun. Mais plusieurs secrétaires fédéraux ont dit au congrès l’utilité de cette forme de contact et de rencontre dans l’esprit de dialogue, de circulation de l’information, de multiplication des échanges qui les anime aujourd’hui. Elle est utile à la direction fédérale qui peut être intéressée par une vision extérieure de sa propre activité et par l’échange d’expérience, bien souvent enrichissant.

Elle est tout aussi utile au camarade du comité national qui peut mieux mesurer l’impact et les faiblesses de notre activité nationale au travers d’expériences, d’approches et de priorités différentes d’un département à l’autre.

Si cela est fait dans cet esprit et que chaque camarade joue son rôle, tant à l’égard de la fédération que du comité national, il peut être un accélérateur efficace de la circulation des idées, des expériences et participer de l’impulsion démocratique de notre mutation à poursuivre.

Des propositions vous seront faites dans quelques jours à ce sujet, le temps de consulter chacun sur la conception des rapports entre fédérations et comité national.

C’est également avec le souci de mieux faire jouer son rôle au comité national qu’il nous appartient de retenir le principe, ou pas, de comités nationaux quelquefois le week-end, afin de permettre à des camarades non-permanents d’y participer sans problème. Vous donnerez votre opinion dans la discussion ou par note écrite si vous le souhaitez.

Parmi les moyens dont nous disposons pour élargir les rapports entre le comité national et le parti dans sa diversité, nous avons le conseil national que nous proposons de réunir régulièrement. Composé du comité national, des secrétaires de fédérations, des parlementaires nationaux et européens, ainsi que des secrétaires des grandes sections d’entreprises et des comités régionaux, cet organisme a la particularité de réunir des hommes et des femmes en prise directe et quotidienne, tant avec les problèmes économiques et sociaux qu’avec tout ce qui surgit dans le champ institutionnel et politique. Sa réunion, plusieurs fois dans l’année si cela est nécessaire, permettrait sans doute d’améliorer à la fois la circulation et l’échange démocratique dans le parti et, en même temps, d’augmenter notre sensibilité à ce qui bouge profondément dans la société, dans les entreprises et dans le champ social.

Que faut-il changer ? Comment organiser notre travail ?

J’en viens à présent aux propositions concrètes du bureau national. Ces propositions prennent en compte l’expérience faite. Après le 28e congrès, lors du comité national de février 1994 mettant en place nos structures de travail, Robert Hue, dans son rapport avait mis l’accent sur les modifications profondes qu’impliquait déjà le dépassement du centralisme démocratique et de la notion du parti-guide. Elles répondaient au changement de fonctionnement et à l’esprit des statuts que les communistes avaient décidés au 28e congrès. Des progrès ont été faits dans ce sens. La préparation et la tenue du 29e congrès dans des formes inédites ne sont pas venues de rien. Mais ces avancées font apparaître après le 29e congrès, l’urgence de conjuguer mutation du parti avec mutation de la conception du travail du comité national.

Le danger de toute structure est de se croire utile et de fonctionner pour être elle-même. Ce n’est pas notre cas, mais il est vrai que l’intensité de la bataille politique nous pousse parfois à l’illusion d’un besoin de renforcer des structures de direction quand c’est tous les communistes qu’il s’agit de mettre en mouvement, sur la base de leur seule volonté et de leur esprit militant.

Bien entendu, la spécialisation sur des tâches déterminées est nécessaire. Mais s’en tenir à cette spécialisation sans organiser les échanges et faire circuler les idées et les connaissances conduit au cloisonnement.

Il faut donc revoir les méthodes de travail du comité national, l’organisation de ses réunions, de ses structures de travail, réussir leur décloisonnement et leur rapport avec les organisations du parti, de manière à ce qu’elles répondent mieux, et de façon plus efficace, au besoin de créativité et de construction collective qu’appelle notre politique.

Par exemple, dans nos réunions du comité national, ne faut-il pas prendre du temps chaque fois que cela est nécessaire sur telle ou telle question « pointue » pour échanger, confronter le point de vue et aboutir aux meilleures propositions ?

Nos réflexions sur ce qu’il faut continuer de changer dans nos pratiques partent naturellement de ce qui nous anime : être créatif, utile et efficace.

Que le parti soit utile au mouvement progressiste et au peuple, que nos directions et notamment sa direction nationale soit utile aux communistes et à ses organisations.

Il nous revient pour cela de permettre et de construire une véritable interactivité entre la direction du parti et le parti lui-même. Dans le même mouvement, nous devons continuer de nous tourner vers la société, de nous ouvrir à elle de manière à en saisir toutes les évolutions et les attentes. Ce qui suppose de poursuivre l’expérience du congrès en ouvrant nos commissions chaque fois que cela est nécessaire, à des personnes compétentes qui ne sont pas membre du parti.

De même, nous devons expérimenter la mise en place de groupes souples et temporaires, qui soient ces « lieux d’échanges et d’initiatives », dont nous parlons dans le document du congrès, pour réfléchir et trouver des réponses à des questions complexes qui surgissent dans l’actualité. C’est à partir de cette démarche qu’il faut concevoir l’organisation de notre travail.

Les propositions qui vous sont faites essaient de traduire dans l’organisation et dans la répartition des responsabilités des conceptions nouvelles.

Cette réflexion conduit à vous proposer 9 départements qui coordonneraient et impulseraient l’activité des commissions nationales.

Un certain nombre de propositions ont été faites à des membres du comité national pour la responsabilité de ces commissions. Beaucoup d’entre eux nous ont donné leur réponse, d’autres vont la donner.

De toute façon, ces propositions sont soumises au débat du comité national.

Naturellement, chacun et chacune d’entre vous est invité à se proposer, selon son expérience et ses goûts, pour participer au travail de telle ou telle commission.

Évidemment, ces propositions sont soumises à la réflexion, au débat et aux modifications que vous estimerez nécessaires. En tout état de cause, le dispositif retenu par le comité national sera à expérimenter et à ajuster en marchant. Ce qui suppose de vérifier régulièrement si son fonctionnement correspond bien à la conception que nous en avons.

Voici les propositions pour l’organisation du travail du comité national : auprès du secrétaire national Robert Hue, un bureau d’information et de contact avec les médias :
      Responsable : Pierre Blotin.
      Adjoint : Marie-Pierre Vieu.

1. Coordination du travail du comité national, du bureau national et du secrétariat
      Responsable : Jean-Paul Magnon.
      Adjoint : Denis Duvot

Ce département comprendrait :
      - l’administration : Denis Duvot ;
      - l’aide à la promotion des militants : Claude Pondemer.

2. Vie du parti
      Responsable : Marie-George Buffet
      Adjoint : Daniel Brunel.

Ce département comprendrait :
      - organisation du parti : Brigitte Dionnet ;
      - liaison avec les fédérations et comités régionaux : Jacques Le Digabel ;
      - activité du parti sur les lieux de travail : Jackie Hoffmann ;
      - formation des communistes : Claude Gindin ;
      - activité du parti parmi les femmes : Michèle Guzman ;
      - diffusion de la presse : Guy Carassus ;
      - activité du parti dans les grandes villes : Martine Durlach ;
      - militantisme de notre temps : Dominique Grador.

Comme vous le voyez, nous vous proposons de mettre en place un collectif « Activité du parti sur les lieux de travail » dans le département « Vie du parti ».

Nous avons ainsi l’ambition de dynamiser une activité communiste renouvelée dans les entreprises, les établissements et les services, parmi les salariés.

Ce type de collectif au cœur de la vie du parti peut nous permettre de plus et mieux apporter l’aide politique indispensable aux communistes qui y sont présents. Pour être au plus près des transformations du salariat d’aujourd’hui, des bouleversements dans la vie de chaque salarié que cela induit et qui sont vécus aussi par les adhérents, les adhérentes. Mais aussi pour mieux être à même de favoriser dans le plus grand nombre d’endroits possible, l’intervention communiste, individuelle et collective, pour faire grandir l’intervention citoyenne des salariés sur toutes les questions posées dans la société pour qu’ils et elles maîtrisent la construction politique nouvelle qui leur est tant nécessaire.

3. Communication du PCF
      Responsable : Jean-François Gau.
      Adjoint : Gérard Streiff.

Ce département comprendrait : la communication : Jean-Louis Le Moing.

Il est proposé qu’au sein du département « Communication du parti » soit constitué un collectif « Mouvement des idées », ayant pour fonction d’observer les évolutions des idées et les progrès de la connaissance dans la société et la politique, et composé des responsables des départements ou commissions directement concernés par ces mouvements.

L’activité de ce collectif serait coordonnée par : Gérard Streiff ;  service national de documentation : Pascal Carreau.

4. Relations extérieures et institutions
      Responsable : Jean-Claude Gayssot.
      Adjoint : Lucien Marest.

Ce département comprendrait :
      - relations avec les formations politiques et le mouvement associatif : Lucien Marest ;
      - Relations avec les milieux et mouvements religieux : Antoine Casanova ;
      - relations avec les personnalités et milieux intellectuels ; politique culturelle : Bernard Vasseur ;
      - institutions : Michel Duffour ;
      - justice : Patrick Braouezec.

5. Études, projets, développement
      Responsable : Paul Lespagnol.
      Adjoint : Patrick Le Hyaric.

Ce département comprendrait :
      - économie, emploi et aménagement du territoire : André Lajoinie ; adjoints : Yves Dimicoli, Paul Boccara ;
      - développement technologique : Michel Laurent ;
      - secteur public et services publics : Claude Billard ; adjoint : Michel Dauba ;
      - agriculture et ruralité : Patrick Le Hyaric, Henri Garino ;
      - pêche, activités maritimes : Piero Rainero.

6. Mouvement de la société
      Responsable : Nicole Borvo.
      Adjoint : Serge Guichard.

Ce département comprendrait :
      - jeunesse et étudiants : Sylviane Ainardi : adjoint : Gilles Bontemps ;
      - santé, protection sociale, famille : Jackie Hoffmann ;
      - enseignement, formation : Nicole Borvo ;
      - université-recherche : Alain Hayot avec Richard Gispert ;
      - Vie urbaine : Nicolas Marchand ;
      - environnement : Sylvie Mayer ;
      - immigration : Serge Guichard ;
      - lutte contre la misère, la pauvreté et l’exclusion : Annick Mattighello ;
      - lutte contre la drogue : François Auguste ;
      - lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie : Serge Guichard ;
      - action contre le sida : Alain Lhostis ;
      - sports : Jean-Paul Boré ;
      - retraités : Michel Warcholak.

7. Politique et relations internationales – Europe
      Responsable : Francis Wurtz.
      Adjoint : Daniel Cirera (avec Alain Zoughebi et Jacques Fath).

Ce département comprendrait :
      - Europe : Daniel Cirera ;
      - politique extérieure de la France : Jacques Fath ;
      - coordination : Alain Zoughebi.

8. « L’Humanité »
      - direction de l’« Humanité » et de l’« Humanité Dimanche » : Pierre Zarka qui suit également les problèmes de la presse ;
      - rédacteur en chef de l’« Humanité » : Claude Cabanes ;
      - rédactrice en chef de l’« Humanité Dimanche » : Martine Bulard ;
      - administrateur de l’« Humanité » et de l’« Humanité Dimanche » : Richard Béringer ;
      - coordination des quotidiens de provinces : Marc Bellet.

9 Élections, collectivités locales
      Responsable : André Lajoinie.
      Adjoint : Jean Wios.
      Élections : Jean Wios.
      Collectivités locales : Jean-Louis Bargero.

Avant d’aborder les autres responsabilités, je veux indiquer que, pour les membres du bureau national, une proposition a été faite pour aider une région.

Autres responsabilités

Je rappelle celles que notre première réunion du comité national a décidées :
      - trésorier du parti : Roland Jacquet ;
      - président de la commission de contrôle financier : Bernard Violain ;
      - Présidente de la commission d’arbitrage : Francette Lazard.

Nous proposons que cette commission soit composée de : François Auguste, Daniel Brune, Brigitte Meunier, Claude Pondemer.

Activité parlementaire :
      - président du groupe à l’Assemblée nationale et liaison avec les élus communistes : Alain Bocquet ;

Avec :
      - présidente du groupe communiste au Sénat : Hélène Luc ;
      - présidente de la Délégation française du groupe de la gauche unitaire européenne et la gauche verte nordique : Gisèle Moreau ;
      - président du comité de défense et des Droits de l’Homme en France et dans le monde : Georges Marchais ; secrétaire : Francis Wurtz ;
      - président de l’amicale des vétérans : Louis Baillot ;
      - responsable des anciens combattants, Résistance : Henri Martin.

Pour la direction de nos revues :
      - directeur de « Regards » : Henri Malberg ;
      - directeur d’« Économie et politique » : André Lajoinie ; adjoint : Michel Dauba ;
      - directeur des « Cahiers du communisme » : Marie-George Buffet ;
      - directeur de « la Terre » : André Lajoinie.

La mission de ces 9 départements proposés est d’assurer la transversalité, le décloisonnement, à l’opposé à la fois de la centralisation et du repliement de multiples secteurs chacun sur soi.

Ils n’ont pas d’autre but que celui de renforcer l’efficacité du comité national, du bureau national et du secrétariat.

Mais rien ne sera spontané. Tout dépendra de la volonté individuelle et collective de chacun d’entre nous pour développer le travail d’équipe, en évitant tout cloisonnement et en étant au diapason avec le parti réel.

En ce sens, la présence de plusieurs secrétaires fédéraux au bureau national va enrichir son rôle d’animation et de réflexion politique en liaison avec le comité national. Il faudra prendre des dispositions pour que les comptes rendus de ces réunions soit transmis rapidement aux membres du comité national et aux fédérations.

Le rôle et la composition du secrétariat que nous allons élire aujourd’hui s’inscrivent complètement dans cette conception.

Le secrétariat aura une grande responsabilité pour animer quotidiennement les initiatives politiques et nourrir par des informations, consultations et propositions, le travail collectif du bureau national et du comité national.

Je terminerai donc en vous soumettant les propositions pour le prochain secrétariat.

Des camarades ont demandé à ne plus avoir de responsabilité au secrétariat, il s’agit de : Gisèle Moreau et André Lajoinie.

Le nouveau secrétariat que nous vous proposons d’élire serait composé de 8 membres dont les noms suivent : Robert Hue : secrétaire national ; Nicole Borvo ; Marie-George Buffet ; Jean-François Gau ; Jean-Claude Gayssot ; Paul Lespagnol ; Jean-Paul Magnon ; Pierre Zarka.

Voilà, cher(e)s camarades les propositions que j’étais chargé de vous présenter par le bureau national.