Article de M. François Bayrou, président délégué de l'UDF, et ministre de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche, dans "L'Esprit d'équipe" d'octobre 1996, sur les réformes engagées par le gouvernement, le "sérieux" de la gestion des dépenses publiques et sur le choix de la monnaie unique, intitulé "Certitudes pour gagner".

Prononcé le 1er octobre 1996

Intervenant(s) : 
  • François Bayrou - Président délégué de l'UDF, et ministre de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche

Média : L'Esprit d'équipe

Texte intégral

Les réformes attendues

Nous avons choisi de faire en France les réformes que toute la société attendait et réclamait. Elles sont aujourd’hui rendues plus difficiles parce que la crise n’est pas seulement une crise économique, mais une crise sociale, culturelle, d’identité, de communauté, en un mot une crise morale.

Toutes les conditions qui organisent la vie des gens ont été profondément bouleversées. Les liens entre les personnes, comme la famille, qui forment une société ont été profondément ébranlés et ont presque disparu. Songez qu’en quelques années, nous sommes passés à un temps ou l’anonymat et la solitude sont devenus le lieu commun des sociétés que nous avons formées, ou les jeunes n’ont même pas la notion de ce que sont une identité et des valeurs communes. Nous vivons le temps du doute. C’est précisément dans ce pays-là, le nôtre, que les changements sont essentiels.

Comment peut-on apporter remède à ce mal de la France ? Je voudrais vous rendre attentif à ceci : nous avons commencé et avancé les réformes dans les domaines de l’économie et de la fiscalité, de la Sécurité sociale, de l’Education nationale, de la défense nationale et des services publics. Nous avons tenu parole pour ce qui touche aux sujets où nous nous étions engagés à agir et à l’ambition que nous avions exprimée dès 1993 et confirmée en 1995.

Le sérieux de la gestion

Nous avons tenu parole aussi dans le sérieux de la gestion. Comme tous les pays d’Europe et du monde, nous avons choisi de faire baisser la dépense publique. Nous avons une idée simple : tout franc supplémentaire dépensé est un franc d’impôt pris dans la poche des français ou un franc de dette pris dans la poche de leurs enfants.

Il n’y aura de succès pour la France que si nous sommes fiers de la France, de sa société et de ses options fondamentales. Il nous faut l’instrument pour que le modèle français continue à se faire entendre.

Le choix européen

Cet instrument porte un seul nom : l’Europe. Il n’y en a pas d’autre. Notre choix européen, c’est le vrai choix français.

Dans la construction de l’Europe, c’est un moment crucial. Nous avons un rendez-vous avec la monnaie européenne. Si la monnaie européenne ne se fait pas, au jour et à l’heure annoncés, elle ne se fera pas. Alors c’est l’Europe qui ne se fera pas.

La monnaie est devenue le cœur de la construction européenne. Ne voit-on pas que le dollar n’est pas étranger à la puissance de la société américaine dans le monde ? Nous avons choisi de nous doter d’une arme aussi cruciale, qui nous impose une solidarité désormais irréversible.

Ces trois options du gouvernement, les réformes, le sérieux dans la dépense publique et l’Europe sont les options de l’UDF. Je crois qu’il y a chez nous la force, la volonté et la capacité de défendre, de promouvoir et de se battre pour cette politique que nous sommes en train de suivre. Si nous avons conscience de l’importance de ces objectifs, nous allons gagner les élections législatives.