Déclaration de M. Jacques Godfrain, ministre délégué à la coopération, en réponse à une question sur la situation au Soudan et la proposition française de création d'une force internationale d'aide humanitaire, à l'Assemblée nationale le 6 novembre 1996.

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Monsieur le président, Monsieur le député, c'est vrai que la France dans sa tradition d'humanisme comme vous l'avez dit a été souvent l'avocate de l'Afrique. Vous-même l'avez été dans un véritable rapport sur la situation économique de ce continent dont je vous remercie.

L'Afrique a des plaies, et aujourd'hui vous avez cité le Soudan et la région des Grands lacs. L'Afrique a aussi des cicatrices : je pense à l'Érythrée, je pense à l'Afrique du Sud, je pense à l'Angola, au Mozambique, au Cap-Vert, tant de pays qui par eux-mêmes, par leur effort, ont su retrouver les chemins de la paix. L'Afrique n'est donc pas si facilement que cela prête à imploser. L'Afrique est aussi dans une situation, et notamment l'Afrique francophone, qui peut être citée comme exemplaire sur le plan économique, avec des taux de croissance qui dépassent 5 % avec une inflation maîtrisée, avec une série de dispositions prises courageusement par les gouvernements africains de la zone du franc CFA, ce qui permet maintenant à l'Afrique d'être porteur économique pour le prochain siècle. Mais il est vrai qu'il y a de graves plaies. Permettez-moi de vous dire qu'en ce qui concerne le Soudan, depuis le coup d'État de 1989, coup d'État islamiste comme vous l'avez dit, la coopération française est suspendue. L'aide humanitaire française va directement aux populations qui souffrent et que vous avez citées. La diplomatie française est très active en ce qui concerne le Sud-Soudan et en ce qui concerne les Grands lacs.

Monsieur le député, la France maintient avec force sa proposition d'une force internationale, de sécurisation à but exclusivement humanitaire, pour venir en aide aux populations réfugiées ou déplacées. Ces propositions ont été faites à nos partenaires de l'Union européenne, à nos partenaires américains, à nos partenaires africains qui doivent, eux aussi, s'impliquer comme premiers voisins de ce qui se passe à l'est du Zaïre. L'action conjointe le sera avec l'appui de l'ONU et de l'OUA. Toute la communauté internationale a été sollicitée et demain matin avec Xavier Emmanuelli, nous serons à Bruxelles devant la réunion extraordinaire des ministres du Développement et de l'Humanitaire.

C'est la raison pour laquelle, pour conclure, je vous dirai, Monsieur le député, qu'une fois de plus, par la volonté du président de la République française et du Premier ministre, c'est la France qui, à ces populations errantes d'aujourd'hui, va montrer les voies et les chemins de l'espérance.