Texte intégral
Appel à la grève dans l’Éducation nationale - Jean-Claude Barbarant
Cela couvait depuis juin. Le syndicat des enseignants FEN avait même pris l'initiative d'une rencontre des syndicats d'enseignants programmée en août. La FEN a pris le relais (voir FEN Hebdo du 6.9). Par une déclaration commune (voir ci-dessous) les fédérations de l'Éducation ont appelé à la grève.
Toute la presse l’a souligné ; il a été plus facile de se mettre d'accord sur le texte que sur la date. Ce sont les contraintes de l'action intersyndicale. Pour être ensemble un jour dans une action, on n'en est pas moins concurrents.
Le texte lui-même, auquel nous avons abouti, est trop global. Nous insistons, pour ce qui nous concerne, sur les revendications relatives à la qualité de l'éducation. C'est cet aspect qui justifie l'action spécifique « Éducation nationale » distincte de l'action fonction publique.
Déclaration commune
Face à la gravité des problèmes de la rentrée, tant au point de vue des conditions d'accueil des jeunes que du point de vue de l'ampleur du chômage qui touche des milliers de non-titulaires parmi lesquels les MA étrangers dont les droits de séjour risquent d'être remis en cause.
Face aux difficultés d'emploi des titulaires et des conditions de travail.
Face au projet de budget de l'Éducation nationale pour 1997, en régression pour la première fois depuis des décennies, marqué par :
- un budget global en diminution de 2 300 emplois et des réductions importantes de crédits ;
- la suppression de 5 000 postes dans le premier et le second degré ;
- l’insuffisance des 2 700 créations annoncées dans l’enseignement supérieur ;
- la réduction des recrutement, qui va encore aggraver le chômage des jeunes ;
- un blocage des carrières des personnels ;
- le refus de transformer les heures supplémentaires en emplois.
Les organisations soussignées appellent les personnels à la grève le 30 septembre 1996, à la veille de la rentrée parlementaire.
Pour justifier ces orientations budgétaires, aggravées par la réduction d’1/3 de l’allocution de rentrée scolaire, le gouvernement met en avant la baisse démographique dans certains secteurs. Celle-ci devrait au contraire être utilisée pour améliorer et transformer le système éducatif et pour faire évoluer les métiers de l’éducation.
Les organisations soussignées appellent les personnels à agir pour défendre et améliorer le service public d’éducation menacé dans ses missions et dans l’offre de formation initiale et continue, qui comme les autres services publics joue un rôle irremplaçable dans la lutte contre les exclusions.
Cette amélioration doit permettre de réduire les inégalités, de contribuer à remédier aux causes de la violence, de permettre l’accès du plus grand nombre de jeunes à des formations générales et professionnelles de qualité. Elle nécessite des réformes et un investissement financier qui doit se poursuivre et s’amplifier.
Elles exigent :
- pour la rentrée, le réemploi de tous les non-titulaires et l’amélioration de l’affectation des titulaires, notamment par la transformation des heures supplémentaires (HS) et des vacations en emplois (800 000 HS = 45 000 emplois).
- plusieurs milliers de créations de postes d’enseignants et d’ATOSS et IATOSS pour tous les niveaux, le maintien de recrutements externes importants, des mesures pour lutter contre la précarité, pour relancer et consolider les ZEP, pour renforcer l’encadrement éducatif technique et administratif, social et de santé, pour développer l’enseignement supérieur et la recherche publique. Les tâches effectuées par les CES répondent à de vrais besoins, qui nécessitent la création des emplois correspondants ;
- la réduction du temps de travail, l'amélioration des carrières et des salaires – avec un effort particulier sur les bas salaires –, un véritable plan permettant la résorption de la précarité.
Les fédérations (FAEN, FEN-UNSA, FERC-CGT, FSU, SGEN-CFDT) et leurs syndicats de l'éducation nationale appellent les personnels à développer, dès maintenant, des actions unitaires à tous les niveaux, et à assurer le succès de la grève nationale du 30 septembre 1996.