Article de M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur, dans "La Lettre de la Nation magazine" du 23 mai 1997, intitulé "Guerre totale au trafic de drogue".

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Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

Le gouvernement a déclaré une guerre totale au trafic de drogue.

La drogue n’est pas un paradis artificiel que nous pourrions accepter ou tolérer. La drogue est un ennemi que nous devons combattre ; un cancer qui ronge progressivement le corps social et qu’aucune complaisance, aucun compromis, fût-il dans l’air du temps, ne saurait arrêter.

Le premier message que je veux livrer est simple : nous ne dépénaliserons pas le moindre stupéfiant. Nous combattons énergiquement tous les trafics. Nous poursuivons constamment tous les trafiquants et cela au plan national comme au plan international.

Car disons-le tout net : si on ne prenait pas en compte à la fois le niveau national et le niveau international, l’efficacité de notre politique serait nulle. Comment pourrait-on comprendre que ce que nous chassons par la porte revienne par la fenêtre ?

* Fermeté contre les trafiquants

La lutte contre la drogue est un tout et le gouvernement est déterminé à tirer toutes les conséquences de cet état de fait.

Sur le plan national, des mesures de renforcement de la lutte contre la toxicomanie ont été décidées par le Premier ministre. Je citerai notamment la création d’un délit spécifique pour les individus en relation avec des revendeurs et ne pouvant justifier de leur train de vie.

Reste que les lois ou les traités ne comblent jamais les lacunes de la volonté. La lutte contre la drogue, c’est d’abord l’action de la police nationale et des autres services concernés (gendarmerie et douanes), mobilisés et soutenus par le gouvernement. Quelques chiffres vous permettront de situer la valeur du travail accompli.

Pour la seule police, les quantités saisies aux frontières terrestres, et notamment aux frontières nord-est, ont augmenté de 12 % pour l’héroïne, de 66 % pour la cocaïne, 102 % pour le cannabis et 32 % pour le LSD en 1995. Je ne crie pas victoire car nous constatons que le nombre des infractions à la législation sur les stupéfiants s’est accru de 12 %.

* Renforcer la coopération européenne

Nous agissons également au niveau de l’Union européenne pour que les législations nationales soient harmonisées dans le sens d’une sévérité accrue.

En attendant mieux de certains de nos voisins, nous ne pouvons rester les bras croisés. Il serait singulier que l’exercice de la souveraineté nationale soit loué lorsqu’il s’agit d’autoriser le commerce et la vente de la drogue, mais vilipendé lorsqu’il s’agit de protéger nos enfants et notre société de son extension.

C’est la raison pour laquelle le renforcement des coopérations policière et judiciaire est un préalable à l’allégement des contrôles aux frontières des États qui n’ont pas une législation interne antidrogue cohérente avec la nôtre.

Enfin, il est clair que la lutte contre la drogue passe par une politique de prévention adaptée. Celle-ci est le corollaire indispensable d’une politique de répression que nous devons continuer de mener avec la fermeté nécessaire.