Texte intégral
Europe 1 – jeudi 26 mars 1998
La France est donc parmi les onze présélectionnés pour le lancement de l'euro dans neuf mois. C'est bien pour l'Europe, mais il reste des euro-teigneux ou des euro-grognons, même dans vos rangs : pour eux, la France ne serait plus la France et un pays plus petit, plus contraint, moins libre ?
– « Elle est surtout un pays qui se trouve maintenant au cœur d'une zone qui est seule capable, par sa puissance, de faire pièce aux États-Unis. C'est un pays qui a fait des choix depuis longtemps, ne faisons pas comme si la décision d'hier tombait du ciel. Et ces choix vont se poursuivre et lui permettre, je crois, de jouer un plus grand rôle sur la scène internationale. »
Le Président Chirac a rendu hommage, hier, à tous ses prédécesseurs, à la détermination européenne de ses prédécesseurs. Est-ce qu'un ministre du gouvernement Jospin peut lui aussi saluer les efforts des prédécesseurs, y compris Balladur et Juppé ?
– « Franchement, ils ont joué leur rôle, bien sûr, ça fait longtemps que la France a choisi l'euro. On aurait aimé trouver des finances publiques en un tout petit peu meilleur état peut-être. Nous avons, disons, terminé le travail de façon propre alors qu'il n'était pas évident qu'on soit dans les critères de Maastricht. Mais bon, ce qui est vrai, c'est que ce sont les efforts des Français depuis maintenant cinq-six ans qui sont récompensés, ils vont devoir se poursuivre d'ailleurs parce que la stabilité des finances publiques n'est pas quelque chose pour un jour mais pour des années. »
Autrement dit, l'annonce de la Commission de Bruxelles marque à la fois un aboutissement et un début. Mais est-ce que c'est un début qui ne comporte pas trop de risques, et pour les Français d'abord ?
– « Si vous voulez, il y avait deux risques pour l'euro : il y avait un risque avant, c'est-à-dire qu'on ne réussisse pas à atteindre les fameux critères. Ce risque est maintenant conjuré : nous y sommes, onze pays y sont. C'est très important parce que ce sera un euro large et pas simplement une monnaie à quatre ou cinq … »
On peut dire, au passage, bravo à l'Italie.
– « Bravo l'Italie car effectivement, ils ont fait des efforts absolument spectaculaire de redressement des finances publiques. Le risque avant est un risque écarté. Il reste le risque après, c'est-à-dire que l'euro, ça ne marche pas. Mais pour moi, ce risque est un risque très concret : comment va-t-on établir les feuilles de paie, de Sécurité sociale ? Comment va-t-on établir les prix ? Comment va-t-on tarifer tout ça ? Et je crois aussi que ça suppose un certain nombre d'adaptations… »
Mais vous avez les réponses ? Parce que vous me posez de très bonnes questions. »
– « Oui, on y travaille, il y a un plan de transposition à l'euro. On a entre 1999 et 2002, maintenant pour réussir l'euro, parce que l'euro, en réalité, sera terminé le jour où vous ou moi, nous aurons dans nos poches des billets et des pièces non plus en francs mais en euros. Ce jour-là, le franc aura disparu. Le risque existe mais il y a quand même une chance extraordinaire parce que l'euro, c'est plus de stabilité, c'est plus de force, c'est un instrument de réserve. »
C'est un engagement de votre part ?
– « Absolument. Je crois que nous devons tous nous battre maintenant pour réussir l'euro, pour faire en sorte d'éviter qu'il implose. »
Mais quand vous dites : c'est la croissance, l'emploi, vous en êtes sûr ou vous croisez les doigts ?
– « On ne peut pas être sûr. Je pense qu'un gouvernement qui dirait, il n'y a pas de risque à faire une mutation aussi forte serait un gouvernement qui ne dit pas la vérité. Ces risques existent : risque d'harmonisation fiscale par le bas, risque d'harmonisation sociale par le bas, risque que cela pèse sur l'emploi et sur les prix. Les Français en ont peur, c'est à nous tous d'avoir une politique de l'euro qui ne se contente pas de faire une monnaie mais qui rééquilibre aussi la construction européenne, qui la fasse aller vers plus de croissance et plus d'emploi. C'est ce que veut faire le Gouvernement, il se battra au sein de l'Europe, il se bat au sein de l'Europe. Pour ça, non, l'Europe n'est pas un long fleuve tranquille. »
D'après des experts, si vos idées – socialistes, gauche plurielle – réussissent, le chômage pourrait descendre autour de 10 %. En s'inspirant des Anglais, ce serait 7 %. Si vous aviez le choix entre la fidélité aux idées et l'efficacité ?
– « Moi, je fais partie de ceux qui ne sont pas contre T. Blair au sein de la gauche. Je trouve que c'est intéressant ce qu'il fait, c'est intéressant sur l'Europe notamment. En même temps, le modèle anglais vient du fait qu'ils ont traversé, dix-huit années de thatchérisme. Si on veut avoir une absence de salaire minimum, si on veut avoir des millions de femmes qui sont dans une situation précaire et des femmes seules, si on veut avoir des faux chômeurs, une précarité extrêmement forte, alors il faut le modèle anglais. Notre modèle est totalement différent. Nous voulons conserver un haut niveau de protection sociale. »
Plutôt les 10 % que les 7 % de chômeurs ?
– « Non, parce que les 7 % de chômeurs anglais sont ajoutés à 5 % de précaires. »
Est-ce qu'il faut un Gouvernement économique des Quinze pour coordonner les politiques économiques nationales ?
– « Les Allemands n'aiment pas l'expression « Gouvernement économique » alors ne parlons pas de Gouvernement économique mais parlons d'un Conseil de l'euro, un Conseil de l'euro 11, qui va s'appeler comme cela et qui sera capable de piloter toutes les politiques économiques en Europe que ce soit la politique monétaire mais aussi la politique budgétaire, la politique fiscale, la politique de change. Je suis persuadé que cette instance nouvelle qui va être créée à l'instigation de D. Strauss-Kahn est extrêmement importante pour demain. Il y a bien maintenant un interlocuteur à la Banque centrale européenne. Ce n'est pas elle qui fera la pluie et le beau temps en Europe. »
Il faut définir les statuts de la Banque de France. Vous n'allez pas avoir d'histoires avec vos amis Verts et surtout communistes ?
– « J'espère que non. Vous savez, la Banque de France continuera d'exister mais au sein d'un système européen de banques centrales qui ira vers une Banque centrale européenne indépendante. »
Mais elle devient figurante, comme la Bundesbank ?
– « Elle n'est pas figurante et d'ailleurs, la Bundesbank, personne ne dit qu'elle est figurante. Elle sera une voix parmi d'autres. D'ailleurs, il y aura un homme-une voix au sein du futur conseil de la Banque centrale européenne. »
Est-ce que vous avez renoncé à proposer un Français pour présider la Banque centrale européenne ?
– « Absolument pas. Nous avons une proposition qui est celle de J.-C. Trichet. Elle nous paraît sérieuse et nous espérons bien qu'elle sera retenue. »
Dans quels délais ?
– « Nous aimerions que tout cela aboutisse pour les rencontres européennes du 1er, 2 et 3 mai. »
Sinon ?
– « Sinon, il faudra y réfléchir. Nous tenons substantiellement à notre candidat. Comprenons-nous, nous pensons vraiment qu'il est le meilleur et ce n'est pas une proposition sur laquelle nous sommes enclins à négocier beaucoup. »
Deux ou trois questions politiques : la droite a perdu, le RPR a tenu bon, l'UDF n'existe plus. Est-ce que pour gouverner vous dites : « Chouette maintenant tout est permis » ?
– « Absolument pas. Vous savez, il n'y a pas de crise politique. Le Premier ministre a raison au sens où ce n'est pas mai 1968, au sens où il y a une gauche qui est au pouvoir, au sens où il y a un gouvernement qui a été confirmé et un Premier ministre qu'on apprécie. En même temps, il y a un problème dans la démocratie française. »
Un problème durable avec le FN ?
– « Un problème probablement durable avec le FN, ne disons pas le contraire puisqu'il dure maintenant depuis très longtemps. Et puis il y a une droite qui est divisée en quatre. D'abord ceux qui ont fait l'alliance avec le FN, ceux qui sont prêts à la faire – type Madelin mais qui ne l'ont pas encore faite – ceux qui veulent créer un parti du centre – type Bayrou et qui sont prêts apparemment à lever bien des tabous puisqu'ils sont prêts à faire n'importe quelle alliance – et le RPR. Cela fait quatre bouts. Il va falloir que tout cela se recompose parce que je pense effectivement qu'une démocratie marche bien sur deux pieds, c'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait deux formations qui soient capables de l'alternance. »
Vous avez envie de tendre la main au futur parti du centre de F. Bayrou ?
– « Écoutez, je pense qu'il a suffisamment de boulot pour le faire. On ne sait pas trop ce que c'est. Je n'ai pas été frappé par la netteté des positions de F. Bayrou au cours des derniers mois. Il s'est fait peu entendre d'abord puis ensuite il a paru un peu complaisant. Voilà maintenant qu'il lance son aventure ! »
Il expliquera lui même ce qu'il veut faire au Club de la presse dimanche. Une dernière chose : à gauche qu'est-ce que vous avez envie de faire ?
– « Je crois que les choses sont simples : réformer la vie politique – c'est un vrai besoin, sur le cumul des mandats, sur la réforme des modes de scrutin – c'est fondamental – sur la place des femmes et la parité – et Jospin a pris des engagements là-dessus – et puis poursuivre et accentuer notre action parce que les problèmes que rencontrent les Français, c'est d'abord l'emploi. Moi, je préfère honnêtement qu'on fasse plutôt 7 % en France que 7 % en Grande-Bretagne, avec des emplois stables et c'est aussi la sécurité. C'est un problème dont j'ai pu voir en campagne électorale qu'il était une obsession pour nos concitoyens. Il faut absolument le traiter, renforcer la présence de l'État et être capable aussi d'associer les collectivités locales, l'intercommunalité. C'est une priorité pour nous. »
Est-ce qu'il y aura une nouvelle déclaration de politique générale de L. Jospin dans les semaines qui viennent ? Tout de suite après le remaniement du gouvernement ?
– « Je ne peux pas le dire mais L. Jospin a dit qu'il allait attendre que la fièvre retombe un peu, notamment que les régions soient définitivement établies, pour s'exprimer à nouveau. Cela prendra la forme qu'il décidera mais je crois que l'on peut s'attendre de sa part à une reformulation de notre politique. »
Dans les prochains jours ?
– « Je le crois. »
RTL : lundi 30 mars 1998
Les manifestations contre le Front national se sont déroulées sans la présence de membres du Gouvernement, pourquoi ?
– « Vous savez les membres du Gouvernement, leur rôle, c'est d'abord d'administrer la France. On peut manifester ici, on peut ne pas manifester là ; certains d'entre nous peuvent manifester, certains autres, pas. Nous nous étions dit justement, pour ne pas entrer dans cette cacophonie, qu'il valait mieux qu'aucun ministre ne manifeste. Le Premier ministre lui-même l'avait demandé. Nous étions tous d'accord. »
Le Premier ministre intervient avant les élections sur le perron de Matignon, puis le Gouvernement ne participe plus aux manifestations anti-FN après les élections, est-ce que cela n'accrédite pas la thèse selon laquelle son intervention était partisane ?
– « Je crois que si L. Jospin n'était pas intervenu, on aurait dit : qu'ils sont cyniques, ils se taisent alors que le Front national monte ! Là, il est intervenu et on dit, ils s'en servent ! C'est un peu sans fin comme histoire. Vous savez, ce n'est pas agréable d'être un responsable politique au pouvoir et de voir monter le Front national. Ce n'est pas agréable d'être un responsable politique au pouvoir et de voir monter l'abstention. Ce n'est pas agréable de vivre dans la période où nous vivons, c'est plutôt difficile. Je peux donc vous assurer que la montée du Front national, même si électoralement, elle s'accompagne d'un progrès de la gauche n'est pas quelque chose qui nous fait chaud au cœur. C'est quelque chose qui nous inquiète, quelque chose qui nous mobilise, quelque chose que nous voulons faire reculer. »
Personne à gauche, vraiment, ne fait le calcul selon lequel après tout, si le Front national dominait l'opposition, ce serait assurer une présence de la gauche au pouvoir, pour de longues années ?
– « Encore une fois, le pays est difficile. Il connaît une crise profonde, marquée par le chômage et par l'insécurité. Quand on a une certaine conception de ce qu'est la politique, une conception un peu haute, on ne pense pas qu'à se maintenir au pouvoir ; on pense au profit de ses concitoyens. Encore une fois, notre objectif, mais aussi celui de toute la classe politique, doit être de faire reculer le Front national et de ne pas offrir aussi à l'étranger cette image d'un pays étrange qui se porte plutôt bien sur le plan économique, qui a des zones de prospérité et qui en même temps voit monter une extrême droite effectivement raciste et xénophobe. »
Mais le Front national qui serait le principal parti d'opposition, ne serait-ce pas la meilleure situation pour attirer vers la gauche le nouveau parti du centre que voudrait créer F. Bayrou ? Cela doit bien entrer de temps en temps dans les calculs des stratèges, présidentiels qui sont autour de L. Jospin, non ?
– « Je vous assure qu'on ne raisonne absolument pas comme cela. Il y a une crise à droite, il faut la constater. Elle est extrêmement sévère avec une droite qui, finalement, est morcelée en quatre. Il y a ceux qui, comme C. Millon, ont déjà une alliance avec le Front national et en plus partent dans des dérives psychologiques un peu étranges. Il y a ceux qui sont prêts à la faire, sans l'avoir fait, comme A. Madelin ou F. d'Aubert. Il y a les partisans de la création d'un centre, mais un centre ambigu. Je n'ai pas remarqué que F. Bayrou était d'une clarté extraordinaire sur la question des alliances ni à droite, ni à gauche, ni à l'extrême droite depuis l'origine. Et puis, il y a le RPR qui reste un peu lui-même au sommet, mais qui en même temps à la base est très tenté par le Front national. Il y a donc cette espèce d'éclatement de la droite mais qui peut aussi créer un continuum dans lequel s'insérerait un Front national qui reprendrait la stratégie de B. Mégret. Tout cela n'est pas du tout stabilisé, n'est pas du tout rassurant et nous ne prenons pas cela comme une garantie pour la vie. Nous voyons cela de façon, encore une fois, un peu inquiète. Une démocratie se porte mieux quand elle a une bonne droite et une bonne gauche. »
Il reste à élire des présidents de région et dans certains cas, la gauche et la droite sont à égalité de nombre d'élus, et notamment en Franche-Comté dans votre région. Alors comment en sortir pour éviter que le Front national ne joue les arbitres ?
– « Je crois qu'il faut absolument éviter ce que l'on appelle le front républicain, c'est-à-dire la confusion dans laquelle on se partage le pouvoir alors qu'on s'est opposé il y a quelques semaines en proposant des projets différents. Cela, c'est ce qu'il ne faut pas faire. Il faut aussi éviter de mettre le Front national en arbitre et donc, il faut dire clairement ni les uns, ni les autres n'en prendront les voix. Ce qu'il faut faire ? C'est ce que j'appelle un code de bonne conduite. Il faut qu'on arrive à dégager un système dans lequel le Conseil régional soit administré par des démocrates, dans lequel les positions de chacun soient prises en compte, donc qu'il y ait une base minimale de fonctionnement et d'accords politiques sur le fond. Quand on gère des collectivités locales, on n'est pas opposé sur tout. Il faut que l'opposition ait des moyens. On peut partager, par exemple, les présidences de commission. On peut aussi, c'est une proposition qui existe, partager l'exécutif dans le temps en faisant trois ans, puis trois ans. C'est un système à l'israélienne, la rotatzia. On doit discuter de tout cela. Je ne suis pas opposé, je suis même partisan que l'on en parle pendant l'élection du président ou avant l'élection du président vendredi. Mais en toute hypothèse, que l'on compte sur moi pour une chose claire, ce sera un démocrate qui dirigera la Franche-Comté, de gauche ou de droite. Il le fera sans les voix du Front national et ce sera fait de façon parfaitement propre et transparente et je m'y engagerai personnellement, puisque je suis à la tête du groupe socialiste qui est le plus important. »
Dans la mesure où la droite a un peu plus de voix que la gauche, même si le nombre d'élus est le même, c'est plutôt un président de droite dans les conditions que vous venez de définir ?
– « Pas du tout. La droite n'a qu'un atout, c'est d'avoir le doyen d'âge dans ses rangs car sinon, elle n'a pas eu plus de voix ; elle n'a pas eu plus de sièges. Il y a un type qui s'est comporté bien qui a été un président élu et puis qui a refusé ensuite les voix du Front national. Cela ne change pas les résultats des élections qui est qu'ils ne les ont pas gagnées, que nous ne les avons pas perdues. »
À gauche, certains redoutent à l'inverse, une sorte de recentrage de l'action du Gouvernement, justement pour ne pas effaroucher des Français qui pourraient être tentés par les voix de Le Pen, parce qu'il y a aussi l'euro qui arrive avec ses contraintes. Le président de la Bundesbank vient de dire que si l'on voulait que l'euro fonctionne, il fallait des budgets proches de l'équilibre, voire même en excédent dès 1999. La pression est très forte, non ?
– « Écoutez, M. Tietmeyer dit un peu ce qu'il veut. Moi, je note qu'il y a eu un rapport officiel, celui de la Commission, la semaine dernière, qui disait que la France était tout à fait dans les clous. Il y a eu un rapport, celui de l'institut monétaire européen, qui le disait de façon un tout petit peu plus nuancée mais qui le disait aussi. Nous allons vers l'euro, à notre rythme et à notre façon, avec une politique qui est la nôtre. Moi, j'ai envie de dire ni recentrage, ni changement de cap. Finalement, la politique que suit le Gouvernement, elle a été validée. Alors, il faut sûrement la remettre en perspective. Il faut sûrement, après que la fièvre des régionales soit retombée, après que les derniers présidents aient été désignés, après peut-être aussi que des consultations politiques comme celles qu'entreprend le président de la République aient été menées à bien, il faut peut-être après tout cela remettre les choses en perspective, redire au pays là où va le Gouvernement, c'est-à-dire la politique qu'il entend suivre pour l'emploi, contre l'insécurité, en matière de modernisation de la vie politique. C'est quand même L. Jospin qui avait pris cette initiative le premier. »
Justement, c'est une compétition entre le Président de la République et le Premier ministre ou une concertation ?
– « Il faut qu'il y ait une concertation. Ce n'est pas une compétition mais reconnaissons quand même que les socialistes en ont fait depuis longtemps leur cheval de bataille. Nous avions eu une convention sur la démocratie. C'est pour L. Jospin quelque chose à quoi il tient. Je crois qu'il doit se réjouir que le président de la République l'ait compris et finalement le soutienne dans cette affaire. »
Sur les 35 heures, L. Jospin reçoit aujourd'hui le président du CNPF, E.-A. Seillière. R. Barre disait, hier soir, au Grand Jury que la loi sur les 35 heures pourrait ne pas l'effrayer si elle était accompagnée de la flexibilité : annualisation du temps de travail et moins de contraintes administratives.
– « C'est bien qu'il ne soit pas effrayé. Il est économiste, je ne sais pas si c'est le meilleur de France comme on disait jadis, peut-être pas ou peut-être plus mais en tout cas, il connaît bien l'affaire. Donc, finalement il met de côté toutes ces peurs un peu irraisonnées sur les 35 heures. Je n'aime pas le mot flexibilité, je n'aime pas la chose. Mais ce qui est vrai, c'est que la loi qui a été votée est une loi de souplesse. C'est la négociation qui doit permettre, entreprise par entreprise, de réaliser les choses et c'est une loi d'incitation car il y aura des incitations financières pour les entreprises qui créent de l'emploi. Donc, finalement, R. Barre a compris une chose, c'est que les 35 heures, ce n'est pas un couperet, ce n'est pas une guillotine mais c'est une loi qui cherche à créer une dynamique dans l'économie et je suis persuadé que cela va se passer. Je pense aussi qu'E.-A. Seillière, qui au départ a voulu déstabiliser L. Jospin, aura également compris qu'en fait, il fallait appliquer la loi. Il est légaliste, les patrons le seront aussi et je suis sûr que des emplois seront créés. »