Editorial de M. François Léotard, président de l'UDF dans "L'Esprit d'équipe" d'octobre 1996, sur la réorganisation de l'UDF dans un mouvement populaire de centre droit, intitulé "Naissance d'un grand mouvement".

Prononcé le 1er octobre 1996

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Média : L'Esprit d'équipe

Texte intégral

L’UDF est à une croisée des chemins. Elle a incontestablement la possibilité de devenir la première force politique française : ses thèmes, la qualité de ses élus, le choix qu’elle a fait de la démocratie interne, son enracinement, la conjugaison des grandes valeurs qui irriguent la société politique française lui permettent de répondre – sans mensonge – aux grandes interrogations de notre époque.

L’UDF pourrait aussi – si elle ne mesurait pas ses responsabilités – s’engager dans une voie bien différente qui serait celle de l’éparpillement des énergies et de la perte de ses repères. Au lieu de chercher à se rassembler autour de valeurs communes, elle s’efforcerait de multiplier les singularités internes et d’exalter les divergences.

Ma conviction est simple : cette dernière direction est sans issue. Je sais que le chemin qui a été pris depuis le mois de mars dernier est rude. Il suppose conviction, audace et tolérance qui ne sont pas des vertus contradictoires. C’est le chemin de l’unité et du renouveau. L’université d’été de La Baule, par son succès même, a montré que c’était la seule voie conforme à notre espérance : c’est le respect des uns vis-à-vis des autres, c’est la priorité accordée aux idées et aux propositions, c’est la discipline acceptée par tous, c’est l’effacement progressif des jalousies intestines, des jeux partisans, des querelles de boutiques ou de clientèles.

Si nous parvenons – en combattant nos propres défauts – à suivre ce chemin-là, nous aurons,  je crois, répondu à l’attente inquiète de nos concitoyens. La machinerie complexe et égoïste des appareils politiques ne les intéresse pas. Mais le débat des idées, le service d’une cause, l’ouverture aux jeunes, la promotion des femmes : tout cela les concerne.

Ce qui se passe aujourd’hui à l’UDF a une signification très précise qui n’apparaîtra que peu à peu aux yeux des observateurs de la vie politique : c’est la naissance d’un grand mouvement populaire de centre droit, ouvert aux idées les plus neuves, profondément décentralisé, démocratique dans son fonctionnement, attaché à la liberté et à l’Europe comme aux deux seules aventures de cette époque exceptionnelle.

Autour de nous, en France même, le monde craque. Dans chacun de nos foyers, chacune de nos entreprises, chacune de nos consciences, nous ressentons confusément les blessures que cela entraîne. Mais notre espérance en l’homme, notre volonté de combattre toutes les peurs du moment, notre passion pour la dignité de la personne nous amènent à défendre encore davantage les convictions qui nous fondent.

J’ai parlé à La Baule de « naissance d’une nation ». J’ai dit que nous étions les affluents d’un même fleuve.