Texte intégral
M. Autherman : Est-ce que, pour vous, l'exemple du musée des Beaux-arts de Rennes est l'exemple-type de ce qu'il faut faire pour attirer du monde au musée ?
P. Douste-Blazy : Écoutez, dès que je suis arrivé au ministère de la Culture, j'ai voulu savoir qui allait au musée, au théâtre ou même dans les salles de concert. Et on s'aperçoit que ce sont pratiquement toujours les mêmes : moins de 10 % de la population. Donc, nous avons voulu, pour les musées, faire toute une série d'événements pour attirer nos concitoyens dans les musées. À thermes, c'est un succès formidable : 3 000 personnes aujourd'hui alors qu'un dimanche normal, c'est 200 personnes. Il y avait 700 musées, aujourd'hui, gratuits. Chaque année, il y en a de plus en plus. L'année prochaine, on en fera 1 000, j'espère. Mais ce qui est important, c'est la phrase d'A. Malraux : « Faire de la culture ce que la IIIème République a fait de l'enseignement : tous les enfants de ce pays ont droit au musée, au cinéma, au théâtre, comme ils ont droit à l'alphabet. » Car c'est ça, le musée. C'est la connaissance, le savoir, la culture.
M. Autherman : Mais, il y a de plus en plus de musées en France, or, on l'a vu l'année dernière : la fréquentation de ces musées est plutôt en baisse. Elle est même assez nettement en baisse.
P. Douste-Blazy : La fréquentation est en baisse parce que les touristes sont en baisse. Mais le nombre de Français qui y vont est à peu près constant. Moi, j'ai envie de faire une grande opération avec l'Éducation nationale : expliquer aux Français que ce qu'il y a dans les musées : les collections, les tableaux, ça n'appartient pas au maire, ni au préfet, ni au ministre, c'est à eux. C'est l'appropriation des musées par les Français qui m'intéresse. Et d'ailleurs, nous avons voulu travailler avec des jeunes. Par exemple, au Louvre, nous avons décidé que le Louvre, un dimanche sur quatre, le premier dimanche de chaque mois, c'est gratuit Eh bien 30 000 personnes vont au Louvre. Et lorsqu'on leur demande pourquoi ils n'y allaient pas, eh bien, parce que c'était trop cher ; parce que vous aviez quatre enfants et que vous alliez en famille, et c'est beaucoup trop cher. Et donc, il y a un succès là-dessus parce qu'il y a une soif de culture. Pour les jeunes de moins de 26 ans, avec 100 francs, ils peuvent acheter une carte et aller le nombre de fois qu'ils le veulent au Louvre, toute l'année. Et la carte Sésame aussi, pour le Grand Palais, les grandes expositions qu'il y a au Grand Palais, avec 100 francs, vous pouvez avoir toutes les expositions, vous ne faites pas la queue, vous y allez avec quelqu'un que vous avez souhaité. C'est important je crois, ce désir de culture, ce désir de connaissance et de savoir. Je crois que nous avons une responsabilité importante vis-à-vis de notre citoyen.
M. Autherman : Dans l'actualité, il y aussi cette politique sur le musée de la Marine, qui doit déménager du Palais de Chaillot. Êtes-vous pour le déménagement de ce musée ?
P. Douste-Blazy : D'abord, nous sommes tous très attachés au musée de la Marine, et le Président de la République l'a dit, avec force, à plusieurs reprises. Mais, le musée de la Marine, aujourd'hui, est à l'étroit, il ne peut pas s'étendre. Le ministre de la Défense a demandé à J.-F. Deniau de nous faire des propositions. D'abord, pour un projet – un projet non seulement basé sur les collections, sur le côté historique de la marine, mais aussi sur l'aspect contemporain, la marine marchande, la marine de pèche, la marine de plaisance, la marine militaire, etc. –, et puis un lieu. Alors, toutes les propositions sont bonnes à prendre. Pourquoi pas au bord de la mer ? Pourquoi pas non plus à Paris ? Il faut maintenant étudier. Mais J.-F. Deniau va nous faire des propositions dans ce sens.