Texte intégral
Le changement pour une France fière, généreuse et ouverte
Robert Hue a consacré l’essentiel de son propos à la politique militaire de la France. Avec notamment ses implications concernant les industries d’armement. « L’Humanité » y reviendra ultérieurement. Par ailleurs, le secrétaire national du PCF a souligné :
« C'est un symbole fort - notamment au lendemain de « Gardanne » où le candidat du Front national a été largement battu, et en présence du nouveau député de la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône, Roger Meï, que je tiens à saluer chaleureusement - que le secrétaire national du Parti communiste français soit aujourd'hui à Toulon, dans une ville où les hommes de Le Pen prétendent faire vivre leur politique de haine, de violence et d'exclusion. Il y a un an et demi à peu près, j'avais dit que nous allions relever l'insupportable défi que constitue à nos yeux la permanence à un niveau élevé du Front national dans le paysage politique français. Et notamment son implantation dans les milieux populaires. Ma présence aujourd'hui à Toulon est le signe que nous tenons parole, que ce travail de dialogue, de conviction, de déploiement d'initiatives « sur le terrain », au plus près des problèmes, est bel et bien engagé, et qu'il va - parce qu'il le faut – se poursuivre et s’approfondir encore davantage. »
La place de la Nation
Robert Hue a ensuite livré ses réflexions sur la France elle-même, « puisque, en haut lieu, on ne cesse d’affirmer que le monde a changé, et que le cadre national serait désormais dépassé en matière de défense comme ailleurs. Certes, nous le savons bien, la France a plus changé en quelques décennies qu’au cours des siècles antérieurs. Et, nous le savons tout autant, l’environnement international, avec les effets de près que quarante ans de construction européenne, les phénomènes complexes liés à la mondialisation, a profondément modifié les modes de vie. Le besoin d’échanger et de coopérations grandit et il est moins que jamais question de se replier sur soi, de se fermer au monde. Nous n’ignorons aucune de ces réalités. Mais nous n’y voyons pas la disparition du principe national. Au contraire. D’ailleurs aux États-Unis ou au Japon, on parle fréquemment des « intérêts géostratégiques » des États-Unis et du Japon. La Chine voit son rôle grandir sur la scène internationale comme nation. Pourquoi n’y aurait-il qu’en France que les autorités tiennent pour incontestable le discours de la dissolution nationale ? »
Contre le bradage des richesses
Robert Hue a poursuivi : « C'est parce qu'on veut “plier” la France à un modèle de société totalement étranger à ses traditions et à son histoire qu'on se plaît à trouver dépassé et archaïque le cadre national. On ne peut accepter que notre peuple soit placé devant le fait accompli. Il doit être consulté par référendum sur cette grave question du passage ou non à la monnaie unique. Nous communistes, nous voulons continuer la France dans les conditions de notre temps. C'est pourquoi nous nous dressons contre les coups qu'on lui porte, contre les régressions qu'on lui impose, contre le bradage de ses richesses qu'on organise. »
Le cas Thomson
Permettez-moi à cet égard de n’en souligner qu’un seul exemple. J’ai évoqué tout à l’heure le cas de Thomson. Et chacun a en mémoire l’arrogance avec laquelle Alain Juppé a laissé tomber cette phrase cinglante : « Thomson, ça ne vaut rien, ça vaut 14 milliards de dettes. » Quel mépris pour les êtres humains, pour l’intelligence des salariés de toutes les catégories de cette entreprise, auxquels le Premier ministre veut asséner : « Vous ne faites pas d’argent, donc vous ne comptez pas, nous n’êtes rien ! » Tout cela alors qu’au même moment, il s’apprêtait à brader des secteurs de pointe de cette entreprise à un groupe coréen pour un franc symbolique. Et chacun voit bien qu’ainsi – de privatisation en privatisation, de France Télécom au CIC et à la SFP, en attendant Framatome – c’est l’ensemble du patrimoine national qui se trouve mis à l’encan. Et ce sont des secteurs vitaux pour le développement du pays qu’on abandonne et qu’on laisse dépecer à belles dents. Tout ceci est inacceptable. Je veux donc souligner au nom même du combat que nous menons pour que prévale dans ce pays une politique de gauche, que ce qui est ainsi sacrifié devra être renationalisé. »
« Pour moi, c’est clair : ce qui aura été bradé au franc symbolique devra être indemnisé au franc symbolique et pas un centime de plus ! Et concernant Thomson – et plus généralement le dramatique démantèlement du potentiel industriel de la France auquel se livre le pouvoir -, je veux vous informer que le parti communiste lance une pétition visant à permettre à nos concitoyens de dire haut et fort leur opposition à cette politique désastreuse et leur volonté que notre pays s’engage dans une politique de développement moderne, humain et efficace pour affronter avec toute l’ambition nécessaire les défis du XXIe siècle. »
Une France forte ouverte au monde
« J'ai parlé de notre volonté de continuer la France. Nous voulons en effet une France fière d’elle-même et ouverte au monde. Une France qui perdure dans une Europe qui se cherche. Une France forte, à l’avant-garde d’une nouvelle construction européenne qui soit une véritable communauté. (…) Pour contribuer aux avancées communes, la France doit garder son originalité, développer son identité. Elle doit dans le même temps avoir le courage de changer ses structures. La France qui continue, ce ne peut être en effet qu'une France qui change. C'est le sens de l'action des communistes pour contribuer avec notre peuple à la construction d'une véritable alternative progressiste, d'une union nouvelle à gauche. »
Une France généreuse
« J’ai parlé de notre volonté de continuer la France. Et je veux souligner, ici à Toulon, que la France n’est devenue nation que quand elle est apparue aux yeux du monde comme le pays de la déclaration des droits de l’homme. De la liberté, de l'égalité, de la fraternité. Ces trois mots je les dis et je les redirai inlassablement, à un moment où certains voudraient nous faire accomplir un formidable pas en arrière. Quand j'entends un Le Pen vanter l'inégalité prétendue des races humaines, quand j'entends ses séides prôner sans relâche la haine, l'intolérance, le repli sur soi, je me dis, avec la plus grande inquiétude : mais si on les laisse faire, c'est l'existence même de la France qui serait en jeu ! Mais les Français n'ont pas la mémoire si courte qu'on le dit ! Il fut un temps, pas si lointain, où paradaient en France des hommes qui s'exprimaient comme Le Pen. Ils parlaient haut et fort, ils battaient les pavés de leurs bottes, ils criaient leur haine des « métèques » et ils crachaient sur la République, au nom de la soi-disant « propreté », au nom même de la France. Et qu'en est-il résulté ? Le désastre national, l'abaissement, que dis-je ? L'humiliation de la France. On voudrait recommencer aujourd'hui ? Non, mille fois non ! Je désire passionnément le rassemblement de tous les Français. Ce rassemblement-là, ce n'est pas celui d'une France contre une autre. C'est celui d'un peuple choisissant le meilleur pour son avenir et celui de son pays. Non la France, notre France, ce n’est pas celle de la peur, du racisme et de l'exclusion. C'est celle qui n'oublie pas que la fierté d'un peuple ne va jamais sans sa générosité. C'est celle qui unit son amour de la justice à celui de la liberté. C'est la France populaire, rebelle et fraternelle. C'est, j'en suis persuadé, la France qu'ensemble nous allons continuer et développer. »