Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis
Je suis heureux de vous accueillir ici, au sein de l’Assemblée nationale, pour cette dernière étape de votre opération « MOSAIQUE ».
Pendant deux ans, vous avez conçu et conduit plus de huit cents projets. Avec des milliers de jeunes dont vous êtes aujourd’hui les représentants, vous avez agi concrètement pour aider des personnes en difficulté, pour lutter contre des exclusions, pour développer le sens du partage et de l’entraide, et pour redonner de l’espoir. Vous avez donné une définition concrète de la solidarité, par vos actes, par vos gestes. Ce que je sais de vos réalisations me fait vous dire que vous avez accompli un excellent travail, utile, efficace, et sans aucun doute formateur pour chacun de vous. S’améliorer en aidant, s’enrichir en donnant, il n’est pas d’objectif qui soit plus harmonieux que celui-là.
Je vous en félicite, et, au travers de vous qui êtes présents cet après-midi, je félicite tous vos camarades qui ont pris sur leur temps pour s’engager au service des autres. Vous avez démontré que vous croyez en la force de la solidarité et que vous savez la mettre en œuvre. Vous avez démontré que le monde tourne mieux quand les individus sont plus attentifs les uns aux autres. Je remercie les militants des Eclaireuses et des Eclaireurs de France d’avoir conçu et conduit ce projet.
L’Assemblée nationale, qui vous accueille aujourd’hui, est une des grandes institutions de la République. C’est ici que l’on prépare et que l’on vote les lois. Or les lois sont destinées organiser la vie en société, créer des liens entre les individus, donc à engendrer de la solidarité. C’est pourquoi j’ai répondu avec plaisir à votre souhait de tenir ici vos journées de bilan. Vous allez, m’a-t-on dit, mettre au point aujourd’hui et demain une chute de la solidarité. Il ne pouvait pas y avoir de lieu mieux choisi pour cette activité. Soyez les bienvenus : j’espère que vous trouverez ici de bonnes conditions de travail.
Si vous démontrez par vos réalisations que les jeunes peuvent apporter à la société, la société doit aussi, en retour, s’interroger sur la place qu’elle fait aux jeunes. Nous ne sommes plus à l’époque (pas si lointaine que cela) où l’enfant et l’adolescent appartenaient totalement à leur famille. Ils ont aujourd’hui – vous avez aujourd’hui – des droits propres et en même temps des devoirs, que la société doit préciser et respecter, et qui font de vous évidemment des personnes à part entière. C’est là une idée assez largement acceptée dans son principe, mais la mise en œuvre pose problème. Il me semble qu’il est nécessaire que la société réfléchisse à cette question, et je viens de prendre une initiative en ce sens. Nous avons mis en place une Commission d’enquête parlementaire sur les droits de l’enfant en France aujourd’hui. Je souhaite que nous puissions préciser ce qui va bien, ce qui va moins bien, et comment il est possible de faire évoluer certaines situations inacceptables. Le droit à la protection, le droit à l’expression, le droit à la santé, le droit à l’éducation et à des loisirs, le droit à l’information, le droit d’association : les sujets ne manquent pas, et j’espère que la Commission d’enquête contribuera à améliorer la situation des jeunes dans notre pays.
Il est un point sur lequel votre réflexion rencontre la mienne : la question de la formation à la citoyenneté. Je ne crois pas que l’on puisse parler des droits sans parler des devoirs : pour que chacun d’entre nous puisse jouir de ses droits, il faut qu’ils soient respectés, et il faut donc que chacun assume ses devoirs envers les autres. C’est cette association des droits et des devoirs qui forme la citoyenneté. Agir en citoyen, c’est jouir des droits qui nous sont reconnus et assumer les devoirs que nous avons envers la société. Promouvoir la citoyenneté, dans le but de créer du lien social : c’est un bel idéal pour une jeunesse qui veut prendre en main la société dont elle hérite. L’une des tâches prioritaires des adultes doit être de vous aider à atteindre cet idéal.
Pour ma part, je suis convaincu que l’on ne devient pas citoyen spontanément, sans préparation, sans information, sans formation. Il faut être initié aux contenus des droits et des devoirs ; il faut avoir réfléchi à ce que doit être l’organisation de la société ; il faut avoir progressivement, par la pratique, appris à se comporter en citoyen. Les projets que vous avez conduits ont contribué à vous y préparer. Ils sont l’exemple de ce que peut être une formation civique par la pratique. Votre initiative montre l’exemple et pose la question de l’apprentissage de la citoyenneté. Le bilan de la formation civique et des moyens qui y sont consacrés, dans l’école et hors l’école, devra être effectué. C’est en tout cas une de mes préoccupations fortes, et je suis heureux de constater qu’elle rencontre celle de votre association.
L’un des accompagnements de la citoyenneté, c’est l’esprit de responsabilité. Ce qui m’a semblé le plus remarquable dans l’opération MOSAIQUE, c’est justement qu’elle vise à développer l’esprit de responsabilité. Responsabilité dans le choix du projet, responsabilité dans la recherche des moyens, responsabilité dans la conduite de l’action. L’un de ses objectifs est de vous apprendre à faire face aux obligations que nous avons tous par rapport à nous-même et par rapport à autrui. Je ne puis que vous encourager à mettre en œuvre, dans votre vie personnelle, cet esprit de responsabilité qui est, au fond, le moteur de la vie sociale.
Il y aurait sans doute bien d’autres conclusions à tirer de ce que vous avez réalisé. Je pourrais par exemple évoquer le fait que vos actions ont contribué à développer aussi votre curiosité, votre ouverture au monde, votre attention à l’environnement, ou encore votre sens de l’engagement.
Vous allez vous-même, chers amis, procéder à cette réflexion sur les enseignements que vous avez tirés de vos diverses expériences. Je serai heureux d’être informé de vos travaux. Si vous acceptez de me faire parvenir la charte que vous allez élaborer, j’en prendrai connaissance avec beaucoup d’intérêt et je la ferai connaître autour de moi. Elle pourra notamment être utile à notre Commission d’enquête parlementaire sur les Droits de l’enfant.
J’ai la conviction qu’elle sera un élément de réflexion pour la jeunesse française, que vous inviterez ainsi à s’interroger sur les raisons de promouvoir la solidarité, sur ce que doit être une société solidaire, et sur la manière dont chacun peut agir pour la réaliser.
Dans un instant, nous allons pouvoir dialoguer. Je répondrai volontiers à vos questions, notamment sur ce qu’est l’Assemblée nationale dans laquelle nous nous trouvons, et également sur la mission des députés et sur leurs activités. Notre débat contribuera ainsi, je l’espère, à prolonger votre réflexion sur la solidarité et la citoyenneté.
Auparavant, je forme des vœux pour que votre assemblée générale soit un succès, pour que votre travail soit fructueux, et pour que vous gardiez un souvenir agréable de votre séjour au Palais Bourbon.
Merci aux organisateurs de MOSAIQUE.
Bravo pour tout ce que les jeunes Eclaireurs ont réalisé.
Et tous mes vœux pour les travaux que vous allez effectuer.