Texte intégral
Monsieur le secrétaire général,
Il n’est pas dans les habitudes du Parti socialiste de s’adresser directement, à la veille d’un mouvement social, aux dirigeants syndicaux. Respectueux de l’indépendance syndicale, même si souvent nous nous sentons en résonance avec les thèmes qui sont les vôtres, nous connaissons votre attachement aux caractères spécifiques du syndicalisme français.
Cette démarche exceptionnelle dans la forme est dictée par l’urgence sociale que nous sentons monter de toutes parts dans le pays. Le chômage progresse, la précarité s’accentue, la confiance est battue en brèche. La situation économique et sociale se dégrade sous nos yeux et le gouvernement semble ne rien voir. Pire, il persiste dans une politique qui échoue, au nom de la lutte contre les déficits. Les contresens de M. Juppé ont tué la croissance, qui galope en Asie et aux États-Unis. L’erreur économique et sociale du gouvernement entraîne notre pays dans un engrenage. Les Français consomment moins, l’activité est ralentie et les déficits se creusent davantage. Comme si cela n’était point suffisant, le gouvernement prend pour cible les services publics.
Le jeudi 17 octobre, votre fédération, avec toutes les fédérations de fonctionnaires, descendra dans la rue pour manifester un mécontentement qui nous semble légitime. Le 17 octobre c’est aussi, hasard du calendrier, la journée internationale contre la pauvreté. Comment ne pas rapprocher ces deux moments ? Les socialistes savent que l’on ne peut vaincre la pauvreté sans la présence des services publics : à l’école, dans les quartiers défavorisés par exemple. Nous voulons réaffirmer, à cette occasion, notre attachement au traitement public de la précarité, car la mission du service public est pour nous essentiellement deux choses : des principes d’égalité de traitement, de péréquation et, ainsi, une participation à la cohésion sociale. En France, comme à l’échelle européenne, il nous semble donc nécessaire d’affermir le service public, plutôt que de le miner comme le fait le gouvernement.
Vous comprendrez que nous ne pouvons que souscrire à la première de vos revendications adoptées en commun par les sept fédérations de fonctionnaires : « l’amélioration et le développement du service public qui contribuent à la lutte contre les inégalités, l’exclusion et le chômage ».
Voilà pourquoi je voudrais par la présente lettre vous faire connaître ma solidarité et vous informer que nous avons demandé à nos militants de participer dans le respect de l’indépendance syndicale aux manifestations du 17 octobre 1996.
Je vous prie de croire, Monsieur le secrétaire général, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.