Lettre de la LCR aux participants du sommet de la gauche du 26 septembre 1996, publiée dans "Rouge" du 3 octobre, sur la nécessité de rassemblement de la gauche face au Front National et la volonté de créer un "comité national de vigilance et d'initiative" contre le racisme.

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Circonstance : Rencontre le 26 septembre 1996 entre PS, PRS, PCF, MDC, Les Verts pour mettre en place un comité national de vigilance contre le racisme

Média : Rouge

Texte intégral

Chers amis, Chères amies,

La rencontre de ce matin pourrait représenter un pas en avant important dans le nécessaire rassemblement de la gauche face au Front national. C'est la raison pour laquelle nous avons tenu à être présents. L'unité de la gauche a, en effet, toujours représenté le meilleur traitement de ce cancer que représente l'extrême droite.

Il est incompréhensible pour l'opinion de gauche, et inquiétant pour l'avenir, que la première manifestation d'un front de la gauche, au plus haut niveau, contre Le Pen, se caractérise par des exclusives. En particulier à l'encontre d'un courant dont chacun connaît, depuis la lutte contre l'OAS, la tradition en la matière.

Comme nous ne pouvons le faire de vive voix, permettez-nous donc de vous adresser, par écrit, nos propositions pour construire la riposte qui s'impose à la montée régulière d'une formation raciste et xénophobe.

La recherche d'une réponse politique et sociale doit, selon nous, être prioritaire. Car il faut répondre, de toute urgence, au désarroi que suscite, chez des millions de citoyens, le déchaînement des attaques néolibérales et des politiques anti-immigrés, déchaînement qui fait aujourd'hui le lit de Le Pen.

Nous ne croyons pas, à cet égard, que le traitement juridique du problème puisse s'y substituer. La législation antiraciste existante, même renforcée, n'est pas une digue suffisante pour réduire l'influence d'une force qui représentait, aux dernières élections, 15 % de l'électorat.

De même, loi de circonstance, le texte de Monsieur Toubon apparaît dangereux, par son utilisation possible dans le futur, autant que par le fait qu'il dédouane la droite de ses propres complaisances envers le Front national et son programme.

Ce qui nous paraît s'imposer, c'est la mise en place rapide d'un comité national de vigilance et d'initiative, destiné à mobiliser le plus largement possible.

Un tel comité devrait d'ailleurs regrouper, au-delà des seuls partis politiques, organisation syndicales et associations démocratiques. Et sa constitution devrait, à nos yeux, se traduire par une initiative nationale exceptionnelle dans les prochains mois, dans le but d'affirmer un rapport de forces face à l'extrême droite.

Voilà, chers amis, chères amies, notre contribution à une discussion qui concerne toute la gauche. Nous souhaitons d'ailleurs la voir se développer à tous les niveaux du pays, tant il est vrai qu'elle va, à nos yeux, de pair avec la construction d'une alternative politique de gauche susceptible de répondre aux attentes du plus grand nombre.

Soyez assurés de nos sentiments les meilleurs, comme de notre détermination unitaire.