Texte intégral
La Tribune : Pourquoi réclamez-vous l'ouverture immédiate de la négociation sur l'Arpe (préretraites contre embauches) ?
Marc Blondel : Je ne souhaite pas que cette négociation s'inscrive dans la discussion globale sur le renouvellement de la convention Unedic. Ceux qui font pression pour agir ainsi veulent tuer l'Arpe. Les partenaires sociaux devraient se retrouver début septembre pour discuter de la reconduction du système. Or le patronat a refusé d'ouvrir les négociations, pour des raisons qui tiennent aux bagarres internes qui déchirent le CNPF.
La Tribune : Quel différend, selon vous, oppose les membres du patronat ?
Marc Blondel : Il y a une opposition très nette entre Jean Gandois, le président du CNPF, et Denis Kessler, le président de la commission économique du CNPF, également président de la Fédération des assurances, Denis Kessler considère que le dispositif de l'Arpe est l'illustration de ce qu'il ne faut pas faire, puisque d'une manière générale il est partisan de repousser l'âge légal de la retraite. Il estime que l'Arpe est un élément de préretraite qui va à contresens des intérêts du pays. Plusieurs membres du conseil exécutif du CNPF le soutiennent dans cette affaire. Jean Gandois a un avis plus modéré. Mais compte tenu de la façon dont M. Gandois a réglé les problèmes depuis quelques mois, tant à l'Unedic qu'à la Sécurité sociale, je ne suis pas sûr qu'il soit en mesure de dégager un consensus patronal sur cette question. Je crains même que, pour des raisons diverses, il y ait de fortes oppositions. Je doute de la capacité de M. Gandois à passer en force. D'autant que notre volonté n'est pas de reconduire le système pour un an mais de lui assurer une durée de ma vie suffisante pour qu'il ne soit plus soumis aux quintes de toux du patronat. L'Arpe risque d'être victime de la guerre des chefs au CNPF.
Pour ma part, je considère que le système bénéficie à des personnes qui ont commencé à travailler très tôt, vers l'âge de quatorze ou quinze ans, et qu'il y en aura de moins en moins car l'embauche depuis des années se fait plus tard. De ce fait, le dispositif est fongible. Tout l'intérêt du système tient au fait que notre accord prévoit une embauche obligatoire en contrepartie du départ. Les patrons ont plutôt bien joué le jeu. Notre système marche sans aucune aide financière de l'État. Mieux : notre accord a servi d'exemple puisque le gouvernement a décidé de l'étendre à la fonction publique.