Texte intégral
Tournée au Proche-Orient entretien du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charrette, avec « RTL » (Damas, 23 juillet 1996)
Q. : Vous avez rencontré hier le président syrien Hafez-el-Assad. Quel est son état d'esprit ? On ne le dit pas mécontent de voir la paix entre Israël et le monde arabe s'éloigner, c'est vrai ?
R. : Ce n'est pas du tout mon avis ? Ce n'est ni l'impression que j'avais après les longs entretiens que j'ai pu avoir avec lui au mois d'avril dernier, au moment de la confrontation entre Israël et le Liban, et je quitte Damas convaincu que les dirigeants syriens veulent la paix, que c'est vraiment leur objectif, ce qu'ils appellent leur choix stratégique, et que pour l'instant, ils déplorent profondément l'impression qu'aujourd'hui le processus de paix serait bloqué.
Q. : Le président de la République, Jacques Chirac, a eu hier une conversation téléphonique avec le président égyptien Moubarak. Quel rôle entend jouer la France au moment où, disent certains, au Moyen-Orient, l'Amérique, peut-être pour des raisons électorales, est moins interventionniste sur Israël ?
R. : Oui, c'est vrai. Comme vous avez pu l'observer, le président Chirac est très présent dans le Moyen-Orient. Il y est allé à deux reprises, et ses voyages ont marqué profondément, aussi bien sa visite à Beyrouth et au Caire il y a trois mois, que sa visite en Arabie Saoudite il y a quinze jours. Présent aussi, parce que les chefs d'État de ces pays viennent à Paris parler avec lui, qu'ils se téléphonent les uns et les autres de façon très intense, ce qui montre, et cela doit être très important pour ceux qui nous écoutent, qu'il y a aujourd'hui une véritable attente au Moyen-Orient à l'égard de la France.
J'entends partout, aujourd'hui, que c'est l'heure de la France, l'heure de Jacques Chirac. Il y a une demande pour que nous soyons présents, actifs, et que la France joue un rôle majeur comme elle l'a fait dans la crise israélo-libanaise.
Q. : Nous parlons de crise en ce moment avec l'élection de Benjamin Netanyahou. On a d'abord bloqué le processus de paix, mais David Lévy, son ministre des Affaires étrangères, rencontre demain Yasser Arafat. Est-ce à vos yeux une bonne chose, et où va-t-on ?
R. : C'est une très bonne chose et je serais même tenté de dire enfin !
Q. : Que veut le gouvernement israélien ?
R. : C'est la question que tout le monde se pose : quels sont vraiment les objectifs pratiques, précis que les Israéliens vont suivre ? Pour tout vous dire, il est un peu tôt. Je rencontrerai les Israéliens mercredi matin, j'en saurai plus. Je voudrais redire devant vous des choses très simples : la France a le sentiment qu'elle peut être utile parce qu'elle est à la fois l'amie des pays arabes et naturellement l'amie du peuple israélien. C'est grâce à cette proximité que nous avons avec les uns et les autres, cette sensibilité extrêmement forte que nous avons vis-à-vis des problèmes de sécurité d'Israël, mais aussi vis-à-vis des problèmes de paix et de sécurité de ses voisins, que nous avons le sentiment que nous pouvons être utiles. J'observe qu'aujourd'hui il y a vraiment un fait nouveau : la politique française a changé au Moyen-Orient, et en même temps, il y a une réponse très positive de l'ensemble de nos partenaires.
Q. : Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure sur la politique américaine. Les Américains sont-ils aussi présents qu'avant dans la région, et quelle place laissent-ils à la France ?
R. : C'est vrai que les États-Unis jouent un rôle très important, d'abord parce qu'ils se sont investis, il faut bien le dire, depuis des années, alors que les autres pays, y compris la France d'ailleurs, sont restés absents de cette région en dépit des appels que nous pouvions recevoir à l'époque. Mais en même temps, il n'y a pas de monopole, pas d'exclusivité et véritablement, la France veut jouer un rôle, elle n'entend pas prendre la place des autres, de qui que ce soit d'ailleurs. Nous souhaitons apporter notre contribution à la remise en selle du processus de paix qui traverse quelques difficultés.
Q. : Qu'allez-vous dire à Benjamin Netanyahou lorsque vous le rencontrerez ? Allez-vous lui rappeler les accords conclus entre Shimon Peres et Yasser Arafat sur le statut de Jérusalem par exemple ?
R. : Je les lui rappellerai bien sûr, comme je l'ai fait à chacune des étapes de ce voyage. Je rappellerai les positions françaises qui consistent d'abord à faire référence aux résolutions du Conseil de sécurité, qui a défini la position de la communauté internationale, tous pays confondus, à l'égard des uns et des autres, et les principes de base qui sont : l'autodétermination des Palestiniens, le principe de l'échange des terres contre la paix pour résoudre les derniers processus de paix en panne, notamment celui entre la Syrie et Israël.
Q. : Lorsque vous irez à Jérusalem, vous rendez-vous à la Maison d'Orient qui est le siège officieux des palestiniens de l'OLP à Jérusalem ? On voit que cette visite aurait une valeur symbolique ?
R. : En réalité, il se trouve que M. Fayçal Husseini, le représentant palestinien à Jérusalem, sera absent lors de mon passage. Probablement, je n'irai pas en effet, mais je rencontrerai les dirigeants palestiniens de façon très approfondie, et je rappellerai quels sont nos principes là aussi, c'est-à-dire que la Maison d'Orient est le lieu d'expression du fait fondamental que la question de Jérusalem n'est pas réglée, et qu'elle ne pourra l'être que par une négociation entre Israéliens et Palestiniens.
Q. : Pensez-vous qu'il est possible que Benjamin Netanyahou, élu tel qu'il l'a été, sur des engagements différents, accepterait de remettre en cause la souveraineté d'Israël sur Jérusalem réunifiée ?
R. : Jérusalem ne peut pas être réunifiée autrement que par un accord international.
Q. : Donc, c'est cela que vous allez redire.
R. : Oui, je vais le redire, encore une fois. Dans tout cela, la France ne change aucune de ses positions, elle reste, comme l'ensemble de la communauté internationale, et d'ailleurs comme les Américains aussi, sur la ligne qui a été définie par les accords, les arrangements, les résolutions de Conseil de sécurité, et en même temps, il faut travailler concrètement à essayer de renouer les fils de la paix. C'est le sens de ma mission.
Q. : Avez-vous l'impression que le nouveau Premier ministre israélien est sensible à tout cela, malgré sa campagne électorale ?
R. : Je crois qu'il faut éviter de créer des tensions, écouter les uns et les autres. Il faut venir avec ses convictions, ce que je ferai bien sûr, il faut s'expliquer et se parler franchement. Avant de porter un jugement, laissez-moi parler avec les uns et les autres, avec le coeur ouvert, l'esprit disponible de la France à l'égard de chacun.
Q. : Une dernière question sur la catastrophe aérienne du Boeing New York-Paris. Le Times de Londres a parlé hier d'un acte d'Iraniens qui auraient voulu contrer le renforcement des sanctions américaines contre la République islamique de Téhéran. Est-ce une piste possible pour vous qui avez précédemment rencontré les Iraniens ?
R. : Franchement, je n'ai aucune information, d'aucune sorte d'ailleurs, qui me permette de donner du crédit à quelque thèse que ce soit. Nous sommes naturellement en contact avec les autorités américaines. Pour l'instant, elles ne nous ont pas donné d'informations et je me garderai bien de porter un jugement sur une affirmation faite par un journal, aussi sérieux soit-il.
Tournée au Proche-Orient, point de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charrette, à l'aéroport international de Beyrouth (Beyrouth, 23 juillet 1996)
Q. : (Inaudible)
R. : Je voudrais vous dire combien je suis heureux de me trouver à Beyrouth. J'étais ici il y a quelques mois maintenant. Le pays était soumis à une dure épreuve. Je me réjouis de venir à un moment qui est différent, où le Liban a repris sa route vers le progrès. Je viens de Syrie où j'ai eu de longues et très fructueuses conversations avec le président Assad, avec M. Chaareh, le ministre des Affaires étrangères et son équipe. J'en suis revenu très encouragé par ce que j'ai entendu.
Je constate que la Syrie souhaite ardemment la reprise du processus de paix. Je crois que c'est un élément positif dans la démarche qui est la nôtre.
Q. : Est-ce qu'il y a des problèmes qui empêchent le démarrage du comité de sécurité au sud ?
R. : Vous parlez du groupe de surveillance, n'est-ce pas ? Non, pas du tout. Le groupe de surveillance a fait l'objet d'un accord entre les cinq pays. Comme vous le savez, ce groupe est désormais co-présidé par la France et les États-Unis, et il se met en place dans les jours qui viennent. J'ai avec moi d'ailleurs M. Gaussot, notre ambassadeur, qui assurera la co-présidence de ce groupe pour la France. Je crois que le groupe de surveillance aura une mission extrêmement importante pour apporter sa contribution en vue du maintien de la paix.
Q. : En ce qui concerne l'échange qui s'est passé entre Israël et le Hezbollah, comment évaluez-vous cet échange ?
R. : Je crois que c'est un événement positif qui va dans le bon sens.
Q. : Est-ce que cela influencera… le processus de paix ?
R. : Je ne crois pas. Mais je crois que c'est un événement positif parce que cela permet de contribuer à régler les problèmes.
Q. : M. Denis Ross effectue en même temps que vous une visite au Moyen-Orient. Pensez-vous que cela risque de relancer la compétition entre Paris et Washington au Moyen-Orient ?
R. : D'abord la compétition est une mauvaise chose. Le Liban est un grand pays qui a dédié son économie aux règles de l'économie libérale. C'est la règle de la compétition. Mais ce n'est pas le cas. Américains et Français, nous ne travaillons pas dans un esprit de compétition, mais dans un esprit de convergence au service de la paix.
Tournée au Proche-Orient, point de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charrette, à l'issue de son entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz (Beyrouth, 23 juillet 1996)
Q. : Peut-on conclure que le but de cette visite et de cette tournée au Moyen-Orient est de relancer la mission de paix ?
R. : Oui, bien entendu. Cela fait partie des objectifs essentiels de cette visite que je fais dans les pays de la région et tout particulièrement au Liban. Je voudrais d'abord vous dire que je viens au Liban une nouvelle fois et que j'y viens en ami, parce que la France est comme vous le savez l'amie du Liban. Je viens aussi, si vous me permettez, en ami personnel de votre pays. La France se sent avec votre pays dans une relation d'amitié intime, que nous voulons naturellement non seulement entretenir, mais aussi développer. Je suis heureux d'être une nouvelle fois au Liban. Je suis impressionné – je peux vous le dire et je l'ai dit à M. Boueiz – par la force, le dynamisme, la rapidité avec laquelle votre pays a repris sa route sur la voie de la reconstruction après la période dramatique d'avril dernier. C'est, une fois de plus, le témoignage de la vitalité de votre pays qui, quelles que soient les épreuves, progresse et avance. Enfin, j'ai vu en arrivant ici les signes extérieurs d'un débat électoral intense, et après tout c'est plutôt sympathique. C'est bon signe, parce que la démocratie libanaise est probablement le trésor le plus précieux des Libanais, sur lequel je comprends que veilliez avec beaucoup de soin et beaucoup de passion.
Nous en avons parlé longuement avec Farès Boueiz, qui est non seulement mon collègue, ministre des Affaires étrangères, mais aussi mon ami et avec lequel j'ai beaucoup de plaisir à m'entretenir. Je viens pour écouter, pour m'informer. Je viens, naturellement, pour comprendre ce que sont les positions des uns et des autres. Je ne viens pas seulement en observateur. Vous, vous êtes des observateurs. La France est désormais un acteur majeur au Moyen-Orient, et elle entend par conséquent assumer la plénitude des responsabilités qui sont les siennes. Bien entendu, la France est à vos côtés dans la recherche des solutions à l'ensemble de vos problèmes.
À l'instant, vous parliez de l'accord d'association avec l'Union européenne qui est un sujet extrêmement important. Or, nous avons fait un point très précis avec Farès Boueiz. Le Liban peut être sûr que nous travaillerons ensemble, la main dans la main, pour faire en sorte d'obtenir deux choses. D'abord, que cet accord d'association soit signé rapidement. Je souhaiterais que le Liban soit la première signature. Et ensuite pour faire en sorte que cet accord – cela va de soi – vous soit le plus favorable possible. Je comprends les préoccupations du gouvernement libanais. Nous en avons parlé. Nous avons fait un examen précis, détaillé, des questions posées, et nous serons bientôt, comme vous pouvez l'imaginer, votre avocat au sein de l'Union européenne pour faire avancer vos intérêts et vos préoccupations.
Q. : Avez-vous examiné la question du Sud-Liban avec le président Assad et avec M. Boueiz ? Que pensez-vous des informations qui parlent d'un éventuel retrait israélien du sud ?
R. : Ce serait l'application de la résolution 425 du Conseil de sécurité. Ce serait parfait. Cela ne n'est pas produit pendant quatorze ans. Si cela se produisait la quinzième année, ni Farès Boueiz, ni moi, n'y verrions d'inconvénient. Au contraire, ce serait une bonne nouvelle. Maintenant, avant de l'annoncer, il faut bien regarder cela avec attention et ne pas se fier à des rumeurs. Dans la situation actuelle, il y a des éléments d'inquiétude et il y a des éléments plus positifs. Tâchons de regarder les choses avec un regard le plus optimiste possible. Du côté de l'inquiétude, bien sûr, il y a tout ce que vous savez, c'est-à-dire le sentiment de blocage du processus de paix qui avait fait beaucoup de progrès au cours de la période passée, et qui donne le sentiment aujourd'hui d'être à un point d'attente, à un point d'arrêt, et tous nous essayons de voir s'il est possible de faire redémarrer les choses.
Je voudrais aussi exprimer devant vous la préoccupations française qui vient de ce que quand la paix ne progresse pas, il y a le risque que la violence progresse ou renaisse. Il faut donc que tous les dirigeants de la région, qui ont des responsabilités immenses, sachent que sur leurs épaules pèse la responsabilité très forte de faire progresser les choses avec le risque que si on ne le fait pas, on risque de donner alors un signal d'encouragement aux ennemis de la paix, et il y a des ennemis de la paix dans la région, vous le savez bien.
Alors, d'un autre côté, il y a quand même quelques éléments positifs. D'abord, nous venons de mettre en place le groupe de surveillance de l'application de l'accord du 26 avril dernier. Comme vous le savez, c'était une idée française dans un moment tendu, difficile, avec des débats très vifs. Et ce groupe de surveillance vient de se mettre en place sous la présidence commune des États-Unis et de la France. Je suis venu ici avec M. Gaussot, notre ambassadeur, qui sera en charge à Nicosie d'assurer la co-présidence française. D'autre part, un autre élément positif, dont nous pouvons nous réjouir, est l'échange qui a eu lieu en terre libanaise, permettant le retour d'un certain nombre de prisonniers libanais. C'est aussi un élément positif pour lequel il faut rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à ce succès, et en particulier bien entendu à nos amis allemands. Je peux dire au passage que tout le monde avait remercié non seulement le Liban, la contribution syrienne, Israël bien sûr, et même l'Iran. Eh bien, je veux bien volontiers dire mes félicitations à chacun de ceux qui ont joué ainsi un rôle.
Q. : Monsieur le ministre, concrètement comment…
R. : Permettez, je n'ai pas tout à fait terminé. Nous allons maintenant nous atteler à la mise en place du groupe consultatif, très important pour l'aide à la reconstruction du Liban. Et, avec les États-Unis, avec nos partenaires de l'Union européenne, avec le Liban, nous allons maintenant nous donner pour objectif de faire en sorte que ce groupe consultatif soit rapidement mis en place. Tout cela, ce sont des signes. Soyez assurés qu'en cette période la France prendra des initiatives pour que les choses progressent et que le processus de paix, je l'espère puisse reprendre son cours.
Q. : Est-ce que les Israéliens vous écoutent ? Parce qu'on sait que les Israéliens écoutent toujours le médiateur américain ?
R. : Écoutez, ne me demandez pas ce que je pense de l'attitude israélienne, puisque je vais en Israël ce soir. J'y serai ce soir et je rencontrerai les dirigeants israéliens demain. Je voudrais répondre à votre question, mais pour l'instant, c'est un peu prématuré. N'ayez aucun doute, nous avons l'intention de nous faire écouter, non de rester les deux pieds dans le même sabot, lointains, immobiles. Nous serons actifs, présents bien entendu aux côtés du Liban, qui est notre ami de coeur, et dont le sort est pour nous une préoccupation absolument essentielle. Jusqu'à présent nous avons montré comment on voulait s'y faire entendre, on y est parvenu. Vous verrez que cela continuera.
Q. : Que peut faire la France si les négociations qui sont bloquées se déroulent à Washington ?
R. : Pour l'instant, il n'y a pas de négociations du tout. Donc la question est-elle raisonnable ? Où se dérouleront-elles ? Moi je veux bien aller n'importe où, même sur la lune pour les faire redémarrer. Et si vous voulez laisser penser que vous avez des doutes à l'égard de l'activité et de l'efficacité française, alors franchement, vous avez tort parce que le passé plaide en notre faveur.
Q. : Monsieur de Charrette, je vous avais demandé si vous aviez examiné la question du Sud-Liban avec le président Assad. Vous ne m'avez pas répondu.
R. : C'est vrai. Bien sûr j'ai examiné avec le président Assad toutes les questions qui concernent le processus de paix, et il y a des points que nous avons examinés en détail. J'ai eu la conviction – ce n'est pas la première fois, je voudrais le redire ici – que la Syrie souhaite ardemment la poursuite, la reprise du processus de paix, et l'application de la totalité des résolutions du conseil de sécurité, y compris la 425.
Q. : Avez-vous examiné avec la dissolution de la résistance ?
R. : Nous avons examiné beaucoup de choses, beaucoup de points. Vous allez avoir l'occasion de vous en apercevoir dans le futur.
Tournée au Proche-Orient, point de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charrette, à l'issue de son entretien avec le président du conseil Libanais, M. Rafic Hariri (Beyrouth, 23 juillet 1996)
Mesdames, Messieurs,
Je termine hélas très vite ces entretiens que j'ai eus à Beyrouth avec les dirigeants libanais, qui me confortent naturellement dans la conviction qui est la nôtre, qu'entre la France et le Liban les liens sont extrêmement étroits et intimes. Ils prennent en effet leurs racines dans notre histoire commune, et trouvent leur raison de s'épanouir et de se développer dans le souci de la France d'appuyer, de soutenir, et d'encourager la démarche libanaise pour son progrès et sa reconstruction. Au cours de ces entretiens, nous avons naturellement évoqué à la fois les relations étroites entre la France et le Liban et bien entendu l'avenir du processus de paix qui est la raison même de mon déplacement dans la région.
S'agissant des relations entre la France et le Liban, vous savez qu'elles sont plus étroites sur le plan politique qu'elles ne l'ont jamais été. La France fait aussi des efforts très importants dans le domaine culturel, éducatif, avec beaucoup de grands projets que nous avons déjà visités ensemble, que ce soit à l'université Saint-Joseph, à l'ensemble de la cité universitaire libanaise, que ce soit pour le grand projet de création d'une école de management avec la chambre de commerce de Paris. Nous avons repris une activité très intense, et bien entendu la France souhaite contribuer d'une façon extrêmement active au développement économique du Liban, participer d'une façon très intense aux grands projets d'infrastructure que votre pays développe. Les relations entre la France et le Liban doivent s'appuyer sur trois pieds et se développer selon trois volets : le volet politique, le volet culturel et éducatif, pour aider votre pays, et aussi le volet économique, pour participer pleinement au développement du Liban.
Nous avons naturellement évoqué les questions qui peuvent reconduire le processus de paix. La France et le Liban partagent une parfaite identité de vues s'agissant du processus de paix. Nous souhaitons, oserai-je dire nous exigeons, que le processus de paix reprenne sur la base de nombreuses décisions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 425, et sur la base des accords déjà conclus et des engagements déjà pris. Il faut poursuivre sur la même route parce qu'il n'y a pas d'autres voies pour y parvenir.
Q. : Est-ce qu'il y a une proposition précise de la part de la France pour reprendre les négociations ?
R. : Vous devez en effet savoir que nous travaillons dans cette perspective. Tout d'abord, nous avons des projets. Nous sollicitons aussi les avis et conseils de nos amis, de sorte que, le moment venu, nous soyons en état de faire des propositions nouvelles qui puissent contribuer à ce processus de paix. Nous venons de mettre en place le groupe de surveillance de l'arrangement du 26 avril. Il indique la voie et montre que désormais la France, et avec elle l'Europe, est désormais clairement engagée comme un partenaire incontournable de la paix au Moyen-Orient.
Q. : Est-ce que vous croyez que cela va attendre les élections américaines ?
R. : Il faut bien attendre. Il faut avancer le plus vite possible et le plus loin possible.
Q. : À propos du groupe de surveillance, croyez-vous qu'il va se réunir jeudi ?
R. : II se réunit...(inaudible)
Q. : Monsieur de Charette, est-ce que vous avez compris de M Hariri s'il sera candidat aux élections ?
R. : Nous n'avons pas parlé des élections.
Q. : Est-ce que vous portez des idées claires à Netanyahou pour relancer le processus de paix ?
R. : Oui, je crois que j'ai des idées claires. Je n'ai jamais pensé que j'avais des idées confuses.
Q. : (inaudible)
R. : Oui, Madame, le groupe consultatif, en effet, c'est très important. Je voudrais vous confirmer la détermination de la France à participer à la mission du groupe consultatif. II y aura le premier août prochain, je crois, à Bruxelles, une réunion à laquelle la France bien naturellement participera, avec la partie américaine, avec la Communauté européenne pour que soit mis sur pied, dans le meilleur délai, ce rôle consultatif qui fait partie des engagements que nous avons pris ensemble au moment de la crise.
Tournée au Proche-Orient, déclarations du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, à la presse jordanienne (Amman, 23 juillet 1996)
Mesdames, Messieurs, je suis heureux de m'entretenir avec vous pour faire le point de ce périple que j'effectue au Proche-Orient.
Comme vous le savez, ce voyage poursuit plusieurs objectifs. Le premier de ces objectifs est naturellement de m'informer et de reprendre contact avec les dirigeants de la région, et de m'informer de leur position dans cette période dont vous savez le caractère crucial.
Le second est naturellement de rappeler les positions française et européenne concernant le processus de paix.
Il peut y avoir des changements de position dans certains pays, notamment à la suite d'élections législatives. Mais il n'y aura pas de changement de la position française et de la position européenne. Cette position est inspirée, comme elle l'a toujours été, par la stricte application et le respect des résolutions du Conseil de sécurité. Elle est fondée sur le respect des engagements déjà souscrits et la poursuite du processus de paix. Enfin, elle est guidée par des principes désormais établis, à savoir, en particulier, le droit à l'autodétermination des Palestiniens et le principe de l'échange de la terre contre la paix.
Ces positions que je vous rappelle, sans vous apporter d'information nouvelle, ont été exprimées très clairement dans la déclaration adoptée par les chefs d'État et de gouvernement européens au Conseil européen de Florence. Comme vous le savez sans aucun doute, la France a joué rôle très important pour la rédaction et l'adoption de cette déclaration. De même, c'est à l'initiative de la France que les chefs d'État et de gouvernement du G7 ont confirmé des positions identiques au cours de la réunion du G7 à Lyon sous la présidence de la France.
Enfin, le troisième objectif que je poursuis est de rappeler la détermination de la France à apporter sa contribution à la poursuite ou, le cas échéant, à la reprise, du processus de paix dans les mois qui viennent, participation française que nous croyons utile pour la réussite de ce processus dans l'intérêt de l'ensemble des parties.
J'ai été heureux des entretiens approfondis que j'ai eus aujourd'hui à Amman. À l'occasion d'un déjeuner de travail extrêmement intéressant, à l'invitation du Prince héritier Hassan tout à l'heure, ensuite dans une conversation à bâtons rompus avec le Premier ministre, M. Kabariti, que je connais depuis longtemps, nous avons pu faire un tour d'horizon approfondi à la fois des relations bilatérales entre la Jordanie et la France et des questions intéressant la situation régionale. Ces conversations font suite à la longue conversation téléphonique qu'ont eue, le 15 juillet dernier, le roi de Jordanie et le président de la République.
Dans le domaine des relations bilatérales, nous avons évoqué beaucoup de sujets, en particulier, bien entendu, le caractère très étroit du dialogue politique qui existe entre nos deux pays. Nous sommes convenus avec M. Kabariti de rester en contact extrêmement étroit dans les semaines qui viennent pour suivre ensemble l'évolution de la situation régionale.
Nous avons aussi évoqué les questions économiques, l'aide financière que la France apporte à la Jordanie, mais aussi l'accord auquel nous sommes parvenus pour la conversion d'une partie de la dette jordanienne, et bien entendu également les négociations en cours entre l'Union européenne et la Jordanie concernant l'accord d'association et le programme MEDA.
Enfin, j'ai constaté avec beaucoup de plaisir et de satisfaction que la Jordanie apporte un accueil positif et un soutien actif au projet de partenariat euro-méditerranéen dans la suite de la conférence de Barcelone qui s'est tenue il y a un an. En particulier, j'apprécie beaucoup le soutien que les autorités jordaniennes apportent au projet de Charte de stabilité euro-méditerranéenne qui constitue, vous le savez, l'une des propositions françaises les plus fortes dans le cadre du processus de Barcelone.
Les relations franco-jordaniennes sont donc au beau fixe, comme d'ailleurs le climat Amman.
Je suppose que vous êtes aujourd'hui concentres sur le processus de paix et la situation régionale. Je voudrais à ce sujet vous faire les observations suivantes, avant de m'en remettre à vous pour évoquer les points que vous paraissent mériter une attention particulière.
Comme vous le savez, nous pouvons constater ensemble que les positions jordaniennes et les positions française et européenne que je viens de rappeler tout à l'heure sont extrêmement proches, pour ne pas dire identiques. Je crois que la Jordanie a un rôle extrêmement important à jouer dans le nouveau contexte issu des élections israéliennes. Elle est bien placée, en particulier en raison de son attitude permanente de modération et la grande sagesse de ses dirigeants, et en particulier du roi. Et ce n'est pas un hasard si le premier contact que les autorités israéliennes ont eu avec l'un des pays voisins a été avec la Jordanie. Enfin, une troisième observation : j'ai ressenti à Amman, comme d'ailleurs dans toutes les étapes précédentes, la demande d'une présence forte, plus forte, de la France et de l'Europe dans les semaines et les mois qui viennent.
Si je résumais les choses, je m'exprimerais de la façon suivante : dans le déroulement du processus de paix, il ne peut pas y avoir un canal unique de négociation et de dialogue. Je suis partisan de la théorie du double canal. Nous ne prétendons à aucun monopole, qui n'aurait aucun sens, mais nous pensons que nous pouvons apporter une contribution importante, à côté des autres, mais très importante, à la reprise du processus de paix et à son bon aboutissement.
Enfin, une dernière observation, je crois que la communauté internationale a été émue, inquiète, peut-être même ébranlée, à la suite du résultat des élections législatives en Israël, qui a surpris la plupart des observateurs et beaucoup de dirigeants politiques.
Je crois qu'on a toujours tort lorsqu'on cherche à se mêler des élections chez les autres. La France prend les choses comme elles sont, au nom du principe de réalité. Elle ne renonce à rien, elle ne change aucune de ses idées, elle n'abandonne aucun de ses principes, mais elle est disponible et elle écoute.
La vérité, c'est que ce que nous avons commencé par entendre était plutôt inquiétant. Mais depuis lors, nous avons entendu quelques déclarations utiles qui ouvrent, me semble-t-il, certaines possibilités. Ainsi avons-nous porté une appréciation positive sur la rencontre entre le président Moubarak et M. Netanyahou. Eh bien, c'est avec ces interrogations et cet espoir que, en vous quittant dans quelques instants, je vais me rendre en Israël.
Q. : Allez-vous visiter la Maison d'Orient ?
R. : Je vais être précis avec vous, Monsieur, parce que votre question est précise. La France ne change pas d'attitude. Le statut de Jérusalem dépend d'une négociation qui doit intervenir et qui n'a pas commencé. Je n'ignore pas que c'est un problème complexe. Je le répète, le statut futur de Jérusalem ne se décidera pas de façon unilatérale, mais au terme d'une négociation.
Dans cet esprit, la France considère et respecte la présence palestinienne à Jérusalem-Est. C'est pourquoi nous avons toujours veille à manifester à l'égard de la Maison d'Orient la considération qui lui revient à ce titre : institution, parmi d'autres d'ailleurs, qui représente la vie des Palestiniens à Jérusalem-Est. Ce point de vue est la position traditionnelle française, elle vaut aujourd'hui comme elle valait hier.
Il se trouve en pratique que M. Faysal Husseini, pour lequel j'ai personnellement une très grande estime, que je connais fort bien et que j'apprécie, ne sera pas, ce soir, à Jérusalem, donc je ne me rendrai pas personnellement à la Maison d'Orient, mais plusieurs de mes collaborateurs s'y rendront. Je recevrai moi-même, au consulat général de France, des personnalités palestiniennes de Jérusalem-Est, en particulier des députés palestiniens, et je marquerai, bien entendu, la permanence de la position française qui est stable, qui est constante, qui échappe aux événements et aux circonstances.
Q. : Vous avez évoqué l'aide économique de la France à la Jordanie avec les responsables que vous avez rencontrés aujourd'hui. Pouvez-vous nous la rappeler ? Vous arrivez de Syrie et du Liban. Pensez-vous que c'est la Syrie qui continuera à négocier pour le Liban pour arriver à une paix avec Israël ?
R. : Sur le premier point, nous avons fait, en effet, le point de la situation. II n'y a pas eu de demande nouvelle de la Jordanie a regard du gouvernement français. Je rappelle que nous sommes convenus de convertir en investissements sur place, en Jordanie, une partie importante de la dette jordanienne. Comme vous le savez aussi, la Jordanie recevra cette année, au titre du partenariat euro-méditerranéen, une somme de 100 millions d'ECU, soit environ 130 millions de dollars, qui constitue une contribution importante, à la fois à l'économie jordanienne dans son ensemble, et à des projets de développement dont le financement sera ainsi facilité dans des conditions très favorables. S'y ajoute, d'ailleurs, la possibilité pour la Jordanie de bénéficier de prêts de la Banque européenne d'investissement a des conditions très avantageuses. Voilà pour la première question.
J'ai oublié d'ailleurs d'ajouter que l'aide financière de la France pour 1996 s'élèvera à 80 millions de francs, sous forme de prêts concessionnels, c'est-à-dire de prêts à des taux bonifiés, plus un certain nombre de dons en fonction des projets qui seront présentés.
Pour dire les choses franchement, c'est l'Europe, et de très loin, qui apporte le concours financier le plus important à la Jordanie et, de très, très loin, dans l'ensemble européen, c'est la part de la France qui est la plus importante. Ainsi la France est-elle le principal soutien de la Jordanie.
Enfin, s'agissant de la deuxième question que vous avez posée concernant le Liban, je n'imagine pas que pour négocier la paix avec le Liban il y ait quelqu'un d'autre que le Liban. Il peut y avoir d'autres intervenants, mais il va de soi que cette question concerne le Liban et que c'est lui qui en aura la responsabilité.
Q. : Pensez-vous que le changement de gouvernement en Israël puisse remettre en cause le processus de paix ?
R. : Madame, il n'y a pas d'autre voie que la paix. Comme vous le savez en effet, la France a pour cette partie du monde une affection particulière, extrêmement forte. Quand je viens dans cette région du monde, nulle part ailleurs je ne me sens aussi bien qu'ici, et ça m'autorise à vous dire les choses du fond du coeur. Il n'y a pas d'autre voie que la paix. Il n'y a pas d'autre paix que celle fondée sur les principes convenus et établis. II faut s'en tenir là. On peut faire preuve d'imagination, mais on ne peut pas imaginer qu'il y a une autre voie que celle de la paix.
Q. : Vous avez évoqué la possibilité qu'il y ait plusieurs canaux pour relancer le processus de paix. Est-ce que l'on peut considérer que vos efforts dans la région complètent les efforts américains ou se croisent avec les efforts américains ?
R. : Je me suis entretenu longuement des questions du Moyen-Orient avec M. Warren Christopher en marge du sommet de Lyon. J'ai constaté que nos objectifs étaient similaires, sinon identiques. Nous souhaitons parvenir à une paix juste et durable dans la région, basée sur les principes que vous ai décrits plus haut. Il a pu sembler, à certains moments, que nos efforts, en effet, se croisaient. Mais je vous le répète, nos objectifs sont identiques et se soucient en premier lieu de l'intérêt des peuples de la région. Dans ces conditions, je considère en effet que nos efforts se complètent.
Q. : 30.000 soldats syriens continuent à être stationnés au Liban. Quelle est la position de la France sur la souveraineté du Liban ?
Madame, le président de la République a prononcé, début avril, à l'université du Caire, un discours extrêmement important sur la position de la France au sujet de toutes les questions du Moyen-Orient. Je vous y renvoie. Si vous n'en avez pas de copie, je vous en ferai parvenir une. J'y veillerai personnellement... Mais en effet, la France soutient la souveraineté du Liban.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie.
Tournée au Proche-Orient, point de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, à l'issue de sa rencontre avec le président de l'autorité palestinienne, M. Yasser Arafat (Gaza, 24 juillet 1996)
Q. : Doit-on reconnaître un signe au fait que vous n'ayez pas été à la Maison d'Orient ?
R. : Non, je ne crois pas ; il se trouve que M. Fayçal Husseini est absent de Jérusalem, de sorte que j'ai invité ici même au consulat général de France les députés et personnalités palestiniens pour m'entretenir avec eux.
Q. : N'est-ce pas un coup à la cause palestinienne, un point manqué ?
R. : Ni de près ni de loin. D'ailleurs, vous avez pu observer déjà les réactions de plusieurs personnalités palestiniennes, dont un membre du gouvernement palestinien, qui a donné à tout cela la bonne interprétation, c'est-à-dire la mienne. Depuis tant et tant d'années, le peuple palestinien a connu beaucoup d'épreuves. Il a travaillé dur pour son avenir, il a accepté beaucoup de sacrifices. La France connaît ces épreuves, elle respecte ces sacrifices et elle attache beaucoup d'importance à l'espoir du peuple Palestinien.
Monsieur le président, l'oeuvre que vous avez accomplie personnellement et que vous continuez d'accomplir avec le courage et le talent, la passion pour votre pays que chacun connaît, a le total soutien de la France. Je suis venu aujourd'hui pour vous apporter le salut personnel du président de la République, et pour vous exprimer la détermination française à appuyer vos efforts. Les temps peuvent changer, les choix de la France ne changeront pas. La paix est la seule voie possible. Pour cela, il faut respecter les engagements souscrits, y compris à Hébron. Il faut reprendre la négociation qui a été ouverte le 4 mai dernier, et qui doit se poursuivre, sur la phase finale des négociations entre Israël et les Palestiniens. Pour cela, il faut respecter le caractère propre de Jérusalem, dont le statut est parti intégrante de cette négociation. Enfin, le peuple palestinien a le droit à l'autodétermination comme tous les peuples du monde, et pour les mêmes raisons que réclament tous les citoyens du monde. La paix et la sécurité ne sont pas des soeurs ennemies, le chemin de la paix passe par la sécurité, le chemin de la sécurité passe par la paix, et ce qui est vrai pour les uns l'est légitimement, pour les autres.
C'est cela que je suis venu vous dire, Monsieur le président. C'est cela que je ne cesserai de dire au cours de ce périple que j'effectue dans cette région que la France connaît et qu'elle aime, et où elle n'a que des amis. Nous avons parlé ensemble de la Maison d'Orient, et j'ai rappelé, comme je l'ai fait cet après-midi, au cours d'une autre étape de mon voyage, qu'il n'y avait pas, qu'il n'y aurait aucun changement de la position française à cet égard.
Je vous rappelle, Mesdames et Messieurs, que ce soir, j'ai reçu à dîner au consulat général français à Jérusalem le président du conseil législatif, Madame le ministre des Universités et de l'Enseignement supérieur, et des personnalités de Jérusalem, dont des parlementaires de Jérusalem-Est. Je vous indique à cette occasion que la France apportera un soutien financier particulier aux organisations sociales, éducatives, culturelles palestiniennes à Jérusalem-Est. Cette étape était très importante pour moi. Elle était très importante pour la France. Nous sommes tous désireux de travailler à renouer les fils de la paix. C'est le sens du voyage que j'effectue, mais ce n'est pas au prix de nos convictions. Ce sera au contraire en s'appuyant sur nos convictions. La France, soutenue, je crois, par ses partenaires de l'Union européenne, est tout à fait décidé à assumer pleinement les responsabilités qui sont les siennes dans cette partie du monde. Je suis venu vous dire, Monsieur le président, qu'à tout moment et avec plus de force encore dans ces moments particuliers, vous pouvez compter sur notre pays.
Q. : (Inaudible)
R. : En ce qui concerne Jérusalem, je crois l'avoir déjà dit à l'instant, le statut futur de Jérusalem dépend de la négociation qui a été ouverte le 4 mai dernier, qui doit se poursuivre et à l'ordre du jour de laquelle se trouve l'avenir de Jérusalem. Quant à la présence française, quant à l'activité de la diplomatie française, elle ne se relâchera pas bien sûr. Nous chercherons par tous les moyens à renouer les fils de la paix, à inciter, à encourager, de temps en temps à faire pression et à souligner que sur la base des principes que j'ai tenu à rappeler tout à l'heure, nous poursuivrons avec détermination les objectifs qui sont les nôtres, au service de tous les peuples de la région.
Q. : Vous n'avez pas visité la Maison d'Orient. Vous le faisiez auparavant, au temps des gouvernements travaillistes. N'avez-vous pas cédé aux pressions israéliennes ?
R. : Non Monsieur. Ni de près ni de loin, je n'ai cédé à aucune pression quelle qu'elle soit. Comme vous le savez, l'Union européenne a arrêté une doctrine qui est d'ailleurs très exactement conforme à ce que nous faisions jusqu'à présent, et cette doctrine est celle que j'ai appliquée aujourd'hui dans les faits. Il se trouvait que M. Fayçal Husseini n'était pas présent à Jérusalem. II se trouve aussi que ce n'est pas un voyage officiel, mais une visite de travail que j'effectuais à Jérusalem. C'est la raison pour laquelle, dans le temps très court qui était le mien, je ne suis pas allé à la Maison d'Orient. Par contre, deux de mes collaborateurs directs s'y sont rendus, et j'ai reçu au consulat général de France les personnalités et les parlementaires palestiniens de Jérusalem-Est. II n'y a donc là rien qui change en quoi que ce soit par rapport à ce que j'ai fait moi-même au cours de l'année précédente. C'est très exactement la même chose. Et je vous le redis, il n'y a aucun changement quant à l'attitude française sur ce point, comme sur tous les autres d'ailleurs.
Tournée au Proche-Orient, entretien du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, avec « Europe 1 » (Jérusalem, 24 juillet 1996)
Q. : Monsieur le ministre, vous êtes à Jérusalem et vous poursuivez vos entretiens en Israël après avoir rencontré Yasser Arafat hier à Gaza. Avez-vous rencontré votre homologue israélien ce matin ?
R. : Oui, j'ai rencontré en effet M. David Lévy, le ministre israélien des Affaires étrangères, mais aussi M. Netanyahou, le nouveau Premier ministre. Je sors à l'instant du bureau du président de la République israélienne, M. Weizman.
Q. : M. David Lévy a dit de vous que vous étiez un ami authentique d'Israël. Avez-vous été touché par cette marque d'affection ?
R. : Oui, bien entendu. C'est vrai, la France est l'amie d'Israël, elle l'a toujours été et nous sommes convenus ensemble de renforcer les liens entre Israël et la France dans une période qui est cruciale pour le processus de paix au Moyen-Orient.
Q. : vous avez eu le privilège de rencontrer Yasser Arafat puis les autorités israéliennes. Quelle est la nature des relations entre les deux acteurs du processus de paix, selon les entretiens que vous avez eus ?
R. : Oui, comme vous le savez, le président Arafat a reçu à Gaza, hier, M. David Lévy, le ministre israélien des Affaires étrangères. J'ai eu l'occasion de rencontrer aussi bien M. Arafat que M. Lévy entre hier soir et ce matin. J'ai eu leurs échos. Le sentiment de chacun, c'est que leur rencontre, qui était la première depuis les élections en Israël, a été à la fois très importante et, je crois, assez chaleureuse, en tout cas, utile et réussie.
Q. : Peut-on parler d'une rupture, car le Premier ministre M. Benjamin Netanyahou s'est toujours montré intransigeant depuis son arrivée au pouvoir ?
R. : On peut parler d'un progrès vraiment important, d'une étape nouvelle. II n'en reste pas moins que c'était un premier contact et que par conséquent, les deux hommes ne sont pas entrés dans le détail des dossiers. II faut prendre cela pour ce que c'est, je dirais le pied à l'étrier, pour une nouvelle démarche et de nouvelles étapes entre Israël et la Palestine. Naturellement j'ai, auprès de chacun, poussé vivement à ce que les conversations reprennent car le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens est absolument nécessaire du point de vue des intérêts des uns et des autres. C'est évidemment le souhait de la France.
Q. : Pouvez-vous dire après les entretiens que ce qui les divise serait moins important que ce qui les rapproche ?
R. : Ce serait sans doute excessif de dire cela, mais j'ai le sentiment qu'un processus de travail en commun, devant déboucher sur des négociations, est désormais engagé. C'est donc plutôt un signé positif.
Q. : Comment la France peut-elle orienter les débats en ce moment entre Israël et l'entité Palestinienne ? Comment la France peut-elle peser sur la situation à Hébron, toujours occupée par l'armée israélienne en Cisjordanie ?
R. : J'ai dit à mes interlocuteurs en Israël qu'il fallait – bien entendu, c'était impossible autrement – tenir les engagements pris par le gouvernement israélien précédent, c'est-à-dire par l'État d'Israël, à l'égard d'Hébron, à l'égard des Palestiniens. Je crois que c'est bien l'intention des Israéliens, mais tout cela prend du temps, et le temps est dans cette région dangereux car il joue contre la paix.
Q. : On sait qu'un émissaire américain met le pied demain sur le sol israélien. N'est-on pas en train d'assister à une sorte de chassé-croisé entre la France et les États-Unis sur le terrain du Proche-Orient ?
R. : Non, franchement non, qu'un diplomate américain vienne dans la région, ce n'est pas original, c'est même assez fréquent. C'est très bien, je ne peux que m'en féliciter. Que le ministre français des Affaires étrangères de son côté fasse une tournée dans cette région, c'est, je crois, aussi très important et très utile.
Ce qui m'a frappé, c'est que tous mes interlocuteurs, sans exception, sont heureux de voir la France reprendre sa place au Moyen-Orient. Naturellement, nous ne faisons pas cela dans une attitude de compétition, encore moins d'agression, envers les États-Unis, d'aucune façon. Je peux vous annoncer que je verrai le secrétaire d'État M. Warren Christopher au mois de septembre à Washington, et parmi les sujets que nous avons mis à notre ordre du jour, il y a bien entendu les questions du Moyen-Orient.
Q. : Les pays les plus heureux de voir la France jouer un rôle au Proche-Orient, comme vous le dites, ne sont-ils pas les pays arabes, car c'est surtout Israël que vous rappelez à ses obligations ? C'était également le thème des interventions du président de la République lors de ses récents déplacements dans la région ?
R. : Je crois que nous sommes attendus en effet par les pays arabes, il n'y a aucune espèce de doute là-dessus. Je peux aussi vous dire que l'accueil que j'ai reçu en Israël est un accueil très chaleureux, et que le nouveau gouvernement israélien souhaite, comme nous le souhaitons d'ailleurs, développer et renforcer les relations entre nos deux pays. J'ai invité mon homologue M. David Lévy à venir à Paris, et nous sommes convenus qu'il y viendrait dans les premiers jours de septembre.
Q. : Un mot sur le terrorisme, Monsieur le ministre. Le terrorisme sera au coeur des discussions avec vos homologues du G7 dans quelques jours à Paris. Qu'attendez-vous de cette réunion alors que nous sommes tous encore sous le choc de l'attentat du Boeing de la TWA ?
R. : Oui, permettez-moi de vous dire que pour l'instant, vous ne savez pas si le drame relève du terrorisme ou non.
Q. : C'est vrai, il n'y a pas encore de confirmation officielle de la part du FBI ?
R. : D'aucune sorte. Attendons.
Q. : De fortes présomptions ?
R. : Oui, bien entendu, mais la présomption n'est pas la condamnation. Et en toute hypothèse, on ne sait pas d'où cela viendrait. Donc, il ne faut pas, me semble-t-il, mélanger les choses hâtivement. Mais il est vrai que la lutte contre le terrorisme, nous avons assez d'exemples récents, est pour nous une priorité. Je suis très content que les chefs d'État et de gouvernement aient décidé qu'il fallait absolument renforcer nos liens. Naturellement, nous faisons déjà beaucoup de choses. Les ministres de l'Intérieur, les services spécialisés travaillent déjà beaucoup ensemble, je peux vous le dire. Mais bien sûr, l'idée est de renforcer le dispositif, et de donner à la communauté internationale un signal politique fort de ce que les chefs d'État et de gouvernement des plus grands pays du monde sont décidés à se donner la main pour lutter avec fermeté contre le terrorisme, ou qu'il soit et d'où qu'il vienne.
Q. : À propos du terrorisme le plus proche de France, en Espagne, le ministre de l'Intérieur espagnol sera reçu demain à Paris par Jean-Louis Debré, son homologue. Vous félicitez-vous de cette bonne coopération policière entre la France et l'Espagne ?
R. : Voilà un excellent exemple, vous avez raison de vous y référer, qui montre qu'entre la France et l'Espagne, il y a une coopération sans faille et très approfondie pour lutter contre le terrorisme dont l'Espagne est la victime. La France, qui a subi les effets du terrorisme dans le passé à plusieurs reprises, est bien placée pour savoir que cette solidarité est absolument nécessaire.
Q. : Merci, Monsieur de Charette, d'avoir accepté de prendre le téléphone dans un agenda très chargé. Vous quittez Israël aujourd'hui ?
R. : Je quitte Israël dans deux heures et je vais au Caire pour rencontrer le président Moubarak.
Tournée au Proche-Orient, entretien du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, avec « France 2 » (Jérusalem, 24 juillet 1996)
Q. : Quel est le message que vous avez aujourd'hui à adresser aux Palestiniens et aux Israéliens ?
R. : Aux Palestiniens, c'est simple, courage, nous sommes avec vous, nous comprenons vos souffrances, et nous avons depuis toujours l'idée de vous soutenir.
Aux Israéliens, c'est également extrêmement simple : il n'y a pas d'autre voie que la paix et pour la paix, il n'y a pas d'autre voie que le processus de paix tel qu'il a été engagé. Il faut donc se réunir pour renouer les fils de la paix.
Tournée au Proche-Orient, point de presse conjoint du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, et du ministre israélien des Affaires étrangères, M. David Lévy (Jérusalem, 24 juillet 1996)
Juste quelques mots, mais je voudrais en effet remercier le ministre des Affaires étrangères israélien, M. David Lévy, de m'avoir reçu avec tant de chaleur aujourd'hui. C'était un moment extrêmement important, décisif, du voyage que j'effectue ces jours-ci au Proche-Orient. C'était à part, Jérusalem est évidemment, pour moi, d'une très grande importance, et je voudrais dire combien je suis heureux, profondément heureux, de la qualité des discussions que nous avons pu avoir ensemble, M. David Lévy et moi-même et nos deux délégations. J'ai invité M. Lévy à venir en effet le plus vite possible pour que nous puissions entrer dans le fond des dossiers, et faire en sorte que la voie de la paix continue, se développe et gagne. Je crois que nous allons travailler dans cet esprit et je m'en réjouis beaucoup.
Nous sommes pressés de nous revoir comme deux amis le sont, parce qu'ils ont des choses à faire ensemble, des choses très importantes pour l'avenir de la région.
Q. : Monsieur le ministre, vous avez renoncé, cette fois-ci, à votre visite à la Maison d'Orient. Est-ce que lors de votre prochain séjour à Jérusalem vous comptez y aller ?
R. : Monsieur, j'ai déjà eu beaucoup d'occasions de répondre à cette question, et je ne peux que vous suggérez de vous reporter aux nombreuses réponses que j'ai pu faire, qui étaient extrêmement précises et claires.
Q : La France entend s'impliquer davantage dans le processus de paix au Proche-Orient. Qu'en pensez-vous ?
R. : M. David Lévy – Laissez-nous discuter de cela ! Naturellement, tout sera fait en comprenant et en sauvegardant toujours les intérêts de chaque côté, mais je tiens à dire qu'avec la France, ce sera avec une atmosphère d'amitié mutuelle et de compréhension, j'en suis sûr.
Q. : Qu'en pense M. de Charette ?
R. : Je pense que ce que vous venez de dire est tout à fait exact. J'ai été très heureux de constater que c'est exactement ce que vient de dire de son côté M. David Lévy, et je m'en félicite vraiment. Et je voudrais confirmer que nous allons travailler ensemble dans un esprit de respect mutuel, mais aussi dans un esprit d'amitié chaleureuse, en particulier entre la France et Israël, entre, si vous le permettez, M. David Lévy personnellement et moi.
Q. – Alors, très brièvement, quel est le message que vous avez aujourd'hui à adresser aux Palestiniens et aux Israéliens ?
R. : Aux Palestiniens, c'est simple : courage, nous sommes avec vous, nous comprenons vos souffrances et nous avons depuis toujours l'idée de vous soutenir. Aux Israéliens, c'est également extrêmement simple : il n'y a pas d'autre voie que la paix, et pour la paix il n'y a pas d'autre voie que le processus de paix tel qu'il a été engagé. II faut donc se réunir pour renouer les fils de la paix.
Tournée au Proche-Orient, entretien du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, avec la radio « Kol Israël » (Jérusalem, 24 juillet 1996)
Q. : Le président de la France, M Jacques Chirac, avait fait état de sa préoccupation, lors de sa tournée dans le Golfe persique, concernant le sort du processus de paix. Alors, aujourd'hui, vous venez d'accomplir une tournée dans la région, la Syrie, le Liban, la Jordanie, les Territoires autonomes palestiniens, Israël enfin, quel est votre sentiment et restez-vous préoccupé par le sort du processus de paix ?
R. : Oui, je reste préoccupé parce que nous n'avons pas encore abouti à ce que je crois nécessaire, c'est-à-dire recommencer à discuter. Ceci dit, il y a des signes positifs. Signe positif, le fait que le Premier ministre israélien, M. Netanyahou, se soit rendu au Caire et ait eu une longue discussion avec le président Moubarak, et que les deux hommes aient « accroché » ensemble. Je ne crois pas qu'ils aient conclu sur les choses pratiques. De ce point de vue, il y a peut-être eu un peu de déception mais il y a eu, ce qui est très important dans la vie internationale, croyez-moi, une bonne relation personnelle entre les deux hommes. De même, le fait que mon homologue, M. David Lévy, ait rencontré le président Arafat, ce qui était tout de même urgent, je crois que là aussi c'est très important. J'ai rencontré David Lévy le lendemain et le président Arafat le jour même de sa rencontre avec M. Lévy, et j'ai constaté que de part et d'autre on fondait beaucoup d'espoir sur cette reprise du dialogue. Tous ces signes vont dans le bon sens. Ce sont de petites lumières à l'horizon, qui nous laissent de l'espoir.
Q. : On dit que votre rencontre avec le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a été extrêmement chaleureuse. Le confirmez-vous ?
R. : Oui, c'est vrai. Je le lis dans les journaux, je l'entends parfois aussi à la radio israélienne. Je dois vous dire franchement que le président Arafat est quelqu'un qui est digne d'estime. Je crois que, en toute hypothèse, il est le chef de l'Autorité palestinienne, et donc c'est avec lui qu'il faut trouver les voies de la paix pour Israël. C'est une question essentielle. Naturellement, je ne vis pas en Israël et donc j'ai pensé – ceux qui nous écoutent peuvent penser que je suis loin des réalités dont je connais les difficultés, mais je viens assez souvent ici et je crois que je regarde avec beaucoup d'amitié et les Israéliens et les Palestiniens pour être capable de comprendre -, que Palestiniens et Israéliens doivent trouver les moyens de vivre ensemble. C'est cela la question de fond. Pour cela, il faut parler, travailler ensemble, cheminer. Ce n'est pas simple. Cela n'empêche pas les conflits. Cela n'empêche pas les difficultés, et je connais les préoccupations de sécurité des Israéliens. J'ai dit à M. Lévy hier que la France attachait la plus grande importance aux questions de sécurité d'Israël, que cette demande de sécurité était légitime, je la soutiens. Donc, je comprends tout cela et en même temps, quand on est sur la même terre…
Q. : Dans le cadre de l'éventuelle mise en place d'un axe de négociation privilégié entre Israël et le Liban, la France userait-elle de son influence et de ses liens très étroit et anciens avec le Liban pour que cela puisse aboutir à un succès, c'est-à-dire à un éventuel accord de paix avec le Liban ?
R. : Naturellement. Ne doutez pas de toute façon que dans la période qui vient, la diplomatie française sera extrêmement présente dans la région, à la fois parce que nous n'y avons que des amis, et aussi parce que nous avons le sentiment que nous pouvons être très utiles pour les uns et pour les autres, pour faciliter le cheminement vers la paix. Alors, cela concerne le Liban naturellement où nous avons des liens très anciens, neuf siècles. Neuf siècles, c'est long, et cela crée des liens très forts. Mais nous avons aussi des liens très forts avec Israël, Israël est l'ami de la France et nous sommes tout prêts, naturellement, à travailler pour cela. En revanche, il ne faut pas compter sur moi pour me laisser entraîner dans n'importe quel piège.
Q. : Monsieur le ministre, à quand la venue en Israël du président Jacques Chirac et à quand la visite à Paris de Benjamin Netanyahou ?
R. : Écoutez, je peux vous dire d'abord que j'ai invité David Lévy, mon collègue ministre israélien des Affaires étrangères, à venir à Paris le plus vite possible, pour que nous puissions approfondir nos réflexions. Ce que nous avons fait aujourd'hui, c'est un tour d'horizon, mais c'était surtout une prise de contact personnelle entre lui et moi. Je suis très content parce que c'était une prise de contact très chaleureuse. Lui-même est un Méditerranéen. Moi, comme cela, j'ai l'air d'un homme du Nord, et vous savez qu'en Israël on appelait, je ne sais pas si on le fait encore, les jeunes nés en Israël, les « Sabras », c'est-à-dire, comme le fruit du cactus, piquant à l'extérieur mais excellent à l'intérieur. Eh bien, moi, je suis un homme du nord à l'extérieur, mais je suis un Méditerranéen au fond de moi-même, et donc je me sens des liens très forts avec cette région.
Le président Chirac souhaite venir dès que ce sera utile et possible en Israël, pour souligner cette amitié franco-israélienne, et j'espère que M. Netanyahou viendra très bientôt à Paris, comme nous en avons le projet.
Q. : Mais aucune date n'a encore été fixée ?
R. : Non, les dates n'ont pas été fixées mais nous avons le souci que cela se passe le plus vite possible.
Tournée au Proche-Orient, conférence de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charrette (Jérusalem, 24 juillet 1996)
Mesdames et Messieurs, je suis très heureux de faire le point avec vous au terme de ce voyage en Israël, proche du terme de ma tournée puisque je pars, en vous quittant, pour le Caire, après être allé dans un délai il faut le dire assez rapide, en Syrie, au Liban, en Jordanie, dans les Territoires palestiniens, et maintenant en Israël.
Je me suis entretenu successivement, comme vous le savez, avec M. David Lévy, avec le Premier ministre M. Benjamin Netanyahou, avec le président Weizman, de sorte que j'ai pu écouter les principaux dirigeants – nouveaux pour deux sur trois des noms que je viens de citer – du gouvernement israélien, et non seulement m'exprimer mais aussi écouter avec beaucoup d'attention, je peux vous le dire. Je voudrais vous dire combien j'ai été touché par la chaleur de l'accueil. Quand on vient dans un pays, quand on va voir des dirigeants nouveaux, personne ne peut savoir à l'avance comment les choses vont se passer, et comme vous le savez aussi, les relations personnelles ont, dans le domaine de la politique internationale, une très grande importance, beaucoup plus grande qu'on ne l'imagine quand on voit les choses de loin. J'ai été extrêmement sensible à la chaleur de l'accueil, à la sincérité des sentiments exprimés aussi bien par M. David Lévy que par le Premier ministre, M. Netanyahou, et bien entendu par le président Weizman que par ailleurs je connaissais déjà.
J'ai, bien entendu, confirmé à M. Netanyahou l'invitation qui lui a été adressée par le président Chirac de venir à Paris, je dirais le plus tôt possible, quand, en tout cas, cela lui paraîtra compatible avec ses propres obligations et avec le calendrier du président français. J'ai, de mon côté, invité M. David Lévy à venir à Paris. Nous avons dit ensemble, le plus tôt possible, parce que nous avons beaucoup de choses à faire ensemble et à nous dire. Il faut poursuivre naturellement le travail entamé aujourd'hui. Vous comprenez bien que, en quelques heures, on ne peut pas résoudre toutes les questions, on ne peut même pas traiter l'ensemble des sujets que l'on voulait traiter et les approfondir suffisamment. Je souhaite donc, et nous sommes convenus avec M. David Lévy que c'était la première pierre de relations nouvelles et intenses entre le nouveau gouvernement israélien et la France, que nous puissions travailler la main dans la main, non seulement à l'amélioration des relations franco-israéliennes, mais aussi à la résolution des problèmes de la région qui tournent autour du processus de paix.
Comme vous le savez, j'étais venu ici pour m'informer sur les positions du gouvernement israélien en ce qui concerne le processus de paix, pour prendre connaissance des nouvelles options du gouvernement israélien, et pour rappeler les positions françaises qui, elles, ne changent pas, sur le processus de paix. Positions qui s'inscrivent dans un cadre qui, comme vous le savez, a été défini au sein même de l'Union européenne, et donc engage non seulement la France mais les quinze pays membres de l'Union. Nous avons eu l'occasion bien sûr de parler de l'ensemble de ces sujets.
Que puis-je vous dire à ce stade ? D'abord, que je crois que le processus de paix doit reprendre et doit poursuivre sa route. J'ai constaté que c'était, si j'ai bien compris, et je crois avoir bien compris, l'intention des dirigeants israéliens. Naturellement, il est possible qu'il y ait des points de désaccord, mais j'ai eu le sentiment que le désir de paix n'était pas moindre aujourd'hui qu'hier. Ce désir de paix, il est partagé par tous les pays de la région. Ce que je retire de tous les propos que j'ai entendus depuis 48 heures de la part de tous les dirigeants que j'ai rencontrés, c'est l'expression affichée et forte de ce désir de paix, de cette volonté d'aller de l'avant.
J'étais hier à Gaza dont je suis parti ce matin. J'ai rencontré le président Arafat très longuement hier soir. Il venait lui-même de rencontrer M. Lévy. Je voudrais saluer cette rencontre, qui est la bienvenue et qui, j'espère, sera le prélude à d'autres rencontres à tous les niveaux y compris le plus élevé, de sorte que le dialogue repris s'approfondisse et permette la poursuite de la négociation engagée depuis déjà plusieurs années. Le chemin parcouru sur le volet palestinien est un chemin remarquable, même si seulement une partie a été faite. Il faut continuer. On ne peut pas courir le risque de défaire ce qui a été fait. Il faut parachever une oeuvre qui est en cours d'accomplissement. Et de ce point de vue, le premier contact noué entre le président Arafat et M. David Lévy constitue un signe extrêmement positif.
Nous souhaitons aussi que reprennent les négociations avec la Syrie, puis bientôt, espérons, avec le Liban. Nous avons évoqué la situation au Sud-Liban et j'ai été heureux de constater, une fois encore, l'affirmation par les dirigeants israéliens qu'Israël n'a aucune revendication sur le territoire de ce pays. Je voudrais ajouter que la France comprend parfaitement les besoins de sécurité qu'expriment le gouvernement et le peuple israéliens. Ce besoin de sécurité est légitime. Cette exigence est naturelle. La France l'a toujours prise en considération. Elle continuera de le faire avec une attention vigilante. Car cette question de la sécurité, qui intéresse d'ailleurs tous les États et tous les peuples de la région, constitue un devoir pour tous les gouvernements. Je crois que les négociations engagées entre Israël et certains de ses partenaires arabes sont les meilleurs garants de la sécurité. Je crois que c'est la négociation de paix qui apportera le plus sûrement la sécurité. Il ne peut y avoir de paix sans sécurité, c'est vrai. Il ne peut pas non plus y avoir de sécurité réelle sans la paix.
Sur tous ces sujets, qu'il s'agisse du volet palestinien, du volet syrien du processus de paix, et demain du volet libanais, la France est plus que jamais disposée à apporter sa contribution, aux côtés de tous ceux qui coopèrent et qui travaillent dans ce but. Je sais bien que cela représente dans la région une nouveauté, parce qu'il est juste de reconnaître que pendant un certain nombre d'années, la France a été sinon absente, du moins passive. Elle ne le sera plus. Je vois bien que pour s'en convaincre, il faut un certain temps. J'espère que ce temps est révolu et que la détermination française à être présente dans cette région où elle n'a que des amis, sera désormais mieux comprise, j'en fais le voeu, j'en formule l'espoir et, en réalité, je le crois. C'est ainsi en tout cas que j'ai interprété les conversations approfondies que j'ai eues aujourd'hui même en Israël. Nous avons besoin des partenaires, mais nous avons partie liée. Notre destin est commun, et je suis venu dire très clairement aux dirigeants israéliens que la France, sensible à leurs préoccupations, souhaite s'engager pleinement pour aider, dans la mesure où ils le souhaitent, les pays de la région à trouver avec succès les chemins de la paix.
Voilà ce dont j'ai parlé et dont je voulais porter le témoignage devant vous. Je reste naturellement à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q. : Monsieur le ministre, vous parlez là d'un tournant de la position française et j'aimerais savoir, puisque les positions françaises n'ont pas changé – vous avez dit cela tout à l'heure -, si effectivement vous avez reçu un écho favorable de la part des autorités israéliennes, du Premier ministre et du chef de la diplomatie ? Je comprends le souhait d'Arafat et des pays arabes peut-être qui vous encouragent dans ce sens, mais il faut penser que demain il y a un émissaire américain qui arrive. Alors, pour vous, la France, dans ce contexte international, est-ce que vous avez votre place privilégiée ?
R. : Oh, privilégiée, nous n'en demandons pas tant, mais nous souhaitons avoir notre place, n'ayez aucun doute là-dessus. Nous avons déjà démontré que nous avions la ténacité requise. Regardons les choses simplement. D'abord, vous avez dit que vous compreniez que les uns, en fait les pays arabes, y trouvent intérêt et que vous vous demandiez pourquoi les autres, c'est-à-dire les Israéliens, y trouveraient un intérêt. Je voudrais vous rendre attentifs un point très précis. La position française n'est pas d'être les avocats des uns auprès des autres. La position française c'est celle du milieu de la route. Nous nous tenons en permanence au milieu de la route, non pas par un souci, je ne sais lequel, de position de compromis, mais simplement parce que nous reconnaissons la légitimité de la demande des uns et des besoins des autres. Notre attitude est d'écouter et de comprendre et, quand nous le pouvons, de proposer une solution qui réponde aux uns et aux autres. C'est, permettez-moi de le rappeler sans faire de triomphalisme qui n'aurait pas de raison d'être, ce que nous avons fait il y a quelques mois. C'est exactement ce que nous avons fait au Liban. Nous n'avons pas défendu les uns contre les autres, nous avons proposé des solutions concrètes qui étaient de nature à répondre à l'intérêt de chacun. La preuve en est que c'est celles-là qui ont finalement été retenues, parce qu'elles étaient acceptables ou bonnes pour les uns et pour les autres.
Enfin, nous n'avons de problèmes avec personne ! Il arrive que certains aient des problèmes avec nous mais nous n'avons de problèmes avec personne. Nous trouvons très bien que d'autres exercent leur influence, leur rôle, nous respectons les réalités. Vous savez, nous ne sommes pas déraisonnables, nous savons bien les choses et donc nous n'avons aucun souci, nous n'exprimons aucune critique d'aucune sorte. Je vais même aller plus loin. Nous avons toujours travaillé ou voulu travailler en pleine concertation avec nos amis américains, puisque c'est eux que vous avez évoqués, en pleine concertation. Je me rendrai au mois de septembre aux États-Unis, comme j'en ai convenu avec Warren Christopher.
Q. : Sur la possibilité de trouver un accord sur le retrait des forces israéliennes au Sud-Liban : pensez-vous que les Syriens sont d'accord pour commencer par le Liban ?
R. : Franchement, Monsieur, je pense qu'aujourd'hui c'est prématuré d'entrer dans le détail de ce qui peut être fait, s'agissant de la Syrie et du Liban. Tout est toujours possible. L'essentiel, c'est que les propositions faites le soient, non pas dans l'esprit de compliquer les choses ou d'affaiblir celui qui est en face, mais plutôt de résoudre les problèmes et de répondre à l'attente commune des peuples qui est la recherche de la paix.
Q. : (en anglais)
R. : Madame, nous allons essayer de continuer à travailler dans la voie que vous venez de tracer. L'entretien que j'ai eu avec le Premier ministre me conforte dans l'idée que tous les pays de la région recherchent la paix. J'ai été frappé qu'au cours de ma visite en Israël, le rôle de la France n'était pas mis en question. Pour le reste, attendons encore un peu.
Q. : Monsieur le ministre, avez-vous abordé avec le chef du gouvernement la question de Hébron et de la Maison d'Orient ?
R. : Non, nous n'avons pas parlé de la Maison d'Orient. Voilà un point qui est clair. Oui, pour Hébron, je vais vous rappeler la position française, qui est très simple. Un accord prévoit très explicitement le redéploiement à Hébron. Cet accord devra être appliqué et le plus tôt sera le mieux parce que, comme vous le savez, le calendrier a déjà volé en éclats.
Q. : Sur le principe de l'échange des territoires contre la paix ?
R. : C'est une question difficile, importante. J'ai bien entendu rappelé notre attachement à ce principe parce qu'il fait partie des données de base du processus de paix. J'espère qu'au cours de la période à venir nous pourrons approfondir nos réflexions sur ce sujet pour parvenir à une situation satisfaisante.
Q. : Est-ce que dans votre conversation avec Yasser Arafat, il vous a confié qu'il avait l'intention de modifier la politique de l'Autorité palestinienne concernant toute activité politique à Jérusalem en particulier à la Maison d'Orient ?
R. : Écoutez, je ne peux mieux faire que de vous renvoyer à la réponse qu'a faite M. Arafat lui-même à la conférence de presse que nous avons tenue ensemble cette nuit, Gaza. La réponse est la sienne. C'est donc, je dirais, la plus autorisée du point de vue de l'Autorité palestinienne, elle ne va pas dans le sens des rumeurs que vous avez évoquées.
Q. : Ça n'explique pas que vous ne soyez pas allé aujourd'hui à la Maison d'Orient ?
R. : Non, non, je vais encore le redire pour qu'il n'y ait pas de trouble sur ce point. J'ai déjà dit les choses, et je vous serais reconnaissant de vous référer à mes propos que j'ai lus moi-même dans les dépêches d'agences et que je ne conteste pas. Elles sont très précises et très conformes à ce que j'ai dit, je crois que c'est le mieux qu'on puisse faire au point où nous en sommes !
Q. : À propos de la situation au Sud-Liban, on évoque ici à Jérusalem une possible initiative qui consisterait à un retrait des troupes israéliennes. La France a-t-elle l'intention d'appuyer cette initiative auprès des Libanais ?
R. : La France ne peut, comme vous l'imaginez bien, qu'être favorable à un retrait des troupes israéliennes du Sud-Liban. D'abord parce que ce serait une très bonne idée, ensuite parce que cela figure dans une résolution du Conseil de sécurité, enfin parce que je suis persuadé que c'est comme ça que cela finira parce que cela apparaîtra comme l'intérêt à coup sûr des Libanais bien sûr, mais probablement aussi les Israéliens. Pour l'instant, vous faites un pronostic et une hypothèse auxquels je ne peux pas apporter la moindre contribution.
Q. : Est-ce que vous étiez porteur d'un message du président Assad au gouvernement israélien ?
R. : Non, j'étais porteur de mes propres messages. Ça nous a déjà suffi à remplir la conversation.
Tournée au Proche-Orient, point de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette, à l'issue de son entretien avec le président de la République arabe d'Égypte, M. Hosni Moubarak (Borg Al-Arab, 24 juillet 1996)
Je suis venu au Caire rendre visite au président Moubarak au terme de cette tournée qui m'a amené successivement en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Palestine, en Israël et maintenant en Egypte. J'ai été très heureux de ce long entretien que le président Moubarak a bien voulu m'accorder. Cela a été pour moi l'occasion de faire le bilan de ce périple. J'étais parti avec l'objectif à la fois d'écouter l'ensemble des partenaires du processus de paix, de m'informer avec plus de précision des objectifs et des préoccupations des uns et des autres, et si possible de contribuer à renouer les fils de la paix.
Au terme de ce voyage, je crois pouvoir dire que les fils de la paix commencent timidement sans doute, à se renouer lentement, et nous voyons quelques signes positifs qui sont encourageants même s'il reste encore, hélas, beaucoup de difficultés sur ce chemin, qui sera sans nul doute un chemin ardu.
J'ai tiré plusieurs conclusions pratiques. D'abord, il est clair que tous les pays du processus de paix du côté arabe, en particulier la Syrie, le Liban et, bien entendu, la Palestine, souhaitent ardemment la poursuite, on devrait mieux dire la reprise, d'un processus de paix auquel ils sont fortement attachés. Ils ont exprimé beaucoup d'inquiétude, beaucoup de préoccupations, beaucoup de souci, et en même temps ont manifesté leur clair engagement à travailler dans cette voie.
Comme vous le savez, j'ai eu l'occasion de le dire à l'ensemble de mes interlocuteurs, la France, de son côté, souhaite que le processus de paix se poursuive sur la base des engagements déjà pris, qui doivent être tenus, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité, qui doivent être respectées, et sur la base du principe de l'autodétermination pour le peuple palestinien. Je l'ai dit partout avec la plus grande clarté et j'ai plaisir à le redire ici.
Enfin, du côté israélien, nous avons constaté plusieurs signes positifs. La visite du Premier ministre israélien au Caire, l'entretien qui a eu lieu hier entre M. David Lévy, le ministre des Affaires étrangères, le président Arafat, sont des pierres blanches qu'il faut saluer comme telles. Il en faudra d'autres, il faudra travailler, mais j'ai eu le sentiment qu'en Israël les esprits évoluaient, lentement sans doute, vers la paix.
La France continuera donc à être très présente sur le terrain, comme elle l'est depuis un an sous l'impulsion du président de la République, M. Jacques Chirac. La France continuera d'être active et d'être partie prenante, avec l'ensemble des acteurs régionaux, pour soutenir et faciliter le déroulement positif du processus de paix. Nous mènerons cette action avec détermination. Pendant la crise libano-syrienne, j'ai entendu parler de ce qu'en appelle le canal unique de négociation. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Je suis favorable à la thèse du double canal. Sans aucun doute cette région compte-t-elle sur le soutien des États-Unis pour que les principes, les résolutions du Conseil de sécurité, le processus, tout cela soit respecté et continue son oeuvre, mais j'ai pu observer dans toutes les capitales de la région, y compris en Israël, je le dis au passage, qu'il y a une attente forte a regard de la France et a regard de l'Union européenne. Nous serons naturellement présents à ce rendez-vous.
Je pourrais résumer d'un mot ou plutôt d'une phrase mon jugement au terme de ces trois longues journées. J'étais parti plutôt inquiet devant la situation au Proche-Orient. J'exprimerai aujourd'hui un optimisme prudent.
Q. : Quel est le rôle que souhaite jouer la France dans le processus de paix en relation avec celui des États-Unis ?
R. : Votre question exprime un scepticisme a regard de la France. Vous avez tort. La France a démonté au cours des mois passés sa détermination, sa tranquille assurance, et nous poursuivrons de la même façon. Nous serons des partenaires actifs, très actifs du processus de paix. Nous prendrons des initiatives, nous agirons de diverses manières, tout au long des mois qui viennent et, vous le verrez, nous participerons pleinement au chemin de la paix que nous voulons tracer, avec l'ensemble des partenaires de la région, et naturellement en pleine concertation avec les États-Unis.
Q. : Existe-t-il des propositions concrètes françaises afin d'essayer de concilier les positions arabes et israéliennes concernant le statut de Jérusalem ?
R. : Monsieur, s'il y avait une solution miracle, je pense que d'autres l'auraient déjà inventée.
Q. : En ce qui concerne la rencontre avec le Premier ministre israélien, est-ce que vous avez constaté qu'il accepte ou bien qu'il peut accepter dans l'avenir le principe de l'échange de la terre contre la paix ?
R. : Franchement, nous n'en sommes pas encore arrives la, mais je crois néanmoins qu'il s'est déjà produit une évolution en Israël. Nous devons l'encourager. Nous devons la favoriser en montrant, avec une très grande détermination et une très grande précision, et j'ajouterai une très grande cohésion, que seul le respect des principes établis permettra de cheminer vers la paix.
Q. : Le rôle de la France, un rôle très actif dans la région, et j'en veux pour preuve votre visite, cette navette, ce rôle va-t-il continuer à se manifester à l'avenir par d'autres voyages ?
R. : N'en doutez pas un seul instant. Nous allons continuer à être, comme je l'ai dit tout à l'heure, extrêmement actifs dans l'ensemble de la région. Nous prendrons des initiatives, nous soutiendrons les efforts faits par les uns et les autres, et nous serons à part entière dans les efforts de tous pour parvenir à la paix.
Q. : Est-ce qu'il y a un changement pour la date du comité de surveillance qui devait se tenir demain ?
R. : Je n'ai pas les derrières informations mais n'ayez pas de doute, il n'y a pas de problème.
Q. : Cela veut-il dire qu'on saura demain ?
R. : Je n'en sais rien. Pour répondre, il y a ici quelqu'un de la délégation. Mais il n'y a pas de problèmes. Le groupe de surveillance doit se mettre en place à partir du 25. C'était à partir du 25. Nous avons désigné le général français qui sera le représentant de la France au sein du groupe de surveillance, lequel sera installé à Naqoura, et nous avons désigné par ailleurs l'ambassadeur qui assurera la co-présidence ou la présidence alternativement avec les États-Unis. L'ambassadeur, M. Gaussot, était avec moi à Jérusalem et à Tel-Aviv, et il prend ses fonctions demain à Nicosie. Tout va bien.