Interview de M. Michel Deschamps, secrétaire général de la FSU, à RTL le 18 septembre 1996, sur les mesures pour lutter contre la violence dans les établissements scolaires.

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RTL : Qu'attendez-vous après ce nouveau drame, de cette réunion de ces deux heures de vendredi matin, de votre rencontre entre enseignants, parents d'élèves et élèves ?

M. Deschamps : Il faut absolument que nous parvenions à faire comprendre à l'ensemble de l'opinion mais aussi aux pouvoirs publics, la gravité de la situation. Le premier ministre avait réuni une table ronde sur la violence, il y a 7 mois : aucune mesure concrète, véritable, n'a été prise depuis.

RTL : Et les comités contre la violence envisagée par F. Bayrou ?

M. Deschamps : Toute les mesures qui iront dans le sens de cette mise en alerte sont bonnes, mais nous ne pourrons pas réagir seulement par des mesures conjoncturelles. Il faut travailler au fond les conditions de la réussite de tous les jeunes dans l'école, mais aussi dans les quartiers. Il faut une politique d'insertion, d'emploi. Le drame de Julien et Guillaume renvoie à des particularités, mais il n'aurait pas un tel retentissement si nous n'étions pas, depuis des mois, dans un climat de violence qui, hélas ! s'alourdit. Il faut vraiment, maintenant, prendre des mesures de fond.

RTL : Que demandez-vous ?

M. Deschamps : Un seul exemple : lors de cette table ronde, il y a 7 mois, chez A. Juppé, on avait chiffré les postes à créer à 5 000 emplois. Certes, ça ne suffit pas de créer des postes, mais il en faut ! Non seulement on n'a pas eu ces 5 000 emplois supplémentaires pour les mettre dans les zones les plus difficiles, mais on nous supprime 5 000 emplois dans le premier degré, dans les écoles et les collèges. On va à l'encontre…, on a un système éducatif qui peine à faire réussir tous les jeunes, qui est placé devant des problèmes nouveaux. Réponse du gouvernement ? Ce sont précisément les informations que vous avez données sur le budget : 5 000 postes en moins ! Gomment va-t-on répondre, d'une façon plus pertinente, à des problèmes importants ?

RTL : La responsabilité des parents, des enseignants, dans la vie quotidienne et dans l'alerte, la mise en garde ?

M. Deschamps : Elle est réelle. Il faut véritablement que l'on soit en mesure d'avoir une écoute plus individuelle. Il faut que, quand on détecte des problèmes sociaux, pouvoir répondre tout de suite. Pas seulement les enseignants, il nous faut des assistances sociales, des éducateurs de la justice. Il faut qu'on puisse associer les familles. Le drame dans beaucoup de ces cas de violence, c'est que ce sont des familles qu'on ne voit plus, avec lesquelles le contact est rompu. Il faut qu'on puisse renouer le contact. Le rôle des familles, des personnels, est décisif. Les jeunes, aujourd'hui, sont inquiets sur leur avenir, que fait-on pour leur donner de vraies perspectives ?