Texte intégral
Entretien du ministre des affaires étrangères, M. Hervé de Charette, avec la revue « France/Japon/Éco », à Paris
France/Japon/Éco : Monsieur le ministre, pourriez-vous nous dire en quoi consiste les « vingt actions pour l’an 2000 » envisagées par le gouvernement français et nous en préciser les objectifs ?
Hervé de Charette : Il s’agit d’une charte qui comportera vingt actions concrètes à entreprendre en direction du Japon d’ici l’an 2000, dans les domaines commercial, économique, politique et culturel. Le contenu de ces actions, en cours de négociation avec les Japonais, sera rendu public lors de la visite du chef de l’État français au Japon, en novembre prochain.
Dans son « discours de Singapour » de février 1996, peu avant la tenue du sommet Europe-Asie de Bangkok, Jacques Chirac avait défini l’Asie comme « la nouvelle frontière » de la politique extérieure de la France. Le Japon, deuxième puissance économique mondiale et premier contributeur à l’aide au développement, joue en Asie un rôle primordial. Dans ce contexte, il est essentiel de donner à la relation franco-japonaise une dimension exceptionnelle. C’est précisément l’objectif de cette charte.
France/Japon/Éco : Quelle sera la mission du « forum de dialogue franco-japonais » dont la création est prévue pour la mi-septembre ?
Hervé de Charette : Faire des recommandations et prendre des initiatives en vue de promouvoir et de favoriser les relations franco-japonaises dans tous les domaines. En bref, il s’agit de rapprocher la société française et fa société japonaise pour qu’elles se connaissent et s’apprécient mieux et travaillent plus efficacement ensemble. Ce Forum sera coprésidé par M. Raymond Barre et M. Yasuhiro Nakasone, ancien Premier ministre japonais. Ils seront entourés chacun de six personnalités françaises et japonaises de haut niveau. Vous voyez, 1996 devrait être une année faste pour les relations franco-japonaises !
France/Japon/Éco : Avez-vous un message particulier à adresser aux entreprises françaises qui travaillent avec le Japon ?
Hervé de Charette : Tout d’abord, je salue le travail remarquable accompli par les entreprises françaises qui ont eu le courage, l’énergie, la patience et la volonté d’être présentes sur le marché japonais. Grâce à leurs efforts, la part de marché de la France dans les importations japonaises a doublé depuis 1985, passant de 1 % à 2 %. C’est toujours moins que l’Allemagne, mais mieux que la Grande-Bretagne et l’Italie.
Toutefois, la réussite de quelques entreprises – parmi lesquelles un nombre significatif de PME performantes qui ont su élaborer une réelle stratégie de développement sur ce marché – ne doit pas masquer le chemin qui reste encore à parcourir. Moins de la moitié des cent premiers groupes français sont implantés au Japon et notre présence à Tokyo, comme dans les différentes régions du Japon, reste modeste par rapport à celle de nos partenaires européens.
Je pense donc que le moment est venu de lancer une nouvelle offensive en direction du Japon qui reste un marché à conquérir. Si d’autres le font, c’est que cela est possible. Mon message est donc très simple : il faut aller au Japon et y rester !