Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie pour votre invitation à participer à votre groupe d'étude « Formation professionnelle des femmes. »
Le chômage des femmes est méconnu, peut-être est-il mieux toléré malheureusement par la société.
Les femmes représentent aujourd'hui plus de la moitié des chômeurs alors qu'elles constituent 45 % des actifs (54 % pour des chômeurs pour 44 % des actifs en région Midi-Pyrénées).
Dans une période difficile, les efforts des pouvoirs publics ont permis la stabilisation du chômage de longue durée, les femmes en représentent encore 53 % au niveau national, pour la région Midi-Pyrénées 57 %.
Les écarts entre les taux de chômage des hommes et des femmes sont, du reste, constants quelle que soit la situation économique, de l'ordre de quatre points :
14,5 % pour les femmes,
10,9 % pour les hommes.
Ce « sur-chômage » des femmes présente malheureusement, en effet, des caractéristiques durables.
Il concerne d'abord les jeunes femmes. Malgré l'amélioration continue des performances scolaires et du niveau de diplômes des jeunes filles, celles-ci rencontrent toujours autant de difficultés pour accéder au marché du travail. Plus de huit points séparent leur taux de chômage de celui des garçons (29,9 % pour les jeunes filles ; 20,8 % pour les garçons).
Les jeunes femmes demeurent plus longtemps en attente d'une solution, elles représentent en effet 63 % des jeunes de moins de vingt-cinq au chômage depuis plus d'un an.
Au-delà d'un an d'attente, elles sont deux fois plus nombreuses que les garçons à n'avoir pas d'emploi, au niveau national comme en région Midi-Pyrénées.
Leur activité est souvent discontinue en raison de la précarité des emplois occupés ou morcelée en raison de temps partiels proposés dans les secteurs professionnels.
Les opportunités d'embauche sont aussi plus limitées car la palette des métiers est plus restreinte pour les filles : la moitié des filles se répartissent entre neuf métiers alors que les métiers accueillent la moitié des jeunes hommes.
De manière plus générale, les femmes demeurent concentrées dans un nombre réduit de professions, ce qui conduit à une concurrence accrue des femmes entre elles :
– des plus jeunes par rapport aux plus âgées qui souhaitent reprendre une activité ;
– des plus diplômées par rapport au moins titrées, les premières finissant par accepter des postes pour lesquels elles sont surqualifiées.
Ces obstacles sont aggravés en milieu rural par l'isolement géographique, la difficulté d'accès à l'information ainsi que l'insuffisance d'infrastructures de garde d'enfants.
On ne saurait enfin sous-estimer les discriminations directes d'embauche. Il faut ici rappeler que les offres d'emploi doivent être libellées de manière neutre au regard du sexe.
Enfin, si les femmes souhaitent aujourd'hui équilibrer leur vie professionnelle et leur vie personnelle, leur situation de mère ou de future mère ne saurait les désavantager par rapport à leurs collègues masculins.
L'accès à la formation professionnelle est inégal selon les sexes.
Les femmes représentent 37 % des bénéficiaires de la formation professionnelle pour adulte.
La féminisation reste plus accentuée dans les programmes de formation de l'État (46 %) et des régions (45 %) que dans ceux des entreprises (35 %).
L'accès difficile des femmes aux formations organisées par l'entreprise tient à plusieurs facteurs :
– la présence massive des femmes dans les catégories d'entreprises peu formatrices (PME, industries de biens de consommation) ou d'emplois peu bénéficiaires de formation (ouvriers ou employés peu qualifiés), mais dans chaque catégorie (de taille, d'emploi, de secteur) l'accès aux femmes à la formation reste inférieur à celui des hommes ;
– la précarité de leurs emplois ;
– la difficulté de concilier les responsabilités professionnelles et familiales qui prive un certain nombre de femmes de l'accès à des stages. Le taux d'accès à la formation des femmes mariées est inférieur à celui des hommes mariés dans les formations organisées par les employeurs.
Il est donc nécessaire de renforcer les efforts entrepris en matière d'égalité professionnelle : un guide bonnes pratiques dans ce domaine est en cours de réalisation, un appel à projet pour la réalisation d'actions exemplaires de branche ou d'entreprise sera lancé prochainement parallèlement à une meilleure intégration de l'égalité professionnelle dans les dispositifs généraux d'aide aux entreprises et aux branches.
Il faut donc faciliter l'accès des femmes à l'emploi grâce à une présence plus importante dans les mesures emploi-formation.
S'agissant des personnes sans emploi, deux phénomènes sont préoccupants :
– d'une part, une concentration des femmes dans les dispositifs les plus éloignés de l'emploi (formation et emploi aidé dans le secteur non marchand) ;
– d'autre part, une diminution de la part des femmes dans certains dispositifs.
Bien que majoritaires dans les SIFE et les CES (56,9% et 62% respectivement au niveau national et 58% et 66% en Midi-Pyrénées), leur part baisse dans ces mesures.
En ce qui concerne le CIE qui est au centre de la politique du Gouvernement en matière de lutte contre le chômage de longue durée et l'exclusion, les femmes représentent 42% des bénéficiaires (43% en région Midi-Pyrénées).
Enfin, pour les mesures destinées aux jeunes :
– les jeunes filles n'ont pas assez bénéficié de l'essor de l'apprentissage. Leur part demeure trop faible (28%, 29,6% en Midi-Pyrénées), et elles demeurent concentrées dans quelques filières traditionnellement féminines comme la coiffure ou l'esthétique ;
– pour les contrats de qualification, la part des femmes atteint 45% au niveau national (41,5% en Midi-Pyrénées).
Alors que l'emploi des jeunes constitue la priorité du Gouvernement, les jeunes femmes doivent trouver leur place dans l'emploi ainsi que dans les dispositifs financés par les pouvoirs publics.
C'est pourquoi comme vous le savez j'attends beaucoup de la mobilisation locale et régionale.
Votre groupe d'étude me paraît donc excellent, il arrive à point nommé. Je me permets donc d'attendre beaucoup de vos travaux. Ils permettront sûrement de faire évoluer les choses dans votre région ; vos propositions pourront bien évidemment être reprises, si besoin, au niveau national.
Je vous remercie.