Interview de M. Alain Juppé, Premier ministre, dans "Sud-Ouest" du 26 octobre 1996, sur la décision d'arrêter ou de maintenir le changement d'heure intervenant deux fois par an depuis 1976.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Presse régionale - Sud Ouest

Texte intégral

Sud-Ouest : Quand prendrez-vous définitivement la décision d'arrêter ou de maintenir le changement d'heure en France qui intervient deux fois par an depuis 1976 et encore la nuit prochaine ?

Alain Juppé : Ma préoccupation, dans ce dossier, est le confort de nos compatriotes. Dans cet esprit, j'avais demandé un rapport à François-Michel Gonnot, président de la commission de la production et des échanges de l'Assemblée nationale. Il m'a été remis récemment et confirme que, très majoritairement, les Français sont gênés par le système actuel. J'espère être en mesure de prendre formellement une décision de retour à l'heure unique avant la fin de cette année, dès que les dernières incertitudes auront été levées. Je souhaite que, dans ce cas, la décision puisse prendre effet dès 1998.

Sud-Ouest : Quelle heure serait retenue comme heure permanente ? L'actuelle heure d'été ou bien l'actuelle heure d'hiver ?

Alain Juppé : La réponse à votre question est un premier préalable. C'est précisément le point sur lequel j'avais demandé à M. Gonnot de réfléchir plus particulièrement. Son rapport est en cours d'examen. Il en ressort que l'heure d'hiver, plus proche de l'heure solaire, est plus naturelle. Le maintien de l'heure d'été toute l'année conduirait les Français à se rendre à l'école ou au travail en pleine nuit tout au long de l'hiver. Et puis des arguments scientifiques vont aussi dans le sens de l'heure d'hiver.

Sud-Ouest : Nos partenaires européens sont-ils sur la même ligne que vous et les Français, et qu'aurait comme conséquences l'arrêt de ce changement d'heure dans un certain nombre de services de l'État, comme l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie ?

Alain Juppé : La France est au cœur de l'Europe. Nos partenaires ne peuvent être indifférents à notre position. L'idéal serait que nos arguments en faveur (le l'heure unique reçoivent le même accueil chez nos partenaires. Cela ne me paraît pas être encore le cas. Dans ces conditions, il me semble que le principe de subsidiarité doit pouvoir jouer, permettant ainsi à la France d'adopter le système qui convient le mieux à nos compatriotes. Après. bien sûr, en avoir dûment averti ses partenaires.

Sur le deuxième point, je rappelle que la volonté de réaliser des économies d'énergie était à l'origine du changement d'heure. Il apparaît maintenant que les économies réalisées sont modestes, en particulier en termes d'importation de pétrole, et qu'elles ne justifient plus le maintien du système actuel. Mais cela ne remet pas en cause la nécessité de promouvoir plus généralement les économies d'énergie, ce qui est la mission de l'agence.