Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, sur l'autoroute A20, l'amélioration du réseau routier, notamment dans l'Indre, et la politique routière et autoroutière, Chateauroux le 17 avril 1998.

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Circonstance : Inauguration de l'autoroute A20 entre Chateauroux et Argenton-sur-Creuse, le 17 avril 1998

Texte intégral

Monsieur le ministre,
Monsieur les présidents,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec un réel plaisir que je viens inaugurer cette déviation de Châteauroux et son prolongement jusqu’à Argenton-sur-Creuse. Ces quelques 25 km qui s’ouvrent à nous, marquent l’aboutissement de longs efforts : d’abord de la part des acteurs politiques, économiques et citoyens de l’agglomération de Châteauroux qui voient aujourd’hui  leur centre urbain préservé des flux massifs de transit. Ensuite de la part des promoteurs de l’Occitane, l’A20, fruit d’une réelle démarche d’aménagement du territoire. Peu à peu se réalise ainsi ce grand axe Paris-Toulouse via Vierzon Brive et Montauban.

L’autoroute A20 est un outil nécessaire au désenclavement des territoires traversés et un développement harmonieux du pays.

Les efforts de l’Etat pour l’aménagement du territoire ne peuvent se concevoir sans la concertation et sans la participation active des collectivités locales. La démarche du 1 % Paysage et Développement qui a été initiée sur les grands axes du Massif central, dont l’autoroute A20, en est un symbole. La réussite de cette démarche, je le rappelle, doit concourir à faire de la sauvegarde et de la mise en valeur des paysages traversés, un élément fort du développement économique et touristique.

Pour que la connexion entre l’autoroute et les territoires traversés soit encore renforcée, nous avons mis en œuvre le concept de « village-étapes ». Là encore, l’autoroute A20 sert de base expérimentale.

L’idée est d’inviter l’usager à quitter l’autoroute pour trouver, dans les petites communes avoisinantes, un charme et des services complémentaires à ceux proposés sur aires de service.

L’objectif est non seulement de faire bénéficier le pays traversé du potentiel économique constitué par le flux d’automobilistes, mais également d’offrir à ces derniers un service original et de qualité.

Afin d’élargir le champ d’expérience déjà ouvert dans l’Indre avec Vatan, en Haute-Vienne avec Bessines-sur Gartempe et Magnac-Bourg et en Corrèze avec Uzerche, Eguzon a été retenu entant que village étape.

Nous aurons l’occasion dans l’après-midi de nous rendre compte sur place des atouts de ce village.

Si les territoires traversés doivent être mis en valeur, l’autoroute elle-même doit aussi faire l’objet d’un soin particulier pour apporter le confort nécessaire à l’usager et s’insérer au mieux dans son environnement. Je dois dire que le contournement de Châteauroux, avec son ouvrage sur l’Indre, est un bel exemple de réussite dans ce domaine ainsi que la section entre Châteauroux et Argenton-sur-Creuse.

Je félicite l’ensemble des partenaires qui ont contribué à cette réalisation :

– la région, le département, les villes de Châteauroux, Déols et Saint-Maur qui ont participé financièrement au contournement de l’agglomération castelroussine ;
– les ouvriers, techniciens, cadres des entreprises et des services de la direction départementale de l’équipement qui ont travaillé à la conception et à la réalisation des différents travaux.

Cette réussite est d’autant plus grande que je connais les difficultés qui ont été rencontrées dans le déroulement des travaux, notamment à la suite d’intempéries.

Je mesure aussi la qualité de cette réalisation à sa sobriété qui lui confère une esthétique appréciable tout en restant dans des coûts de construction raisonnables. Je voudrais indiquer ici l’importance que j’accorde à la maîtrise des coûts de construction, à la nécessité de respecter les financements prévus dans le déroulement des chantiers et la conception des ouvrages, sans pour autant, bien sûr, altérer la qualité des réalisations.

Pour les automobilistes la mise en service de ces 25 km d’autoroute A20 apporte, un plus, appréciable sur la sécurité de l’itinéraire. Mais, sans nier l’importance de la qualité de l’infrastructure dans la sécurité routière, je souhaite rappeler que dans ce domaine les progrès ne peuvent venir que d’une mobilisation permanente de tous les intéressés. La semaine dernière à l’occasion de l’adoption par le Sénat du projet de loi sur la sécurité routière, j’ai longuement plaidé la nécessité de la recherche de cette « conduite apaisée » qui seule peut nous permettre de diminuer de manière drastique le nombre de morts sur nos routes. Nous avons cinq années pour réduire de quatre mille le nombre de victimes de la route.

La sécurité c’est également bien entendu une tâche prioritaire pour les agents de l’équipement. En lançant à l’automne dernier une conférence nationale sur l’entretien et l’exploitation de la route, j’avais comme ambition de remettre en perspective les nombreuses missions de service public à assurer sur nos infrastructures, au premier rang desquelles figurer la sécurité des usagers.

Le week-end dernier, alors que notre pays subissait des conditions météorologiques particulièrement difficiles, près de 10 000 agents de l’équipement ont montré sur le terrain ce qui était le souci du service public. Je souhaite saluer aujourd’hui leur action quotidienne.

Les personnels du centre d’entretien et d’intervention d’Argenton-sur-Creuse auront sur l’A20 un environnement favorable à l’exercice de leurs responsabilités. Ils devront répondre présent de nuit comme de jour à tout incident ou accident : ils sont au service des usagers de l’autoroute.

Cette inauguration coïncide avec la parution d’un document intitulé « les usagers ont la parole ». Cette brochure, qui sera largement diffusée, est le résultat du baromètre de satisfaction du réseau routier national initié par la direction des routes en 1994. Cette démarche originale a consisté à interroger plus de 30 000 automobilistes afin de mieux appréhender leur perception de la route et leurs attentes.

D’une manière générale, on peut constater que les usagers sont satisfaits des routes nationales et encore plus des autoroutes et je m’en réjouis.

Vous connaissez mon attachement pour une plus grande prise en compte des aspirations de nos concitoyens et pour l’instauration d’un véritable dialogue entre utilisateurs et techniciens. Je souhaite donc que ce type d’action soit poursuivi et encouragé afin d’aider à la décision et de mieux adapter les investissements à réaliser, à l’attente réelle des citoyens.

La transformation en autoroute de la RN20 entre Vierzon et Brive, puis son prolongement en autoroute concédée jusqu’à Montauban et Toulouse parachèveront ce grand itinéraire Nord - Sud. La mise à deux fois deux voies entre Vierzon et Brive sera achevée à la fin de cette année. La traversée de l’Indre est en très bonne voie puisqu’il ne reste à réaliser qu’une quinzaine de kilomètres au Sud du département avec les déviations de Celon et de Clidier-l’Aumône. Cela permet aux usagers venant de paris d’emprunter à ce jour près de 300 kilomètres d’autoroutes d’un seul tenant jusqu’à Argenton-sur-Creuse.

A la fin de l’année, il ne restera que des mises aux normes autoroutières à effectuer entre Vierzon et Brive, essentiellement dans les départements de la Haute-Vienne et de la Corrèze.

La section concédée au Sud de Brive est également lancée, notamment à ses extrémités, entre Brive et Souillac d’une part, et Montauban jusqu’au Sud de Cahors d’autre part. Ces deux tranches d’extrémité devraient être mises en service fin 1998 début 1999, alors que la liaison entre Brive et Montauban devrait l’être dans son intégralité en 2001.

A cet horizon, l’autoroute A20 sera devenue une réalité permettant de relier le Sud-Ouest à Paris et au réseau autoroutier vers le Nord.

Ce grand projet en doit pas laisser dans l’ombre des réalisations plus modestes. Ainsi dans le cadre du contrat de plan Etats-Région Centre, deux opérations avancent bien dans l’Indre. Sur la RN 143 la réalisation d’un créneau à 2 x 2 voies entre Châteauroux et Villedieu-sur-Indre recevra en 1998 la totalité des 22 MF d’autorisations de programme nécessaires. Sur la RN 151, la déviation d’Ingrandes devrait être déclarée d’utilité publique dans les toutes prochaines semaines.

Comme vous pouvez le constater les projets routiers avancent bien. Certains, dans la presse ou ailleurs, font état de chantiers arrêtés ou de liaisons autoroutières remises en cause. Il me paraît essentiel de rétablir la vérité. Les seules opérations, non pas arrêtées mais replacées dans une démarche de réflexion, l’ont été parce qu’elles faisaient l’objet de vives controverses. Il s’agit de l’A51 entre La Saulce et le Col du Fau, et du projet du doublement de l’autoroute A8 dans les Alpes-Maritimes.

Pour les autres opérations, décider des liaisons autoroutières est une chose, relativement simple, si l’on ne se préoccupe pas des modalités juridiques et financières de réalisation. Notre pays a tardé, trop sans doute, à intégrer le droit communautaire en matière de concessions de travaux. L’annulation par le Conseil d’Etat de la concession d’A86 Ouest en région parisienne nous le confirme. Les directives européennes sont applicables. Notre système de réalisation des concessions autoroutières doit être adapté en conséquence. La question est évidemment d’une très grande complexité juridique. Les enjeux financiers sont également considérables. Avec près de 18 milliards de francs de réalisation cette année, les réalisations autoroutières se situent à un niveau record, en effet dans le début des années 90 le niveau était plutôt voisin de 11 milliards. Mais j’ai dû constater dans ce contexte nouveau, que la solidité financière de nos sociétés autoroutières n’était pas de bronze. Plusieurs dossiers précis ont mis en évidence la fragilité du système.

Les réformes sont inévitables. Je pense pour ma part, qu’elles doivent s’inscrire dans un double impératif de transparence financière et de respect juridique. Pour l’été, le Gouvernement devrait être en mesure de faire des propositions allant en ce sens.

Sans attendre, je tiens à souligner l’effort effectué en 1998 sur le budget routier. Grâce à plusieurs décisions postérieures au vote de la loi de finance initiale, les moyens d’engagement sont en progression de 5,6 % en 98 par rapport à 1997 à une hauteur de 9,12 milliards de francs. Et pour les crédits de paiement la progression est plus forte avec 10,5 % de hausse à une hauteur de 10,235 milliards de francs.

Dans les mois qui viennent s’engageront les discussions sur les prochains contrats de plan. J’ai, pour ce qui me concerne, commencé mon Tour de France des présidents de Conseils régionaux. Les politiques de transport seront un élément important de ces contrats.

Vous le voyez, les chantiers sont bien ouverts et il faut y travailler, je salue une fois encore cette belle réalisation et je souhaite qu’elle apporte une contribution significative au développement durable du territoire ainsi desservi.